Concours de fléchettes - Partie 1
Première étape : dénicher un prétexte pour quitter la table.
Deuxième étape : appliqué la première étape à toutes jambes.
Troisième étape : se retrouver via un prétexte pitoyable dans les toilettes réservés aux dames.
Quatrième étape : appelé de toute urgence sa meilleure amie !
— Sawyer, tout va bien ? s'alarme-t-elle.
— Oui. Non. Pas vraiment. Enfin, si, d'un point de vue extérieur, je vais bien. Mais disons que...
— Sawyer, me coupe-t-elle, fais la courte. Magne-toi à te mettre d'accord sur ta situation, le moteur de mon bolide est encore chaud, tu n'as qu'un seul mot à dire.
Je la tranquillise et raconte la venue surprise de notre jolie connaissance commune.
— Sérieux ? Il te propose de jouer de tes atouts devant son objectif en échange de leçons de surf ? Tu es certaine qu'il n'avait pas ta splendide courbe lombaires de visu ?
Je laisse échapper un rire.
— Il avait vue sur ma pittoresque habitude à me fourrer dans une situation risible.
— Alors, je vais te dire ce que cela signifie, mon cœur. Les faits démontrent que ta spontanéité met à terre un aventurier. Le shoot photos n’est qu’un prétexte pour un rencard avec elle. Ça confirme mes soupçons: tu ne laisses pas indifférent.
Je fixe ma montre et établis un compte à rebours avant que l’aventurier ne se demande si les toilettes ne dissimulent pas un passage secret.
— La spontanéité dont tu fais références, c’est l’égale de la fille conventionnelle à qu’il arrive toujours une mésaventure. Je suis l’interprète de l’improvisation chaotique. Quand on possède une moto qui s'appelle Lust, on ne s'intéresse pas à la petite robe à pois.
— Mon cœur, souffle-t-elle, cesse l’apitoiement. Tu n'as toujours pas pigé. La question n’est plus : « Est-ce que tu l’intéresses ? » mais « Pourquoi tu lui es défendue ? »
— Ahhh...défendue, carrément... Une théorie Freudienne sur le sujet, peut-être ?
— Can a probablement goûté à des viennoiseries communes. Aussi bonnes soient-elles, les tartes aux pommes n'ont jamais suscité un grand débat. Faut dire que leur prix est abordable au regard du manque d'explosion en bouche. Mais toi, Sawyer, tu es ce macaron divin qui trône dans une vitrine sous clef. Craquant à l'extérieur et fourré d'une généreuse garniture fondante. Une spécialité française dont le goût reste encore inconnu. Et tu sais ce que l'on en fait des macarons ? Qu'une seule bouchée, mon cœur. Maintenant, devine. Qui, selon toi, détient la clef de cette jolie vitrine ? Tu piges où je veux en venir ?
Je lève les yeux au ciel. Elly a vraiment un problème avec les comparaisons ! Et comment disait Ibrahim déjà ? Ah, oui ! Les idées farfelues...
— Je crois surtout que tu romances la vérité.
— Je m'en tiens aux faits. Can t'a soigné, invité à un concert, offert une bière quand un client te proposait déjà à boire, t'empêche de picoler de l'alcool en soirée, paye le taxi, t'invite chez lui, puis sur son lieu de travail... La moto, le resto. Est-il nécessaire d’y ajouter les apparitions soudaines ? Les jeux de regard ? Retourne à cette table, mais ne lui donne pas ta réponse. Laisse-le mariner. Attends de voir jusqu'à quel point il désire cette séance avec toi. Sans parler de le visualiser à te mater te trémousser dans l'eau sur une planche. S'il revient plaider sa cause pour te convaincre, tu auras ta réponse.
Je reste interdite, le regard cheviller au mur à chercher ce fichu passage secret dans lequel j’aimerais m’engouffrer. Les mots d'Elly bousculent mes cellules grises.
Devant mon manque de réaction, elle enchaîne :
— Je suis prête à parier qu'à la minute où tu joueras les indécises face à sa proposition, tu vas le désarmer. Renverse la balance, pousse-le à te voir autrement que la profane restée en apnée à la découverte de son torse nu. Fait prendre à cette collaboration une autre tournure, jusqu'à ce qu'il ne puisse résister à franchir cette barrière protectrice érigée entre vous par son oncle.
Embarquée dans le monologue de mon experte en séduction, je réfléchis à la tentation de rentrer dans ce type de relation, jumelée au risque de m'y brûler les ailes au passage.
— Je pars dans moins de trois semaines... expiré-je, main sur la poignée et le front contre la porte.
— Justement. Pour la première fois, un homme te fait ressentir ce qu'aucun autre n'a su aviver. Qui de mieux placé que Can pour t'aider à t'émanciper ? Tu vas l'accepter sa proposition. Un amour de vacances, ça se vit, ça ne se discute pas ! Donne lui l'occasion de te donner le meilleur souvenir qui soit, sans oublier de te servir au passage...
Ma détermination sous le bras, je retourne à ma place et affronte un aventurier dissipé.
Un aventurier dissipé terriblement séduisant de par l’attitude qu’il adopte.
Verre de whisky à la main, cure-dent au coin des lèvres, je le retrouve installé dans l’égale position de notre premier restaurant : affalé sur le dossier, cheville croisée sur son genou opposé.
Ma mémoire photographique capture ce cliché.
Ses doigts pianotent le plateau de table en bois massif, signe de son impatience.
— Un problème ? m'informé-je d'un air faussement innocent.
Il ricane ou grince des mots, je suis perplexe sur la forme mais certaine sur le fond ; il bat le froid.
Je m’assois. Lui se redresse, pose ses coudes sur la table et frôle les lignes irrégulières de la surface froide de mon assiette. L’ombre conquérante de sa posture macule l’élégance de la porcelaine blanche. Ses yeux audacieux me regardent d’une façon particulièrement intense.
Can Özkan sait lire les gens. Bien entendu, comme beaucoup d’êtres humains dotés d’une bonne intuition. Sa distinction, c’est sa manière irrévérencieuse mais efficace de le faire. Avec sagesse mais persévérance.
Un monarque des silences expressifs.
A cet instant, il fouille mes émotions, cherche les réponses secrètes à ma disparition suspicieuse.
Je devine presque ma détermination enfiler ses baskets de survie et s’enfuir à bride abattue.
A-t-il conscience de son attractivité ? Ou devrai-je nuancer : A-t-il conscience de ce qu’elle exerce sur moi ?
Je verrouille ma conscience, y enferme mon affectivité et menotte sa tentative d’accès.
— Tu m'as donné l'impression de me faire poser un lapin, réplique-t-il soudain avec un calme fracassant. Je me suis commandé un verre, je peux te conseiller un vin ?
— Non merci, j'évite l'alcool. J’ai fait l’effort à la première soirée chez ton oncle et plus tôt, au restaurant. Je ne sais ni le boire, ni le gérer...
— Le gérer je peux entendre, mais le boire ?
— Bah, c’est un peu comme la cigarette et le cannabis, ça ne se fume pas à la même vitesse, ne s’aspire pas de la même intensité. Tout ça, tout ça. Pour moi, l’alcool c’est du pareil au même. Je n’ai pas les codes. Tu ne manges pas ?
Son regard fendille mes barrières de courage. Can agace un peu plus son cure-dent face à la légèreté avec laquelle je lui parle. Je discute sans aborder une seule fois sa proposition laissée en suspens.
— Comment se passe ton séjour ? demande-t-il.
— Bien.
— Ça te plaît de travailler dans un bar ?
Notre conversation se libère des griffes de courants électriques sous haute-tension, sur un échange plus conventionnel. Il saisit une sardine et se décide à m'accompagner au finger food¹.
— Ça me plaît de travailler avec Ibrahim. En ce qui concerne le reste, il est évident que je suis une piètre serveuse, avoué-je à voix basse.
J'étire le coin de mes lèvres en remémorant mes à-côtés. Can lève son verre à mon aveu, puis boit une gorgée. Le salaud.
— Pourquoi avoir choisi d’y travailler ? Pourquoi ne pas seulement profiter de ce que t'offre la Californie ?
— Pourquoi avoir fait autant de métier ? Pourquoi ne pas se contenter de ton salon de tatouage ?
J'inverse les rôles et m'engage à participer à cet interrogatoire. A en croire son faciès, il m’adresse une interrogation sournoise. Si je la déchiffre, elle semble dire : « Tu es certaine de vouloir jouer à ce jeu, car je suis redoutable, et tu le sais. »
Il plisse les yeux et se délecte d'une nouvelle gorgée. Le voir se lécher les lèvres, humidifiées par l'alcool, m’affirme qu'il va être très très dur de terminer ce repas en parfaite santé.
— Je t'ai déjà dit de ne pas répondre à une question par une question. Je te propose quelque chose : une réponse pour une réponse, c'est donnant-donnant.
Je me crispe légèrement par crainte de perdre l'assurance conservée jusqu’ici. La tête haute, j'acquiesce.
J’analyse son regard. Il y a une satisfaction. Une convoitise, cette prochaine excursion que j’incarne ; fastidieuse, étrangère et cabossée la plupart du temps.
— Très bien. Pas de joker, réponds spontanément, ne réfléchit pas. Que veux-tu faire plus tard ?
Il intercepte le serveur et commande un vin spécifique. Can veut parler. Et parler, c’est justement le sport dans lequel on m’attribue les meilleures notes.
— Ouvrir une librairie. Quel va être ton prochain voyage ?
— L'Australie. Tu as des tatouages ?
Je secoue la tête négativement. Il reprend sa posture initiale et son verre à portée de lèvres. Son appétit ne semble aucunement être sa priorité.
Pourquoi lorsqu’il glisse un cure-dent entre les commissures de sa bouche, j'ai la nette impression que c'est un signe avant-coureur d'une prochaine tentative d’exploration au fond de mon âme ?
— Il t’arrive de retourner en Turquie ?
— À chaque nouvelle année, avec mon oncle et Karen pour rendre visite à ma grand-mère paternelle. Une tradition depuis la mort de mes parents.
Le serveur revient à point nommé. Après avoir goûté le vin, Can nous sert. Face à mon air triste et désolé de l’avoir induit à lâcher une bombe émotionnelle, il répond :
— Ne te flagelle pas la conscience. Ta question n'était pas indiscrète, mais je te demande de ne pas creuser le sujet, nous sommes d'accord ?
J’acquiesce.
— Le départ pour l'Australie est déjà planifié ?
Je sais avoir dit non pour le vin. Je sais aussi qu'il le fait certainement dans le but de voir ce qui pourrait sortir d'intéressant de ma bouche lorsque je bois. Mais cette gorgée avalée est une dose de courage que je m'envoie.
— C'était à mon tour de te poser une question, expose-t-il.
— Mmh... c’est incorrect. Selon tes règles, c’est chacun notre tour. Or, tu as passé le tient en consultant mon accord pour ne pas creuser le sujet. Ce que j’ai accepté, donc...
Il finit son verre d'une traite et me jette à la tronche son regard brillant de malice. Je me recroqueville sur ma chaise pas sûre de maîtriser totalement ce petit jeu. Je l’admets.
— Si tu veux la jouer comme ça... Tu vas poser pour moi ?
J'écarquille les yeux et avale mon embarras dans une grande rasade de vin. Par quel phénomène ne relevant pas du miracle, vais-je parvenir à ne pas consentir à sa proposition ? À entretenir mon incertitude face à la chaleur dévorante de ses deux billes d’Onyx incandescentes ?
— J'attends une réponse, Arizona Sawyer.
Je déglutis péniblement à l'entente de la prononciation de mon nom complet. Mais l'alcool aidant, je ne flanche pas.
— Je dois y réfléchir... On en reparle, okay ?
C'est le moment approprié pour me lever. Je plonge la main dans mon petit sac et en tire une liasse de pourboires. Le corps de Can ne bronche pas une seule fois, seuls ses yeux s'appliquent à suivre le moindre de mes gestes. Je dépose au centre de la table une somme assumant fièrement l'ensemble de la tablée.
— C'est moi qui offre, je te devais un dîner. Si tu veux bien m'excuser, il se fait tard.
Il détaille l'espèce sur la table puis relaye son attention aiguisée vers moi. Sa main caresse lentement les longs poils de barbe. Son regard laisse entrevoir un sentiment nouveau. Il est bluffé par ma sortie de scène.
— Bonne nuit, Can.
Il hoche la tête en ne dissimulant à peine l'ébauche d'un sourire en coin.
Lorsque je glisse entre les tables, une question me taraude. Je me retourne et ajoute :
— Passe également le bonjour à Lust.
Elly a peut-être des idées farfelues, mais elle disait vrai. Ses yeux convergeaient en un seul et même point : ma chute de reins.
*
* *
À la suite d'heures rythmées d'insomnies sur le compte d'un barbu, je comprends rapidement que ma tranquillité d'esprit est fichue. Ma nuit de sommeil avec elle. Mon journal de bord sur la table de nuit, je l'attrape et m’y colle. J'y relate toute la soirée d'hier. Si je continue comme ça, ce recueil n'aura plus assez de pages pour y recenser tous mes rebonds émotionnels.
Durant la première partie de mon service, j'ai reçu un message de Riley. Surprise, je me suis souvenue avoir échangés nos numéros la veille. Avec l'accord de mon patron, j'ai répondu par la positive alors que mon rencard demandait confirmation pour sa participation à mes côtés ce soir. J'ai aussi dénombré pas moins de six messages d'Elly, tous désireux de connaitre le dérouler de mon tête à tête avec Can. Je la laisse mariner... Gage pour toutes les fois où elle m’a mise dans une situation inconfortable.
Un prêté pour un rendu Elly Wyatt.
Des habitués se désaltèrent sur notre terrasse ombragée. C'est plaisant. Une routine s'installe, je me montre plus familière et confortable qu'à mon arrivée. Il convient de souligner qu'en une semaine de boulot, j'ai su m'organiser dans mes tâches et m'orchestrer un programme journalier rigoureux.
Au crépuscule, la clientèle en masse est au rendez-vous.
Quand un fidèle pénètre à son tour, chacun de mes membres se solidifient face à tant de rayons de prestance. Can expose le potentiel de son charme naturel dans un marcel côtoyant un jean et des boots noires. Cette fois, son bandana est noué autour de son poignet.
Comment ai-je pu croire une seconde pouvoir mener la danse ?
Il sert des poignées de mains, tape dans l'épaule d’hommes et embrasse la joue de quelques femmes, jusqu'à porter atteinte à l'espace qui nous tenait encore à bonne distance.
— Arizona.
Nez-à-nez, son magnétisme filtre mon oxygène. Sous ce tissu blanc, ses muscles caractérisent la dimension de sa force. Cette vision causera des ennuis futurs à la mémoire de mon cœur, c’est certain.
— Can.
Un bref sourire étire ses lèvres, juste avant de vaciller dès lors où notre connexion est excisée de sa tension.
— Salut Ari ! J'ai ramené mes fléchettes ! Merci encore de m'avoir proposé d'être ton partenaire. J'annonce officiellement cette soirée comme notre deuxième rencard !
— Can, tu te souviens de Riley ? Il me fait l'honneur de concourir avec moi.
Le neveu des Özkan accepte la main tendue de mon futur partenaire sans me quitter des yeux. Je rêve où ses iris semblent me sermonner ? Et comme si Riley lui avait souillé la main d'antipathie, Can nous plante pour fendre la foule et disparaître de notre champ de vision.
Mon rencard s'installe au bar, commande une boisson ajoutée sur ma note en faveur de sa participation aux tournois. Le tirage au sort désigne l'ordre de passage. Le couple gagnant remportera deux consommations gratuites à la soirée blanche de vendredi prochain, sur la plage.
Débordée de travail, sans une seconde dévouée à Riley, je suis larguée par le rythme endiablé de cette soirée. La partie de fléchettes se poursuit, Ibrahim et Can s'apprêtent à engager le prochain tour. Gentiment, Riley m'aide à débarrasser les tables et entreprend même de faire la plonge alors que mon patron commence sa partie. Je me refuse de lorgner mon biker. Raison évidente du bon déroulé de ma concentration.
Quand survient notre partie, Can est adossé au fond de la pièce, une jambe repliée contre le mur et bras croisés sur son torse. Il parait aussi large qu’un congélateur. Un congélateur portant un foyer de lumière dans son regard aussi puissant qu’un phare.
Mon partenaire m'apprend son talent caché par ses trois premières fléchettes. Je risque de gagner par association, car je suis sans mérite à ce jeu. Le temps que nos adversaires lancent, Riley me ramène un cocktail alcoolisé. Pourquoi pas, après tout, un seul verre par service a défini mon patron...
Survient mon tour deuxième tour.
Un corps s'impose derrière moi sous son allure la plus féline. Son parfum sauvage affole mes imbéciles de sens. Je fais l'erreur de tourner mon visage et tombe sur sa bouche. Je m'y attarde un peu avant d'y découvrir l'excès de confiance dans un rictus. Ça suffit à focaliser mon attention sur la cible.
— Alors, souffle-t-il à mon oreille, si je te montrais mes qualités d'instructeur. Peut-être que ça t'aiderais à prendre ta décision pour le marché que je t'ai proposé. Tu ne peux pas me fausser compagnie cette fois, Joey compte sur toi pour gagner.
— Grand bien te face... Premièrement, tu es trop tendue, relâche-moi ce coude.
Sa main exécute ses paroles. De mon poignet à mon coude, elle longe en douceur le frisson qu'elle accompagne. Sentir son autre main trouver sa place sur ma hanche me contraint à fermer les yeux et respirer lentement par le nez. Inconvénient ; cette proximité intime rend l'air de cette pièce beaucoup moins respirable.
— Tu ne veux toujours pas être prise en photo ?
Mais... je sais ce qu'il essaye de faire : me déstabiliser dans le but de me faire accepter sa demande. Tirer profit des émotions représente la tentative la plus connue de tout le registre des tentatives ! Cette fois, il va écouter de quel bois je me chauffe ! De quelle branche. Branchette. Brindille.
— Je n'ai jamais énoncé ne pas vouloir, mais me laisser la possibilité d'y réfléchir.
Je lance la flèche comme si je voulais traverser la cible.
— Et puis, continué-je, j'ai aperçu de magnifiques surfeuses aujourd'hui, surement prêtes à poser gratuitement.
Une pointe de jalousie étrécit mes cordes vocales.
— Tu te déconcentres, remets-toi en position. J'n'ai pas le temps d'être chasseur de tête. Si je te l'ai proposé, c'est pour m'éviter ce genre de préoccupation. Écarte un peu plus les jambes et ne lâche pas des yeux l'endroit où tu veux tirer.
Plus que deux flèches.
Deux petites flèches et il s'éloignera.
¤¤¤¤¤¤
¹ Finger food : Nourriture mangé avec les doigts.
Annotations