Il fait nuit. Je suis seule comme d'habitude dans ce gîte rural que je loue pendant l'hiver. Il fait nuit mais il est encore tôt. C'est le moment de l'année que je préfère, la fin du mois de novembre. Comme tous les soirs, je vais sortir. Je prends une petite couverture, j'ouvre la porte et je pars dans le noir à travers le champ qui s'étend devant la maison. Un troupeau de moutons dort dans l'ombre derrière une clôture. En quelques minutes, j'atteins un chemin creux que je connais bien. J'avance encore puis je m'arrrête. Le vent souffle dans les saules au-dessus de moi. Il pleut un peu. Je m'assois contre le talus en serrant mes genoux dans mes bras. Je ne me sens pas seule parmi les plantes, je ne me sens pas seule dans la nuit qui m'entoure, je ne suis jamais seule dans la nature. Je reste là, longtemps, cherchant à recevoir une réponse aux nombreuses questions que je me pose, cherchant à emporter quelque chose de ce moment-là , quelque chose qui donne du sens aux jours, même si je sais que c'est en vain. On ne peut pas répéter les secrets que nous disent les plantes des talus la nuit.