3 - Choix difficiles
Juste au moment où j'allais lui montrer qu'elle se trompait sur la personne et que je lui fasse l'inventaire de mes pensées envers sa petite personne, un idiot toqua à la porte. Un suicidaire peut-être ? Parce que vu la conviction que cette garce à mis à me faire passer pour une incompétente et étaler ma vie perso dans tout l'immeuble, je me préparais à remballer le malotru. Et là stupeur ! Seb se tenait devant l'encadrement de la porte, le visage sombre. Oups !
– Je vous pris Mesdames de bien vouloir baisser d'un ton et de régler vos litiges dans mon bureau. Devant notre silence il insista. Tout de suite !
Il tourna les talons et ouvra la voie jusqu'à son antre. Même la grosse vache de broncha pas.
Je refermais la marche ainsi que la porte derrière moi. Je pris appui sur celle-ci et réfléchi à l'attitude que je devais adopter. Dumbo, elle n'attendit pas et attaqua immédiatement, tel un roquet devant un chat.
– M. Ravel, je m'excuse de m'être emporté, mais je n'ai jamais été face à une personne aussi incompétente de toute ma carrière !
– Non, mais je rêve ! Et vous trouvez que votre comportement est professionnel vous ? La rembarrais-je.
Elle ignora de ma question et enchaîna.
– Je sais que tu tiens à elle Sébastien, mais tu es le chef et j'appliquerai ta décision.
Je rêve où elle cligne des yeux comme Mini là ? Elle passe du roquet à sa mémère à une chatte en chaleur !
Elle enchaîna.
– Mais comprends que si nous continuons comme ça nous courrons droit dans le mur ! Écoute-moi au moins, tu comprendras !
– Je vous écoute ! Ordonne Seb.
D'accord je crois que je viens de rater un épisode. Ils vont vraiment discuter de mon sort devant moi sans que j'aie mon mot à dire ? Et depuis quand elle le tutoie ?
– Tu sais que je t'ai parlé de l'inattention d'Ivy ? J'ai essayé de l'avertir pour qu'elle en prenne conscience, mais là on a frôlé un désastre !
– Je ne vous permets pas de m'appeler par mon prénom ! La coupais-je. Je serrais tellement des dents que j'en avais mal jusque dans mon crâne.
Elle balaya ma réplique d'un geste. Mais ce qui me scia le plus c'est que Seb ne répliqua pas, comme s'il n'y avait qu'elle dans la pièce avec lui et que tout était normal. Là ça fit "tilt" dans ma cabosse et je craquais.
– Et puis j'en ai assez de votre comportement à tous les deux. Vous n'êtes qu'une bande d'hypocrites avec vos grands airs despotiques. Vous êtes obligé d'inventer des fautes professionnelles pour m'évincer et justifier vos comportements. Ça fait combien de temps que vous couchiez ensemble ?
Je pensais leur avoir coupé l'air sous le pied avec un coup de bluff, mais leur silence me donna raison. En plein dans le mille! La vache, qu'est-ce que ça fait mal !
– Ma chérie, mais non voyons, ne dis pas n'importe quoi ! Seb tenta de m'amadouer avec une voix mielleuse.
– Je vous ne permets plus de m'appeler comme ça. Pas plus que de ne me manquer davantage de respect, Monsieur Ravel. Ma voix trembla plus que je ne le voulais.
Il vacilla devant ma pique. Tant mieux, j'ai toujours été rancunière. Ça va faire mal, crois-moi !
– Aussi je vous prie de me faire parvenir un licenciement conventionnel dès demain. Il est bien sûr hors de question que je démissionne et j'imagine qu'un procès prud'homal ne serait malvenu. Je n'ai pas pris mes congés donc je les prends dès maintenant.
Personne ne répliqua, je tournais les talons et je m'arrêtais devant le pas de porte en fixant une dernière fois à Seb.
– Ah j'oubliais ! Ce soir je ne dors pas chez moi, mais demain soir vos affaires disparaissent où je les brûle dans un feu de joie. Veuillez déposer les doubles des clés dans la boîte aux lettres.
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