7 - L'étincelle
Le Temple Bar est un lieu magique. Le décor est magnifiquement mis en valeur par les éclairages à la nuit tombée.
Puis finalement notre choix se porta sur le"Brazen Head" qui est un pub pittoresque qui date de 1613. La devanture en vieilles pierres apparentes et aux allures de châteaux forts lui donne en premier lieu un air austère.
Cependant, l'intérieur est bien plus chaleureux. Nous étions hors périodes estivales donc le bar semblait surtout rempli d'habitués. Les touristes se faisaient plus rares à cette période de l'année. Et notre entrée en fut plus remarquable. J'observais les clients entrer et se saluer à tour de rôle. L'accent irlandais était un peu compliqué à comprendre lorsque l'on n'a pas l'habitude.
Charlotte et moi arrivâmes tout de même à dégoter une table tranquille. Nous nous sommes de suite senties à notre aise entre le décor original (les écussons et les bouteilles de Whisky qui tapissent les murs), la musique et l'ambiance bon enfant du lieu. Un orchestre jouait dans un coin des airs traditionnels et des reprises de morceaux de rock avec une touche celte.
Après deux ou trois bières, nous laissions les mélodies du folklore irlandais nous entraîner sur la piste. Les clients chantaient à tue-tête des airs populaires et éclataient parfois de rire sur certains rythmes. Certains se mirent à danser et deux beaux garçons nous invitèrent. Ils se montraient très galants et nous apprirent quelques pas de danse. Nous n'étions pas jugés ni mis de côté. Au contraire la testostérone puait à plein nez. Ça sentait le combat de coqs à venir. Avec humour, nous arrivions à calmer les ardeurs des mâles un peu trop entreprenants.
Soudain, alors que j'avais le tournis à force de tourner comme une bourrique, je constatais que le silence s'abattit lourdement. Tout le monde dans le bar se figea en direction de l'entrée du pub, le visage grave. J'observais alors un groupe d'individus entrer puis s'avancer vers le bar. La musique reprit aussi vite qu'elle s'était tue et les clients ne prêtèrent plus attention à ces nouveaux visiteurs.
Tout le monde évitait ces trois hommes et cette femme sans y prêter attention. C'est comme si personne n'avait conscience d'eux, mais que leur corps les évitait naturellement. À force de les fixer comme cela l'un des hommes se pencha vers son collègue pour lui murmurer à l'oreille en me regardant fixement également. L'autre homme leva les yeux vers moi et je dus retenir mon souffle tant son regard me troubla.
Ses yeux noisettes semblaient être consumés par de flammes de l'intérieur. Toutes les couleurs des flammes dansaient dans ses iris et illuminaient son visage sombre. Il était brun, grand, aux allures sportives. Mais son regard sur moi me procura un désagréable frisson.
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