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Le type, là-bas, qui serre les mains à tout le monde, en inclinant la tête, c’est mon père. À côté, ma belle-mère réceptionne les mots de soutien ; brefs et expéditifs. Un mi-sourire, orne son visage. Ce n’est pas tous les jours que l’on enterre un proche. Entre la joie de revoir la famille éloignée et les circonstances qui les réunies, il est difficile de trouver une expression adéquate. Au fond d’elle, tout au fond de son cœur de seconde épouse, elle doit être soulagée. Enfin la pompe à fric est morte.
Je la comprends.
Je serais aussi soulagé à sa place. Pense-t-elle au prochain voyage ? À l’option all inclusive qu’elle pourra enfin ajouter à son séjour ? Ou réflichit-elle à assortir son sac à sa ceinture ?
Elle pourra envoyer ses propres gosses plus longtemps en colonie de vacances. La paix a un prix. Assez cher d’ailleurs.
Faut pas lui en vouloir. À sa décharge, je l’ai bien cherché. Je n’hésitais pas à quémander une rallonge pour remplir le frigo. Mais au dernier moment, me fournir en shit était plus important. Mon garde-manger criait famine, mes dettes s’accumulaient, mais je l’oubliais en fumant ma conso. C’est facile d’oublier comme ça. Peut-être un peu trop.
Quand on se fait rattraper, faut être prêt. Je ne l’étais pas.
J’aurais dû crever plus loin d’eux.
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