Une erreur peut coûter chère

41 minutes de lecture

Je sais que je vais avoir un mauvais moment à passer en compagnie de Rajaar. Il faut dire que je l'ai provoqué. Je me suis attiré les ennuis en frappant ce sale garde de m.... J'inspire profondément alors que je relève les yeux sur le Prince qui se trouve à l'opposé de la pièce, un verre de whisky en main. Je le vois finalement approcher tout en remontant ses manches. Bordel, j'allais vraiment prendre cher, je le sens. Rajaar a retrouvé son masque. Implacable, bien en place. Je ne vois rien transparaître et cela me tue un peu plus. Cela faisait une semaine supplémentaire que je ne voyais plus Rajaar. Il m'évitait depuis la soirée. Depuis, les sentiments avoués et n'auraient pas dû l'être. Une soirée qui m'avait brisé. Mon cœur était en pièces depuis ce fameux soir. Je ne parvenais pas à ne pas y penser. Les journées se ressemblaient et étaient affreusement lentes. J'errais tel un fantôme. Sans doute la raison de mon acceptation auprès de Maddy pour son plan foireux. Je me fichais des conséquences. Qu'est-ce que j'avais à perdre, honnêtement ? Je n'avais plus aucune envie de me battre vraiment. A vrai dire, je commençais à me demander si nous finirions par y parvenir. Et à cet instant, en voyant Rajaar avancer je savais que j'avais commis une erreur qui allait me coûter vraiment très chère. Les gifles se font subitement et claquent dans un bruit effroyable sur mes joues. J'en tombe par terre et la douleur parcourt ma mâchoire. Je ne dis pas un seul mot alors que Rajaar finit par rompre le silence. - Je croyais avoir été très clair quand je t'ai fait amener ici la première fois. En aucun cas, jamais, tu ne devais salir mon nom et ma réputation par des mots ou des comportements inadaptés à ta condition. Alors explique moi... Je ne réponds pas. Je n'ai aucune envie de le faire. Peu importe, l'explication... et au fond, il la connaît déjà. Trouver ma liberté, c'est ce que je désire depuis le premier jour où j'ai posé les pieds entre ces murs. Être libre était la seule chose qui était encore importante bien que je me demande si je ne vais pas finir six pieds sous Terre rapidement. Et je m'en fous. Vivre un Enfer... autant mourir. La question ne se pose plus. Je préfère être mort. A quoi bon, une vie d'esclavage ? Autant mourir. Je ne voulais pas de cette vie... je ne voulais pas abdiquer, me plier, courber l'échine. Je ne voulais pas devenir un simple objet sexuel. Devenir une ombre. Ce n'est pas ça, Vivre.... Rajaar n'attends pas pour m'agripper violemment par les cheveux et je me retrouve sur les genoux. Nos regards se croisent et le Prince est vraiment furieux contre moi. Ses yeux sont noirs ayant perdu leur belle couleur brune que j'aimais tant et lancent des éclairs et il se met à hurler après moi. « Comment oses-tu me faire cet affront ? Est-ce que tu réalises seulement les conséquences que vont avoir de tels actes ? Merde, ce que tu peux être con ! » Je le fixe des yeux sans dire un seul mot. Je me contente de rester immobile. Rajaar me relâche brutalement mais il me prend par le bras et me force à le suivre en me traînant rudement à sa suite. Je suis à nouveau jeté sur le sol et je suis forcé de rester à quatre pattes alors qu'il attache les menottes au pied du lit. Je n'ai pas d'autres choix.

Je déglutis alors qu'il sort une cravache d'un tiroir et l'instant d'après, je sens mon sarouel glisser le long de mes cuisses. Je ferme les yeux alors que je sais déjà que je vais souffrir. Les coups tombent sans prévenir et sans attendre. Je serre les mâchoires mais Rajaar n'y va pas de mains morte et la douleur est telle que je finis par hurler. Je ne parviens pas à rester muet. Je garde les yeux fermés tâchant en vain de me taire. « Au moins, j'aurais peut-être une raison de te haïr » dis-je entre deux hurlements. Je sais qu'il n'apprécierait pas forcément ma remarque et que ça n'aidait pas mais peu importe. Revoir le Prince, pour me punir, était de loin ce que j'avais souhaité, surtout après une autre semaine sans le voir. Je serre les poings alors qu'il continue de me frapper et je sais que je vais finir par saigner si ce n'est pas déjà le cas. Et ce n'est sûrement pas ce genre de détail qui arrêtera le Prince. La violence avec laquelle Rajaar frappe me fait hurler. Je sais que ce n'est rien en comparaison de ce qu'il pourrait faire. Et ce n'est pas aussi douloureux que le martinet. Mais, peu importe... Je suis tellement à cran et fatigué que la douleur m'atteint plus facilement. Et aussi parce que quelque part, je souffre de le voir pour cette raison. Me faire punir. Je ne sais pas combien de temps cela prendra et ce que va faire le Prince par la suite mais je suis prêt à endurer.. à encaisser. Je sais que je risque énormément en ayant frappé le garde. Je sais que le propriétaire du complexe a été mis au courant. Rajaar n'as pas une position facile, je le conçois... Il devra sans doute rendre des comptes sur mon comportement. Qu'il n'est pas fichu de me tenir à carreau. Mais, honnêtement, chacun ses problèmes. Rajaar est en meilleure posture que moi quoi qu'il arrive. Ce n'est pas lui qui risque le plus gros dans l'histoire.

Le Prince s'arrête soudainement de frapper et je regarde le sol tâchant de me calmer. Je sens le Prince me pousser sur le flanc et je plante mon regard dans le sien. - Peut-être ?! Je te promets que tu finiras par me haïr, au point de vouloir m'égorger s'il le faut, mais je peux te faire la promesse que tu en viendras à prier chaque jour pour ne plus jamais me voir, pour que plus jamais je ne t'approche et ne te touche. Je vais devenir ton pire cauchemar, tu m'entends ?! Je l'écoute, toujours silencieux. Mon pire cauchemar ? Je ne suis pas certain qu'il y parvienne. Parce que dans le genre têtu... Je me fais alors frapper sur les côtés, les cuisses, les épaules. Les coups sont tout aussi violents que sur mes fesses et je parviens malgré tout à me contenir un peu mieux que pour mon fessier. Je serre les dents et les poings. Le Prince met fin à ses coups et s'éloigne. Je baisse les yeux sur mon corps. J'ai de vilaines marques rouges vives et le sang coule par endroit. Rajaar met un peu de temps avant de revenir vers moi. J'imagine que ce n'est pas simple pour lui de devoir s'infliger cela. Je le vois revenir et me détacher du pied du lit. Mes mains se retrouvent dans mon dos, menottées. Je l'observe et je sens son hésitation un faible instant avant qu'il ne me tire par les cheveux et me remets à même le sol, ma joue plaquée sur sa chaussure. - Je suis ton Maître, Siobhan. Et toi, tu es juste un esclave, un objet. Alors tu vas t'excuser immédiatement, et cela, en me léchant les bottes. Ne t'avise pas de refuser, je t'assure que si tu joues les rebelles avec moi, ce sera pire. Tu n'as encore rien vu de ce que je suis capable de faire. Repense au martinet que je t'ai enfoncé dans le cul... ça te donne un avant-goût. Maintenant, LÈCHE !! Tu es un CHIEN! LÈCHE! Les mots prononcés claquent dans mon esprit. Il me somme de m'excuser sans oublier de me rappeler que je ne suis qu'un objet entre ces murs et qu'il est mon maître. Ma bouche se retrouve plaquée sur sa chaussure. Je déglutis. Je ferme les yeux un instant et inspire lentement avant de lâcher « Va te faire foutre Rajaar. Tu peux me frapper autant que tu veux, m'humilier, me violer, me faire souffrir, m'enfoncer ton sale putain de martinet... je ne lèche pas tes chaussures ou tes pieds. Jamais. Tu veux jouer au tortionnaire impitoyable, va-y... fais-toi plaisir. Ça m'est égal. Je n'ai plus rien à perdre. » Je relève la tête et croise son regard. « Je ne suis pas un objet. Tu peux dire ce que tu veux, tu ne me feras pas plier. Plus jamais... Je préfère encore endurer les idées farfelues perverses que tu peux avoir dans la tête pour me torturer... que de devoir me réduire à te lécher les pieds. Tu m'as déjà pris beaucoup Rajaar et je peux t'assurer que tu ne réussiras pas à me faire être ce que tu veux que je sois comme les autres. Un futile objet avec lequel on joue. » Je le fixe toujours dans les yeux, déterminé. Je ne céderai pas. Je ne peux pas me résoudre à me rabaisser à ce point-là. Il m'a déjà tellement fait endurer, tellement pris. Je sais qu'il dit vrai en affirmant pouvoir me faire bien pire mais je prends tout de même le risque. Je sais que ça ne va pas lui plaire. Et je m'en fous.

Et bien entendu, Siobhan n'obéit pas. Il refuse. Tellement prévisible. Une vraie tête de mule, un fichu rebelle qui ne souhaite pas courber l'échine, il connaît les conséquences et ce que ça implique de le provoquer mais il ne semble nullement effrayé. Non, il préfère subir et encaisser. Prendre les coups plutôt que de se soumettre. Une vraie tête brûlée. Et pourtant.. C'est précisément pour toutes ces raisons que Rajaar l'a choisi au départ. C'est aussi pour ça qu'il admire et c'est ça qui lui plaît tant chez lui. Et ça le rend malade, ça le rend furieux et c'est ce qui fait aussi son côté indomptable qui fait qu'il est amoureux. Il pourrait presque le faire flancher avec ce ton impertinent et ce regard insolent. Mais, il ne peut pas se permettre de faiblir. Rajaar est en colère après Siobhan et après tout ce qu'il balance mais il le laisse terminer pour éviter de s'emporter encore une fois. Sa colère se lit dans son regard noir envers son slave. Il serre les poings et fixe l'esclave qui relève la tête et soutient son regard. Il pourrait encore le frapper, voire pire, mais le Prince sait pertinemment que ça ne servirait à rien. Il connaît ce regard. Cette détermination. Le battre et le torturer de ses propres mains ne suffira pas. Alors au lieu de le cogner, même si ça le démange, il s'accroupit à la hauteur de Siobhan et prend son menton entre ses doigts, avec douceur, plantant son regard dans le sien. Il réprima son envie de l'embrasser et garda son sérieux, les sourcils froncés. Comment pourrait-il lui expliquer ? Comment le raisonner ? Est-ce que c'est seulement possible ? Son esclave est borné. Autant que lui sans doute. Il est prêt à tout sacrifier, juste pour ne jamais se soumettre, ne jamais devenir un objet. À sacrifier même sa propre vie. Mais ça, il en est hors de question. Rajaar ne le permettra jamais. Cette idée lui déchire le cœur, même s'il le cache et ne l'avouera jamais. - Tu trouves que je t'ai pris beaucoup ? Ce que je t'ai fait ou pris n'est rien comparé à ce qu'ils sont capable de faire ici. Tu t'imagines qu'ils vont se contenter de te taper dessus, pour te faire plier ? Non, Siobhan. Ils ont bien d'autres moyens de pression bien plus efficaces. Ils vont aller chercher ce à quoi tu tiens le plus et tu n'auras pas d'autre choix que de te soumettre. Rajaar sait pertinemment que Siobhan ne va pas aimer la suite mais il n'a pas le choix, il doit le faire réagir.. Il doit comprendre qu'il n'a pas le choix. -Ils iront chercher Lucie.. Ils la traîneront ici et lui feront subir le même sort que toi.. Est-ce ce que tu souhaites pour ta sœur? Qu'elle devienne un objet comme toi? Tiendra-t-elle ici? Arriveras tu à supporter l'idée que ce sera de ta faute si elle se retrouve enfermée entre ces murs? Ne crois-tu pas qu'il serait plus judicieux de céder.. De te sacrifier pour le bien-être de ta sœur? Et que crois-tu qu'il va se passer si tu continues à te rebeller? On va estimer que je ne suis pas à la hauteur pour t'avoir à mon service.. Il peut y avoir des conséquences aussi pour moi.. Ne croit pas que je sois plus à l'abri que toi dans toute cette histoire..

Me retrouver si proche de Rajaar est déjà une torture en soi. Mais, je préfère ne rien laisser entrevoir. Je regarde le Prince qui s'accroupit à ma hauteur et me prend le menton. Nos regards se croisent et je reste toujours aussi déterminé et prêt à encaisser. Rajaar coupe le silence et je le fixe sans broncher. Le silence est rare avec moi... et pourtant, je ne parle pas énormément contrairement à d'habitude. J'attends la suite. Je tâche de rester impassible à ces mots mais ce qu'il dit à la fin me donne la nausée. Ce que je tiens le plus... je déglutis. Rajaar passe un pouce sur mes lèvres et je me retiens pour ne pas lui sauter dessus et l'embrasser avec passion. Oui, j'ai envie de l'embrasser même s'il vient de me frapper. Je suis vraiment devenu fou entre ces murs. Je suis forcé de me lever et j'observe attentivement les gestes du Prince qui me retire mon sarouel. Je me retrouve au bout du lit, nu comme un vers. Je suis légèrement surpris lorsqu'il me détache les poignets mais ce n'est que provisoire car il m'attache les mains au barreau au-dessus de ma tête. Je me retrouve les bras en l'air. Sentir ses doigts sur ma peau de cette manière. Je ferme les yeux. Bordel, il va finir par m'exciter. Sauf que je reviens brutalement à la réalité à ses dires. Je serre les poings. Parler de ma sœur... je sens la fureur m'envahir et je tire par réflexe sur les menottes pour me défaire. L'idée m'insupporte et qu'il évoque ce que je redoute le plus depuis mon arrivée me glace le sang. Lucie forcée de servir ici... j'en ai le tournis. « La ferme » dis-je, entre mes dents serrées. Il touche ou ça fait mal et ça me donne envie de tout casser. Je pose mon front contre mon bras fermant les yeux tâchant de calmer ma respiration tellement je suis énervé. Putain, je ne peux pas supporter le fait de devoir en arriver à me soumettre mais malheureusement il a raison. Je ferais ce qu'il faut pour ma sœur, pour l'épargner... « Tu ne peux pas me préparer » finis-je par dire dans un soupir les yeux toujours fermés. « Et je n'attends rien de toi... Je sais très bien que tu ne peux rien faire pour moi. Que j'appartiens à ces lieux... » Je soupire et tire une nouvelle fois sur les menottes. J'ai envie de me tailler les veines à cet instant pour en finir. Je ne peux pas continuer cette putain de vie. Je soupire encore à ces paroles. Bien sûr que non, je ne me ferais pas une joie d'apprendre qu'il subirait les conséquences par ma faute entre autres. Mais, je ne préfère pas le dire. Je sens que je vais tomber mais étant maintenu par les menottes, je ne serais forcément pas en mesure de me retrouver sur le sol. J'ai le vertige et ses mots sont tellement durs à entendre et blessants et pourtant tellement vrais. Me sacrifier... je ne peux que faire cela... et cela me donne envie d'hurler. « Putain je maudis ce fichu garde qui m'a embarqué dans cet Enfer... » murmurais-je. Je ne peux pas me faire à l'idée de finir ainsi... servir jusqu'à ma mort d'objet et rien d'autre. « Tu comptes me détruire psychologiquement aujourd'hui ? Remarque, c'est le seul point qui reste à faire avec un rebelle tel que moi. » Je relève la tête et finit par ouvrir les yeux. J'aperçois Rajaar à nouveau au loin en train de boire.

Je n'aime pas le voir dans cet état. Je suis coincé. Attaché les bras en l'air à ce fichu barreau. Je fulmine intérieurement. Mes idées ne sont pas du tout bonnes à cet instant. Je tire sans succès sur les menottes pour me défaire. J'ai besoin de bouger. Je regarde à peine Rajaar pendant un moment, à vrai dire je ferme les yeux afin de me calmer et me contenir. Je pose ma tête contre mon bras. Je pense à ma petite sœur, j'ai l'estomac retourné. J'ignore le nom de l'enfoiré qui m'a mené dans cet Enfer mais je n'ai pas oublié son visage. Reprenant un peu mes esprits, je ne sais pas comment me sortir de ce mauvais pas. Le propriétaire des lieux aura tôt fait d'apprendre ce qui s'est produit. Je sais pertinemment que je vais subir les conséquences, que je vais en payer le prix pour avoir osé assommer ce garde surtout juste après la disparition soudaine d'une esclave ayant tenté de s'évader. Je me demande quel sort on me réserve. Allais-je disparaître à mon tour ? Rajaar avance un verre d'eau près de mes lèvres et je consens à le boire. Je croise son regard lorsqu'il revient après avoir posé le verre vide.« Ce n'est pas à toi que j'en veux le plus. » dis-je, en soupirant. Je redresse la tête lorsque je sens sa main sur ma joue puis l'autre sur ma nuque. J'ai envie de le pousser mais sans mes bras, c'est un peu plus compliqué. « Je ne peux rien te promettre. » dis-je simplement à ses mots alors qu'il me demande de cesser mes bêtises. Connerie qui allait coûter chère.

« Tu comptes me laisser attaché comme ça toute la journée ? » demandais-je au bout d'un moment. Autant que je sache. En fait, je ne désire pas rester en compagnie du Prince plus longuement. Il ne se rends peut-être pas compte mais me retrouver devant lui est une torture... sans doute bien pire que d'entendre les paroles échangées. Paroles que je ne voulais pas entendre car cela concernait ma sœur et que j'y songeais souvent. Que je redoutais qu'ils l'amènent ici ou que sais-je ? Mon idée farfelue en tête n'est clairement pas la solution et n'aidera en rien ma famille. Mais, à l'heure actuelle, peut-être bien qu'ils pensaient déjà que j'étais mort. Je ne ferait que rendre la réalité réelle. Je n'ai pas vraiment songé au suicide jusqu'à maintenant, mais là, l'idée me trotte dans la tête et ce n'est clairement pas bon signe. C'est que l'espoir commence à s'effacer... suis-je en train de baisser les bras ? Je me sens tellement perdu... vide... et complètement seul. Rajaar m'ignorait de nouveau depuis une semaine. Je passais mon temps à errer et la princesse Anya me rendait dingue avec son projet photo de pacotille. La seule chose qui me maintenait encore en vie était de trouver un échappatoire mais d'entendre qu'ils pourraient s'en prendre à ma sœur si je continuais... Seule issue possible pour sortir de ces murs finalement, c'était entre quatre planches, six pieds sous terre. Idée peu reluisante et enviable. Mais, la mort semble douce à côté d'une existence en tant qu'objet. Je n'attends pas réellement de réponses de la part du Prince à ma question. Je saurais bien de toute façon si je vais rester ici ou pas. Et ce n'est pas le fait d'être ainsi qui me gêne. Juste que sa présence me fait autant de mal que ses paroles au sujet de ma sœur. Je suis en train de péter les plombs. Que j'aimerais pouvoir le faire vraiment sans être devant lui. Et ses menottes qui tenaient bon m'agaçaient prodigieusement. « J'en peux plus, bordel... » dis-je, assez bas pour moi-même.

- Tu y restera un moment, oui, le temps que je termine quelques détails dans mon bureau. Ça ne peut pas te faire de mal. Le Prince ne se rend pas compte du trouble qu'il déclenche chez son esclave. Il voit bien qu'il est mal à l'aise, mais il met ça sur le compte de sa position un peu délicate et du fait d'avoir été battu et d'avoir entendu ces mots blessants, rien de plus. Pourtant lui-même ressent une incontrôlable attirance et s'interdire de l'embrasser et de le prendre dans ses bras est une véritable torture alors que tout son être le réclame. Réprimant cette envie avec toute la volonté du monde, il déglutit et s'éloigne alors que Siobhan murmure quelque chose pour lui-même que le prince n'entend pas.

Ce n'est pas tant le fait de me retrouver attaché qui me dérange à cet instant. Mais, devoir être en compagnie de Rajaar. Sa présence est beaucoup trop dure pour moi. Je ne supporte pas de me retrouver si près de lui et en même temps si éloigné. Et ma question n'est pas vraiment dans le sens ou les menottes me gênait. Je voulais juste mettre de la distance. Je sais que la réponse ne lui a pas plus non plus, mais je ne peux pas lui faire une promesse que je ne tiendrais sans doute pas. Et puis, je ne lui dois absolument rien. Je pensais qu'il ne répondrait même pas comme il sait si bien le faire mais je me trompais. Je ne dis rien. Me faire du mal ? Non. Ce n'est pas ça qui me fait mal actuellement mais de me retrouver en ta présence Rajaar, pensais-je, alors que je le vois s'écarter. Heureusement, il ne semble pas se rendre compte de mon ressenti. Rajaar finit par s'éloigner pour de bon avec la bouteille de Whisky au passage. Mauvaise idée, songeais-je. Il va encore se bourrer la gueule. Et dans un sens, je l'envie... j'aimerais pouvoir boire jusqu'à me retrouver ivre et me sentir léger et ailleurs pour un temps afin d'oublier tous ses fichus emmerdes. Oublier les mots au sujet de ma sœur. Je bouillonne à nouveau en y pensant. Je tente encore une fois de me défaire des menottes. Je ne peux malheureusement pas en venir à bout. Je soupire agacé par la situation. Je ne peux rien faire et attendre me tue à petit feu. Je n'aime pas ça. Je cogite trop quand je suis inoccupé. Il me faut une occupation. Mais, que faire ainsi les bras en l'air, nu comme un vers ? Il n'y a pas tellement d'options. Je regarde devant moi la pièce et je me demande combien de temps je vais devoir rester dans cette posture. Je jette un œil à mon torse. Les marques sont toujours présentes et semble changer de couleur... le sang des plaies à sécher. Une douche serait plus que bienvenue. Je ne parviens pas à oublier le fait que Rajaar se trouve si proche et pourtant tellement loin. Déjà une semaine qu'il m'ignorait. Encore. Putain, ce que c'est dur ! Je ferme les yeux et tâche de penser à mon passé, à des choses agréables, histoire de me calmer. Mais, songer au passé était aussi très douloureux. Lucie me manquait. Ma vie me manquait. Pourquoi n'avais-je pas eu l'occasion de croiser Rajaar autrement que de cette façon ? Putain de vie ! Je me perds dans mes pensées, me concentrant dessus... Cela semble fonctionner un peu et j'oublie au fil du temps ma position quelque peu délicate. Je ne sais pas combien de temps s'écoule lorsque j'entends du bruit qui me fait ouvrir les yeux. Rajaar s'avance dans la pièce et il titube jusqu'à moi sans un mot. Je le vois alors s'occuper des menottes et il semble éprouver des difficultés mais vu son état ce n'est pas tellement surprenant. Après un moment, il parvient enfin à me détacher et balance les menottes sur le lit. Je me frotte les poignets par réflexe. Le Prince s'éloigne vers la salle de bains tant bien que mal. Je me contente de l'observer sans bouger. Alors que je finis par me décider à ramasser mon sarouel, j'entends Rajaar depuis la salle de bain qui me lance « Il paraît qu'il va y avoir une pluie d'étoiles filantes cette nuit. Ça te dit de la regarder avec moi ? On pourrait s'installer sur la terrasse. »

J'ai l'impression d'être totalement déconnecté de la réalité. Je suis assez surpris par sa proposition à vrai dire. Je ne m'attendais pas du tout à cela de sa part. Il parvient toujours à me surprendre. Je ne sais pas vraiment ce que je dois faire. Si c'est une bonne idée d'accepter son invitation. Après tout, cela fait une semaine qu'il me laisse en plan... qu'il est occupé par son statut de Prince. Enfin, officiellement. Officieusement, allez savoir ce qu'il fabrique vraiment... Rajaar peut bien se taper quelqu'un d'autre sans que je le sache. Et il n'a pas de compte à me rendre non plus à vrai dire mais l'idée qu'il puisse avoir trouvé une autre personne me tue à petit feu. Je soupire en songeant que je devrais vraiment arrêter de penser à des choses aussi déprimantes. Je dois me faire une raison. Je ne peux pas être avec le Prince. Je ne suis rien d'autre qu'un vulgaire objet. Je me rends vers la salle de bain mon sarouel en main. Je m'appuie sur l'encadrement de la porte et aperçois Rajaar se tenant au lavabo. Sans doute, pour ne pas flancher. J'ignore combien de verres il a bu mais un certain nombre vu son état. Si je m'écoutais... je finis par rentrer dans la pièce, me fichant pas mal de sa présence. De toute façon, je n'ai plus rien du tout à cacher au Prince. Je pose mon sarouel au sale puis me dirige vers la douche. Fallait que je me débarrasse de ce sang séché. Je fais couler l'eau et attends qu'elle soit à bonne température et finit par dire « Je croyais que tu ne voulais plus me voir. » Je ne le regarde pas étant dos à lui à cet instant. Dire cela me fait mal aussi. Je ferme les yeux une seconde. Me retrouver si près de lui est la pire des tortures. Je me glisse sous l'eau dans la foulée et ferme les yeux sous le jet d'eau. Je ne me préoccupe pas de la douleur que l'eau inflige en se répandant sur mes plaies ouvertes. Elle est minime face à celle que j'éprouve depuis la dernière nuit en compagnie du Prince. Je me frotte le visage puis prends le gel douche dans ma main et me frotte le corps pour enlever le sang qui se trouve sur mon torse. Je ne sais pas tellement si je vais réussir à enlever le sang dans mon dos. Je fais comme je peux puis me rince et coupe l'eau avant de prendre une serviette. Je me sèche assez rapidement et enroule la serviette autour de mes hanches. Je sens le regard de Rajaar sur moi et lève les yeux. Je croise son regard et me rend compte qu'il est plus proche que je ne l'aurais imaginé. Il s'était avancé durant le temps de ma douche. Et mon regard s'attarde sur ses lèvres un moment... un trop long moment... je me mords la lèvre. Et tout s'enchaîne... beaucoup plus vite que je ne l'aurais imaginé. Je ne prends pas vraiment conscience de mes gestes. Je sors de la douche, je m'avance sur le Prince et le plaque sans ménagement contre le mur qui se trouve non loin, alors que mes lèvres se plaquent avec fougue sur les siennes. Je ne pensais pas craquer. Mais, j'ai envie de lui et ma pulsion prend le dessus. Je réalise un peu tard mon erreur et me recule soudainement. Je soupire et m'éloigne sans un mot et quitte même la pièce. Je me rends dans ma chambre et vais chercher de quoi me vêtir. Je ne peux pas croire que j'arrive encore à le désirer.. Il a beau me frapper, m'humilier, me dire des mots blessants comme il l'a fait, je n'arrive pas à le détester, ni à résister à mon envie de l'embrasser. Et j'avais envie de le toucher, de le prendre mais je ne devais pas. Je ne me faisais que du mal. J'ignore dans quel état j'ai bien pu mettre le Prince à cet instant. Rajaar se retrouve comme un idiot dans la salle de bain. Rajaar est secoué et pantelant contre le mur. Aussitôt, il vient plaquer ses mains contre son visage et éclate en sanglots. Il n'aurait peut-être pas eu une réaction aussi excessive s'il n'avait pas été ivre. C'est certain. Le jeune homme se laisse glisser contre le mur et enfouit son visage entre ses bras, remontant ses jambes contre son torse. Ah, il a l'air beau le grand Prince Rajaar ! Pitoyable. Lamentable. Navrant. Le temps que Siobhan se rhabille, il s'est un peu calmé et se relève. C'est d'une démarche presque sûre qu'il rejoint alors la chambre de son esclave et il ne dit pas un mot.

Je ne sais pas ce qui m'avait pris de plaquer Rajaar contre le mur. Je n'ai pas vraiment eu le temps de réaliser ce que je faisais. Je l'avais embrassé en ne résistant plus à mon envie. Et l'erreur était faite. Je n'aurais pas dû craquer. Je ne dois pas craquer. J'ai donc filé de la salle de bains avant de devenir complètement fou. Je ne peux pas me permettre. Et c'est tellement douloureux de voir Rajaar près de moi. Je soupire alors que je me retrouve dans la chambre à chercher mes habits. J'enfile un boxer en moins de deux puis attrape un sarouel au hasard de couleur beige que je mets dans la foulée. Je regarde devant moi le miroir accroché et observe mon reflet puis j'aperçois la silhouette du Prince entrant dans ma chambre. Je me retourne pour le regarder. Et il ne me laisse pas vraiment le temps de réagir ni de dire quoi que ce soit... qu'il me pousse contre la commode et je me retrouve face au meuble. Je sens mon sarouel et mon boxer descendre rapidement à mes chevilles.

A peine le temps de comprendre qu'il me fait pencher à plat sur le meuble et qu'il m'écarte les fesses pour s'enfoncer dans mon fondement sans la moindre gêne. Je ne peux m'empêcher de me sentir complet à cet instant bien que sa façon de procéder n'est pas du tout tolérable. Je me maudis d'aimer. Je suis vraiment anormal, totalement fou. Oui, fou de lui. Je déglutis. Mais, une petite voix me dit que c'est mal... très mal même. A vrai dire, je ne réalise pas bien ce qui est en train de se produire. Enfin si je le sais mais mon cerveau semble ne pas vouloir le croire... Je me redresse soudainement et je fais tout pour me dégager de son emprise. « Non. » dis-je... Je n'aime pas du tout cette sensation qui m'étripe à ce moment-là. N'être qu'un vulgaire objet. Très peu pour moi. Je refuse. Peu importe l'envie que je ressens à son égard... mon désir de le prendre ou qu'il me prenne. Mais, pas comme ça... pas en me forçant... en me faisant bien comprendre que je ne suis rien. Que je n'ai pas mon mot à dire. Je sais pertinemment que je risquais de subir ce genre de traitement avec d'autres clients et cela me donne la nausée. Je ne peux pas me réduire à cette idée. Pas avec lui.

Je repousse Rajaar mais il a plus de poigne que moi et semble décidé à poursuivre ce qu'il est en train de faire. « Rajaar arrête... pas comme ça. » dis-je. Je plaque mes mains sur la commode dans le mouvement et je me raidis sentant la nausée me gagner. Se faire prendre de force n'a rien de plaisant. Et cela me rappelle la première fois avec lui. Je fermais les yeux alors que je sens que je vais finir par craquer. Les larmes menacent de tomber. Je ne veux pas avoir ce genre de souvenirs. Pas avec lui... déjà la première fois était dure à oublier. Je déglutis alors que je tente à nouveau de le pousser.« Rajaar pitié... ce n'est clairement pas ce dont j'ai envie de me souvenir avec toi » Les assauts de Rajaar sont une véritable torture. Un supplice sans fin qui me donne la nausée. J'ai le sentiment de n'être rien du tout, un simple objet qu'on utilise à sa guise et rien d'autre. Je ne peux pas supporter l'idée de me retrouver dans cette posture. Je ne veux pas être réduit à ce statut. Même si dans le fond, je sais pertinemment que c'est ce qui se produira par la suite. Que les clients me passent dessus sans la moindre gêne comme le faisait le Prince maintenant. Sans se poser la question que je n'étais pas d'accord. Je n'avais pas mon mot à dire. Mais, ça me répugne. Et cette sensation qui m'étreint me rend malade et je ne peux pas rester sans agir. Je ne peux pas me dire que je vais avoir encore un souvenir comme celui-là avec Rajaar. Je parviens finalement à le pousser en me retournant comme je peux et à le faire lâcher prise ne serait-ce que quelques secondes et je croise son regard. « Arrête. » Je sens que je vais m'effondrer. « S'il te plaît.... me violer... sérieusement ? » Je peine à cacher la douleur qui me transperce et je détourne mon regard me sentant moins que rien. « Tu veux réellement que je te déteste... en agissant de cette manière, tu vas y parvenir Rajaar... en me faisant ressentir que je ne suis qu'un simple objet à tes yeux. Suis-je qu'un vulgaire objet pour toi ? » Son comportement est juste ignoble, odieux, répugnant. Il en a parfaitement conscience mais il sait que le mal est déjà fait. C'est trop tard! Il sait à quel point Siobhan doit souffrir de se faire ainsi violer, comme la première fois, de n'être considéré que comme un objet sans valeur. Rajaar le sent qui tente de se dégager, qui le supplie d'arrêter. Le Prince s'efforce de rester sourd, de ne pas l'écouter, continuant de marteler son fondement sans aucune retenue en serrant les dents. Le pire, c'est sans doute qu'il n'en éprouve aucun plaisir. Rien. Rien du tout. Et l'alcool n'est pas le seul fautif. La gorge du Prince se noue aux paroles de Siobhan, il referme ses doigts encore plus violemment sur la peau de son esclave. Demain, des bleus apparaîtront sûrement. Et tout se bouscule. Les forces de Rajaar sont clairement réduites à cause de son ivresse, de sa fatigue, mais surtout parce qu'au fond, il se dégoûte de ce qu'il est en train de faire. Alors Siobhan parvient à se dégager, lui faisant face, affrontant le regard humide et enragé du Prince. Il lui demande s'il veut vraiment qu'il le déteste, parce que c'est ce qui va arriver s'il continue. Rajaar a envie de lui répondre que c'est en effet précisément ce qu'il désire. Mais aucun mot ne franchit ses lèvres. Et puis il lui demande alors s'il n'est vraiment qu'un vulgaire objet pour lui. Rajaar sait pertinemment quoi répondre. Oui.

Je redoute qu'il m'achève avec sa réponse. Et c'est sans doute ce qu'il recherche... me détruire pour que je le déteste totalement. Et c'est si douloureux. Fort heureusement, sa réponse n'est pas celle que j'imaginais. Il ne parvient sans doute pas à m'achever de cette façon. - Non ! Son cœur a hurlé à sa place. Pour démentir violemment ces paroles impensables. Il fulmine intérieurement. Il aurait dû répondre par l'affirmative, il aurait dû profiter de ce moment où Siobhan est meurtri et fragilisé pour l'achever. Il aurait suffit de dire oui, de lui dire qu'il n'était rien du tout à ses yeux, juste une distraction, un esclave sans valeur qui devrait ramper à ses pieds. Rajaar frappe soudain violemment du poing sur la commode et son corps vient se plaquer contre celui de son esclave, posant son front contre le sien, les yeux fermés dans une grimace tandis qu'il réprime ses larmes. - Pourquoi tu me fais ça ? Ne peux-tu pas te taire et me haïr en silence ? Tu n'arrêtes pas de me regarder avec ces yeux... tu crois que je ne vois rien ? Que je suis aveugle ? Pourquoi refuses-tu de me détester ? Sio... je... Il ne sait plus quoi dire. Et encore moins quoi faire. Il ne va tout de même pas recommencer à le cogner et il n'a plus aucune envie de le violer non plus. Seulement il ne peut pas non plus lui dire qu'il l'aime, qu'il lui manque, qu'il est désolé. Ça ruinerait tout. Il ne ferait que leur faire du mal à tous les deux. Mais c'est si dur à garder. À combattre.

Sa réponse n'empêche pas le fait que je ne suis vraiment pas bien, les larmes menacent toujours de tomber et finissent d'ailleurs par couler car je ne parviens plus à les retenir. Je sens les larmes sur mes joues et je vois tout flou. Je sursaute légèrement lorsque Rajaar frappe du poing sur la commode. Je m'essuie du revers de la main mais mes larmes ne cessent de vouloir se répandre. Le prince se retrouve alors contre moi, son front contre le mien. Je reste immobile alors que je pleure toujours en silence incapable de me retenir davantage. Première fois que je pleure depuis que je me trouve ici. Je suis totalement bouleversé et me sent vide, sali... un fichu objet. En entendant ses paroles, je déglutis et me mords la lèvre. « Parce que je ne peux pas... te détester. Parce que je n'y parviens pas. » répondais-je, bêtement. « Parce que... je... » J'hésite à poursuivre... je ne peux pas dire les mots et pourtant je les ai sur le bout de la langue. Je décale ma tête et la pose sur son épaule en m'effondrant sur lui. Je me trouve vraiment pitoyable. Et j'ai le cœur en pièces. « Je t'aime » murmurais-je, vraiment très bas. Je ne supporte plus le fait de me trouver loin de lui. Je ne peux pas me faire à l'idée que je dois juste me laisser baiser sans broncher. Je n'y arriverai pas. Pourtant, je n'avais guère le choix. Je devais me faire à cette idée. Je devais oublier Rajaar. Bientôt il ne serait plus là. Il serait marié à cette fichue princesse et partirait chez lui. Mon cœur semble faire un raté à cette pensée. « Je n'y arriverai pas... je ne peux pas vivre comme ça. » Être au palace et me faire baiser sans relâche de force ou de gré... ce n'est clairement pas pour moi. Je suis incapable de me soumettre. Rajaar avait réussi cet exploit uniquement parce que... je l'aimais. Oui, j'étais amoureux et c'était cruel comme destin. Tomber amoureux de son propre bourreau est impensable. Mais, c'était bien réel.

Détester Rajaar, cela pourrait se produire s'il me considérait tel un objet au point de me prendre sans mon consentement. Mais, je ne pouvais pas croire qu'il me considère de cette manière surtout après la nuit passé ensemble ou il m'avait avoué ses sentiments. Impossible qu'il ait d'ailleurs menti à ce propos. Il ne me l'aurait jamais dit sinon... Je lui explique que je suis incapable de le détester. Pourquoi ? Parce que je l'aimais... et je me retenais pour ne pas dire les mots mais je le fis malgré tout dans un murmure à peine audible et pas certain que Rajaar ait vraiment entendu mais il a compris. C'est obligé. Je garde la tête sur son épaule alors que mes larmes continuent de couler. Première fois que je craquais réellement depuis mon arrivée. Me forcer de cette façon avait été la goutte d'eau. Je ne pouvais pas me résigner à finir de cette façon et pas avec lui. Je sens sa main sur ma nuque mais ne bouge pas pour autant. Je ne pourrais pas vivre ainsi et cela fait réagir le Prince qui me prends le visage entre ses mains. Me retrouver dans cet état, les yeux plein de larmes devant lui... je n'aime pas ça. Je me sens trop vulnérable, trop faible. Je le laisse m'embrasser. Puis, il s'excusa. Je croisais son regard puis tâchais de m'essuyer les yeux. « Tu me demandes trop de choses... » dis-je en me frottant encore les yeux. Comment arriverais-je à le détester ? Certes, il aurait pu y parvenir en poursuivant ce qu'il avait commencé. Je me laisse faire lorsqu'il me prend contre lui dans ses bras. Il fallait que je me calme. Pleurer ne m'aidait en rien. Mais, l'étreinte ne dura pas très longtemps car il se recula pour me remettre mes habits en place ainsi que son pantalon avant de s'éloigner et de quitter la chambre. Je sens à nouveau la détresse dans tout mon être, je me sens soudainement très mal et totalement seul. Je reste contre la commode un bon moment sans bouger alors que mes larmes ne cessent de couler. Je prends un mouchoir pour m'essuyer les yeux puis un second pour me moucher. Peut-être que pleurer m'aiderait... craquer pour mieux repartir en somme. Je prends le temps de me calmer et de retrouver mes esprits. Rajaar n'était clairement pas bien pour ce qu'il avait fait. J'avais aperçu ses yeux, sur le point de craquer aussi. Je soupire puis décide de quitter la pièce. Rester ici n'aidait clairement pas avec ce qui s'était produit. J'allais me servir un verre d'eau que j'avalais d'une traite puis m'en servais un second. J'aperçois alors Rajaar sur le balcon en relevant les yeux. Je finis par me décider à m'avancer et je me retrouve sur le balcon debout à côté du Prince avachi dans sa chaise. Je fixe le ciel devant moi alors que le soleil est sur le point de se coucher dans des nuances rouge-orangé. J'inspire doucement puis pose les yeux sur Rajaar. Je ne sais plus ce que je dois faire avec lui. Où se trouve ma place... enfin si, je le sais dans le fond.. mais tout est assez étrange entre nous. J'ai beau lui en vouloir de ce qui vient de se passer, je ne peux pas m'empêcher de vouloir être près de lui. Je finis par me décider et sans un mot, je me posais à califourchon sur lui et croisais son regard. « Est-ce que ça va aller ? » finis-je par demander. Je me permettais bien des choses en sa présence. Avec un autre client ou Prince, je ne me serais jamais permis d'être si naturel si je puis dire. J'oublie très facilement mon statut en présence de Rajaar. Parce que je l'aime... je ne sais pas si c'est dû à cette raison. Je lui demande si ça va aller. Je suis inquiet. A vrai dire, Rajaar à cet instant, semble bien jeune.

Son vrai visage semble réapparaître et j'aimerais pouvoir lui venir en aide. Il semble perdu dans ses pensées... lesquelles ? Je l'ignore mais elles n'ont pas l'air très agréable. Mon comportement semble aussi le perturber et il y a de quoi... il n'y a que moi pour agir de cette manière avec son bourreau. Surtout avec ce qu'il venait de me faire. Rajaar se redressa un peu et je sentit ses mains glisser dans mon dos. Il déposa un baiser au coin de mes lèvres et j'eus un frisson. Il finit par me répondre tout contre ma joue « J'aimerais te répondre que oui, Siobhan. » Je voudrais pouvoir en dire autant pour ma part. Est-ce que ça allait aller ? Seul l'avenir le dirait mais je le voyais plutôt sombre. Très sombre même. Je savais que le traitement de Rajaar n'était que la partie visible de l'iceberg. Il y aurait des répercussions à mon geste... Le propriétaire des lieux ne laisserait pas passer mon comportement envers l'un de ses gardes. Surtout après la tentative de l'esclave de fuir et qui avait disparu subitement. Je déglutis en y songeant. Je risquais vraiment de subir leur colère. Ce ne serait pas facile à vivre mais je me devais d'assumer. Mais serait-ce pire que le viol juste avant ? Je n'ai pas encore la réponse. Je reviens à la réalité lorsque je croise le regard de Rajaar et que je l'entends me supplier limite de l'embrasser. Mes yeux glissent automatiquement sur ses lèvres avant que les siennes ne m'effleurent et je ne parviens même pas à résister. A peine deux secondes avant que je ne l'embrasse tendrement. J'étais vraiment pathétique... faible en sa présence. Amoureux, bordel ! Il ne méritait pas que je sois si doux envers lui et que j'accepte sa demande. J'aurais dû l'envoyer sur les roses et me lever. Mais, me retrouver contre lui était juste le seul endroit où je voulais être à cet instant. Peu importe les mauvais traitements et ce qui avait eu lieu dans la chambre. Je n'arrivais pas à me défaire de lui. La semaine avait encore été bien trop longue sans lui. Je rattrapais le temps perdu en quelque sorte. Je ne sais pas où il en est avec le mariage prévu... mais je sais que le temps en sa présence m'est compté. Qu'un jour, j'apprendrais ses noces et qu'il partirait donc du palace. Mon cœur se serra à cette pensée. Je ne me faisais vraiment pas à l'idée qu'il parte me laissant derrière lui. Je romps le baiser au bout d'un moment et croise à nouveau son regard. « Rajaar... je sais que je ne dois pas le dire, tout comme le fait que je ne dois pas espérer. Je sais que c'est peine perdu mais j'aimerais juste rien qu'une fois pouvoir te le dire... » Je ne sais pas vraiment ce qui me prend. D'ailleurs, il me l'avait interdit. A croire que j'ai le sentiment que c'est la dernière fois que nous allions être si intimes. La menace de sa belle-famille tout comme la sienne planant telle une épée de Damoclès, au-dessus de ma tête, y était sans doute pour quelque chose. Je finis par reprendre.

« J'ai accepté sans broncher bien des choses de ta part... j'ai changé radicalement de point de vue sur ma propre vie et ma propre sexualité avec tout ce qui s'est produit. Et je ne sais pas encore par quel miracle tu as réussi à me faire autant changer. Tu dois avoir l'habitude vu ton statut... quoi que.. rien n'est habituel, si je ne me trompe pas. Tu es loin d'être ainsi avec d'autres esclaves, je ne crois pas me tromper. Je sais également que tu ne saisis pas le fait que je puisse encore venir près de toi et te parler comme je le fais actuellement... mais je te comprends dans un sens... ton statut, ta façon d'être n'est pas réellement toi. Mais, tu sais, tu as le droit comme tout le monde de craquer de temps en temps. Ce n'est pas une honte et je n'irais pas l'ébruiter si c'est ce que tu crains. Quant à ce qui s'est passé... je ne peux l'expliquer ni savoir exactement ce qui te pousse à vouloir en arriver-là. Mais, si tu veux coucher avec moi... juste dis-le. Et ne me force pas. J'accepte énormément depuis que je suis au sein du complexe et en particulier depuis que je suis ton esclave. Mais, le viol... j'ai juste le sentiment d'être un vulgaire objet, de ne plus être humain, de n'être rien. Et c'est juste atroce comme sensation et je ne peux pas me réduire à ce statut. Dans un sens, je dirais que tu me rends service... Cela me prépare à ce qui arrivera à ton départ. » Je déglutis en songeant à nouveau à son départ. « Bref, tout cela pour dire... Ne me refais pas ça, s'il te plaît. Je peux encaisser bien des choses mais si ton désir est vraiment de me détruire, tu sais ce qu'il te reste à faire. »

Je préfère être clair et mettre les choses au point avec le Prince. Et lui dire ce que je ressens n'est pas chose aisée non plus. Mais, il m'a énormément blessé. Je ne peux le nier malgré mon désir de rester près de lui. Je tâche de me convaincre dans un sens en prétextant dire qu'il me préparait à mon avenir. Mais, je ne peux pas supporter cette idée. C'est beaucoup trop humiliant, dégradant... trop dur à supporter. Je ne peux pas me faire à cette idée et encore moins subir cela de la part de Rajaar. Je vois à son visage qu'il est loin d'être bien. Il s'en veut sans doute de ce qu'il a fait. Je finis par voir des larmes couler sur son visage... il a le visage qui semble marqué par la douleur. Je l'observe toujours alors qu'il prend la parole. Je déglutis alors qu'il parle de ne pas pouvoir me laisser ici en sachant ce que j'allais subir avec d'autres. Mais, lui comme moi, on sait pertinemment qu'on ne peut rien y faire. « Ne dis pas cela... je ne veux pas non plus que tu meurs. » murmurais-je, bien que je sois le premier à le comprendre. A vrai dire, la mort me paraît la seule et unique solution également pour ma part. Je ne pourrais pas tenir entre ces murs dès qu'il ne serait plus là. J'essuie ses joues d'une main doucement puis le voit ouvrir les yeux. Je frémis à son contact et d'autant plus lorsqu'il vient m'embrasser. Je prolonge inévitablement, je ne peux pas résister.

Le goût de ses lèvres... je râlerais presque lorsqu'il se recule. « Ce que je veux... » répétais-je, avant d'ajouter : « Ce que je veux, c'est pouvoir t'embrasser encore et toujours sans m'arrêter » oui, le désir me consume encore et toujours lorsque je suis en sa présence. Et je voulais pouvoir aussi le toucher. « Si tu y arrives, je ne suis pas contre l'idée mais je ne veux pas que tu aies des ennuis ou te fasse tuer par ma faute. Je ne me le pardonnerais pas. » Je ferme les yeux alors qu'il s'attaque à mon cou. Je penche ma tête en arrière et un râle glisse de mes lèvres alors que je sens ses mains s'activer. Le plaisir est à nouveau bien présent, mon désir monte d'un cran. Une boule se forme dans le creux de mon ventre et lorsqu'il murmure dans mon oreille « Je t'aime, Siobhan. Dis-le. Dis-le moi, toi aussi... j'ai besoin de te l'entendre dire... » Je redresse la tête et croise son regard.

Mon cœur semble s'être subitement arrêté. J'ai l'impression d'être complètement déconnecté de la réalité. Je n'imaginais pas un seul instant que Rajaar finisse par me le demander. Il avait été très clair sur ce point et aussi étonnant que ça puisse paraître, je n'avais pas enfreint cet ordre. Il faut dire que je n'étais pas certain qu'il soit judicieux de lui dire. La situation était déjà bien compliquée. Mais, ça me démangeait depuis un moment et j'avais failli le dire tout à l'heure mais ça n'avait été qu'un murmure inaudible. Ça ne comptait pas vraiment... je passe ma langue sur mes lèvres. Je finis par rompre le silence. « Ne viens pas me le reprocher après. » dis-je, doucement. Je me penche sur ses lèvres et l'embrasse tendrement durant un court moment puis je le regarde dans les yeux. « Je t'aime aussi Rajaar, plus que tu ne peux l'imaginer. Jamais je n'aurais cru pouvoir tomber amoureux surtout de mon ''maître'' bien que je ne t'ai jamais considéré comme tel et comme tu l'as bien vu aussi. Et cela me tue de savoir que je ne peux être avec toi comme je le désire. » Je regardais toujours le Prince dans les yeux. Je ne pouvais pas m'empêcher de l'admirer. « Et je pourrais bien te le dire inlassablement si c'est ce que tu veux.. car c'est la pure vérité. » Je plaquais à nouveau mes lèvres sur les siennes avec fougue, approfondissant davantage le baiser.

Le temps semble suspendu... juste idyllique avec ce merveilleux coucher de soleil aux tons rouge. Véritable contraste avec ce qui s'était produit un peu plus tôt entre les deux amants. Après, la violence... l'humiliation, les mots durs, l'enfer... voilà que se jouait la parfaite mélodie du Bonheur... enfin un semblant. Car ce n'était qu'illusion à cet instant, ce tableau si parfait. Une parenthèse mais peu importe. Il valait mieux oublier le reste. Penser à maintenant, au présent. A eux. Oublier la suite pour un laps de temps. La réalité ne serait que plus dure après mais tous les deux le savaient déjà. Et cela n'empêchait pas non plus le fait qu'ils s'aimaient. Impossible de continuer à nier, les sentiments étaient bien présents.

J'embrassais le Prince avec fougue et passion... avec envie également et mes mains glissèrent le long de son torse se frayant un chemin sous sa chemise pour entrer en contact avec sa peau. Sentir la chaleur de son corps contre mes doigts... je sentais le désir me parcourir le corps. Je ne pensais plus à ce qui avait eu lieu auparavant, me concentrant sur l'instant présent. Je romps le baiser et vais l'embrasser le long de son cou, glissant ma langue sensuellement. Je ne peux m'empêcher de le toucher de toute part, de m'assurer qu'il est bien là, avec moi. Une semaine que je ne le voyais plus. Une semaine à tourner en rond et me demander ce qu'il fabriquait. Tout cela envolé dès l'instant où mes lèvres se sont posées sur les siennes. Je ne voulais pas m'attarder là-dessus. Je vire alors la chemise du Prince en très peu de temps, mes yeux dévorent son corps et pétillent à la vue offerte. Il est juste parfait... Je redécouvre son corps sans me presser pour autant. Son corps d'Apollon me fait beaucoup d'effets et je sens que mon membre durcit à vue d'oeil. « Tu es tellement attirant... sexy » soufflais-je, en le dévorant toujours du regard. Je me mords la lèvre avec envie. Mes mains glissent sur son torse puis son dos et ses hanches. Toucher ce corps si bien dessiné, bien musclé... de cette manière. Il m'avait tellement manqué...

Rajaar est touché par les mots de son amant bien qu'il ne le montre pas, sauf en revenant l'embrasser avec passion, sur ses lèvres et dans son cou. Et il ne résiste pas longtemps avant de lui demander de lui dire, allant contre l'ordre donné dans les bassins lorsque lui-même il avait fini par lui avouer ses sentiments à son égard. Il a ce besoin de l'entendre pour les imprimer dans son esprit et ne jamais les oublier. Son aveu l'aiderait sans doute à avoir la force de se battre et de ne pas baisser les bras. Et il a besoin d'être sûr, d'être rassuré, de savoir que c'était bien réciproque. Lui reprocher ? Comment le pourrait-il ? Impossible! Et puis, c'est sa demande. Ce n'est pas pour lui faire de remarque derrière. Siobhan n'est pas responsable de ce qui se passe, il est seulement victime de ces enfoirés qui viennent s'amuser avec les esclaves et de sa propre faiblesse. Il ne pourra jamais lui en vouloir d'avoir prononcé ces mots. Et lorsque Siobhan décide de lui avouer après un tendre baiser, son cœur fait un bond dans sa poitrine. Ces simples mots. Cela apaise aussitôt ses tourments et lui enlève un poids sur les épaules et lui réchauffe le cœur. Merde, alors c'est vrai. Il l'aime vraiment. Le jeune Prince ne sait même pas quoi dire, il a l'impression que le cauchemar s'est transformé en un doux rêve. Il peine à y croire.

Et puis Siobhan revient plaquer ses lèvres avec fougue sur les siennes. Rajaar se laisse complètement aller, répondant fiévreusement à ce baiser, avec cette envie qui croît de plus en plus en lui. Et les caresses de Sio, tout autant que les baisers qu'il vient donner dans son cou, ne l'aide pas à calmer cette envie. Il a envie de lui, de lui faire l'amour. Il pourrait même ne jamais s'arrêter de le faire. Il s'est retenu pendant des jours, refusant de le toucher de peur de perdre pied, de faiblir, de craquer. Maintenant de toute façon, ça n'a plus d'importance. Plus rien ne l'empêchera de l'aimer comme il le souhaite. Sous les attentions délicieuses de l'esclave, Rajaar ferme les yeux et soupire, griffant la peau de Siobhan tout doucement. Finalement, il lui retire sa chemise, dévoilant son torse musclé que l'esclave admire et caresse, le complimentant sur son physique. Rajaar se sent réellement flatté. Il a déjà entendu ces mots..., mais pas de la bouche de l'homme qu'il aime. Plutôt de son amant. Non, ce n'est pas le moment de penser à Alexander et à l'erreur qu'il a commise. Il n'aurait jamais dû aller le rejoindre dans cet hôtel..., ni renouveler leur rapport ensuite. Mais le Prince oublie bien vite tout ça. Il n'a d'yeux que pour Siobhan de toute façon, il n'y a plus que lui qui compte réellement, lui à qui il a subitement une envie insurmontable de faire l'amour.

Je sursaute légèrement en sentant sa main sur mon membre déjà bien dur. Je soupire à ses caresses et le plaisir grandit d'autant plus et me consume. Je l'embrasse dans le cou, glissant mes mains sur son corps de rêve. Je me mords la lèvre appréciant ses caresses. Je l'entends alors me demander « Je te prends, ou tu me prends ? Pour une fois, j'aimerais te laisser tout contrôler. Tout décider. Fais de moi ce que tu veux. Sois le Maître et je serais ton esclave... » Je croise son regard et voit son sourire. Je me penche en avant et vient mordiller sa lèvre inférieure. « Je ne pensais pas que tu finirais par aimer te soumettre... » Je prolonge son baiser lorsqu'il m'embrasse et je soupire d'aise mettant ma tête en arrière dégageant mon cou lorsqu'il me lécha. Je frissonnais à son contact. « Hmmm j'adore quand tu fais ça... je te veux. » dis-je, entre deux soupirs.

Annotations

Vous aimez lire Rider-Claity ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0