Chapitre 2. Émile.
Émile n'était pas méchant, mais terriblement possessif. Françis, son "novio" lui avait échappé tellement souvent jusque là. Hugo, Raphaël, Ismaël et même Matéo, tous rencontrés lors de ses escapades en Espagne, sous prétexte de revoir la terre de ses ancêtres, comme il disait. Puis ce fut les quartiers gay d'Angers qu'il appellait son "marais angevin". Son amour du bon vin, qu'il usait, et abusait, ne l'inquiétait pas de trop, et depuis peu, son "marais" ne semblait plus l'interresser, pas plus que ce nouveau directeur, qu'il admirait un peu trop, mais qui était quand même marié et beaucoup trop jeune.
Au moins, maintenant Françis semblait lui appartenir complétement. Mais, pas tout à fait complétement depuis quelques jours. D'habitude calme, attentif, et rythmé comme une horloge, il sortait un peu plus tôt tous les soirs, pour rejoindre ses galeries en oubliant parfois de l'embrasser. Il ne lui parlait plus de ses obsessions picturales, de Picasso, Guernica, de Salvador Dali et ses délires.
Bref c'était devenu suffisamment inquiétant pour essayer de comptendre ce qu'il se tramait.
Émile décida donc un soir de suivre son ami discrétement, mais de manière assez rapprochée pour beneficier de l'arrêt temporaire des systémes d'alarme, que Françis débranchait et rebranchait après son passage à chaque galerie. Il se faufila ainsi dans le musée par la porte de service, et dans la pénombre, le suivi jusque dans la galerie espagnole, que Francis franchit rapidement, puis dans les autres galeries du musée au pas de course. A la fin de la visite, Françis s'arreta dans la galerie italienne, devant un tableau qui semblait le fasciner, puis s'assit en face, sur le canapé, et commença à boire. Puis il se releva d'un bon, éteignit sa lampe torche, plongeant la salle dans une obscurité complète. Emile terrifié ne bougea plus de peur de déclencher une alarme et décida d'attendre. Françis tout d'abord silencieux, se mit à égrener des mots, en faits des prénoms, tous inconnus.
Il fallait en avoir le coeur net !
A huit heures du matin, Jean-Paul découvrit son gardien de nuit et un inconnu endormi cote à cote sur le canapé de la galerie douze, manifestement alcoolisés tous les deux !
Un tableau avait été décroché et reposait par terre, parfaitement intact !
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