Chapitre I
Cela va faire deux semaines que Julien s’est fait agresser, et demain, c’est la rentrée. On a eu l’occasion de se voir avec le groupe et on a appris que Justine était en partie responsable de l’agression de Julien C'est le mec qui embrassait Justine quand Julien est arrivé chez elle, qui a appelé les gars qui l’ont tabassé. Parfois, je me dis que cette nana le mène en bateau. C’est pas la première fois que ça arrive, et à chaque fois elle lui dit « Oh excuse-moi, gnegne je sais pas ce qui m’a pris gnegne je t’aime » . Et Julien lui a pardonné juste après, comme toujours. Je déteste quand elle fait ça. Il mérite tellement mieux mon Julien.
Il nous a aussi raconté la colo, et apparemment, ça ne s’est pas passé comme prévu, c’est pour ça qu’il est rentré plutôt. Un mec avec qui il était devenu pote là-bas s’est suicidé en se taillant les veines et on voit dans son regard quand il en parle que ça l’a vraiment marqué. Il s’est même mis à pleurer en parlant de ce Sacha. Inconsciemment, j’en étais un peu jaloux, même si je savais qu'il était encore sous le choc.
Ce matin, quand je me suis levé, j’ai eu le droit à l’habituelle expérience culinaire de Charles, des croissants aux citrons et à l’amande. Je me demande où il va chercher toutes ces idées, surtout que celle-ci était horrible… Mais grâce à la rentrée, je vais pouvoir manger des choses digestes le matin… Quand je suis arrivé au salon, après m'être préparé, Charles et ma mère m’attendaient :
— Euh… Vous faites quoi là ?
— Bah, on t’attend !
— Je vois ça, mais pourquoi ?!
— Attends tu-es sérieux ? Tu nous a presque harcelés avec Charles pour qu’on t’accompagne à l’expo de photographie.
— Ah oui, c’est vrai !
Et nous nous sommes mis en route pour un trajet de cinq heure. Je crois je bien qu’il n’y ait que moi pour les tirer dans ce genre d’expo, moi j’y vais juste pour voir les quelques photos de Robert Doisneau, je trouve qu'elles sont pleines de vie.
Ça ne peut qu’être, une journée, magnifique !
On est arrivés au lieu de l’expo, et… personne… on a regardé sur le site de celle-ci, et il disait qu’elle était annulée à cause d’un désaccord avec les sponsors. Charles a eu la superbe idée de nous amener au restaurant, et nous avons fait un petit tour touristique des environs. Même si j’étais déçu que l’expo ait été annulée, je trouve qu’on a passé une super journée quand même !
Le lendemain, je me suis réveillé à 6h30. Après m’être vite préparé, j’ai couru pour ne pas louper mon bus, mais j’étais surtout pressé de retrouver les autres.
Quand je suis arrivé au lycée, j’ai aperçu Henri au loin qui faisait de grands signes avec ses mains. Je l’ai rejoint,et ensuite Marie et Roger sont arrivés, puis Julien, toujours le dernier !Nous allons tous ensemble voir nos classes, sauf Roger qui rejoint directement sa section, il est en Bac pro communication.
Nous arrivons devant les affiches sur lesquelles il est inscrit les compositions des classes : Julien est tout seul, alors que Marie, Henri et Justine, que j’arrive de moins en moins à supporter, sont avec moi. Ça doit être la deuxième fois depuis la maternelle que je ne suis pas dans la même classe de Julien, j’espère qu’il ne va pas me remplacer.
Après avoir tous fait des adieux dignes d’un film hollywoodiens à Julien, nous sommes allés en cours. Henri et moi avons parlé pendant toute la matinée, et vu qu’on écoutait rien de ce que disait le prof, on a eu le droit à deux ou trois rappels à l’ordre. Un record !
La pause méridienne arrivée, on attendait plus que Julien, qui arriva rapidement accompagné d'un autre mec. :
— Salut ! Ça vous dérange si j’invite Nicolas, il est dans ma classe.
Vu que ça ne dérangeait personne, il était le bienvenu.
Une fois les présentations faites, on s’est tous remémorés les souvenirs de seconde et de première, Nicolas devait se sentir exclu, du coup, on a fait un concours d’imitation. Jusqu’à présent, c’était Roger le meilleur, mais là, Nicolas bien que se soit son premier jour ici a parfaitement imité le principal. C’était si réaliste qu’on aurait cru l’avoir devant nous, on était tous mort de rire. Il me paraît être un bon gars, même si je crains qu’il me vole ma place de boute-en-train !
Le reste de l’après-midi, c’est plutôt bien passée, sauf qu'à force de parler avec Henri, on s’est pris une heure… On a joué, on a perdu !
Le soir, en rentrant, Charles me bombarda littéralement de questions sur cette rentrée :
— Alors cette journée, t’es dans quelle classe ? Avec qui ? C’est qui ton prof principal ?
— Ho, calme-toi ! Une question à la fois, dis-je en rigolant.
— Oui, donc ta journée.
— Bah écoute, rien de spécial. Ah si ! Julien n’est pas dans ma classe et il a ramené un pote, je vais me faire remplacer….
— Mais non, tu seras toujours son meilleur pote.
— Mouais
— Aller te fais de bile, tu veux un muffin ?
— Si c’est ceux de la dernière fois oui.
— Tu me prends pour qui ! Tiens, dit-il en me tendant une assiette avec trois muffins.
J’en pris un et partis le manger dans ma chambre pour commencer à faire mes devoirs. Même si j’ai plus parlé avec Julien qu’autre chose. On prévoyait déjà nos sorties de l’année, les blagues qu’on allait faire aux profs. Des trucs tout con comme demander au prof d’anglais « ça veut dire quoi « i don’t know » » dans l’espoir que celui-ci réponde « je ne sais pas » et que nous puissions remettre en cause son professionnalisme en toute impunité. Même si cette année, ces blagues je ne les ferai pas avec lui...
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— Putain, j’me fais chier... Tuez-moi, soupire Henri qui n’en peux déjà plus des cours.
Marie juste devant avec son ton toujours aussi calme se retourna et dit :
— Henri... Ça fait seulement dix minutes que le cours a commencé, et ça ne fait que deux semaines qu’on est rentrés, qu’est-ce que tu diras à la fin de l'année.
— Oui, mais... il est 16h15, aujourd’hui, c’est vendredi, et on est en physique ! c’est horrible... Quand je pense que Julien et Nicolas eux finissent à 15 ou 16 heures tous les jours...
— Oui, mais, repris-je, eux ne commencent pas à 10 heures le mardi, et ils ont le trio de la mort le lundi de 15 à 17h, philo suivie d’Anglais.
— eheh ouais, dit-il avec son petit rire malicieux.
— Et bon dit toi qu’après on va les rejoindre à l’Alex III.
Henri fut tout de suite remis sur pieds, il participa même dans la mesure de ses connaissances pensant que le cours passerait plus vite. Ce qui n’est pas forcément faux. Au passage, l’Alex III, c'est le bar de l’oncle de Julien et notre petit QG avec le groupe. Il est sur une petite promenade au bord du cours d’eau qui traverse la ville. Idéal en été.
La sonnerie retentit, et les 34 élèves de la classe et moi-même poussons un long soupir de joie. Henri est le premier sorti, il ne tient pas en place, c’est limite s’ils ne nous tirent pas. Mais nous devons attendre Justine qui bien qu'elle soit dans la même classe que nous, reste avec ces copines . Pas besoin de beaucoup les décrire : ce sont les filles un peu « pouf » qui ricanent et commèrent sur tout et tout le monde. En fait, Justine est dans notre groupe d’ami uniquement parce qu’elle est avec julien, sinon on ne partage rien. Par on, j’entends tout le reste du groupe. Avec elle nous échangeons que des politesses et parfois quand elle participe à nos débats endiablés sur les cours quand nous sommes au QG. Après l’avoir attendu cinq minutes madame daigne nous rejoindre. Dès qu’elle arrive à mon niveau, elle dit :
— Ah ! Vous m’avez attendue !
— Bah oui, tu viens avec nous nan ?
— Nan, j’ai pas envie de le voir, il m’a saoulée hier, dit-elle avec un petit air effronté.
— Je ne veux même pas savoir, dis-je en soupirant.
Notre petit trio, rejoint par Roger se dirige donc vers notre but dans le calme et la bonne humeur. Enfin, sauf pour Henri qui lui court. C’est alors que Roger lui crie :
— Arrête de courir Forest, on y arrivera dans tous les cas.
— Ouais ! Peut-être, mais moi, je siroterai mon verre avant vous ahah.
Il se met alors à courir sur les cinquante derniers mètres, nous nous regardons amusés avec Marie et Roger. Le bar n’étant qu’à deux cents mètres, nous y arrivons deux minutes plus tard. Nicolas et Julien sont en terrasse, Henri est à bout de souffle replié sur ses genoux.
— Ça valait vraiment le coup pour un thé glacé ? dis-je en rigolant.
Il me regarda avec un air grave, reprit son souffle et dit :
— Je ferais tout pour un thé glacé de Chloé !!!
Chloé, c’est la serveuse du bar. Elle a juste 19 ans et on est tous persuadés qu’elle a tapé dans l’œil d’Henri même s’il ne l’avouera jamais. Ici les thés glacés, limonades, orangeades, etc. sont fait maison. Et si on écoute Henri, c'est ici qu'on fait les meilleurs thés glacés. En parlant de celle-ci, elle arrive en rigolant et passe sa main dans les cheveux d’Henri qui venait de s’asseoir. Celui-ci ne manque pas de virer au rouge, ce qui provoque un fou rire général. Nos commandes prisent, nous commençons à partager nos journées respectives avec Julien, Nicolas et Roger. Au bout d’une heure, les autres étant parti petit à petit, nous nous retrouvons seul Julien et moi sur la terrasse. , c’est alors que je m’aventure sur un terrain glissant en général.
— Julien ?
— Hum ?
— Il s’est passé quoi avec Justine, encore, dis-je avec une voix plus basse que le reste de la phrase.
Il soupira un grand coup, et après un silence d’une dizaine de secondes, il dit :
— Je sais pas... On se dispute de plus en plus, et ça m’énerve parce que moi, j’aime être avec elle. Même si ce qu’il y a eu cet été reste encore un peu dans ma mémoire. Je l’aime ma p’tite Justine. Mais j’ai l’impression qu’elle cherche toujours un moyen de remettre de l’huile sur le feu. Je commence même à croire qu’elle cherche jusqu’au plus petit prétexte pour qu’on s’engueule...
— Oui... Je vois... c’est peut-être la fin.
Il me lança un regard presque noir.
— Oui enfin pas forcément hein !
— Ouais, je l’espère...
— T’as qu’à l’inviter chez toi ce week-end pour que vous passiez du temps ensemble.
Il fit non de la tête et dit :
— Pas possible, demain, j’ai Nicolas qui vient.
— Ah bon !? Pourquoi !?
J’ai peut-être surréagi, je commence sérieusement à devenir jaloux de Nicolas. C’est vrai que Julien et lui sont dans la même classe, mais de ce que j’ai compris, ils sont potes, sans plus.
— Bosser sûrement, mais bon. Tu connais ma capacité de concentration sur des exos, celle de Nicolas est bien meilleure que moi, dit-il en riant.
— Oh oui, je la connais ahah.
Nous avons tous deux ri. Nous avons continué de parler de tout et de rien pendant une trentaine de minutes, puis nous nous sommes quittés.
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