Chapitre V
Le vendredi est arrivé assez vite. Je me suis levé vers 7h30 histoire de préparer les derniers éléments pour la journée. Quand on y pense, c'est assez bien que ce vendredi soit férié, d'autant plus que Julien va dormir chez Nicolas le lendemain... Mais bref, à 8h, je suis prêt, il ne manque plus que Julien. En parlant du loup, celui-ci est arrivé presque au même moment. Ma mère, étant dans le salon, est allée lui ouvrir.
— Ah Julien, tu es là, rentre.
— Bonjour Roxane, Jean est prêt ?
Elle ferma la porte et lui répondit :
— Je ne sais pas, attends...
Avant qu'elle ne se mette à crier mon prénom, je suis descendu comme une flèche des escaliers et j'ai répondu :
— Bien sûr que je suis prêt.
Julien s'est approché pour me saluer, et nous sommes tous les deux montés dans ma chambre pour se répartir les sacs. Une journée photo ça se prépare !
— Ça va ? repris-je.
— Oui et toi ?
— Très bien, passer une petite journée avec ma passion et mon meilleur pote, que demande le peuple ! dis-je en rigolant.
— C'est pas faux. Alors qui prend quoi ?
— Oui, alors, déjà, je te l'avais promis, là y a le 2000d pour toi.
— Ah mon petit canon !
— Oui alors, ton, ton, on se comprend hein ! m'exclamais-je en rigolant.
— T'inquiètes, je vais pas le casser, dit-il en me faisant un petit clin d'œil.
Pour ma part, j'ai pris mon appareil : un Nikon d 5200. j'en profite un maximum, car avec mon anniversaire qui approche de plus en plus, je projette l'achat d'un nouveau : le Nikon Z6. En plus des appareils, je prends un sac avec quelques babioles. J'explique à Julien le programme précis de la journée et nous descendons. Alors que je prends les sandwichs et autres provisions pour la journée, Julien s'étonne de l'absence de Charles. En effet, celui-ci était cloué au lit avec une vilaine gastro. Je suis intimement persuadé que ses pâtes carbo "revisitées" et non ratées de la veille ont un lien avec son état.
Une fois le sac de provisions prêt, je le donne à julien. Nous prenons ensuite chacun un petit siège trépied. Nous saluons ma mère, et sortons. Une fois sur nos vélos, nous nous mettons en route pour notre lieu d'affût pour la journée. Après une petite heure de vélo à un rythme assez tranquille, nous arrivons à la lisière d'une forêt sur le bord de la route. Nous entrons un peu dans celles-ci afin de dissimuler un peu les vélos, et nous attachons ceux-ci à un arbre. Puis nous marchons une vingtaine de minutes avant d'arriver devant ce fameux mirador bancal. En réalité, c'est une petite tour de deux mètres de haut avec un petit toit en tôle par-dessus en plus. Elle est assez spacieuse pour mettre Julien et moi plus les deux sacs. Je monte le premier et je pousse avec mon pied les branches ou feuilles qui sont au sol. Julien me passe les affaires depuis le sol puis me rejoint, il prend soin de fermer le petit portillon. Ça a le don de m'amuser, car il y a plus de chance que le plancher cède sous nos pieds que de tomber par là. Nous accrochons au toit le filet de camouflage qui entoure maintenant la tour. Viennent le tour des trépieds pour les appareils, puis nos sièges.
— Ça me parait bon, me dit Julien.
— Ouais, maintenant plus y a qu'à attendre, et maintenant, chuchotement. Il n'y a pas vraiment de vent et le peu qu'il y a vient vers nous donc ça va.
Il me fit un signe OK avec les doigts. J'ai commencé à paramétrer mon appareil. La position, l'ouverture focale, etc. Je m'occupe ensuite de celui de Julien. La lumière est plutôt douce avec le feuillage des arbres encore présent pour le moment.
Au bout de quelques minutes dans le plus grand des silences, je vois Julien me faire pleins de signes. Je me penche vers lui et lui dit en chuchotant :
— Je t'ai dit qu'on pouvait parler tout bas, et je ne comprends rien à la langue des signes.
— Ah, mais moi non plus, rigola-t-il doucement, je faisais des signes au pif. À la limite, je sais dire "attention des tortues carnivores".
Il accompagna la fin de sa phrase par une série de signes.
— Alors, je suis désolé pour toi, mais c'est une fake new ça. J'avais vu que y a que tortue qui est bien fait.
— Ah, triste.
Nous avons passé les deux heures qui suivirent à parler un peu et à scruter les alentours à la recherche d'animaux. À un moment, j'ai aperçu un lièvre, mais juste avant que je le prenne en photo Julien a éternué ce qui fit partir la bête à une vitesse époustouflante. Je dois l'avouer avec cela, j'ai fait la gueule quelques minutes. Vers midi et demi, j'ai proposé à Julien de manger. Je lui ai tendu un sandwich emballé dans du papier aluminium que nous avons soigneusement mis avec le reste de nos emballages dans un sachet poubelle. Notre repas fini, Julien se penche vers moi et me dit toujours en chuchotant :
— Bon Jean..
— Oui ? lui répondis-je intrigué par le commencement de sa phrase.
— J'ai besoin de te parler de plusieurs choses.
— Par rapport à quoi ?
— Toi, moi, et aussi notre amitié.
Sur le moment, j'ai serré un peu les poings. C'est un coup de Nicolas, pensais-je, il me tire mon meilleur pote.
— Du coup, reprit-il, j'ai remarqué que ces derniers temps parfois, tu sembles absent. Depuis le week-end où Justine m'a quitté. Je ne pense pas que ce soit ça qui t'a affecté, je sais que tu l'appréciais pas trop. Alors est-ce qu'il s'est passé un truc de ton côté qui fait que voilà, tu serais pas très bien ?
Il faut avouer qu'il touchait une corde sensible, car il est vrai que même si j'ai plutôt bien tenu le coup après Adrien, parfois, je me perdais à y repenser, et apparemment Julien l'a vu...
— Bien écoute, nan, c'est vrai que parfois, je me perds dans mes pensées avec les cours, le stress et tout quoi.
— Mouais... Pour ce qui est de notre amitié, j'y ai pensé et j'ai remarqué que je l'avais peut-être pas mise de côté, mais on faisait moins de trucs ensemble comme tu me l'as dit mercredi. C'est en partie à cause du fai...
— Sssssssssshhhhhh... Regarde ! lui dis-je en pointant en dehors de la tour.
À une trentaine de mètres, se trouvait un petit chevreuil. Je me suis mis derrière mon appareil et j'ai réglé les lignes et lumières et le reste une dernière fois, et j'ai capturé cette magnifique bête dans mon appareil.
— C'est un chevreuil ça, on est d'accord, me dit Julien.
— Ouais, je dirais même un chevrillard. Vu ces bois, il doit avoir peut-être six mois. La mère doit pas être loin.
Il ne fallu qu'une dizaine de secondes pour que deux autres arrivent : un que l'on peut facilement deviner être la mère par la taille et l'absence de bois, et un autre petit qui lui ou plutôt elle sur le coup est une femelle.
— Allez Julien, à toi de prendre une photo, tu recalibres comme il faut, tu sais faire.
Il acquiesça et se mit derrière son appareil. J'entends le petit bruit de l'appareil et regard ce qu'il vient de faire.
— C'est vraiment pas mal, mais regarde.
Je reparamètre quelques trucs devant lui et lui demande de reprendre une photo. Il s'exécute et je lui montre que déjà le rendu est légèrement plus net et l'angle un peu mieux. Nous continuons à observer ces magnifiques bêtes encore quelques minutes, j'en profite pour prendre d'autres photos. Mais les bonnes choses ont une fin et ils finissent par partir. Je regarde rapidement les quelques photos que j'ai faites et en mets certaines en favoris pour faciliter au moment de les travailler. Je regarde également celle de Julien qui ne sont bien également pas. Il s'est vraiment amélioré depuis les premières fois. Une fois, il avait même oublié d'enlever la cache ! Mais là encore les bonnes choses ont une fin, Julien me regarde et me dit :
— Je disais quoi du coup... Ah oui, notre amitié...
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