La lézarde.

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L’édifice monumental qui avait été bâti par l’éducation que j'avais reçue jusqu’alors s’était fêlé. Lézardé. Fissuré. Pour la première fois. Là où le doute n’était pas permis tant les assurances étaient nombreuses, infaillibles, évidentes et souveraines, un autre jour perçait l’édifice. Comme un rai de lumière hésitant à travers un trou darde l’obscurité de l’autre côté. Des ombres se dessinent en points d’interrogation. Quelque chose d’autre existe. Qu’on ne sait. Qu’on ne maîtrise pas. Sans savoir, on sait. Les ombres troubles, à peine perceptibles. On les devine. Elles se dévoilent. Elles se perçoivent. Elles se pressentent. On s’en doute. Sans les appréhender. Sans les saisir. Sans les comprendre. Là où j’avais toujours appris que le noir était noir et le blanc était blanc, j’étais confronté, pour la première fois, à autre chose que l’évidence. Quelque chose de plus fort que cette évidence. Puisqu’il la faisait vaciller. Et pas qu’un peu. Je devinais, j’apprenais quelque chose de fondamental. Un peu trop jeune. Pas assez mûr pour le formaliser. Une formalisation qui arrivera beaucoup plus tard, vers dix-huit ans. Quand je comprendrai que un plus un ne font pas deux. Que même en mathématiques, la relativité est différente de la réalité normée, catégorisée et conventionnée. Que le protocole n’est jamais qu’une règle standard d’un système arrangeant mais pourtant nécessaire. Ou plus utile. Et comme toute les premières fois, je n’aurais pu échapper à ce stress et toutes ces interrogations qui ouvraient sur d’autres horizons faits d’incertitudes, de doutes, de crainte et d’effroi. Je devais donc nager dans la vie sans savoir nager. Je m’accrochais aux débris de ce dogme abîmé pour essayer de garder la tête hors de l’eau. (...)

La vie m’apprenait que l’intangible n’existait pas. Et je devais apprendre, fort de cette découverte, que le résultat d’une addition, d’une soustraction ou d’une multiplication l’était. Un paradoxe qui m’handicapa lourdement. Non pas par manque d’intelligence. Mais je n’arrivais pas à me demander ce qu’il y avait de l’autre côté de la réponse. Au travers de ce petit trou dardé par un rai de lumière. Et tout cela, à cause d’une cuite paternelle ! (...)

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