Ma nouvelle école
La sonnerie de mon réveil retentit. J'ouvre les yeux, m'étire en poussant un bâillement et désactive ce dernier. Je sors de mon lit, tire les rideaux de ma fenêtre et constate qu'il fait encore nuit, ce qui n'est pas étonnant en cette saison. Je me rends donc sous la douche. L'eau chaude me fait du bien et me permet de m'éveiller doucement. Quand je finis de me laver, j'enfile un peignoire et me brosse les dents avant de quitter la salle de bain pour retourner dans ma chambre, où je me revêts d'un jean et d'un sweat à capuche bleu foncé. Je mets mes chaussettes, attrape mon sac à dos et me rends dans la salle à manger. La tasse de café vide posée sur la table indique que papa est déjà passé par là. Il doit être en bas, en train de travailler. Je m'installe face à maman, qui sirote tranquillement une tasse de thé, en lui disant :
- Bonjour.
- Bonjour, Ludwig. Tu as bien drormi ?
Je ne réponds rien. Je ne peux pas dire que ma nuit ait été excellente. Je n'ai cessé de repenser à Berlin, à mes amis et au patinage artistique que je ne pratiquerai sûrement plus avant un moment, vu qu'il n'y a aucune patinoire dans ce village.
Ma génitrice n'insiste pas. J'attrape mon bol de chocolat et le vide d'une traite, pendant qu'elle me demande :
- Est-ce que tu veux que je t'accompagne à l'école pour ton premier jour ici ?
- Sûrement pas, rétorqué-je. Je saurai y aller seul. J'ai vu où elle se situe, hier, lorsque nous sommes allés à l'église pour les funérailles de papi. C'est le bâtiment qui se trouve juste à côté.
Elle hoche la tête. Je quitte ma chaise et pose mon sac sur mon dos, puis administre une caresse à Danke en lui promettant :
- On fera une balade, ce soir.
Il me répond par une léchouille. Je lui souris, puis m'engage dans le couloir, enfile mes chaussures et mon manteau et descends l'escalier menant au lieu de travail de papa. Il donne aux clients leurs pains et viennoiseries, tout en échangeant avec eux. En me remarquant, il me lance :
- Bonjour, fiston !
Cependant, je le lui réponds pas et me contente de quitter l'habitation sans me retourner. Je ne peux m'empêcher de penser que quand on était à Berlin, je répondais toujours à son salut avec un grand sourire et souhaitais même le bonjour aux clients réguliers que je connaissais. Seulement, voilà : nous ne sommes plus à Berlin.
Je m'engage donc dans la rue recouverte de neige en silence. Les flocons se brisent avec un bruit de craquement sous mes pas. Je passe devant quelques maisons, l'église avec son clocher surmonté d'une croix et arrive à l'école. C'est un bâtiment plutôt grand, mais sûrement mois imposant que mon ancien lycée. Je fais quelques pas dans la cour de récréation où se trouvent des enfants de tous âges confondus. Si j'ai bien compris, l'établissement regroupe toutes les classes, du CP à la terminale.
Je m'installe sur un banc et serre mon cartable contre moi en attendant le début des cours. Que puis-je bien faire d'autre ? Je n'ai aucun groupe d'amis à rejoindre ici et franchement, je ne sais pas si j'ai envie de me lier d'amitié avec qui que ce soit dans ce village . . .
Je suis tiré de mes pensées par une voix féminine qui me demande :
- Salut ! C'est toi le petit-fils de notre ancien boulanger qu'on a vu à son enterrement, hier ?
Je regarde à ma gauche pour découvrir une fille assise à côté de moi sur le banc. Elle a des cheveux brun clair mi-longs attachés en une queue de cheval et des yeux noisette. Elle me sourit en silence, attendant ma réponse. Je hoche simplement la tête.
- Toutes mes condoléances pour la mort de ton grand-père. C'était quelqu'un de bien et de très apprécié dans tout le village, tu sais ? Sa disparition nous a tous attristés . . . C'est pourquoi tous les habitants sont venus à ses funérailles.
- Je me disais aussi qu'il y avait pas mal de monde . . .
- C'est vraiment génial que ton père ait décidé d'emménager ici ! Sans lui, je ne sais pas comment on aurait fait. Je ne pense pas que quelqu'un d'autre serait venu prendre sa place. Ce village est tellement petit et isolé de tout que cela fait longtemps que nous n'avons plus de nouveaux habitants, si ce ne sont les enfants qui naissent ici. C'est pour cela que je suis vraiment heureuse, comme tous les autres, que vous soyiez là . . .
- Ce n'est un bonheur que pour vous ! Je ne suis pas heureux d'être là, moi ! rétorqué-je sèchement en me levant pour m'éloigner.
Au même moment, la sonnerie retentit. Je me dépêche donc de rejoindre la classe de seconde, en espérant que cette brune n'y soit pas. Elle a réussi à m'agacer plus vite que personne et je n'ai aucune envie d'avoir à la supporter toute la journée ! Malheureusement, quand j'entre dans la salle, je constate qu'elle y est déjà assise . . .
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