La mystérieuse patineuse

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La nuit tombe lorsque je quitte la maison en compagnie de Danke. Le disque doré disparait à l'horizon, laissant place à l'obscurité de la nuit. Le village ne contient que peu de lampadaires, à tel point que je ne verrai pas distinctement sans la lueur de la lune et des milliers d'étoiles qui ornent le ciel. Elles sont bien plus nombreuses qu'en ville, où la pollution les masque à notre vue. C'est peut-être le seul avantage de cet endroit . . .

Nous avançons dans les rues, qui sont vides à cette heure-ci. La neige craque sous nos pas. Je décide de m'éloigner des habitations pour être sûr de ne croiser personne. Le visage d'Angela me vient à cette pensée. Elle a promis de me laisser tranquille pour le reste de la journée, mais je préfère ne pas prendre le risque . . .

Je suis tiré de ma réflexion par l'aboiement de mon chien. Je constate alors que je suis sorti du village et que je me trouve à l'entrée de la forêt. Seulement, je ne vois mon animal de compagnie nulle part. Je l'appelle donc :

- Danke !

Un autre aboiement me parvient. Il vient des bois . . . Ce n'est pas vrai ! Il est entré dans la forêt ! Je pousse un soupir. Je sais que ce n'est pas une bonne idée d'y pénétrer alors qu'il fait nuit, mais je ne peux pas abandonner mon compagnon . . . Je marche donc entre les arbres pour le rejoindre, dans l'intention de lui passer la laisse autour du cou pour éviter qu'il n'aille encore s'aventurer dans des endroits pareils, mais les branches des chênes et des sapins masquent la lueur de la lune, réduisant encore plus ma visibilité.

Je l'appelle une nouvelle fois :

- Danke !

Cette fois, il arrive en courant et s'arrête à mes pieds. Je m'agenouille pour attacher la laisse à son collier, tout en le grondant :

- Vilaine bête ! Tu sais que je n'aime pas quand tu t'éloignes de moi comme ça . . .

Je m'interromps et tends l'oreille. Il me semble avoir entendu quelque chose . . . Le silence est en effet troublé par une douce voix féminine, qui fredonne un air calme et mélodieux. Qui est-ce qui peut bien chanter en pleine forêt à une heure pareille ?

Porté par ma curiosité, je me redresse et suis le son qui parvient jusqu'à mes oreilles. Il devient de plus en plus audible à mesure que j'avance entre les arbres. Je me rapproche ! J'écarte les branchages d'un buisson et me fige. Mes yeux s'écarquillent de surprise et d'émerveillement !

Je vois une femme à la longue chevelure blanche, à laquelle la lueur de la lune offre des reflets argentés, glisser avec grâce sur un lac gelé, qui scintille de mille feux. Les pans de sa longue robe blanche volent au gré du vent, tandis qu'elle tourne sur elle-même. Elle est coiffée d'un diadème orné de pierres aux reflets bleutés, comme si elles étaient faites de glace.

Je l'observe se mouvoir avec des yeux emplis de fascination ! On dirait qu'elle patine, mais ses pieds sont nus . . .

Je suis si absorbé par ce spectacle que je relâche la pression de ma main sur la laisse de mon chien, qui en profite pour se précipiter en direction de l'inconne en aboyant joyeusement.

- Danke ! Reviens ! lui ordonné-je.

Il s'immobilise pour me regarder, en même temps que la jeune femme. Elle ouvre ses yeux, qui étaient jusque là clos, révélant des iris d'un magnifique bleu clair ! Nous nous fixons en silence pendant quelques secondes, puis je me précipite vers mon animal de compagnie pour empoigner à nouveau sa laisse, en m'excusant :

- Désolé pour le dérangement. Il n'est pas méchant, il voulait sans doute juste jouer avec vous . . .

Elle m'adresse un sourire bienveillant :

- Ce n'est rien. J'aime les animaux.

- Moi aussi . . . me contenté-je de répondre.

Je prends une grande inspiration et lui demande :

- Comment faisiez-vous pour patiner avec tant d'aisance et de talent sans patins ?

- Disons que j'ai un don pour cela . . . Tu aimes aussi patiner ?

- Oui, c'est ma grande passion, mais je ne peux plus l'exercer ici. Il n'y a aucune patinoire au village, dis-je tristement.

- Peut-être, mais tu as là un magnifique lac gelé !

- Ce n'est pas prudent de patiner sur un lac qui n'a pas été préalablement contrôlé. La couche de glace n'est peut-être pas suffisamment épaisse.

- Elle l'est, puisque je viens de glisser dessus sans aucun souci.

Je l'observe en silence, intrigué par elle . . .

- Je te propose de revenir ici demain avec tes patins. Nous patinerons ensemble sur le lac, d'accord ?

- Oui, avec joie ! accepté-je sans réfléchir.

- En attendant, rentre chez toi. Il se fait déjà tard . . .

J'acquiesce, puis lui demande :

- Et vous ? Vous ne rentrez pas ?

- Je suis déjà chez moi, affirme-t-elle d'un air mystérieux. À demain ! me lance-t-elle joyeusement en disapraissant entre les arbres.

Je reste immobile pendant de longues secondes, fixant du regard l'endroit par lequel elle est partie. Décidémment, cette fille m'intrigue au plus haut point . . .

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