Questions
- Allo ?
- Salut, Adrian. Je ne te dérange pas ?
- Tu ne me déranges jamais, mon vieux ! Alors ? Comment ça va ?
- Je suis en bonne santé.
- C'est déjà une bonne chose. Comment est le village ? Les habitants sont sympas ? Tu t'es fait de nouveaux amis ?
- Le village est comme il était lorsque je venais y passer les vacances. Personnellement, je le trouve d'un tel ennui . . . Je n'ai pas discuté avec les habitants, sauf une, mais ce sont juste des gens normaux et je n'ai pas l'intention de me faire des amis ici. Il faut que rien ne me retienne le jour où je pourrai enfin retourner à Berlin.
- Je trouve que tu te compliques la vie. Tu devrais tenter de sympathiser avec les villageois et te faire des amis parmi eux. Sinon, tu te sentiras seul et je n'ai pas envie que ça arrive, mais tu m'as dit qu'il n'y avait qu'une personne avec qui tu as discuté. Qui est-ce ?
- C'est une fille de la classe qui veut à tout prix faire plus ample connaissance avec moi. On échange un peu sur le trajet du retour.
- C'est déjà une bonne chose ! J'espère que vous deviendrez de bons amis !
Je lâche un soupir et reprends la parole :
- Oublie cette fille et cette histoire d'amis. Je voulais te parler d'autre chose.
- Je t'écoute.
- J'ai fait une drôle de rencontre dans la forêt environnante. Il s'agit d'une jeune femme qui, comme nous, aime patiner, mais ce qui est étrange, c'est qu'elle le fait sans patins. Ce n'est pas tout : malgré qu'on est en plein hiver, le seul vêtement qu'elle porte est une robe blanche. C'est comme si elle était totalement insensible au froid . . . Elle prétend aussi être capable de parler avec les animaux et de comprendre leur language, mais elle ne m'en a encore donné aucune preuve.
- Je suis d'accord avec toi. C'est vraiment bizarre. Est-ce que tu l'as déjà croisée au village ?
- Jamais. Le soir de notre rencontre, elle m'a dit qu'elle était déjà chez elle alors qu'on était au beau milieu des bois.
- Tu dois tenter d'en savoir plus sur elle. C'est le seul moyen que tu as pour résoudre ce mystère. Est-ce que tu sais comment elle s'appelle au moins ? On aura peut-être des informations en le tapant sur Internet, qui sait ?
- Tu vas trouver ça bête, mais . . .
- Tu n'as même pas pensé à lui demander comment elle s'appelle, c'est ça ?
- Oui, tu lis dans mes pensées, comme d'habitude . . .
- C'est juste que je te connais bien. Bon, il se fait tard. Je dois aller me coucher et tu devrais en faire autant. Recontacte-moi quand tu veux et dis-moi si tu as du nouveau, d'accord ?
- Ça marche. Bonne nuit.
- Bonne nuit !
Je pose mon téléphone sur ma table de chevet et m'asseois sur mon lit. Adrian a raison. Il faut absolument que j'en sache plus sur elle et je sais à qui je vais pouvoir demander des renseignements en premier . . .
*
Je franchis les grilles de l'établissement scolaire, puis m'immobilise, attendant qu'elle arrive. Je l'aperçois bientôt. Elle traverse la cour en discutant avec un groupe de filles. En me remarquant, elle s'interrompt et dit à ses amies :
- Bon, je dois y aller. À demain, les filles !
- Au revoir, Angela ! lui répondent-elles.
La brune leur fait un signe de la main et court en direction de son vélo, qu'elle attache toujours au grillage à l'aide d'un entivol, puis me rejoint avec, en me lançant :
- Tu m'as attendue ? C'est un miracle !
Elle éclate ensuite de rire. Je roule des yeux et monte sur le porte-bagage en lui expliquant :
- En fait, j'aimerai te poser une question à mon tour.
- Ah, tu daignes enfin t'intéresser à moi !
- Elle ne te concerne pas.
- Ah . . . fait-elle d'un air déçu en boudant un peu. Bon, je t'écoute quand même, ajoue-t-elle en commençant à pédaler.
- Est-ce que tu aurais déjà aperçu une jeune femme dans les bois ?
Elle me lance un regard intrigué, puis me demande :
- Tu pourrais être plus précis ? Il nous arrive à tous de nous promener dans la forêt alors, oui, j'ai pu croiser une jeune femme dans les bois, mais j'imagine que tu as quelqu'un de particulier en tête.
- Elle a de longs cheveux blancs et des yeux bleus.
- Les seules personnes qui ont les cheveux blancs, ici, ne sont pas jeunes du tout. Tu es sûr que c'est une jeune femme que tu as vu ?
- J'en suis sûr et certain. Elle n'avait aucune ride et sa peau était lisse et claire.
- Étrange . . . Je ne connais personne qui corresponde à cette description et, pourtant, je connais tous les habitants du coin.
- Ce n'est pas grave, dis-je en sautant à terre. Merci quand même.
Je marche en direction de la boulangerie et ouvre la porte de la boutique, pendant qu'elle descend de son vélo et l'attache à un lampadaire.
"Bon, puisque personne ici ne semble rien savoir sur cette mystérieuse jeune femme, je n'ai qu'à l'interroger directement . . ."
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