J'ouvre les yeux, me redresse et m'étire, puis jette un coup d'oeil au calendrier fixé au mur. On est Samedi. Je pourrai profiter du lac gelé toute la journée vu que je n'ai pas cours ! Enthousiasmé par cette perspective, je saute du lit et me dépêche de faire ma toilette et de m'habiller.

Je mets mes patins dans mon sac et me rends dans la salle à manger, où maman et mon cher berger allemand sont déjà en train de prendre leur repas.

- Bonjour ! leur adressé-je en m'installant à table.

- Bonjour, mon chéri ! Quel joli sourire ! Cela faisait longtemps que tu ne nous l'avais pas montré ! Je suis contente de voir que la campagne finit par te réussir.

- Je suis juste de bonne humeur aujourd'hui, rétorqué-je en croquant dans ma tartine. Cela n'a rien à voir avec ce village. Je ne l'aime toujours pas.

- Je comprends. C'est un environnement vraiment différent de celui dans lequel tu as grandi, mais essaye d'en voir les bons côtés. Les gens heureux sont ceux qui savent voir les belles choses, où qu'ils aillent et quoiqu'ils fassent.

Je ne réponds rien, me contentant de déguster une tranche de fromage. Une fois mon repas avalé, je quitte la chaise et appelle mon animal de compagnie, qui s'amuse à mordre sa balle, allongé à côté de sa gamelle :

- Viens, Danke ! On va se promener.

Il se précipite aussitôt vers moi. Nous traversons le couloir et descendons l'escalier. Mon paternel est occupé à exposer sa nouvelle fournée, mais il nous remarque tout de même et me lance :

- Salut, fiston !

- Salut, papa ! lui répondé-je en poussant la porte de la boulangerie.

Je suis aussitôt assailli par le vent glacial de cette matinée d'hiver, mais cela ne suffit pas à me décourager et je me dirige en courant vers la forêt, suivi par mon compagnon de toujours.

Seulement, lorsque j'arrive au niveau du lac, je n'y vois personne.

"Où peut-elle bien être ?" me demandé-je.

Je décide de m'aventurer dans les environs pour aller à sa recherche, en veillant à ne pas trop m'éloigner pour éviter de me perdre. J'appelle l'elfe, en espérant qu'elle m'entendra et viendra à ma rencontre :

- Katharina ! Katharina !

Quelques minutes plus tard, Danke s'arrête soudainement et se met à aboyer en direction des branches d'un arbre. J'ai à peine le temps de lever la tête pour voir ce qui le fait réagir de la sorte que le visage de l'elfe apparait brusquement devant moi. Je pousse un cri de surprise et tombe à la renverse, tandis qu'elle éclate de rire.

- Ha ha ha, très drôle, dis-je sur un ton ironique.

- Oh, ne m'en veux pas ! J'aime faire des farces, tous les animaux de la forêt t'en diront autant.

- C'est bon, je ne t'en veux pas, mais qu'est-ce que tu faisais là-haut ?

- Je vérifiais juste que la famille d'écureuils qui vit dans cet arbre allait bien. Ils dorment comme des loirs ! En parlant de cela, je devrai aussi m'assurer que ces derniers vont bien.

- Ce ne doit pas être une tâche aisée de veiller sur chaque animal . . . Ils sont si nombreux !

- C'est vrai et c'est d'autant plus difficile que je dois aussi veiller sur les végétaux, mais je dois m'y appliquer car c'est ma mission.

- Qui est-ce qui te l'a confié ?

- C'est la nature elle-même qui m'a demandé de veiller sur cette forêt en échange de la vie éternelle.

- Attends, tu veux dire que tu es immortelle ?

- Je le suis . . . tant que cette forêt existe. En fait, je suis étroitement reliée à elle : si la forêt perdure et se porte bien, je vis, mais si jamais elle venait à disparaitre, je disparaitrai avec elle.

- Dans ce cas, je vais t'aider à la protéger.

Je n'ai pas d'autre choix si je veux que Katharina vive . . . Il faut à tout prix que cette forêt perdure aussi longtemps que possible ! En la protégeant, je la protégerai . . .

L'elfe me sourit et prend mes mains dans les siennes en me disant :

- Merci, Ludwig.