Confessions

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Nous avançons au milieu des arbres et des buissons. La neige craque sous nos pas. L'elfe aux yeux bleus saute soudainement sur une branche d'arbre. Je la regarde grimper avec une aisance déconcertante, tout comme mon chien qui s'est assis pour l'observer. En constatant que je ne la suis pas, elle baisse la tête vers moi et me demande :

- Tu ne viens pas ?

- C'est que . . . Je ne sais pas grimper aux arbres. On n'a pas l'habitude de faire ça, en ville.

- Je vais t'apprendre à grimper aux arbres, à condition que tu m'en dises plus sur ta fameuse ville.

- D'accord.

Elle redescend et m'explique :

- Commence par sauter pour t'aggripper à la branche la plus basse. Une fois que tu te seras hissé dessus, tu n'auras plus qu'à répéter l'opération de branche en branche, jusqu'à arriver au sommet. Fais tout de même attention à ce que la branche sur laquelle tu veux monter sois suffisamment solide pour porter ton poids sans se briser.

- J'ai compris, dis-je en m'approchant du tronc.

Je prends mon élan et saute pour m'aggripper à la branche épaisse la plus proche. Je commence alors à tirer sur mes bras pour me hisser dessus, mais ce n'est pas une tâche aisée. Je suis mince et agile, mais je ne suis pas musclé des bras. Je parviens tout de même à monter sur la branche suite à quelques secondes d'efforts acharnés. Je pousse alors un soupir et passe aux suivantes.

J'avance lentement et avec énormément de précautions pour éviter de tomber, mais au bout de plusieurs minutes, j'arrive enfin au sommet de l'arbre. Katharina y est déjà, assise sur une branche.

- Heureusement que tu n'étais pas poursuivi, parce que tu as été vraiment lent, remarque-t-elle.

- Je sais . . . lâché-je, un peu essoufflé.

- Ce n'est rien. En t'entrainant souvent, tu vas rapidement devenir aussi rapide et à l'aise dans les arbres que sur le sol.

Je lui souris afin de la remercier pour ses encouragements.

- Bon, maintenant, tu dois me parler de ta ville. Comment est-elle ?

- Elle est immense ! Elle regorge de bâtiments, parmi lesquels des monuments historiques, mais ses habitants sont encore plus nombreux.

- Combien sont-ils ?

- Ils sont plus de trois millions.

- Ça alors ! s'exclame-t-elle. C'est énorme !

Je hoche la tête. Elle ajoute avec des yeux rêveurs :

- J'adorerai voir le monde et pouvoir visiter ta ville et tous les autres endroits sur Terre . . .

- Pourquoi est-ce que tu ne peux pas le faire ?

- Je dois rester dans cette forêt pour veiller sur ses habitants. En tant que gardienne de ces bois, je ne peux pas me permettre de les abandonner ne serait-ce qu'un instant.

Je me sens triste pour elle. Sa mission la condamne à rester dans cette forêt toute sa vie, la privant de sa liberté. Soudain, une idée me vient en tête. Je fouille dans la poche de mon manteau pour en sortir mon téléphone et appuie sur l'icône de la galerie, en lui expliquant :

- J'ai pris des photos dans différents endroits de Berlin. Cela te permettra de voir à quoi ça ressemble.

- Qu'est-ce que c'est cette drôle de chose que tu as là ? me demande-t-elle, intriguée par l'appareil.

- Et bien, pour faire simple, c'est un objet qui permet, entre autres, de communiquer avec des personnes à distance et de capturer des images pour les conserver.

- C'est fascinant !

- Oui. Regarde : j'ai pris cette photo avec mon meilleur ami Adrian devant l'arena.

Je passe les minutes suivantes à lui montrer les différentes images présentes dans mon téléphone, en lui présentant les lieux et les personnes représentés dessus. Cela me fait remonter des souvenirs qui m'emplissent de nostalgie. L'elfe remarque la métamorphose de mon expression faciale, car elle me demande :

- Qu'est-ce qui ne va pas, Ludwig ? Tu as l'air triste . . .

- C'est juste que . . . ma ville et mes amis me manquent . . . lui avoué-je d'une voix tremblante.

Elle pose sa main sur la mienne pour me réconforter. La tristesse que je retiens en moi depuis des jours sort d'un coup :

- Je veux rentrer à la maison ! m'exclamé-je en éclatant en sanglots.

- Je comprends, affirme-t-elle d'une voix douce en me serrant dans ses bras, mais tu ne dois pas te mettre dans cet état. Tu es triste parce qu'au lieu d'aller de l'avant, tu restes coincé dans le passé. Je ne te demande pas d'oublier tes amis ou de renoncer à retourner dans ta ville un jour, mais pour le moment, profite de l'instant présent. Si tu continues comme ça, tu vas gâcher des années de ta vie à broyer du noir au lieu de passer de bons moments à admirer les beautés de cet endroit.

Je continue à pleurer jusqu'à ce que mes larmes se tarissent. Je pousse ensuite un soupir de soulagement et m'écarte de Katharina pour sécher mes larmes, en m'excusant :

- Désolé.

- Tu n'as pas à t'excuser. Cela nous arrive à tous de nous sentir mal à un moment ou à un autre de notre existence, mais dans ces instants, rappelle-toi que tu n'es pas seul, dit-elle en désignant le berger allemand, qui nous attend sagement en bas. Tu as des proches et des êtres chers à qui tu peux te confier. N'hésite pas à leur parler de tes soucis pour que vous puissiez les affronter ensemble. Le fardeau nous parait moins lourd lorsque nous sommes plusieurs à le porter.

- Merci, Katharina, lui dis-je avec un petit sourire. Tu es vraiment pleine de sagesse !

- J'ai juste plus d'expérience que toi, dit-elle en se grattant les cheveux et en rougissant. Bon, voyons voir comment se portent ces loirs . . . ajoute-t-elle en se penchant vers un trou creusé dans le tronc.

Je m'approche à mon tour pour voir à l'intérieur et découvre alors un couple de loirs et leurs trois petits endormis, roulés en boule les uns contre les autres pour se protéger du froid.

- Qu'ils sont mignons !

- Chut . . . Moins fort, chuchote-t-elle. Il ne faudrait pas les réveiller en pleine hibernation, mais je suis d'accord avec toi : ils sont adorables.

Nous échangeons un sourire et elle dit :

- Bon, maintenant que je me suis assuré qu'ils allaient bien, on peut repartir.

Sur ces mots, elle redescend de l'arbre. Je la suis et la rejoins au sol quelques minutes plus tard.

En levant les yeux, je constate que le soleil ne va pas tarder à se coucher. Je décide donc :

- Nous devons rentrer. Il va bientôt faire nuit, mes parents vont s'inquiéter.

- D'accord. Est-ce que tu veux que je vous raccompagne ?

- On peut se débrouiller, la rassuré-je. Continue à veiller sur tes amis. On se revoit demain !

- À demain ! nous adresse-t-elle en agitant son bras de gauche à droite.

Je lui fais un petit signe de la main, puis offre une caresse à mon cher compagnon en disant :

- Allons-y !

Le berger allemand commence à trotter à côté de moi, tandis que nous rebroussons chemin. Quelques minutes plus tard, je remarque des petites traces de pas dans la neige.

"Tiens, quelqu'un est passé par ici." me dis-je simplement.

Nous quittons la forêt au moment où le disque doré disparait à l'horizon. Nous redescendons vers le village et avons à peine le temps de faire un pas dans notre rue que j'entends une voix féminine m'interpeller :

- Ludwig !

Je tourne la tête dans la direction d'où provient le son pour voir Angela arriver en courant. Je suis aussitôt alarmé par son visage, qui, au lieu d'arborer son habituel sourire, est empli de panique et de peur. Elle s'arrête devant moi et me demande, les larmes aux yeux :

- Est-ce que tu n'aurais pas vu une petite fille avec des tresses brunes et des yeux noisette ?

- Non, pourquoi ?

- C'est ma petite soeur et elle a disparu !

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