La fin de l'hiver
Je glisse sur le lac gelé. Le vent frais d'hiver fouette mon visage et agite mes cheveux bruns. Je fais le tour de la surface de glace avant de me diriger vers son centre en même temps que Katharina. Lorsque nous nous y croisons, j'attrape ses mains et nous effectuons une pirouette, puis nous séparons pour glisser chacun de notre côté.
La sensation de vitesse et de légéreté que me procure cette activité me donnent une impression de liberté totale. Je ferme les yeux pour la savourer, lorsque j'entends mon chien aboyer. Je regarde dans sa direction pour voir ce qu'il se passe et le vois se précipiter vers Angela pour l'accueillir. L'adolescente lui offre une caresse, puis nous fais un signe de la main.
- Salut ! nous lance-t-elle sur un ton enthousiaste.
- Bonsoir, Angela, répondons-nous en choeur en nous arrêtant de patiner.
Elle avance vers nous et je remarque qu'elle traine quelque chose derrière elle.
- Qu'est-ce que tu as là ? lui demandé-je.
- Je vois que tu sais poser les bonnes questions, dit-elle. Il s'agit d'une luge. Je l'ai trouvée en aidant mes parents à faire le tri dans le grenier. Je me suis dit que ce serait le moment idéal pour la tester, vu que la fonte des neiges arrive dans quelques jours.
- Bonne idée ! la félicite Katharina. Je connais l'endroit idéal pour le faire. Suivez-moi !
Sur ces mots, elle se précipite en courant entre les arbres. Ma camarade de classe lui emboite le pas. Je quitte le lac et commence à délacer mes patins en leur criant :
- Attendez-moi, les filles !
Elles s'immobilisent et se retournent pour m'observer remettre mes chaussures et poser mon sac sur mon dos. Je les rejoins en courant, suivi par Danke et elles reprennent aussitôt leur course.
Nous suivons l'elfe à la chevelure blanche qui se déplace au milieu des bois avec une vitesse et une aisance déconcertantes. Quelques minutes plus tard, nous arrivons devant une immense colline recouverte de neige. Ce n'est qu'une fois arrivée en haut que la gardienne de la forêt s'arrête enfin. Nous la rattrapons quelques secondes plus tard, essoufflés.
- Comment fais-tu pour courir aussi vite et aussi longtemps sans te fatiguer ? lui demande la jeune brune.
- J'ai l'habitude de courir les bois pour veiller sur cet endroit et la nature m'a dotée d'une vitesse et d'une agilité spéciales pour que je puisse mieux accomplir ma mission.
- Ta capacité à givrer ce que tu touches en fait partie ? lui demandé-je.
- Oui, dit-elle en hochant la tête. Bon, on l'essaye cette luge ?
L'adolescente pose l'objet en bois sur le sol, puis s'installe à l'avant. Je prends place à mon tour, suivie par l'elfe. Je tape ensuite sur mes cuisses, faisant ainsi signe au berger allemand de venir s'installer sur mes jambes. Il obéit et Angela nous demande :
- Prêts ?
- Prêts ! répondons-nous en choeur.
- C'est parti ! déclare-t-elle en poussant la luge à l'aide de ses jambes. Je l'imite pour l'aider, mais l'objet en bois est difficile à faire avancer. C'est alors que Katharina pose son pied nu sur la neige. Aussitôt, du givre se forme et la luge glisse sans difficulté, nous entrainant sur la pente. La brune pousse des cris de joie, tandis que je serre Danke contre moi pour l'empêcher de tomber. J'entends l'elfe lâcher un rire cristallin. Le vent et les cheveux de ma camarade fouettent mon visage, mais j'aime cette sensation de vitesse qui me rappelle celle que je ressens lorsque je patine.
La luge s'arrête finalement au pied de la colline et nous en descendons tous. Je repose mon chien sur le sol et il se met à gambader autour de nous. Angela se laisse tomber dans la neige et commence à agiter ses mains et ses jambes pour former un ange, en soupirant :
- Quel dommage que l'hiver se termine bientôt ! J'adore cette saison !
- Les autres sont tout aussi belles, déclare Katharina en s'asseyant à côté d'elle.
- Oui, mais nous ne pourrons plus patiner, dis-je avec un air triste.
- Je comprends ta déception, mais crois-moi : les autres saisons regorgent de tout autant de surprises et de belles choses que l'hiver. Chacune d'entre elles est unique, mais magnifique !
Je repense au pouvoir de l'elfe et lui demande :
- Est-ce que tu ne pourrais pas te servir de ton don pour maintenir le lac gelé ?
- C'est impossible, répond-elle en secouant la tête. Je suis étroitement liée à cette forêt, mais aussi à la nature en général. Je suis le cours des saisons, comme les plantes et les animaux. Lorsque le printemps viendra, je perdrai mon pouvoir de givrer les choses.
Je baisse les yeux en poussant un soupir de déception.
- Laisse une chance aux autres saisons, me dit Katharina en prenant ma main dans la sienne. Je suis sûre que tu les aimeras tout autant que l'hiver.
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