Le retour du printemps

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Ce matin, en quittant la maison en compagnie de mon berger allemand, je constate que le printemps est bel et bien de retour : même s'il reste encore de la neige par endroits, l'herbe verte et les fleurs colorées refont surface. Je commence à avancer en direction de la forêt, lorsque j'entends la sonnette d'un vélo. Je me retourne pour voir arriver ma camarade de classe, qui pédale en chantant à tue-tête :

- Le printemps est de retour !

Elle freine pour s'arrêter à notre hauteur et nous lance :

- Salut, les amis !

- Salut, Angela.

- Et bien, dis donc. . . Tu n'as pas l'air de bonne humeur, aujourd'hui. Pourtant, il fait beau !

- C'est vrai, mais ça veut aussi dire que je ne pourrai plus patiner jusqu'à l'hiver prochain.

- Fais pas cette tête ! Katharina et moi t'avons dit que le printemps aussi est une merveilleuse saison et on va te le prouver ! Monte !

Je m'installe sur le porte-bagage et elle appuie à nouveau sur les pédales, tandis que Danke nous suit à pattes.

Nous entrons dans la forêt et nous arrêtons au niveau du lac, où nous avons l'habitude de retrouver l'elfe, mais cette fois, l'endroit est désert. Je descends du vélo et m'approche de l'eau, que j'observe avec déception.

- Ne sois pas triste. . . tente de me consoler la brune en me rejoignant. On ne pourra peut-être plus patiner sur le lac avant un bon moment, mais il est à présent idéal pour les baignades ! Enfin, on devrait peut-être attendre l'été pour s'assurer que la température ne soit pas trop basse.

J'adresse un petit sourire à Angela. Je lui suis reconnaissant d'essayer de me réconforter.

- Bon, allons chercher Katharina. Elle ne doit pas être bien loin. . .

En disant ces mots, elle attrape le guidon de son vélo pour le faire rouler à côté d'elle, pendant qu'elle fouille les environs à la recherche de la gardienne de ces bois. Je la suis, mon chien sur mes talons.

Quelques minutes plus tard, nous apercevons une jeune femme à la longue chevelure rose et aux yeux verts. Elle est vêtue d'une longue robe couleur émeraude et coiffée d'une couronne de fleurs. Cependant, sa taille, sa morphologie et les traits de son visage sont identiques à ceux de l'elfe. Elle pose son doigt sur un bourgeon et, aussitôt, il fleurit. Est-ce que. . .

- Katharina ? Est-ce que c'est toi ? demandé-je d'une voix quelque peu hésitante.

Elle tourne la tête dans notre direction et sourit en nous apercevant.

- Ah, vous voilà ! Bonjour !

- Oh ! C'est vraiment toi ? ! s'exclame ma camarade de classe, surprise.

- Oui, c'est bien moi, affirme-t-elle en s'approchant de nous.

- Comment est-ce possible ?

Je sais que bon nombre de filles changent d'apparence en portant d'autres vêtements, en se teignant les cheveux et en mettant des lentilles de contact, mais je doute que Katharina dispose de tout cela dans sa forêt et ça ne lui ressemble vraiment pas de faire une chose pareille, elle qui est si proche de la nature !

- Je mue quatre fois par an, à chaque changement de saison, pour m'accorder à celle qui a lieu.

- C'est vrai que ton apparence actuelle est bien plus adaptée au printemps, remarque Angela. On dirait que tes pouvoirs aussi ont changé.

- Oui, mes capacités évoluent pour s'adapter à la saison qui passe.

- C'est donc toi qui fait fleurir toute la forêt ?

- Oui, les bourgeons se forment d'eux-même en hiver, sous ma couche de givre, mais c'est moi qui les fait fleurir lorsque le moment est venu pour eux d'éclore.

- C'est incroyable ! nous exclamons-nous en choeur.

- Je vous remercie, mais je dois vous laisser, maintenant. J'ai encore énormément de travail ! En plus de faire éclore tous les bourgeons, je dois réveiller les animaux qui hibernent. J'en ai déjà sorti une partie de leur profond sommeil, mais ils restent encore nombreux à dormir.

- Laisse-nous t'aider ! la supplie la jeune brune en joignant les mains. J'adore les animaux ! J'ai toujours voulu les voir sortir de leur hibernation ! S'il te plait !

- Bon, d'accord, accepte l'elfe en riant. Je ne peux pas refuser un peu d'aide dans un moment pareil.

- Oui ! Merci ! Tu viens, Ludwig ?

Je hoche la tête et nous nous dirigeons vers les terriers et les nids des bêtes encore endormies. L'adolescente se charge de réveiller celles qui dorment sous terre, avec l'aide de Danke qui glisse son museau dans les petits trous, tandis que Katharina et moi montons aux arbres pour nous occuper des oiseaux, des écureuils et des loirs.

Les petites créatures se frottent toutes le museau et commencent par faire quelques pas pour se dégourdir les jambes avant d'aller à la recherche de nourriture. Ils doivent être affamés après ne pas avoir mangé pendant des mois, malgré les réserves de graisse qu'ils ont faites à l'automne.

La journée touche à sa fin lorsque l'elfe nous annonce :

- Nous avons fait du bon travail ! Il ne nous reste plus qu'un seul animal à réveiller !

- Lequel ? demandé-je.

- Il s'agit d'un ours brun qui vit non loin de là. Dépêchons-nous de le sortir de son hibernation avant que la nuit ne tombe.

- Un ours ? ! C'est un animal dangereux ! protesté-je.

- Ne vous en faites pas. Tant que vous êtes avec moi, il ne vous fera aucun mal.

- Si Katharina est capable de calmer des loups, elle peut tout aussi bien le faire avec un ours, ajoute Angela.

Rassuré, je suis la gardienne de la forêt jusqu'à l'entrée d'une grande grotte. Nous pénétrons dedans. L'endroit est sombre, mais on y voit tout de même un peu. Nous ne nous arrêtons de marcher que lorsque nous arrivons devant un imposant ours brun qui ronfle paisiblement, allongé sur le sol en pierre. L'elfe à la chevelure désormais rose s'approche de lui et caresse son pelage en lui murmurant :

- Réveille-toi, mon ami. Le printemps est de retour.

L'animal pousse un petit grognement, puis ouvre ses yeux noirs et nous dévisage, un à un. En constatant que trois inconnus se trouvent face à lui, il se redresse brusquement en grognant. Mon berger allemand s'interpose aussitôt entre nous et la menace en aboyant. Heureusement, Katharina calme le jeu en posant une main sur le museau de la bête pour la rassurer :

- Calme-toi. Ils sont avec moi. Ce sont de bonnes personnes. Ils ne te feront jamais aucun mal, même ce chien.

L'ours, rasséréné par les paroles de sa gardienne, sort tranquillement de sa grotte. Nous lui emboitons le pas et constatons qu'il se dirige vers la rivière.

- Il va pêcher, nous informe l'elfe.

- Et si nous pêchions, nous aussi ? propose Angela. Je crois que mes parents ont une canne à pêche quelque part dans la maison. . .

- C'est entendu, mais nous ferons ça demain, car il se fait tard pour le moment.

Nous levons les yeux vers le ciel qui commence à se teinter de doré-orangé.

- Tu as raison, dis-je. Nous ferions mieux de rentrer. À demain, Katharina !

- À demain, mes amis ! nous répond-elle en nous adressant un petit signe de la main.

Nous faisons de même, puis nous dirigeons vers le vélo de la jeune brune pour rentrer chacun chez nous.

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