Une terrible décision !
Je me tiens debout devant l'école, attendant patiemment, comme à mon habitude, ma camarade de classe préférée. Le soleil brille dans un ciel bleu sans nuages et la brise d'été agite les nombreux brins d'herbe verte et les jolies fleurs colorées.
La belle brune ne tarde pas à arriver, entourée, comme à l'ordinaire, de ses amies. Une fois arrivée à ma hauteur, elle leur dit :
- Bon, je dois vous laisser. Au revoir, les filles !
- Au revoir, Angela ! À demain, Ludwig !
- Salut ! leur adressé-je en retour avant de monter sur le porte-bagage.
La jeune femme aux yeux noisette leur fait un dernier signe de la main avant de commencer à pédaler. Elle me fait aussitôt remarquer :
- C'est vraiment génial que tu ais sympathisé avec mes amies ! Elles t'aiment toutes, maintenant !
- Tu exagères un peu, non ?
- Pas du tout ! Autrefois, elles te trouvaient froid et distant et n'osaient pas s'approcher de toi, mais depuis que tu as commencé à leur adresser la parole, elles ne disent que du bien de toi.
- C'est grâce à toi, lui avoué-je.
- Ce n'est pas vrai, rétorque-t-elle. C'est toi qui as décidé de leur parler sans même que je ne te le suggère.
- Oui, mais c'est parce que je me sens mieux que je me suis mis à sociabliser avec nos camarades et c'est en grande partie grâce à toi, donc merci.
- Il n' y a pas de quoi. Je suis vraiment contente que tout se soit amélioré pour toi !
Je la gratifie d'un sourire, qu'elle me rend, et nous nous arrêtons devant la boulangerie. Je descends de son vélo et lui lance :
- À tout à l'heure !
Je rentre ensuite dans la boutique pendant qu'elle attache son véhicule et suis encore une fois accueilli par les bonnes odeurs de pain, de viennoiseries, de pâtisseries et la voix de mes parents :
- Coucou, mon chéri !
- Salut, fiston !
- Salut !
- Ta journée s'est bien passée ?
- Oui et vous ?
Ils me répondent par un hochement de tête. Je mets fin à la conversation en disant :
- Bon, je monte faire mes devoirs, puis je sors promener Danke.
Je gravis ensuite les escaliers sans attendre leur réponse et suis accueilli au sommet par mon cher chien qui bondit joyeusement autour de moi en aboyant. Je lui offre une caresse en remarquant :
- Tu as l'air d'aller bien, comme d'habitude. Bon, viens. Mes devoirs m'attendent.
Une heure de travail plus tard, je sors de la maison en compagnie du berger allemand. J'ai à peine le temps de faire quelques pas dans la rue que j'entends la sonnette du vélo d'Angela rententir derrière nous. Elle arrive bientôt à notre hauteur et m'invite à monter. J'accepte et nous finissons le trajet sur son véhicule, tandis que Danke nous suit sur ses pattes.
Quelques minutes plus tard, nous arrivons devant la forêt et nos yeux s'écarquillent de choc et d'horreur lorsque nous constatons que des abatteuses sont en train de couper les arbres ! Il y a également un panneau sur lequel est inscrit :
" Terrain en chantier. Défense d'entrer."
Je descends du vélo de la brune et me précipite vers l'un des ouvriers pour lui demander :
- Qu'est-ce que vous faîtes ? !
- Tu vois pas ? On est en plein travaux.
- Quels travaux ?
- On va construire un parc d'attractions ici-même, mais pour ça, il faut commencer par raser la forêt.
- Vous ne pouvez pas faire ça !
- Bien sûr que si. On a un permis de construire, on est dans notre plein droit.
- Qui vous a délivré ce permis de construire ? lui demande Angela qui nous a rejoint.
- Quelle question ! Le maire, évidemment !
- Ce n'est pas vrai ! Comment a-t-il osé ? !
- Bon, ce n'est pas tout ça, mais on a du boulot alors laissez-nous tranquilles, d'accord ? dit-il avant de s'éloigner.
- Je n'arrive pas à croire que mon père ait osé accepter une telle chose. . . murmure ma camarade de classe.
- Allons lui parler, proposé-je. On pourra peut-être le convaincre d'annuler sa décision.
Elle acquiesce et nous remontons sur son vélo pour nous rendre à la mairie.
*
Nous entrons dans le bureau du maire, qui a accepté de nous recevoir. Il nous accueille chaleureusement :
- Bonsoir, mes enfants ! Qu'est-ce qui me vaut le plaisir de votre visite ?
- On a appris que tu avais autorisé des hommes à détruire la forêt pour y construire un parc d'attractions.
- C'est vrai. Je leur ai délivré le permis de construire ce matin-même.
- Pourquoi ? !
- Notre petit village n'a aucun monument ou patrimoine qui permette de promouvoir le tourisme. Ce parc d'attractions sera une aubaine pour nous.
- Et la forêt ? lui demandé-je. Est-ce que vous avez pensé à toutes les créatures qui y vivent ? Elles se retrouveront privées de leur habitat !
- Cette forêt ne contient aucune plante ou animal spécial, sans quoi je n'aurais pas permis qu'on la détruise. Ce n'est qu'une forêt ordinaire parmi tant d'autres. Il n'y a pas de quoi en faire tout un plat.
- Si ! Tu ne comprends pas ! On est attachés à cette forêt ! On ne veut pas qu'elle disparaisse ! Et puis, est-ce juste parce qu'un animal ou une plante n'est pas rare qu'on peut se permettre de la détruire ? Ce que tu dis est vraiment cruel ! s'exclame la jolie brune avec une voix tremblante de sanglots contenus, les larmes aux yeux.
Le maire pousse un soupir, puis déclare :
- Je suis désolé, les enfants, mais ma décision est prise. J'ai du travail, maintenant. Au revoir.
Comprenant que nous ne pourrons rien obtenir de lui pour le moment, nous quittons son bureau, les poings serrés.
- C'est horrible ! s'écrie Angela en cachant son visage dans ses mains. Comment a-t-il osé ? Jamais je ne lui pardonnerai !
- Calme-toi, lui demandé-je en posant une main sur son épaule. On peut encore arranger la situation. Reste à savoir comment. . .
- On devrait en parler à Katharina, ajoute-t-elle en séchant ses larmes. Elle saura peut-être quoi faire.
- Oh, non ! Katharina !
En pensant à l'elfe, je me suis souvenu du lien si spécial qui l'unit à cette forêt : si cette dernière disparait, elle disparaitra avec elle. . .
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