Merci à tout le monde

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Nous courons sans nous retourner, malgré les cris de monsieur Hofman qui nous ordonne de revenir. Nous ne nous arrêtons qu'une fois arrivés aux côtés de Katharina, qui continue de bloquer les machines en les envahissant de ronces. Seulement, elle s'affaiblit à vue d'oeil : sa respiration est de plus en plus lourde et saccadée, des gouttes de sueur perlent sur son front et elle doit s'appuyer au tronc d'un arbre pour se maintenir debout. Je pose une main sur son épaule en lui disant :

- Courage. On fera tout pour les arrêter.

Elle me répond par un faible sourire.

Je sors mon téléphone portable de la poche de mon bermuda et ouvre une page Internet, mais la connexion ne fonctionne pas ici, alors je me rends sur mes contacts et lance un appel. La sonnerie retentit pendant quelques secondes, avant d'être interrompue par une voix :

- Allo ?

- Allo, Adrian.

- Comment vas-tu, Ludwig ?

- Je suis en parfaite santé, mais ce n'est pas le cas de Katharina. On a besoin de ton aide. La forêt est en train d'être détruite sous les ordres d'un certain monsieur Hofman. Il souhaite construire un énorme parc d'attractions à la place. On a découvert qu'un vison d'Europe vivait dans ces bois et on le lui a signalé, mais il s'obstine dans son projet.

- Et le maire ? C'est à lui que revient la décision, non ?

- Il n'est pas au courant qu'une espèce en voie d'extinction vit ici. On a voulu le prévenir, mais monsieur Hofman nous en a empêché.

- Je vois. . . C'est un homme sans scrupules, prêt à tout pour s'enrichir.

- C'est aussi ce qui me semble.

- Bon, je m'en occupe.

- Merci, Adrian ! Tu es le meilleur !

- Il n'y a pas de quoi ! Bon, je te laisse. À bientôt !

- À bientôt !

Je raccroche et range l'appareil dans ma poche, en rassurant les filles :

- Adrian va intervenir. Il ne m'a pas dit ce qu'il comptait faire, mais on peut compter sur lui.

- Faites qu'il se dépêche, prie Angela en joignant les mains. La pauvre Katharina ne tiendra plus bien longtemps. . .

En effet, l'elfe est à bout de forces. Ses jambes tremblent et les ronces qu'elle fait apparaitre poussent de plus en plus lentement et sont de moins en moins robustes.

Quelques minutes plus tard, elle s'effondre. Nous nous précipitons à se côtés, inquiets, en criant son nom en choeur :

- Katharina !

Mon cher chien vient lui lécher le visage pour lui apporter soutien et réconfort.

- Je. . . n'ai plus. . . la force. . . de continuer. . . lâche-t-elle, les larmes aux yeux.

- Rassure-toi, lui dis-je en serrant sa main dans la mienne. Adrian s'occupe de tout. Il va tout arranger, j'en suis certain !

- Et puis, tu as fait de l'excellent travail, ajoute la jolie brune.

- Merci, les amis, nous adresse-t-elle en souriant doucement.

Nous lui rendons son sourire et, au même moment, nous entendons une voix grave crier :

- Monsieur Hofman ! Que se passe-t-il, ici ? Où sont les enfants ?

- C'est papa ! s'exclame ma camarade de classe en courant en direction de la sortie de la forêt.

- Nous revenons vite, dis-je à l'intention de l'elfe en me relevant. Danke ! Reste avec elle !

Il s'assied à côté de la gardienne de la forêt, tandis que je cours rejoindre la jeune femme aux yeux noisette.

En arrivant, je constate que le maire est venu avec deux gendarmes. Il ouvre les bras pour accueillir sa fille, qui se blottit un instant contre lui avant de l'informer :

- Monsieur Hofman veut détruire cet endroit alors qu'il sait qu'une espèce d'extinction y vit !

- C'est en effet ce que m'a dit un jeune homme au téléphone, tout à l'heure. Ce serait donc vrai. . . Où est cet animal ?

"Adrian. . ." pensé-je avec un sourire.

- Il est juste là, monsieur, répondé-je en lui montrant le vison d'Europe que je tiens toujours dans mes bras.

Il l'examine un instant, puis confirme :

- C'est en effet un vison d'Europe, une créature en voie d'extinction. Étiez-vous au courant de cela ? demande-t-il à notre adversaire.

- Enfin, monsieur le maire ! Pensez seulement aux bénéfices que vous apportera le parc que je vais faire construire. Vous aurez des centaines, voir des milliers de touristes chaque année ! Votre village renaitra !

- Il suffit ! Je tiens certes à valoriser ma commune, mais pas au point de causer la disparition d'une espèce pour y parvenir ! J'ai des principes, monsieur Hofman et je regrette de constater que l'homme avec qui je collaborais jusque là n'en a aucun !

- Qu'est-ce que cela signifie ?

- Je vous retire votre permis de construire ! Laissez cette forêt et cet animal tranquille et retournez d'où vous venez !

Le grand blond fronce les sourcils et serre les points et les dents en grognant, mais il ordonne à ses employés :

- Partons !

Les travailleurs s'exécutent et commencent à ranger leur matériel. Le maire, quant à lui, se tourne vers nous pour nous dire :

- Merci, les enfants. Grâce à vous, la vie de cette pauvre bête a été épargnée et vous m'avez évité de commettre une grave infraction à la loi, ha ha ha !

- Oh, merci, papa ! s'exclame Angela en se jetant dans les bras de ce dernier. Je t'en voulais d'accepter de détruire cette forêt, mais maintenant que tu l'as sauvée, te voilà tout pardonné !

- Ce n'est pas moi qui l'ai sauvée, mais vous. Félicitations, mes enfants !

Je souris, puis me souviens soudainement de Katharina, qui gît toujours dans les bois, et retourne en courant dans ces derniers. Je trouve l'elfe allongée dans l'herbe et mon cher berger allemand veillant encore sur elle. Je m'agenouille à leurs côtés et demande à la créature à la longue chevelure dorée :

- Katharina ! Est-ce que ça va ?

- Je n'ai plus mal, mais je suis encore épuisée.

- La forêt est sauvée. Tout est fini.

- Oh, quel soulagement ! Merci !

- Ce n'est pas grand chose en comparaison de tout ce que tu as fait pour moi.

- Tu viens de sauver la vie de plusieurs milliers d'êtres vivants. Il y a de quoi être fier.

Je la gratifie d'un doux sourire, qu'elle me rend. Elle me dit ensuite :

- Tu peux relâcher le vison. Il n'est plus menacé, maintenant.

Je pose la petite bête dans l'herbe. Elle se frotte affectueusement contre sa gardienne, puis retourne en courant en direction du lac.

C'est alors que mon téléphone sonne. Je m'en empare et constate que le nom de mon meilleur ami s'affiche sur l'écran. Je décroche :

- Allo ?

- Allo, Ludwig ! Qu'est-ce que ça a donné ? Est-ce que le maire est intervenu ?

- Oui. Il a chassé Hofman ! Je savais que c'était toi qui l'avait appelé. Merci, mon vieux !

- Il n'y a pas de quoi ! J'ai juste fait mon devoir d'ami. Et puis, j'avais de la peine pour ce vison, cette forêt et cette pauvre Katharina. Je ne pouvais les abandonner sans au moins tenter quelque chose.

- C'est pour ça que tu es le meilleur.

- Arrête ! Tu vas me faire rougir ! me lance-t-il sur le ton de la plaisanterie.

Je ris, puis l'informe :

- Je voulais aussi contacter le maire, au début, mais je n'avais pas son numéro, alors j'ai tenté d'aller le chercher sur Internet car, normalement, les mairies affichent toujours leur numéro sur leur site, mais je n'ai pas de connexion ici. J'ai tout juste suffisamment de réseau pour t'appeler et c'est ce que j'ai fait.

- Tu as bien fait. J'ai de la connexion de mon côté. Je me suis aussitôt rendu sur Internet pour chercher le numéro de travail du maire et je l'ai trouvé.

- Bien joué ! Et merci encore !

- Ce n'est pas grand chose. . .

- Tu viens de sauver la vie de plusieurs milliers d'êtres vivants. Il y a de quoi être fier.

En m'entendant, l'elfe m'adresse un sourire.

- On l'a fait tous ensemble, me rectifie mon ami. Toi, moi, le maire, Katharina, Angela et même Danke.

- N'oublie pas la petite Alissa.

- Si tu le dis.

- On devrait aussi remercier ce vison. Sans lui, la forêt serait perdue !

- Comme quoi la simple existence d'une créature peut changer toute la donne.

Je hoche la tête. Si la forêt a été sauvée aujourd'hui, c'est grâce à tout le monde !

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