L'eau : amusante, mais dangereuse. . .
Nous marchons entre les arbres qui laissent lentement tomber leurs feuilles colorées, une à une, recouvrant le sol d'un tapis rouge, orange et jaune. J'avance calmement, les mains dans les poches, tandis que ma camarade de classe et mon animal de compagnie s'amusent à sauter devant moi en fredonnant joyeusement, m'éclaboussant à chaque fois qu'ils atterrissent dans une flaque d'eau.
- Hé ! finis-je par rétorquer. Je vais finir trempé alors qu'il ne pleut même pas !
- Oh, désolée !
- Tu ne trouves pas que tu as passé l'âge de sauter dans l'eau ?
- Il n'y a pas d'âge pour s'amuser, n'est-ce pas, Danke ?
Mon chien répond par un aboiement. Je pousse un soupir, mais souris : j'aime les voir heureux.
- Tu vois ? Tu souris. Cela veut dire que tu es d'accord avec moi, toi aussi, déclare la jolie brune en attrapant ma main.
Elle se remet ensuite à sauter gaiement, m'entrainant avec elle dans leur jeu. Mon berger allemand nous imite. Il a l'air de s'amuser comme un petit fou et je dois avouer que. . . moi aussi ! Je me laisse finalement prendre au jeu et saute aux côtés d'Angela en riant de bon coeur. C'est un jeu puéril et sans réelle utilité, mais ça fait du bien de juste se laisser aller, de temps en temps.
Nous ne nous interrompons que lorsqu'il n'y a plus aucune flaque d'eau devant nous. Je dis alors :
- On ferait mieux de s'en arrêter là, sinon, nous serons totalement trempés. Nous ne sommes plus en été, le temps se rafraichit de plus en plus. Je ne voudrai pas qu'on attrape froid.
- Oh, mais on s'amusait si bien. . . rétorque l'adolescente, visiblement déçue par ma suggestion.
- Je sais, mais il y a bien d'autres façons de s'amuser sans mettre sa santé en danger, la consolé-je. Je ne veux surtout pas que tu tombes malade, ajouté-je en pinçant doucement son nez.
Elle lâche un gloussement, puis accepte :
- D'accord. Allons trouver Katharina !
Je hoche la tête et nous nous élançons au pas de course, suivis de près par notre fidèle compagnon. Ce n'est qu'une fois arrivés au niveau du lac que nous apercevons l'elfe. Le vent frais agite sa longue chevelure rousse ornée de chrysanthèmes et les pans de sa robe orangée, tandis que ses yeux marrons fixent l'eau. Nous la saluons :
- Bonjour !
- Bonjour, mes amis ! Je suis ravie de vous revoir !
- Tout le plaisir est pour nous, lui dit la brune.
- On dirait que le niveau du lac est monté. . . remarqué-je.
- En effet, mais il n'est pas le seul. La rivière aussi menace de déborder. Elle innonderait alors tous les terriers se trouvant à proximité. Je ferai sûrement mieux d'évacuer ces derniers jusqu'à ce que le ciel cesse enfin de nous envoyer ces pluies violentes.
- On est plein automne, lui rappelé-je. C'est la saison où les averses sont les plus nombreuses et les plus intenses. Le ciel a besoin de se délester de toute cette eau qu'il a accumulées au cours des fortes chaleurs des mois précédents.
- Je sais et cette pluie est fort utile aux plantes et aux animaux suite à cette longue période de chaleur, mais lorsque tout retombe aussi subitement et qu'il y a d'aussi courts laps de temps entre deux averses, les cours d'eau finissent par déborder, innondant ce qui les entoure et mettant en danger bon nombre d'êtres vivants. Je vous recommande d'ailleurs d'être prudents, vous aussi.
- On sait nager, la rassure Angela.
- C'est vrai, mais à cause de la pluie et du vent, le courant est devenu plus puissant et donc plus dangereux. Voilà pourquoi vous devez vous méfier.
- On fera attention, lui prometté-je.
Elle nous sourit, puis nous propose :
- Et si on allait faire griller des marrons avant qu'il ne se remette à pleuvoir ?
- Oh, oui ! s'enthousiasme ma camarade de classe.
- C'est une bonne idée, confirmé-je.
Nous nous dirigeons donc tous les quatre vers les châtaigniers qui longent la rivière pour commencer la cueillette. Nous ramassons d'abord les fruits qui sont tombés au sol. Angela les dépose au fur et à mesure dans son imperméable, dont elle a relevé les pans pour en former un panier.
Au bout de quelques minutes, ce dernier est rempli. La jeune femme, souhaitant y ajouter un dernier marron, se penche pour le ramasser, mais elle fait tomber quelques uns de ceux qu'elle a déjà au passage.
- Mince ! lâche-t-elle, tandis que les fruits roulent jusqu'au bord de la rivière. Je vais les récupérer.
Sur ces mots, elle avance en direction du cours d'eau. En la voyant faire, l'elfe la prévient :
- Attention, Angela ! Le sol est glissant de ce côté-là !
- Ne vous en faites pas ! Je vais juste ramasser ces marrons et. . .
Elle n'a pas le temps de finir sa phrase : elle glisse sur le sol boueux et tombe dans l'eau froide !
- Angela ! crions-nous en choeur, pendant que mon chien aboie de toutes ses forces en s'élançant en direction de l'adolescente, que le courant emporte loin de nous.
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