Chapitre 6
Je passai une semaine dans le groupe de Nicolas. Son travail se résumait à espionner les conversations de la maison ciblée, si c’était un cambriolage, ou de la banque ou un transport, si c’était un braquage.
Nous apprîmes que la nouvelle cible était une banque, située dans une ville tout près d’un Arbre. A ce sujet, j’avais demandé à Claude :
- Mais vos braquages, vous êtes obligés de les faire en ligne droite ? Par exemple, vous ne pouvez pas aller au pays de Galles ?
- Non. C’est vrai que c’est contraignant, mais nous n’avons pas le choix.
- Les autorités vont finir par se douter de quelque chose, non ?
- Il faudrait déjà qu’ils s’en sortent avec le fait qu’on apparaisse et qu’on entre dans des Arbres. Et en plus avec Alex qui embrouille tout, on s’en sort très bien.
- Merci qui ? avait crié Alex, qui avait tout en entendu. Sûrement pas Edward !
- On a compris que tu ne l’aimais pas ! avait crié Lionel en retour. Tu nous l’as assez fait comprendre !
- Tu ne peux jamais dire assez avec moi ! avait répliqué Alex.
- Taisez-vous ! avait crié Nicolas.
- Quoi ? On te dérange, peut-être ? avait dit Alex. Ce n’est pas difficile, tu ne fais rien de la journée !
- Arrête de déverser ta haine sur tout le monde, avait soupiré Claude. Sinon, on te renvoie de notre groupe !
Face à cette menace, Alex avait haussé les épaules, puis était sorti de la grotte. Tout le monde avait regardé l’entrée de la caverne, puis était retourné à son travail. J’avais été surpris d’une telle mansuétude face à Alex, comme s’ils avaient l’habitude.
Claude avait parié sur l’informatique, car il était sûr et certain que ça aurait une place importante dans notre futur. Mais pour l’instant, les ordinateurs passaient leur temps à planter, et c’est pourquoi Nicolas et son équipe n’avaient rien à faire.
La deuxième semaine, que je passai avec Lionel, fut un peu plus chargée en aventure. Le premier jour, Lionel m’expliqua son boulot. Le jour où l’on aurait une mission, Lionel et son équipe se relayeraient pour espionner la cible.
Ils repéraient ainsi les habitudes du lieu ciblé, comme par exemple dans le cas d’une banque, à quelle heure commençait et terminait l’employé, combien de temps durait sa pause du midi, toutes informations un tant soit peu utiles.
Durant la semaine, j’appris à être discret, à marcher normalement tout en observant discrètement. Lionel m’apprit également les techniques pour rester sur un lieu assez longtemps sans être remarqué.
La troisième semaine, avec le groupe de Alex... ne se passa pas très bien - est-il utile de le dire ? Alex passait tout son temps à m’insulter et à me dire qu’il ne m’aimait pas, ce que j’avais fini par comprendre.
Le dernier jour cependant, il m’apprit comment réagir en cas d’interrogation par la police. Il me dit :
- Ne sois pas surpris, j’y étais obligé !
- Ah, je comprends mieux.
- Bon, si jamais un plan ne marche pas comme prévu, et que l’un de nous doit sortir, ça sera moi. Tu connais mon talent inné pour causer des troubles..,
- J’ai vu ça, oui, ironisai-je.
- Je ferai une sorte de diversion, pendant laquelle vous devrez essayer à tout prix de vous enfuir. Normalement, ça marche. Si ça ne se passe pas comme prévu et que tu te fais arrêter, tu dois connaître certains trucs. Le premier, toujours nier. La deuxième, respecter la première, mais en faisant attention à ce que tu dis.
- Quoi ? La première et la deuxième sont totalement contradictoires ! m’exclamai-je.
- Non, elles se complètent, répliqua Alex. La police connaît des trucs pour te faire cracher le morceau. A force de toujours nier, tu commettras une erreur, et tu te feras avoir. Tu dois donc essayer le plus possible de dire des semis-vérités. Par exemple, si on te surprend en train de braquer une banque, tu dis que tu étais dans la banque. Tu dis que tu as un permis de port d’armes, mais que tu ne l’as pas sur toi. Dans ce cas-là, tu ne restes jamais longtemps en prison. Tu veilles bien à ne jamais donner ta vrai identité, comme ça ils ne pourront jamais te retrouver.
- Comment ça ? S’ils m’arrêtent, ils ne vont pas me relâcher juste parce que je leur demande !
- Tu dis par exemple que tu vas leur expliquer le mystère des Arbres. Tu les emmènes en forêt, et là, deux solutions. Soit tu réussis à t’échapper toi-même, soit, puisque deux jours auront passé, un groupe va te libérer en créant une diversion, pour que tu puisses aller dans l’Arbre sans avoir à leur expliquer.
- J’espère que je ne vais jamais me faire arrêter, ironisai-je.
- J’ai toujours été le seul à me faire arrêter, mais tes deux amis ont déjà prévu un tel coup. Ou alors, un autre moyen, c’est qu’on te fasse parvenir du matériel pour t’échapper, ou qu’on te libère directement.
- C’est déjà arrivé ?
- Non. Claude et Lionel sont très prévoyants, ils ont toujours trois coups à l’avance, soupira Alex, comme si ça l’ennuyait.
- Tant mieux, je préfère. Mais... combien de fois t’es-tu fait arrêter ?
- Une dizaine de fois, dit Alex en haussant les épaules, comme si ce n’était pas important.
- Et tu leur dis quoi, aux policiers ?
- Je ne vais pas te dire tous mes secrets, d’accord ? Bon, maintenant, passons à un petit exercice...
Pendant le reste de l’après midi, Alex me fit subir un interrogatoire de police factice où il réussit à me faire me contredire plusieurs fois. A la fin de l’exercice, j’avais un mal de tête épouvantable :
- Mais comment est-ce que tu fais ? On dirait que tu es policier depuis 10 ans !
- J’ai subit plus d’une dizaine d’interrogatoire, alors maintenant, je sais comment faire. Il suffit juste de pousser quelqu’un à bout, de le menacer, jusqu’à ce que la personne interrogée ne puisse plus réfléchir clairement. En tout cas, mon vieux, je ne te conseille pas d’aller dans le groupe de Claude, parce que si tu te fais attraper, tu es mal !
- Je ne comprends pas pourquoi tu es dans le groupe trois alors que tu devrais faire partie du numéro quatre.
- C’est Claude, qui dans un accès d’énervement...
- Sûrement provoqué par toi-même.
- ... m’a nommé responsable du groupe trois. Mais je participe toujours aux missions. Même si j’ai été renvoyé.
La quatrième semaine fut un peu plus palpitante. Avec Claude, j’appris à avoir l’air menaçant, à parler en code, et à courir plus vite, pour échapper à des possibles policiers. Le dimanche soir, toute la communauté se réunit.
Je devais choisir entre les quatre groupes. Je procédais par élimination :
- Bon, pour le premier groupe, je crois que c’est non. Je ne pense pas être assez patient pour ça - désolé Nicolas.
Celui haussa les épaules, l’air de dire : j’ai l’habitude.
- Alex, ton explication sur les interrogatoires de la police étaient très interessant, mais par contre pour chercher de la nourriture ou des armes, non merci.
Alex m’adressa un doigt d’honneur, avant de recevoir une baffe de Lionel, amplement méritée. Je marquai une courte pause, pour réorganiser mes pensées :
- Claude.., d’après les remarques de Alex et le fait que je ne suis pas très doué pour menacer des personnes, je ne suis pas fait pour ce groupe.
- Aucun problème. Je respecte ton choix.
- Donc, tu choisis mon groupe ? demanda Lionel.
- Oui, si tu es d’accord.
- Parfait ! On a besoin de quelqu’un d’autre, puisque Philippe a pris sa retraite l’année dernière.
- C’est donc d’accord, fit Claude. N’oublie pas que tu peux encore changer de groupe, même quand tu seras un peu plus âgé. Regarde Alex !
- Oh le coup de traître ! souffla ce dernier. Tu vas regretter ça, mon vieux. Je vais te rendre la monnaie de ta pièce, un jour ou l’autre.
- Mais oui, c’est ça, dit Claude, pas inquiet pour le moins du monde. On te croit tous. Edward Hilpark, bienvenue dans le groupe numéro deux, celui des espions !
- Dirigé par Lionel ! cria celui-ci tandis que tout le monde applaudissait, sauf Alex.
Cela faisait un mois que je faisais partie de cette bande, et je sentais que les choses ne faisaient que commencer.
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