Chapitre 9
Accomplissant les souhaits de Claude, je me couchai à vingt heures pour m’endormir seulement une heure plus tard. Claude n’eut pas besoin de me réveiller à sept heures le lendemain matin, puisque j'avais pris de bonnes habitudes. Après que tout le monde soit un peu sorti du sommeil, il dit :
- Vous recevrez chacun une arme et un petit sac contenant de la nourriture. Il y aura six gardes du groupe deux. Trois dans la forêt, deux dans la ville, et Edward devant la banque. Avec lui, nous serons cinq dans la banque, d’accord ?
Tout le monde acquiesça, et, après une revue des troupes, Claude donna le signal du départ. Un par un, nous nous enfonçâmes dans l’entre-monde.
Après environ une demi-heure de marche, nous sortîmes et atterrîmes devant une ville que j’avais vu de nombreuses fois, pour l’avoir surveillée en compagnie de Lionel. Claude attendit que tout le monde soit présent, puis il murmura :
- Essayez de faire le moins de bruit possible. Lionel et deux de vos hommes, vous restez ici. Pas de bêtises inutiles.
Claude sortit de la forêt et se dirigea dans la ville. Nous abandonnâmes deux autres hommes à l’entrée de la ville. Je me postai devant la banque, l’air innocent. Les autres entrèrent. Puisqu’ils avaient laissé la porte ouverte, je pus entendre tout ce qui se passa. Le banquier demanda :
- Que puis-je faire pour vous ?
- Donne-nous tout l’argent disponible immédiatement, dit Claude d’un ton menaçant et assourdi, puisqu’il portait une cagoule.
En jetant un coup d’œil par la porte entrouverte, je pus apercevoir Alex et un autre homme dans les coins de la salle, tandis que Claude et deux autres menaçaient le banquier avec leurs revolvers. Je pris garde à ne pas me faire remarquer, puisque je n’avais pas de cagoule. Le banquier dit d’une voix tremblante :
- D’accord, tout de suite, monsieur.
- Je tiens à vous accompagner, pour que vous nous prouviez votre bonne foi.
Je les vis entrer dans la salle du fond. Reprenant mon poste de garde, je sortis un livre, pour tromper les curieux, et commençai à lire, tout en surveillant les alentours. C’est alors qu’au bout de la rue, je vis apparaître, une, deux, trois voitures de police. Je pensai :
- Oh-oh ! C’est un problème, ça !
J’entrai précipitamment dans la banque et mis ma cagoule :
- Il y a trois voitures de police qui arrivent ! Je ne sais pas si c’est pour nous, mais mieux vaut rester prudent.
Claude, qui venait de ressortir de l’arrière de la banque, un sac d’argent plein les mains, dit :
- Ne bougeons pas. Ça peut être une coïncidence.
- Non ! Ce n’est pas une coïncidence, dit soudain le banquier. Vous venez d’attaquer la première banque équipée d’un système permettant de prévenir la police en cas d’attaque. C’est ce que j’ai fait.
Alex brandit son arme et tira sur le banquier. Celui-ci mourut, une balle dans la tête. Claude cria :
- Pourquoi as-tu tiré ? Tu viens de dire : coucou, on est là, et on a des armes ! Pauvre imbécile !
A ce moment, un haut parleur de police déclara :
- Nous encerclons le bâtiment ! Rendez-vous, ou vous serez tués immédiatement !
- Ça va aller, dit Alex. Je vais me rendre, et les embrouiller.
Il me tendit son arme, avant de lever les mains en l’air et de crier, d’une voix apeurée :
- Je sors ! Ne me tirez pas dessus !
Tandis qu’il sortait, je proposai :
- On peut partir par une fenêtre.
- Ils encerclent le bâtiment ! dit Claude. Tu ne les as pas entendus ?
- Ils ne peuvent pas encercler un bâtiment pareil en aussi peu de temps ! C’est impossible. Je suis sûr que si on sort par une fenêtre à l’arrière, on peut y arriver.
Soudain, une fusillade retentit et la porte fut trouée par les balles. Claude fut touché à l’épaule, et un de mes complices mourut, trois balles dans le torse. Claude grogna :
- Vite ! Dans la petite salle.
Je l’aidai à marcher jusqu’à là-bas, et refermai la porte derrière moi. Les deux autres hommes restants avaient déjà cassé une fenêtre et l’un d’eux était sorti. Il murmura :
- Je ne vois aucun policier. C’est bon !
L’autre homme sortit à son tour, puis je pris le sac d’argent des mains de Claude et le lançai par la fenêtre. Je vis qu’il y en avait d’autres, et estimai notre fortune à plusieurs milliers d’euros. Je répétai l’opération plusieurs fois, avant de murmurer aux hommes dehors :
- Allez-y ! Et prévenez les autres que j’arrive. Ne m’attendez pas. Allez-y !
Comme je n’entendis aucune réponse, je priai pour qu’ils aient exécuté mon souhait. Je me tournai vers Claude. Celui-ci saignait de deux blessures, à l’épaule et au ventre, que je n’avais pas vu. Il me dit :
- Je ne réussirais pas à sortir avec mes blessures. Vas-y !
- Non ! Hors de question !
Les policiers pénétrèrent alors dans la salle principale. Claude murmura :
- Je vais te faire une diversion. Ne discute pas, et vas-t-en.
- Je ne peux pas vous abandonner ici. Vous êtes notre chef.
- Votre chef ? ricana Claude. Chef de rien du tout. Tu avais raison de te montrer aussi méfiant. Malheureusement, je ne t’ai pas écouté, j’étais trop sûr de moi.
Je fronçais les sourcils. Je ne lui avais jamais fait aucune reproche à ce sujet. Je compris que Claude divaguait, à cause de ses blessures. Il me repoussa brusquement, arma son arme et me prévint :
- Soit tu pars, soit tu te fais attraper. Comme tu veux.
Les larmes aux yeux, j’exécutai sa volonté et me glissai par la fenêtre. Claude prit soin de la refermer, me murmura quelque chose que je n’entendis pas, puis il prit une grande respiration avant de foncer vers la porte.
Il y eut de nouveau des bruits de tirs, et le corps de Claude tomba brusquement sur le sol. Je compris qu’il m’avait dit un ordre simple : fuis. Je me retournai, et, les larmes continuant de couler sur mon visage, je partis en courant.
Dans ma tristesse, j’avais oublié d’enlever ma cagoule. Ce détail attira l’attention du policier qui surveillait la rue. Il m’interpella :
- Hé ! Toi, là-bas ! Reviens !
Je tirai un coup de feu dans sa direction, et le policier se mit à couvert derrière une voiture. J’enlevai ma cagoule tout en continuant de courir, et jetai un coup d’œil derrière moi.
Je vis Alex regarder les policiers traîner le corps de Claude d’un air atterré, mais son visage n’exprimait pas d’autres émotions. Il continuait son rôle de témoin apeuré. Le policier que j’avais effrayé lança une deuxième sommation :
- Rends-toi, ou il y aura des dégâts !
Je ne répondis pas, continuant toujours de courir. Le policier dut comprendre que je cherchais à m’enfuir, sans lui prêter attention. Il sortit de son arbre et pointa son arme vers moi en criant :
- Dernier avertissement ! Rends-toi, ou je tire !
Jetant un coup d’œil derrière moi, j’évaluai la distance qu’il y avait entre nous. Il était quasiment impossible qu’il m’ait à la tête ou à la jambe, mais il pouvait viser suffisamment pour me toucher dans le dos.
Je commençai donc à zigzaguer, pour rendre la visée plus difficile. Malheureusement, je ne m’étais pas assez entraîner à la course pour pouvoir faire face à la peur, la fatigue, et la tristesse en même temps. Le policier cria :
- Bien ! Je crois que tu as fait ton choix.
Il tira une fois, et la balle passa entre mes jambes. Je jetai un autre coup d’œil derrière moi. Le policier ne bougeait pas, il semblait sûr de lui. Ça cachait quelque chose. J’examinai la forêt droit devant moi. Y-avait-il des policiers cachés derrière les arbres ?
J’eus la réponse à ma question en voyant deux autres policiers courir vers moi, l’un à ma droite, l’autre à ma gauche. Puisant dans mes dernières forces, j’accélérai.
Au moment où les policiers tirèrent, je fis une roulade, et m’écorchai salement le genou. Plus que dix mètres à parcourir. Mais je n’en avais plus la force. A bout de souffle, je fis quelques pas hésitants, avant de tomber à genoux.
Un bras surgit alors de l’Arbre pour saisir le mien et m’entraîner dans l’entre-monde, alors que deux autres balles frappèrent le bois juste après mon passage.
- Qu’est-ce qui s’est passé ?
- Je...
Je respirai difficilement, et n’arrivai plus à articuler. J’avais mal au genou, toujours blessé. Lionel poursuivit, imperturbable :
- Deux de nos hommes sont morts. Où est Claude ?
- Mort, lâchai-je. Mort, mort, mort.
Lionel ne me crût pas, et prit mes paroles pour du délire. Il dit :
- Bon, je crois que cette journée était éprouvante. Je vais te ramener à la base, et on attendra le retour de Claude.
- Il est mort ! hurlai-je. Pourquoi ne me crois-tu pas ?
- Vraiment ? Je veux dire, tu es sûr ?
- Demandez aux deux hommes qui ont les sacs d’argent !
- Quels hommes ? Tu es le premier du groupe d’attaque que je vois. D’ailleurs, où sont les autres ?
- Ils sont partis avec l’argent, soupirai-je. Ah les salauds...
- Bon, il n’y a plus personne après toi ?
- Je ne sais pas, je ne sais plus. Je veux me reposer, je veux dormir. Laissez-moi tranquille...
Ma respiration se fit plus lente, et je sentis des bras me porter, avant de m’endormir totalement.
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