Elle quitte une situation de confort pour entrer dans une zone de turbulences. Le changement accepté, les secousses cessent et alors, s’ouvrent de nouveaux horizons. Le moment vint pour elle de prendre son envol. Un déclic s’est produit.

Une drôle de sensation envahit Andrée, se retrouver chez elle, en tête à tête avec elle-même, au retour de cet incroyable voyage à deux. Un vieil adage lui arrive à l'esprit : mieux vaut être seule que mal accompagnée. Cette vérité, elle s'en est convaincue toutes ces années mais n’est-ce pas aussi refuser d’accorder sa confiance à l’autre. Elle se bat avec l’une de ses petites voix intérieures qui lui confirme qu’elle est très bien comme ça.

Une lasse résignation s'installa de manière progressive et sournoise avec le sentiment que son énergie se liquéfiait dans son canapé. Lorsqu'elle ressentit une chose qu’on appelle vitalité se mettre en mouvement.

Elle décide alors de tenir un journal, comme si elle redevenait ados, avec le vécu en plus.

Poser les mots pour soigner ses maux. Elle se sentait comme endormie depuis tout ce temps, tétanisée par le poison de la violence.

Elle veut se ressaisir. être simplement elle, ramenée à la vie par une histoire d’amour, à son âge, elle ne s’y attendait pas, n’a rien prémédité. Rien cherché !

inconsciemment peut-être ?

Elle est née lors de ce voyage avec François. Et là, elle veut se reprendre en main.

Son existence ressemblait au signal d’un monitoring presque plat.

Elle avançait jusqu’ici pour sa fille Louise. Elle lui donne tout l’amour d’une mère, et aussi celui du père manquant. Rien d’autre ne comptait que son enfant. Elle est sa fierté, son bonheur, sa raison d’être.

Mais à elle, que lui donnait-on ? Tout ce temps sans rien.

Elle doit s’ouvrir aux autres. Reprendre le cours des choses, de sa vie.

Elle veut apprendre à être dans l’instant présent pour dissiper le stress. Ici et maintenant le passé disparait, l’émotion s’exprime en liberté, faire la paix avec lui empêche qu’il ne se répète.

L’évasion intérieure ressource et libère. L’espoir que tout devient possible, vivre avec l’autre, ou pas, avec bienveillance. le soutenir, l'accompagner dans le partage, des projets ensemble, à deux ou ceux plus individuels.

Elle doit se montrer patiente avec elle, et prendre le temps necessaire, un pas à la fois.

Mamouna ressent le besoin d’éclaircir ses idées, d’interroger son cœur, de laisser le passé derrière elle, de trouver la force du pardon. Cette façon de penser, Louise tente de lui expliquer, mais ne comprend pas très bien, elle qui rumine cet échec depuis tant d’années.

Et puis il y eu cette révélation, jusqu’alors elle se sentait une survivante. Une survivante ! elle vient de mettre le doigt dessus, une fois ressenti, ce mot, exprimé, compris, prend dans toute signification. Tout ça pour ça ! Elle va vivre, se réapproprier le goût, la volonté d'exister. Il lui faut du temps, encore un peu. Elle en était là dans ses « réflexions » avant de se décider à aller dormir.

La nuit quelque peu agitée lui porte conseil. Bizarrement elle se sent reposée, très sereine à son réveil. Son esprit tourmenté semble apaisé.

Comme si le voile de grisaille, qui pesait sur sa vie, décidait de se lever avec la venue du jour. Elle dormit peu mais un sourire s'accrochait à son visage, et toujours ses papillons dans le ventre qui lui picotent le plexus.

Ce matin, elle éprouve une sensation d’être dans un ascenseur émotionnel.

Elle ne sait pas de quelle façon cette résonance arriva dans sa tête, mais elle adore cette idée. Voilà des semaines qu’elle y pense, sans aller plus loin. Enfin pour être honnête, Louise lui souffle ce concept dès que l’occasion se présente, et cette vision de la méditation se suspend dans son crâne.

Elle va faire une retraite !

Le cours de relaxation qu’elle rejoignit avec Louise depuis la rentrée dernière propose plusieurs stages autour de la méditation de pleine conscience voire de pleine présence, suivant les associations.

Mamouna s’inscrit à la semaine de retraite yoga-méditation, initialement prévue en Bretagne et finalement organisée en Bourgogne.

Bien sûr, elle peine aux premières séances. Impossible de tenir en place. Elle veut même arrêter dès le troisième cours. Louise la rassure, lui explique qu’il faut de la persévérance et beaucoup de patience. Et semaines après semaines, Andrée arrive enfin à se détendre, à lâcher prise parfois. Elle sent aussi des moments d’absence, de blancs où elle décroche de la méditation, son esprit s'évade, se laisse emporter par les pensées, les ruminations, elle se ramène à l'instant présent par la respiration.

Mais cela reste sans gravité parce que la séance la détend, l'apaise. Coraline, leur coach conseille à celles qui appréhendent, ou restent réticentes, de surtout ne pas avoir peur de ces instants. Ce sont des moments privilégiés et précieux.

Andrée prévient sa petite famille de son indisponibilité quelques temps.

Est-ce un hasard, ou doit-elle y voir un signe, le stage arrive quelques jours après son retour de voyage, et dieu merci est maintenu. Un seul désistement pour des raisons professionelles, dommage elle aimerait faire plus ample connaissance avec Geneviève, inscrite dès le début.

Sincèrement, dans son for intérieur, elle reste persuadée qu’une retraite ressource nécessite une durée de deux ans au moins, minimum. Préjugé lui confirmera Coraline !

Les temps modernes obligent l’association à revoir ses programmes, à réduire la durée de ses étapes, en précisant que plusieurs niveaux deviendront accessibles, par la suite.

Sur tout le groupe, elles ne partent qu'à deux, aussi Héloïse lui propose gentiment de la covoiturer.

Ainsi Le trajet à parait moins monotone, et Andrée joue le rôle de co-pilote. Cela lui plait, son chauffeur lui accorde sa confiance, elle se sent déjà en mouvement.

À l’arrivée, quelque peu en retard, Jean-Phi, le propriétaire du gîte les accueille, les soulage de leur bagages et les accompagne à leurs chambres. Andrée préfére être seule et non pas dans le dortoir, toujours cette peur de de déranger, ou de trop bouger.

Elle défait sa valise, range ses pantalons de détente, tee-shirts dans l’armoire de la chambre. Son tapis de yoga orangé imprimé de fleurs de vanille à portée de mains, elle décide d’aller s’imprégner des lieux, respirer l’air pur du centre qui accueille tous les yogis et méditants.

Avant de venir, elle prit connaissance du lieu sur le site. Dans un souci de respect de la tradition, Andrée apporta un de ses galets qu’elle dépose devant une des deux statues de pierre tout en récitant le mantra de remerciement qu’elle égraine en conscience chaque matin. Des fleurs, des bougies déjà au pied des sculptures, ainsi qu'un autre caillou peint, posée depuis quelques temps, sans doute, embellissent cet endroit.

La cloche résonne, annonçant le repas dinatoire, en toute convivialité. Sandy une corbeille à la main décharge chaque participant de son téléphone, de sa montre connectée, tablette et autres outils informatique, précisant l'importance de se soustraire à cette pollution numérique. Ces objets les reliant au monde extérieur serons rendus à la fin de la retraite. En cas d’urgence le gîte reste joignable sur le fixe, numéro indiqué sur les fiches d’inscription pour le communiquer à l'entourage.

Une agréable surprise les attend. Le programme de ces cinq jours retravaillé s'avère bien plus complet et intéressant qu’initialement prévu. Leurs trois flamboyantes animatrices, en immersion également le détaillent à l'issue d'une Kéfir de bienvenue.

*Développer votre perception des arbres en utilisant les cinq sens (vue, ouïe, toucher, odorat, goût)

* Découvrir les mouvements de l'arbre, se mettre en résonance avec lui en utilisant les sons

* Respirer près d'un arbre, avec lui, ressentir ses qualités et effets sur les chakras

* Journée de pleine présence en silence

* Bain sonore et les sons de guérison

* Ateliers créatifs

* Méditation avec bols tibétains sur les différents chakras

* Tai chi chaque matin

* Méditation

* Massage

En précisant que chacun a la liberté d'effectuer une activité, et que du temps libre se verra accordé après chaque discipline. Le bien-être de tous est pris en compte tout au long de ce séjour afin de repartir libéré de ses fardeaux.

Des ateliers créatifs peuvent être proposés individuellement ou en petit groupe, animé par Anouk ainsi que des massages thérapeutiques assis visant à détendre la nuque, la colonne vertébrale, pour une relâche complète du corps, dispensé par Mélissa.

Gros programme et complexe songea Andrée. Les participants regagnent les chambres pour être en forme demain matin. Petit déjeuner prévu à 8 heures et Tai chi à 8 h 45.