Journée en pleine présence
Cette journée en silence se révèle être une première pour moi !
Chaque participant dépose chaussures et soucis dans le sas de l’entrée, et pénètre dans l'immense salle aux épais murs de pierres apparentes, l'ensemble soutenu par de belles et larges poutres en chêne. Pour nous souhaiter la bienvenue, au centre de la pièce, trône une grande table remplie de jus de fruits, café, thés divers ou même infusions. Plus tard, nous viendrons y prendre le repas, tout en respectant la consigne du silence.
Nous nous installons sur nos tapis de yoga, coussins et couvertures à portée de mains. Un magnifique bol tibétain ciselé sonne le gong.
SILENCE !
Une première méditation en pleine conscience. L’esprit, et chaque élément qui me compose se détendent au fur à mesure. Je lâche prise, ma tête mouline un peu, et repense à une conférence de la semaine dernière, à cette phrase choc qui m'interpella : "Je rentre à la maison". Aujourd'hui, je comprend le sens de cette expression. j'habite mon corps qui constitue ma demeure. Je me réapproprie mon espace intérieur, mon moi, mon être, qui forment un tout. Je me sens légère, sur un nuage, dans l'Ici et maintenant. Je trouve la paix de l'âme, et la savoure.
Côté bien-être, les séances de Qi gong et de yoga arrivent au rendez-vous. Une voix douce, nous montre, et nous explique en détails tous les mouvements pour que nous puissions les reproduire aisément.
Le temps se calme un peu, la pluie cesse. Melissa propose alors une marche méditative. De quelle façon vais-je m'y prendre ? j'avance assez vite, en randonnée ! Vais-je être capable de ralentir, de suivre le mouvement. Ne pas attirer l'attention ? Arrêtons de suite cette petite voix négative, et essayons !
Le vent froid nous obligent à bien nous couvrir. Echarpes et gants s'avèrent être des accessoires indispensables. Au départ, notre guide nous explique en toute bienveillance la méthode pour poser les pieds. Dérouler le talon puis la plante, en douceur, les bras le long du corps, en présence. Synchroniser une respiration tranquille, se surprendre à ralentir le pas. Puis en rajoutant à notre pleine perception la vue, l’ouïe, l’odorat. Marcher en conscience devient le fruit de tous ces ingrédients.
Sur ce doux rythme posé, observer la beauté des colchiques en fleurs sur le bord du chemin, entendre puis voir le petit ruisseau près de moi qui coule à mes oreilles comme une mélodie, rassurant en ces temps de sècheresse. Apercevoir ce sentier étroit, balisé par des tapis de fleurs. Des petits cyclamens sauvages offrent à notre vue un mélange de vert et de roses. Leurs présences nous tracent le chemin vers la demeure qui nous accueille et dont la barrière reste grande ouverte. Observer toutes les différentes nuances de la végétation, de rouille, plus ou moins intenses, de cet automne, prometteur d'un bel hiver. Ecouter le chant des oiseaux qui nous observent du haut de leurs perchoirs, et se répondent, telle une discussion musicale.
Entendre le souffle du vent dans les branchages et les bouchures, ces haies vives, nommées ainsi en région centre.
Soudain, un bruit sourd sur ma gauche. Vite, j'observe et vois détaler un lièvre majestueux sorti de sa cachette dans les hautes herbes et filer. Prendre le temps de contempler son long corps fin et rapide, d'apercevoir une fraction de seconde ses gros yeux ambrés, puis sa queue noire. Instinctivement, Je lui demander pardon de l’avoir dérangé dans sa chasse.
Réajuster la parka, ainsi que la capuche d'un geste machinal, le froid s'oublie. Ne pas rentrer de suite, encore un instant, ralentir le pas, chaque empreinte pour tout apprécier. Garder en mémoire et retranscrire ces moments trop éphémères à soi, pour soi, avec les autres, en communion silencieuse.
Mille mercis.
Une dernière relaxation, un ultime voyage qui m’emmène en douceur, dans une bulle cotonneuse, et légère.
La visualisation me parvient si intense que je reviens sur mon tapis, dans la pièce, avec un sourire jusqu’aux oreilles et le cœur tout en plume.
Encore sur cette sensation chevillée au corps, je participe à la préparation de la cérémonie du thé. Coraline découpe et apporte le gâteau confectionné la veille, en équipe, par le trio des flamboyantes. Tout le groupe dégustent et mangent dans le calme.
Le Gong retentit, la journée en silence s’achève.
Les échanges et ressentis de chacun démontrent de notre enthousiasme, ainsi que des effets positifs. Nous peinons tous à quitter ce lieu chargé de cette communion passive.
Déconnexion totale !
A rééditer très vite !
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