Une seconde chance
Les voyages apprennent à porter un autre regard sur les choses.
Le retour leur sembla très court. Ils auraient bien volontiers parcouru le double de trajet. Andrée raccompagne François chez lui, et accepte son invitation à diner en sa compagnie. Il lui confectionne une delicieuse omelette baveuse, arrosée d’une main légère de vinaigre de cidre.
Son hôte lui propose de ne prendre la route que le lendemain matin, lui prépare la chambre d’amis. Elle accepte, n’ayant aucune envie de rouler de nuit, ni surtout de partir. Une heure s’est écoulée quand François frappe délicatement à la porte, entre, se glisse près d’Andrée et l’embrasse tendrement.
Au petit matin, elle sent une bonne odeur de café, de tartines grillées. Elle passe vite fait à la salle de bain, histoire de donner un coup de brosse à ses cheveux toujours rebelles au réveil. Elle découvre un autre visage dans le miroir. Ses yeux pétillants lui offrent un reflet si différent de celui qu'elle connait.
Elle entre en douceur dans la cuisine, adresse un sourire encore timide à un François au visage radieux, qui l'invite à s'asseoir. Il pousse sa chaise et lui sert un verre de jus d’orange ainsi qu’un bol de café noir, les tartines déjà beurrées et prêtes à recevoir la confiture qu'elle choisira parmi trois ou quatre pots. Elle ne prononce pas un mot de tout le repas, impressionnée par tant d’attention. Jamais personne ne lui avait préparé son petit-déjeuner.
Le repas terminé, François se décide et lui demande si elle désire se balader avec lui. Elle se laisse emmener visiter les abords de sa maison, le ciel les gratifie de toute sa clarté, pas un nuage. Ils marchent une bonne heure, l’un contre l’autre, savourant ce moment vertigineux. Le temps se suspend, le bonheur optimal.
Andrée reste encore un peu, et ne repart que le lendemain matin. Elle préfère rentrer même si elle se sent bien, choyée même. Prolonger son séjour lui parait compliqué. Et surtout que dans sa tête, les deux voix jumelles se lancent sans cesse dans un grand débat.
La dernière nuit passée chez François, elle ne trouva pas le sommeil ou si peu. Mais au petit matin, elle savait ce qu’elle devait entreprendre !
Se retrouver seule pour analyser la situation.
Elle éprouve l'envie et le besoin de laisser infuser ses sentiments nouveaux qui viennent de ressurgir dans son cœur, dans sa tête, dans son âme. De permettre à ses papillons de vivre dans son ventre. Elle veut prendre le temps. Passer de celle qui attend à celle qui espère.
Elle va se retirer quelques jours pour une retraite de méditation. Une expérience unique, une déconnexion totale, un temps pour se retrouver face à soi-même, à ressentir plus intensément la vie au plus profond de son être. Apprendre à se remettre en question, s’accepter telle qu’elle est.
Se réparer !
Pour mieux revenir délestée de ses angoisses, libérée de son fardeau, se donner le droit de reprendre goût à la vie. Faire la paix avec elle-même, Se sentir vivante, aimée.
François comprend ce besoin. Il partirait bien avec elle, mais il a conscience que ce travail s'entreprend seul. La patience deviendra son amie.
Il sait qu’elle lui reviendra bientôt.
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