Chapitre 23 : Le prisonnier et les artefacts

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Les croiseurs continuaient d’affluer dans les hangars des arches et la liesse populaire battait son plein. Le soleil éclatant accompagnait la marche pressée des deux Deikhz sur le pont de la Berosswald. Il fallait se faufiler entre la foule et les diligences pour rallier le quartier de la proue.

Les grandes places construites sur le pont du navire géant ondulaient autour de la base des quatre grandes voiles ; les habitations, dont des familles entières occupaient les toits pour fêter le retour des guerriers, formaient des escaliers de chaque côté de la cour.

Les passants qui les reconnaissaient saluaient platement le passage des Deikhz. Shrïn avait le visage fermé, Kalah souriait en observant cette radieuse allégresse s’exprimer sous les rayons du matin. Un sourire crispé.

– Tu aurais ramené un humarion, mais laissé s’échapper un potentiel Jugger, voire plus... ça ne te ressemble pas, jaugea-t-il en jetant un coup d’œil à la besace que transportait Shrïn.

– J’ai échoué, je le reconnais. Mais j’ai constaté un bon nombre d'anomalies en m’approchant de mes cibles.

Alors qu’ils contournaient le dernier mât avant le quartier de la proue, les deux Deikhz laissèrent passer un cortège de prisonniers ramenés des geôles. Shrïn salua les gardes et inspecta les jeunes hommes enchaînés aux poignets. Aucun d’eux ne ressemblaient à ce garçon des forêts de Nygönta. Kalah tapota l’épaule d’un esclave qui ne retenait pas ses larmes et laissa passer la rangée de nouveaux travailleurs avant de prendre la parole :

– Shrïn, nous avons le même grade, actuellement... Nous menons tous les deux une même mission, de front. Alors pourquoi ne rien m’avoir dit ?

– Nous avons le même grade justement, donc si j’estime que mon but est de la jouer fine, je n’ai pas à te rendre de compte.

Kalah, piqué par la remarque de son camarade, acquiesça en faisant la moue. 

– Nous avons cherché l’ange pendant deux jours entiers. Au matin du troisième, nos meilleurs éclaireurs restés à la frontière l’ont retrouvée au sommet du grand mur blanc. Elle s’est jetée dans l’océan.

– Elle ? répéta le Deikh Oberzheim en saluant de loin un nouveau visage connu.

– Oui. Son signal était toujours actif, mais il s’est enfoncé dans les profondeurs de l’océan avec elle. Je pense que nous avons à faire à une créature dont le “fluide” a un rapport avec l’eau...

– Ou à une morte, noyée.

– Hmm... Non, je ne pense pas.

– Bref, on arrive, dit le grand brun en camouflant ses mèches rouges sous sa capuche. Tu me parlais d’anomalie...

– Nos joyaux de Goyo[1], le garçon semble y être immunisé, pourtant, il a bel et bien les caractéristiques d’un humarion.

Kalah tiqua. Il baissa les yeux au joyau noir de son collier, incrédule à l’écoute de cette annonce. « Intéressant », conclut-il.

***

Depuis les interstices des cales, le vent froid de la mer soufflait dans les geôles. 

Un bourdonnement grave, rythmé aux chocs des tôles secouées par les vagues, plongeait les prisonniers dans la désolation. Ils étaient entassés par vingtaine dans ces étroites cellules ; enchaînés, bloqués par des barreaux infranchissables. 

Les gardes avaient quitté les lieux après le début de leur beuverie sous les yeux médusés des captifs. 

Les fins halos de lumières perçant dans la coque n’éraflaient point l’obscurité. Immergés dans la moiteur et la puanteur, il y avait des hommes et des femmes, des garçons au regard forcené et de jeunes filles à l’air hagard. Dix jours qu’ils avaient quitté leur terre, quinze pour certains. On leur donnait la même quantité de bouillie chaque nuit et souvent les gardes en profitaient pour enlever un à deux détenus. Rares et silencieux étaient ceux qui revenaient. Chaque fois qu’une lampe torche faisait son apparition, la peur nouait les estomacs, jusqu’à ce que la part des disparus soit offerte à ceux qui restent. 

Jorïs, isolé dans une cellule au fin fond du couloir, n’avait d’yeux que pour les blessures qui cicatrisaient sur son mollet : Les deux trous, très proches l’un de l’autre, s’étaient déjà rebouchés, remplacés par des cratères de chair. 

Le garçon avait déjà réfléchi à mille plans et tenté à deux reprises de s’échapper. Les barbares auraient déjà dû le décapiter ou le jeter par-dessus bord, mais à chaque fois un homme s’interposait pour le maintenir en un seul morceau. C’était ce chef de meute, les yeux bridés, le crâne dégarni, le corps longiligne et portant toujours son orbe noir au milieu de sa ceinture. Il s’était présenté comme un certain « Shrïn ». 

L’agitation perla au fond du couloir. 

Des cris étouffés de peur parvinrent à ses oreilles en même temps que la lueur d’une lampe torche. Eh allez, je parie que c’est encore lui. Aussitôt, Jorïs reprit une position en tailleur, camouflant ses meurtrissures. Il pouvait entendre l’excitation paniquée des autres otages, rampant au sol pour se reculer dans les ténèbres. 

« Sérieusement, vu ce que tu m’as annoncé, tu aurais pu m’en parler plus tôt sans te soucier de ma réaction », en entendant cette voix rauque un brin enjouée s’approcher, Jorïs ne reconnut pas le timbre de Shrïn. Pourtant, ce dernier se présenta au seuil de ses barreaux. 

Mais… C’est qui lui ? se demanda le prisonnier en voyant l’interlocuteur du chef de meute apparaître dans la foulée. C’était un homme encapuchonné, à l’allure bestiale. Il ne ressemblait en rien au bras droit qu’il avait vu à Yön-Goän, bien plus élégant et fier. Pourtant, le sourire qu’il affichait au milieu de sa barbe fournie paraissait si terrifiant qu’il noua les entrailles du garçon. « Donc c’est lui ? », questionna-t-il en s’approchant de la cage. Shrïn acquiesça de la tête.

Sous la cape du grand barbare, Jorïs voyait le dessin d’un corps sculptural, allant de pair avec cette voix grave. 

– Jeune homme, est-ce que tes blessures cicatrisent bien ? 

Absorbé par l’attitude du barbare encapuchonné, Jorïs ne prêta pas attention aux mots du Shrïn. La menace qui lui faisait face semblait d’un rang supérieur. « Jeune homme ? », interpella de nouveau le Deikh Nemara. 

Pris d’une colère instinctive, Jorïs leur jeta un regard de défiance. « Ahah c’est un bon lui, je l’apprécie déjà », s’esclaffa le grand barbare musculeux. Au nouvel écho de cette voix dominante, Jorïs sentit sa cage thoracique se compresser. 

– Il est encore jeune Kalah, reprit Shrïn en s’adressant cette fois à son camarade. Jeune, mais déjà capable de battre trois de mes hommes.

– En même temps si tu lui as envoyé la bleusaille…

– Jiro, Nyzar, Freed, ce n’était pas la bleusaille, coupa le Deikh Nemara. Je te rappelle que seul Nyzar a survécu, car je suis intervenu – Il contempla l’air surpris de Kalah et se tourna de nouveau vers Jorïs –. Jeune homme, est-ce que tes blessures cicatrisent bien ? Dernière fois que je te pose la question.

La voix du Deikh n’avait pas changé de rythme, mais lorsque Jorïs se tourna vers lui, il remarqua une étincelle d’énervement dans ses prunelles. Toutes les fois où il avait tenté de lui parler, jamais il ne l’avait menacé, mais cette fois, la présence de ce « Kalah » semblait le rendre nerveux, comme s’il voulait prouver son autorité devant lui. Cette fois, Jorïs en était sûr, ils étaient au minimum du même grade.

Kalah fit coulisser les barreaux de la cellule, comme s’il n’y avait aucune résistance.

Comment a-t-il fait ? Les autres gardes utilisaient des clés, mais lui n’avait eu besoin d’aucun outil. « Dis donc Shrïn, il t’a fait quoi pour que tu ne fermes même pas les portes à clé ? », demanda-t-il aussitôt, coupant court aux interrogations de Jorïs. Ah… C’était juste ça...

– S’il s’échappe, je le saurai. J’ai demandé personnellement aux gardes de laisser la cage ouverte, histoire de ne pas être obligé de les retrouver dans tout ce chahut à l’extérieur. Je savais qu’on allait se rendre ici. 

– Je vois… conclut Kalah en toisant le sujet de leur conversation.

Shrïn et Kalah entrèrent dans la cellule. Le premier resta debout, rigide, devant Jorïs, quand le second s’accroupit juste à côté de lui. Il glissa son regard sur les chaînes dans son dos et vérifia qu’il était toujours solidement attaché. Jorïs se contracta un peu plus encore. Plus ils les sentaient près, plus sa confiance se détériorait. Qu’allaient-ils lui faire ? 

– Je ne me suis pas présenté, petit frère, je me nomme Kalah, Kalah Oberzheim. Parmi les Avazen, je suis un Deikh, comme Shrïn, ici présent, qui t’a recueilli et qui semble te porter un grand intérêt…

« Frère », « Deikh », « recueilli » ?! De quoi il me parle lui ? Pourquoi il s’adresse à moi comme ça ? un tourbillon de pensées secoua Jorïs, seulement parasité par les gouttes de sueur perlant sur son front. Kalah, à son tour bien ennuyé par l’absence de réaction de Jorïs, jeta un coup d’œil à Shrïn. Il le sentait, ce dernier s’apprêtait à user de la violence. D’un signe de la main, il tenta de l’apaiser avant de reprendre son discours :

– …Écoute, je comprends que tu aies peur, mais rien ne t’arrivera si, au moins, tu échanges quelques présentations avec nous. Tu sais, on suit juste les règles, nous ne sommes pas si mauvais que tu le crois. Shrïn s’agace et je le comprends, mais on t’aime bien. On a vu ce regard en toi, cette force de caractère et ce tempérament combatif, tu pourrais changer beaucoup de choses dans ce monde si tu oubliais le passé.

Jorïs ne faisait plus attention aux paroles décousues du Deikh Oberzheim. Parmi ces deux monstres, c’était lui qui le terrorisait. Des tremblements prirent le contrôle de son corps. 

Kalah lui jeta un regard de dépit, puis posa les yeux sur ses propres mains. 

Dans l’instant qui suivit, le Deikh décocha une terrible gifle sur la joue du prisonnier. Jorïs tomba à la renverse, à peine maintenu par les chaînes dans son dos. 

La résonance de la claque fit sursauter les autres détenus qui tentaient d’écouter aux barreaux. Pour eux l’espoir revenait, c’était sûrement ce jeune homme qui allait être enlevé.   

– Je suis désolé mon frère, j’ai essayé d’être gentil, mais là aussi, je suis obligé d’utiliser tous les moyens possibles pour te faire parler. 

Kalah le redressa et leva la main de nouveau. « Jorïs… »

– Oh, est-ce que j’ai entendu ton nom à l’instant ?

– Je m’appelle Jorïs Augüs… de Bozo... et ma blessure cicatrise.

Les yeux livides, la joue rougie et lacérée sous la force du coup, Jorïs regardait le sol. Il ne vit pas le sourire réjoui de Kalah, dont le regard se teinta d’empathie. Shrïn se calma. Imitant Kalah, il s’accroupit devant le prisonnier et, pour la première fois, le toucha de sa main. Jorïs sentit une peau dure et froide relever sa tête. Il faisait face à son visage de très près, constatant son grain entretenu et de fins traits noirs amplifiant les plissures de ses yeux :

– Tout ceci a un but Jorïs. Toutes ces questions ont une cause, autant que ta présence ici, dit le Deikh Nemara en sortant une tablette de roche noire, polie et striée de figures géométriques.

Au centre de celle-ci, Jorïs voyait un léger point rouge clignoter. Kalah fronçait les sourcils et sortit de la fibule de sa cape une tablette du même acabit. « Shrïn, sais-tu que nous devons montrer ce genre de spécimen au Larj de toute urgence ? », questionna sérieusement le Deikh Oberzheim.

– Je le sais, mais je vais vous expliquer à tous les deux mon raisonnement. 

Avant de se relever, le Deikh Nemara déposa sa tablette entre les jambes croisées de Jorïs. Il prit une grande inspiration et se lança :

– Vois-tu Jorïs, moi aussi je me suis retrouvé à ta place un jour, mais avant de te confier ce pan de mon parcours… – Un court instant, Shrïn parut chercher ses mots – Avant de te montrer ce que les Avazen m’ont permis de découvrir en ce monde, je me dois de te dire ce qu’il va se passer. Lorsque je t’ai repêché dans cette forêt, tu étais avec quelqu’un et, si j’ai longtemps cru avoir remporté ma mission, ta bravoure et ta force ont permis à cet autre individu de s’échapper. C’était lui, n’est-ce pas ? L’être spécial qu’on doit chasser coûte que coûte …

Kalah profita de cet exposé pour passer sa main dans le dos de Jorïs. Une main ferme, mais chaude, ce qui n’empêcha pas le garçon de frissonner à son contact. Le Deikh lui sourit de nouveau et, d’un signe de tête, l’exhorta à en écouter davantage :

– Cette pierre sous tes yeux, le signal qu’elle émet permet de localiser un ange, ou les divers croisements entre cette espèce et les humains car, lorsqu’un humain reste longtemps au contact d’un ange, il lui arrive parfois de perdre sa nature. Je pense que tu avais un lien très fort avec cet ange, ce qui fait de toi un humarion. Notre objectif ne concerne pas ces hybrides malgré eux, mais les êtres prétendument divins qui tentent de nous extraire de notre propre condition, de nous influencer et nous gouverner par leur pouvoir et, inexorablement, nous mener vers notre perte – Kalah lança un regard suspicieux à Shrïn : il ne l’avait jamais entendu parler des humarions avec autant d’empathie –. Tu comprends Jorïs ? Est-ce que tu comprends que je te protégerai même face au Larj, car toi, tu es encore un de nos semblables... Tu as des parents ?

– Oui… répondit le jeune homme, instinctivement.

– Et comment s’appellent-ils ?

– Jé’... Jennän et Jewesha.

En prononçant ces mots, Jorïs sentit les larmes lui monter. Il n’en avait que faire d’être un soi-disant humarion et, au fond de lui, se sentait rassuré par les mots du Deikh à son égard, mais le souvenir intense et déchirant de ses parents finit d’éteindre toute volonté. Et puis, quelque chose sonnait comme une terrible vérité dans les paroles de Shrïn : sa sœur, Lonka, était différente. Au dire du Deikh, ce n’était même pas l’ombre d’un membre adopté de sa famille, mais un être vil qui avait apporté le désordre dans la prospère Nygönta. Et dans sa famille… Non, ils ne toucheront pas à un cheveu de Lonka ! Non ! Son esprit fit barrière à ces idées noires qui s’immisçaient en lui. Kalah s’approcha de son oreille, sa voix résonnant comme une extension du discours de son homologue :

– Pour tes parents, pour l’horreur que les anges ont instauré dans ce monde, rejoins-nous mon frère, tu comprendras alors tout, et bien plus encore.

« Non… Non… Vous avez tué mes parents, vous n’aurez pas ma sœur… ». Kalah se recula et partagea ce même regard de surprise avec Shrïn. « Ta “sœur” ? Qu’est-ce que tu n’as pas compris dans le discours du Deikh Shrïn Nemara ? »

– Ce n’est en rien ta sœur, Jorïs ! s’exclama ce dernier en recouvrant son regard noir. Mais… maintenant je comprends encore mieux… Lorsque cette chose qui s’est faite passée pour ta sœur s’est enfuie, l’incroyable signal qu’elle émettait s’est détaché du tien. Au moment où je te parle, elle est, comme nous, loin de Nygönta. Elle n’a rien fait ni pour te sauver, ni pour sauver ta famille. Les anges n’en ont que faire des humains, ils ne cessent de le prouver terravolutions après terravolutions. 

Elle n’a rien fait car je lui ai dit de fuir. Ils ne m’auront pas.

– En revanche ! reprit sèchement Shrïn. Si je ne doute pas que tu as eu une vie d’humain à peu près normale, tu pourras bientôt tirer profit de ta seconde nature, engendrée par cette créature qui ne partage rien de ton sang, 

Le Deikh Nemara s’empara alors de sa besace qu’il avait déposé à l’entrée de la cellule :

– Veux-tu que je te dévoile le principe d’une de tes capacités ?

Jorïs leva un peu plus la tête vers son interlocuteur. Alors qu’il continuait de chasser ses idées sombres, la curiosité s’emparait de lui. Qu’est-ce que contenait cette besace ? L’artefact à l’intérieur semblait imposant sur un côté, élancé et allongé de l’autre. 

Le Deikh en sortit un outil que le jeune homme n’avait jamais vu auparavant : sa partie épaisse était constituée d’une crosse épurée et criblée de motifs métalliques. Construits autour de cette crosse, Jorïs distinguait ce qui ressemblait à un appuie-joue, permettant à l’œil de se focaliser sur une fenêtre de visée (une vitre opaque et verte, d’où des clignotements s’échappaient). Était-ce l’évolution de l’arc ou des lances-balises qu’utilisaient certains explorateurs ? Une longue lance pointait dans le prolongement de la fenêtre de visée, mais au bout de cette lance, point de pique ; un large trou creusait la tige. 

– Sur cette terre couverte d’océans, un Royaume détient des artefacts comme celui-ci, continua Shrïn en admirant son arme, prenant soudainement un ton bien plus allègre. C’est un Royaume impénétrable gardé par les êtres les plus puissants, mais parfois, nous arrivons à contourner leur défense et récupérer certains de leurs biens. Ce que tu as sous les yeux est un fusil, plus spécifiquement un “cyberponneur[2]”. Cette arme est capable de tirer des projectiles lasers dont les blessures causées ne se referment jamais. Sauf pour un ange ou certains humarions... supérieurs. 

– C’est fou n’est-ce pas ? s’esclaffa Kalah en tapotant frénétiquement le dos de Jorïs (des tapotements qui avaient tous l’air de coups lourds et agressifs). Là d’où je viens, nous avons aussi quelques artefacts capables de rivaliser avec ces petits bijoux. Si Shrïn m’avait prévenu plus tôt, je t’aurais montré le mien. 

– Je conçois que si l’humanité existe encore aujourd’hui, c’est aussi parce que personne hors de ce Royaume n’a encore trouvé le moyen de reproduire ces armes. Le jour où cela arrivera, les repères de ton monde disparaîtront les uns après les autres. Crois-moi Jorïs, maintenant que tu as posé un pied dans la réalité, tu ne trouveras le repos nulle part.

Shrïn rangea le cyberponneur dans sa besace et se redressa. « Je crois que tu en as appris assez pour aujourd’hui », conclut Kalah en prenant appui sur l’épaule du détenu pour se relever à son tour. Jorïs étouffa un cri de douleur comme de rage. Sa colère se tournait vers lui-même, si faible et si apeuré.

Les Deikhz sortirent de la cellule et refermèrent les barreaux derrière eux. Shrïn se tourna une dernière fois vers Jorïs :

– Je te laisse la pierre, jeune guerrier. Tu sauras en même temps que nous le moment où nous retrouverons une trace de ta prétendue “sœur”. Que ta cheville guérisse et que ta volonté se remette en question, car plus rien ne sera comme avant.

Jorïs leur jeta un dernier regard de haine, ragaillardi de se trouver à distance de ses ravisseurs. Shrïn reprit son attitude inflexible et s’éloigna à pas cadencés, sans daigner porter attention à cet affront. Avant de disparaître dans l’angle de la cellule, Kalah lui offrit un dernier sourire, intriguant, malfaisant, et malsain. 

Jorïs mit du temps à retrouver son souffle et son calme. Ses yeux se posèrent ensuite sur la tablette entre ses genoux. 

Son signal battait au rythme effréné de son cœur. 

[1] Joyau(x) de Goyo : cf. Glossaire/Artefacts-Mécaniques. Un artefact à base d’obsidienne modifiée issue du Continent-Monde, taillée en joyaux à l'aspect variable. Cet artefact considéré comme porte-bonheur permet ”d’éloigner le divin”. En effet, il semble que ces joyaux détiennent des propriétés capables d’affaiblir les anges.

[2] Cyberponneur(s) : cf. Glossaire/Artefacts-Mécaniques. Une arme de haute technologie issue des civilisations les plus avancées. Le cyberponneur est un fusil d’assaut capable de tirer des munitions supersoniques, semblables à des lasers.

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