Chapitre 50 : L’horizon des évènements

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 Les battements frénétiques des caissons échauffaient les cœurs et les esprits au large des rivages de Suän Or. Les Avazen affluaient sur les ponts des arches ; fourbissaient leurs armes et leurs protections. 

 Formés au cours de cette longue croisade, les emblèmes de chaque clan, hissés le long des voiles et des coques, étalaient leurs variations de rouge, d’orange, de marron ou de bleu.

 Protégé derrière une rangée d’arches et de croiseurs tournés vers les côtes, la Noneimwald stationnait, souverain et paisible. Hommes et femmes de toutes origines appréhendaient d’être à son bord, autant pour sa chaloupe à l’architecture hors du commun que pour la hauteur démesurée de ses voiles, mais aujourd’hui, ils étaient plus de cinq cents à prendre place sur les plateformes de ses cinq mâts, mille cinq cents à arpenter les artères de ses cales profondes, deux mille à parcourir ses structures immenses et ondoyantes. 

 Le chaos se préparait sur le palais flottant : il fallait disposer les canons, que ce soit par les meurtrières de la coque – Elles étaient aussi grandes qu’une porte, mais semblaient minuscules par rapport à la taille du navire – ou les hublots du bâtiment de mille cent quatre-vingt-dix pieds de long. 

 La troisième arche impériale, confiée aux mains du Larj Xoneineim qui l’avait renommée en hommage de son ancien titre, était en mesure de se défendre en cas d’accostage. Car, face à cette horde de guerriers des mers, des centaines de navires venus de tout le Duché de Talèn montaient courageusement à la ligne de front. Des grandes caravelles aux croiseurs de la garde, des larges bicoques aux chariots volants, miliciens et volontaires attendaient le signal qu’émettrait le palais de Mannfratt.

 La forteresse de bronze du No Jatalèn patientait derrière le rivage, dominant la capitale faite d’art et de lumière de son faisceau tournoyant et rutilant d’un bleu océan : le phare à son sommet s’activait malgré le soleil et la vue dégagée, sa prévention visible de toute l’île.

 Observant l’horizon des évènements depuis son dilidjetta, Xhilna désactiva la radio par laquelle elle venait de transmettre ses ordres à l’équipage de la Berosswald. Au-dessus de sa tête, les hauteurs vertigineuses du mât central de la Noneimwald la mettait peu à son aise. Là-haut, l’ascenseur des “invités” avait achevé sa course.  

 Depuis la hune principale, elle attendait maintenant l’irresponsable prince d’Er Zfrazim : après les soins, Kalah avait demandé une certaine faveur, mais Hanän, principale dépositaire des opérations, ne répondait toujours pas à l’appel ; sans attendre, il s’était alors rendu au repère du Larj, malgré les réticences de la guerrière, dont les courbatures et contusions s’intensifiaient. La plaie sur son crâne pulsait encore à travers le bandage. Excédée, Xhilna maugréa et jeta un regard sombre à la ligne de front. « Bordel, Hanän, que se passe-t-il ici... ? », se demanda-t-elle, excédée.

 Son regard traversa les cordages des larges arches protégeant le navire du Larj et se déploya jusqu’à la menace de Suän Or. Aucun de ces navires ennemis ne dépassait les mastodontes des mers qu’avaient construits les Avazen, mais les titanesques bateaux n’avaient pas la mobilité et la portée des croiseurs pour une bataille navale et, des croiseurs, ils en avaient moins que cette ribambelle d’embarcations prêtes à protéger l’archipel aux nuages dorés. 

 Elle caressa l’arme donnée au Deikh Kalah Oberzheim, posée dans la cale nue du dilidjetta. Ses doigts tracèrent les contours des dents du roggarhummer. Cette incarnation des avancées du royaume d’Alixen pouvait occire un humarion et occasionner des dommages à un ange, mais son instant de gloire attendrait : il était temps de quitter cette Croisade et de rejoindre les rangs de Sullhizer, avant qu’il ne soit trop tard.

 Er Zfrazim avait placé toute sa confiance en elle, l’adoptée. Elle ne faillirait pas, malgré le garnement incontrôlable que l’on avait placé sous son aile.

 Xhilna leva à nouveau les yeux vers le sommet du mât. Dans cette cime inquiétante, le Larj Xoneineim, déformé par les flammes comme la haine et tragiquement vicieux, résidait. Kalah était sur le point d’y entamer des pourparlers. 

 Une dernière fois, elle l’espérait. 

***

 – Je ne suis pas sûr de comprendre ce que vous savez de plus, depuis votre petit tour sur Suän Or, exposa le Larj, dubitatif. 

 – Je regrette de ne pas être allé au bout de ma mission, mon Larj.

 – Avancez-vous.

 Kalah sortit de la pénombre. 

 Il portait ses vêtements de lin, de nombreux bracelets le long de ses avant-bras et son collier au joyau de Goyo autour de son cou. Ses nattes rouge sang, sa peau métissée et son teint halé évoquaient son afféterie, mais sa mine sombre, ses prunelles pénétrantes et son bras gauche en écharpe en disaient beaucoup sur son humeur du moment. 

 Xoneineim esquissa un sourire à la commissure de ses lèvres brûlées. Il aimait ce regard mêlant haine et détermination. 

 Le Deikh marcha d’un pas mesuré et d’un œil méditatif sur ces lueurs dorées qui tapissaient les murs et les rondes de divans : les grandeurs royales lui manquaient. Installé sur son sofa central perforé par les piques de l’armure qu’il ne quittait quasiment jamais, Xoneineim l’observa s’avancer jusqu’à la roche radar.

 Le plateau strié de vagues de cercles concentriques vibrait d’ondes et laissait échapper quelques chuintements. Il repérait quelques points rouges et dessinait les contours de l’archipel. Le Larj y avait déposé des rangées de pions noirs issus du gozdanz pour marquer le front ennemi, face à des pions laiteux pour ses croiseurs et des statuettes plus imposantes pour représenter les arches sous sa coupe. Kalah observa le jeu et remarqua une bande jaune tracée à la craie à l’extrémité gauche. « D’abord votre rapport, je vous parlerai de ça ensuite », concéda le Larj, qui suivait les errements de son Deikh avec attention. 

 – Vos talents de stratèges sont indéniables, mais pourquoi tourner le dos aux fenêtres après avoir passé tant de temps à mettre en place ce... schéma. 

 – Car j’attends d’abord votre rapport, répéta le Larj.

 – Oui, excusez-moi, dit le Deikh Oberzheim en effleurant les pions avazen de la paume de sa main. Suän Or est un archipel plus fracturé que je ne le pensais. Lorsque nous avions débarqué sur... c’était quoi déjà – Le Deikh leva un instant les yeux pour chercher ses mots –... Ah oui, Tabantz ; les anges étaient déjà au courant de notre venue et préparaient une mission pour contrecarrer notre invasion. Seulement, ils sont tombés sur un problème de taille.

 – Plaît-il ?

 – En les suivant dans leur expédition, nous avons réussi à amputer leur groupe au trois-quarts. Tout ceci semblait mal préparé, d’autant qu’ils auraient été trahis par les leurs.

 – Une histoire redondante jusque-là…

 – Nous avons mis la main sur six de leurs hommes : un était déjà mort quand les autres veillaient à ses côtés, séparés du reste du groupe. Nous les avons capturés et les avons punis en conséquence pour leur résistance à divulguer des informations – L’œil droit du Larj, encastré dans sa spirale de chairs boursouflées, se mit à luire et renvoyer l’éclat soudainement pétillant dans le regard du Deikh Oberzheim –. Mais ils ont fini par parler : il se trouve qu’ils devaient être appuyés par une armée conséquente des territoires au nord de l’île, mais cette armée n'est jamais venue.

 Xoneineim baissa les yeux sur la roche radar et inspecta les pions noirs. D’une voix éraillée mais enthousiaste, il dit :

 – Je comprends... Cette armée avait mieux à faire.

 – Exactement. Il est bon de penser qu’hormis la protection des grandes cités, l’essentiel de leurs bastions se trouve en face de nous. 

 – Une idée intéressante. Mais, dites-moi, leur expédition, c’était dans quel but ?

 – Nous avons eu du mal à récupérer cette information, mais, à force d’abnégation, les prisonniers ont fini par dire tout ce qu’ils savaient. 

 – Je n’aime pas le suspens, Kalah, abrégez.

 – Ils se rendent dans les profondeurs de l’île, là où se trouvent les démons, pour activer un bouclier.

 – Un bouclier ? répéta le Larj, incrédule.

 – Il semble, en effet, que cette île recèle de trésors. Notre armée est à leur poursuite et ce sont le Deikh Shrïn Nemara et le Meid’Deikh Ryzmo Urka qui la cornaquent. Le dernier message de mon frère d’arme indiquait qu’ils ont franchi les défenses d’une horde de sauvages qui gardait précieusement l’entrée du territoire ciblé. Quatre-vingts de nos hommes qui ont survécu à la bataille s’occupent de pacifier la zone sous la houlette de Ryzmo et un groupe mené par Shrïn et son second, Malaz, suit à la trace l’escouade ennemie. En face, ils ne sont que cinq ou six. Ils ont déjà perdu.

 – Avec Malaz dans les rangs, je ne me fais pas de souci, concéda le Larj dans un sourire de plus en plus terrifiant, avant de se lever. 

 Les pièces de son armure cliquetèrent entre elles dans le mouvement. 

 Xoneineim fit le tour de la ronde de divans et se rapprocha de la baie vitrée. L’étendue de Suän Or et sa ligne de défense rayonnante lui firent face. Depuis l’aube, il se remémorait son passé, lui le souverain de feu la nation de Xo, devenu simple duché depuis sa défaite lors de la lutte des Nations. Lui qui avait fui les flammes, traversé l’océan et rencontré mille et un visages. Lui qui avait rallié le peuple avazen et en était devenu un des plus hauts gradés. Lui qui était revenu sur les terres de sa patrie pour assouvir sa vengeance. Chose faite, il était maintenant temps de livrer une énième bataille, pour une énième conquête, et affermir son nom dans l’histoire. Sa vie était destinée aux exploits.

 Kalah se joignit à sa contemplation. Xoneineim se tourna vers lui et demanda :

 – Et en attendant, quel est votre plan ?

 – J’attendais que vous me le demandiez – Kalah afficha un large sourire –. À mes yeux, il y a deux solutions et, je dois avouer, j’ai un intérêt supérieur pour la deuxième, malgré le sacrifice.

 Le Deikh fit quelques pas devant la vitre perchée dans le ciel. Son regard se balada d’un navire ennemi à l’autre. À l’arrêt, ils attendaient toujours le signal. Kalah continua :

 – Dans les deux cas, mon objectif est le même. Tabantz est la capitale du Duché au sud-est de l’île et elle est ouverte sur la mer. Trois arches et leur équipage suffiraient à faire son siège, peu importe la résistance que nous rencontrerons. Mon but est de conquérir cette partie de l’île et ensuite, tout dépendrait du Deikh Nemara.

 – C’est-à-dire ?

 – Soit Shrïn parvient à enrayer l’action des anges, le bouclier ne s’active pas, et nous massacrerons tout le monde.

 – Soit ?

 Le Deikh s’arrêta et fixa son chef :

 – Soit Shrïn est vaincu, le bouclier s’active et je prendrais cette population en otage.

 – Parfait... Vraiment parfait. Je vois en vous un chef de guerre, prêt à tous les sacrifices et c’est ainsi que l’on parvient à accomplir de grandes choses – Xoneineim posa sa main gantée sur l’épaule du Deikh – mais deux détails restent à régler, comme : comment allez-vous convaincre votre nourrice de continuer la mission ?

 Kalah mit du temps à trouver ses mots, surpris par la perspicacité de son chef. 

 La main gantée glissa de sa large épaule et le Larj se détourna vers la partie gauche de la baie vitrée. D’un geste de la tête, il somma à Kalah de l’enjoindre. 

 Ce dernier, sourcil froncé, suivit le Larj qui présentait son dos plein d’épines. Arrivé à la bordure qui pointait vers l’est de l’Orr Ozfazi, il tendit une main vers le grand large. « Que voyez-vous ? », demanda-t-il sur un ton posé. Kalah se rapprocha de la vitre et plissa les yeux, derrière les reflets de l’océan chaleureux, aux abords des nuages bas et cuivrés, d’innombrables scintillements formaient une nouvelle ligne de front dont on ne voyait pas les bords.

 – Quel est ce miracle ? Demanda le Deikh, étonné et enjoué.

 – Ils sont arrivés.

 – Qui ?! Ne me dites pas que...

 – La flotte d’Avaloz est là. Elle patiente, observe la suite des évènements.

 – C’est... c’est magnifique ! Tout bonnement magnifique. 

 – Qu’est-ce qui vous rend si enthousiaste ?

 – Ça répond à votre première question. 

 – Oh, très bien... Et ma deuxième est : comment comptez-vous rejoindre cette cité de Tabantz, sachant que vous n’êtes qu’un simple Deikh et que vous n’avez pas le pouvoir de commander plusieurs arches à la fois.

 Kalah se retourna. Son large sourire n’avait pas faibli :

 – Vous connaissez déjà la réponse.

 Le Larj se gaussa. 

 Puis il y eut un temps de silence. Xoneineim contempla de nouveau les multiples chemins qui s’offraient à lui. Finalement, il demanda :

 – Et avez-vous déjà réfléchi à votre futur titre ?

 – Oui... Kalhazer...

 Sérieux et déterminé, comme s’il avait toujours eu cette idée en tête, le Deikh avait pris son timbre le plus grave. Il continua :

 – ...Il faudrait ensuite que vous passiez deux annonces une fois que j’aurais quitté cette audience – Le Deikh Oberzheim s’éloigna de la baie vitrée et s’arrêta près de la roche sonar où le  Larj avait schématisé les forces en présence. Il avança trois statuettes sur la ligne de front et fit coulisser celle qui représentait la Berosswald vers la gauche. L’arche miniature se faufila derrière ses consoeurs et prit la direction de cette bande jaune qui représentait donc la surveillance des Avaloziens –. Je pense que la première annonce débutera la bataille. Quant à la deuxième, avec votre aval bien entendu, elle m’adoubera et fera de moi une personne à part entière.

 Le Larj prit le temps d’appréhender ces mots. Kalah montrait une détermination sans faille, en passe de le convaincre :

 – Intéressant... Quel intervalle souhaitez-vous entre les deux annonces ?

 – La première quand j’aurais décollé de votre arche. La deuxième après avoir assouvi un léger plaisir sur la Berosswald. 

 Les dents aiguisées du Larj crissèrent. 

***

 Le dilidjetta fila entre les mâts de la Noneimwald, survola le bras de mer qui le séparait de la Berosswald et amorça sa descente sur l’arche.

 – Tu es sûr que ton plan va marcher ? demanda Xhilna en maniant la barre avec vigueur.

 – L’annonce que passera le Larj nous permettra de sortir de la zone de combat, répondit Kalah, qui desserrait de sa main valide les cordages. Une fois que nous serons à bonne distance, nous prendrons un croiseur et dirons au revoir à cette croisade. Si j’ai bien calculé, une flotte de mon frère s’achemine à une centaine de lieues d’ici.

 Xhilna pencha la tête pour sonder le regard de son protégé. Elle ne savait toujours pas si elle pouvait lui faire confiance.

 – Est-ce que Hanän a accompli sa tâche ? demanda le Deikh en plongeant son regard affable dans celui de sa protectrice.

 – Je n’ai pas de nouvelle d’elle, est-ce si important pour toi ?

 – J’aimerai faire quelque chose pour quelqu’un, avant de prendre le large.

 Xhilna savait de quoi Kalah parlait et se crispa. 

 En contrebas, pendant que le reste des troupes dansait sur le pont à travers la liesse sonore, les élites de la Berosswald attendaient de les réceptionner. L’arche présentait sur ses voiles les symboles à l’effigie des Deikh Kalah Oberzheim et Shrïn Nemara : Les quatre sabres en losange de la capitale d’Alixen, encerclés par le serpent-dragon du pays de Doa, le tout sur un fond marbré.

 Kalah leva les yeux aux divers drapeaux flottant au vent et souffla, nostalgique. « La fin de quelque chose », conclut-il pendant que le voilier des airs achevait son atterrissage près de la tanière de la grande voile. 

 Les guerriers avazen, affublés de leur tenue de combat, aidèrent le chef et sa suivante à descendre du petit navire des airs. L’un d’eux s’empara du roggarhummer pour le remettre à Kalah. Il enfonça sa main droite dans le canon ganté et sa jovialité disparut au profit d’un regard noir. 

 – Est-ce que tous les esclaves sont dans leur cellule ?! tonna -t-il.

 – Oui mon Deikh. Les ordres de Dame Xhilna ont été scrupuleusement respectés, rapporta un garde petit et ventru à qui il manquait les dents du haut.

 – Et où se trouve Hanän ?! éructa Xhilna. 

 Les hommes se regardèrent, sans réponse.

« Avazen ! Nouveau commandement. Que les chefs de bord traduisent en Dikkèn et dans les dialectes des Sabilotot[1] », résonna soudainement la voix concave du Larj Xoneineim à travers les cryptomicrons de tous les navires. 

 Qu’ils comprennent ou non, tous les Avazen se mirent à scander leur ferveur dans une gronde commune. Ils levèrent les armes au ciel, prêts pour une nouvelle épopée. « Que les arches Nerosswald, Gunosswal et Moldowald s’avancent sur la ligne de front et que l’arche Berosswald traverse l’ouverture pour partir à l’est ! ». Les hommes à bord de l’arche du Deikh Oberzheim crièrent deux fois plus fort. L’excitation était à son paroxysme. Hormis le petit ventru, les gardes en profitèrent pour s’éclipser, évitant par la même occasion le courroux que leur préparait Xhilna. « Que les arches Fozomwald et Urobosswald le suivent dans sa mission. Hommes et femmes de l’armée de Xoneineim, sortez vos armes, la danse va commencer... »

 Dans un crachin sonore, la diffusion s’arrêta sur toutes les ondes.

 – Xhilna, prend le poste de commande, ordonna Kalah. 

 – Et toi, que comptes-tu faire ?!

 – Tu le sais déjà, répondit sèchement Kalah en s’éloignant.

 Xhilna fronça un peu plus les sourcils. L’humeur de Kalah avait totalement changé depuis l’atterrissage. 

 Ce dernier s’enfonça dans la cité flottante jusqu’à rejoindre les cales. Il pénétra l’obscurité, un large sourire sur ses lèvres gercées par le vent marin, et après moult détours, il bifurqua dans une allée de geôles. Son objectif était atteint. Il avait convaincu Xoneineim de le nommer Meid’Larj et l’annonce résonnerait bientôt sur toutes les arches. Une fois chose faite, il ne lui resterait plus qu’à se défaire de Xhilna et la séquestrer dans ces cages. Excédé par cette pseudo-protectrice qui lui sapait le moral, il s’imagina bientôt libre de faire ce qu’il voulait, libéré des jérémiades de la guerrière d’Er Zfrazim.

 À l’instar de ce qu’il s’apprêtait à faire, il jubilait d’avance. Son regard malsain se posa sur chaque visage paniqué des hommes et femmes enchaînés.

 Dans un puissant bourdonnement il perçut à l’oreille l’entrelacement des rouages. La Berosswald débutait sa rotation vers l’est. 

 La première secousse lui fit perdre légèrement l’équilibre et il plaqua son arme contre un des barreaux. Les captifs regardèrent avec stupeur la gueule agressive du canon ganté, prête à engloutir la ferraille entre ses crocs. « J’arrive mon petit, j’arrive », s’esclaffa Kalah en se redressant.

 Il pressa le pas et arriva au bout de l’allée. « Non !!! », cria-t-il. Les prisonniers sursautèrent.

 Jorïs n’était pas dans sa cellule. 

 Le Deikh décrocha sa cyptoradio de poche de sa ceinture, tourna la molette sur l’onde “5.33” et s’emporta :

 – Hanän !!!

[1] Sabilotot(z) : cf. Glossaire/Expressions. Un terme dikkèn qui désigne un individu intégrant les rangs avazen, qui débute les formations militaires ou qui ne maîtrise pas encore d’autres formes de langages plus communs (comme le dikkèn) en dehors de son dialecte natal.

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