Chapitre 56 : Avant la tombée du jour

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À court de munitions, les vaillants survivants de l’escadron volant repartaient un à un en direction des côtes, pour un dernier retour. Une bonne partie de la journée, ils avaient endigué l’avancée des arches et des navettes avazen, mais ils déploraient à présent trop de pertes. Maintenant que leur tâche touchait à sa fin, la défense de l’île du nord prenait un nouveau tournant. 

 Avant qu’ils n’atteignent les derniers remparts maritimes, constitués des caravelles et des esquifs de reconnaissance et de sauvetage, les croiseurs avazen ornés de piques menaçantes tout autour de leur chaloupe boisée devaient se confronter au barrage d’une cinquantaine de navires de la Milice de Talèn, dont les calottes lactescentes renvoyaient les rayons solaires au point d’aveugler les envahisseurs. 

Aussi avait-on transporté des obusiers sur des caradjettas de marchands pour les avancer jusqu’au rivage, mais même un enfant comprenait que leur utilité serait limitée une fois les arches ennemies à l’accostage. Le rapport de force restait disproportionné, et l’espoir mince. 

En ville, les rues désertées attendaient leur sort. 

En compagnie des civils qui voulaient être témoins du champ de bataille, les pontes de l’état-major s’étaient réunis dans l’amphithéâtre à ciel ouvert qui faisait face à la mer. Entre incompréhension et mélancolie, ils observaient la fronde barbare s’approcher. C’était la première fois que Suän Or faisait face à une attaque extérieure de cette ampleur. 

La terreur s’immisçait sous le ciel teinté de pourpre.

Au cœur de la cité, la demeure du Duc était vidée de ses occupants, partis faire la guerre ou se retrancher dans les terres. Seul le No Jatalèn avait décidé de rester et, sur son toit aux jardins luxuriants et aux balcons sertis d’enjolivures, il dominait la scène. Derrière lui, le bloc rocheux aux sédiments vermeils et la forteresse coulée dans le même bronze que son palais assuraient de contenir un temps de plus l’invasion, si jamais Mannfratt tombait.

Sous les yeux du souverain, les croiseurs de chaque camp entrèrent en collision. Canons ajustés, les coques et les mâts étaient visés et les navires de sa ligne de défense furent rapidement dépassés par la puissance ennemie. Les équipages barbares projetaient des câbles perforant les coques et débutaient l’abordage, tandis que certaines caravelles commençaient déjà à couler.  De sa distance, le Duc n’arrivait pas à discerner le destin des tombés à la mer, mais ils ne pouvaient imaginer autre chose qu’un funeste écueil. 

De ses doigts fins et craquelés, il se peignait nerveusement sa longue barbe grisâtre qui descendait jusqu’à sa toge en airain et, parfois, il fermait les yeux par une mine solennelle lorsqu’une vision lui paraissait insoutenable. Paupières closes, seuls les fracas répétés des impacts de boulets canons et les détonations plus rares des explosions le ramenaient à la dure réalité.

Il baissa les yeux vers le parterre en dalles de pierres brunes et sa main empoigna la cryptoradio qu’il avait précieusement gardée. Il la porta doucement à sa bouche, tournant de son pouce la molette jusqu’à entendre un cliquetis plus fort que les autres. « Loän… Ici Guy… », le Duc de Talèn attendit que le grésillement s’arrête, le souffle court.

 – Ici Loän, je vous écoute, confrère, répondit le No Jagolèn dans un écho.

 – La situation est critique à Mannfratt… Notre cité tombera avant la tombée du jour et toute notre défense se trouve sur le front. Une fois que les Avazen passeront, nos terres seront à leur merci et j’ai bien peur que les vôtres suivent.

 – Les envahisseurs ne comptent pas attendre la chute de Mannfratt. Nos éclaireurs ont repéré trois arches avazen en déplacement près de nos côtes. 

 – Et pour Mannantz ?

Le Duché d’Uvulèn guerroie depuis trois jours déjà et les troupes ennemies parviennent à traverser les chaînes montagneuses qui bordent la cité, mais, bien entendu, le No Javulèn assure que tout est sous contrôle. 

 Le No Jatalèn se figea un instant. Il pensa que, même dans l’horreur de la guerre, le Duc de Golèn savait garder sa verve et son calme : le disciple du chancelier avait bien appris de son maître. Cependant, il n’avait pas répondu à la question qui lui taraudait l’esprit.

 – J’imagine toutefois que ce n’est pas l’objet de votre appel, devança-t-il comme s’il avait lu dans ses pensées. Regrettez-vous de ne pas avoir cru en ma mission ?

 – Les regrets viendront si je suis encore en vie demain. Mais… On m’a prévenu récemment que tous nos dépêchés ont disparu. Je crains que votre mission ne soit un échec, mais je ne vous en tiens pas r’…

 – La mission n’est pas terminée. Ils sont en ce moment-même dans le berceau, ce n’est plus qu’une question de temps avant que Suän Or soit réactivé.

 – Pourquoi restez-vous confiant ? Êtes-vous au courant d’une information que je n’ai pas reçue ?

 – Je suis confiant car c’est dans ma nature. Et, sans aucun désir de vous l’avoir cachée, je pense avoir une information que vous n’avez pas. 

 Une détonation interféra dans la discussion. Au loin, un paquet que les envahisseurs appelaient une “gozbum” venait d’exploser à bord d’une caravelle, brisée en deux par le souffle et la déflagration. « Guy ? », s’inquiéta le No Jagolèn à la cryptoradio. « Je suis là… Plaît-il ? », le No Jatalèn leva ses yeux tremblants au ciel et inspira un grand coup. Ses prunelles d’un bleu habituellement éclatant se chargèrent d’une aura sombre. À travers les grésillements, il entendit le Duc de Golèn se racler la gorge avant de reprendre :

Vous devez savoir que l’astre qui nous accueille est gigantesque. Si peu de continents ont survécu au Legènhant, les navires-mondes ont permis à de nombreux humains de revenir à la surface.

 – Je n’ai pas le temps pour les cours d’histoire, Loän…

Pourtant, l’Histoire peut aujourd’hui vous sauver. Sur cette planète, il y aurait actuellement un milliard d’hommes et de femmes, parmi lesquels se cachent un demi-million d’humarions. Il est déjà bon d’avoir quelques-uns de ces êtres exceptionnels parmi nous.

– L’Orr Ozfazi regorge d’humarions, ça n’empêchera pas les Avazen de piller notre île.

 – Parmi ce demi-million d’humarions, une cinquantaine sont des Juggerz, continua le No Jagolèn sans se laisser perturber par le scepticisme de son alter-ego. Soit des êtres dotés de pouvoirs uniques qui peuvent renverser le cours de l’Histoire.

 – Où voulez-vous en venir ?

 – Au-dessus des Juggerz existent des créatures qui font bien plus que renverser le cours des événements. Ils les créent, les contrôlent et y mettent fin si nécessaire. Et ils ne sont que huit.

 L’explosion d’une autre gozbum résonna jusqu’au cœur de la ville. 

– Et vous pensez qu’ils ont quelque chose à faire de notre archipel ? Vous m’aviez dit que celui qui résidait ici avait repris son envol…

Pour mieux revenir. Une fois qu’il sera là, Suän Or sera sauvé. L’armée avazen ne sera plus qu’un jouet entre ses mains et nous serons alors témoins de la puissance absolue d’un Aènjugger. Mais en attendant, j’ai donné les clés de notre mission à un Jugger exceptionnel et une jeune humarion qui attise la curiosité de bons nombres d’êtres puissants

 – J’ai entendu “bon nombre” de fois parler du Jugger en qui vous avez donné une confiance déraisonnable, il a contribué à nous faire douter sur le bienfait de cette expédition.

 – Je ne vous en veux pas et je ne vous en voudrais pas. Considérez que si Suän Or tombe aux mains de l’ennemi, ce sera entièrement de ma faute.

 – Vous avez donc confiance à ce point…

 – Entièrement.

***

 Bien que le cortex soit plus accueillant que les catacombes, ses visiteurs n’avaient pas fini de sursauter face aux nombreuses secousses qui déplaçaient les blocs de la structure. Il fallait aussi éviter les trous qui se formaient entre deux rotations du plancher et traverser à la hâte les pièces où des Hantz aux aspects arachnéens s’affairaient à protéger des rangées de cocons – Comme dans les souvenirs de Lonka, la plupart étaient vides et éventrés –.

 En constant mouvement, le cortex semblait décider par lui-même de qui avait le droit de s’approcher du centre. 

 Sans carte et sans lampe torche, avec le seul éclairage des fissures, Lonka, Bojän et Irina avançaient avec la boule au ventre et la peur d’être déjà morts, perdus à jamais dans les profondes nébuleuses de Suän Or. Les lumières d’un bleu aussi intense que glacial parcouraient les stries organiques qui pâtissaient les murs comme s’ils suivaient le cortège dans sa miséreuse expédition. Arme à la main, la capitaine, qui tentait de déchiffrer les esquisses le long du chemin, s’épanchait beaucoup moins sur ses états d’âme que ses deux subordonnés. Les fresques qu’elle observait décrivaient quelques scènes d’un gigantisme perdu, des schémas que Lonka avait pu voir quasiment à l’identique dans le berceau de Nygönta. Elle préféra toutefois garder ses hypothèses pour elle, appréhendant une quelconque réaction agressive d’Irina si on osait la contredire sur ses impressions. 

 – Vous avez une idée de ce que ça représente, Capitaine ? demanda finalement le milicien Biaz.

 – Tu te rappelles des histoires que l’on te racontait petit, Bojän ? répliqua Irina, sans quitter les fresques des yeux.

 – On ne m’a pas raconté plus d’histoires que ça à l’orphelinat.

 – Ah… certes – À l’écoute de la discussion, Lonka fit de gros yeux ronds en apprenant le passé de son compagnon d’aventure –. Moi, on m’a raconté que, il y a très longtemps, les Hommes étaient amis avec des Titans et ils construisaient ensemble des Navires-Monde. Lorsque nous avons trahi les Titans, ces derniers ont lancé une apocalypse et le monde de l’époque a complètement disparu. Je me rends compte maintenant que nos conteurs d’histoire se basaient sûrement sur ces dessins.

 – Alors, ce serait vrai ? interrogea Lonka.

 – Aucune idée, mais si les Hantz existent, pourquoi pas les Titans ?

 Derrière le trio, une ombre fila au bout du couloir, traversant l’embranchement d’où ils étaient issus. 

 – Je crois que je viens de voir passer Deön ! s’exclama Bojän. Ou alors c’est Gojïn ? Eh ! Y a quelqu’un ?

 – Ne crie pas, feula Irina, ça se trouve c’est un de ces Hantz... ou pire, un de ces barbares.

 Bojän fixa le fond du couloir, penaud. 

Quelques échos résonnèrent. 

Beaucoup d’individus arpentaient çà et là les couloirs, mais pour une poignée d’alliés, c’était une multitude d’ennemis qui pouvait surgir à chaque détour. Des cris indiquaient des rencontres funestes, alors Bojän et Lonka priaient pour ne pas reconnaître la voix d’un de leurs amis.

Le bruissement d’un laser parvint jusqu’aux oreilles de la fille-méduse. Alors, il est déjà là… Elle pensa aussitôt à ce Shrïn, responsable de tous ses maux. 

 « Toujours rien ? », demanda la capitaine en se tournant subrepticement vers Lonka. « Toujours rien », affirma cette dernière, la mine basse. Se retenant de faire une remarque cinglante, la capitaine déposa sa lankoroi à terre et retourna à ses déchiffrages. « Attention, collez-vous aux murs ! », ne put s’empêcher de crier Bojän lorsqu’il sentit des mouvements au sol. Aussitôt, elles suivirent sa démarche, inspectant d’un regard alerte cette nouvelle action d’un berceau plus vivant que jamais. « Bojän, c’est toi ?! », un faible écho appela le milicien. Il reconnut aussitôt la voix de Gojïn.

– Gojïn ! C’est moi ! T’es où ?

Irina jeta un regard noir à sa sentinelle. Si Gojïn pouvait l’entendre, alors nul doute que les vils barbares aussi. 

Bojän comprit aussitôt et se tut, mais il était trop tard : un râle rauque s’éleva dans les artères du cortex. Instinctivement, Lonka, Bojän et Irina se tournèrent vers l’autre bout du couloir. 

Quelque chose approchait.

Ils virent d’abord un long et large appendice noir surgir de l’embranchement. La fente se leva et s’écrasa sur le sol avec vigueur. Le trio d’aventuriers se figea. Le pylône en mouvement était scindé en deux, muni d’une articulation pour rallier ses parties entre elles : c’était une patte.

Lentement, l’Hant se dévoila. 

Dans la pénombre, ils eurent du mal à le distinguer, mais comprirent rapidement à quelle partie du corps ils avaient à faire lorsqu’il tourna ses trois rangées d’yeux rouges vers eux. Une douleur pulsa dans les tentacules tronqués de Lonka, remontant jusqu’à sa nuque. 

À mesure que la bête s’approchait, des battements de plus en plus intenses martelaient le crâne de la fille-méduse. Irina se recula vers ses subordonnées et tendit ses bras en croix dans un geste de protection. Son arme était posée près de la paroi opposée et elle n’avait plus le temps de la récupérer. Elle s’en voulait de ne pas avoir réagi plus tôt.

– Rappelez-vous, ils sont censés être de notre côté, dit-elle sèchement alors que ses yeux palpitaient. 

Elle voulait croire en ses mots, mais le monstre chimérique était impressionnant. Imposant au point de quasiment obstruer le passage, il se déplaçait sur ses quatre bras d’acier qui pouvaient se contorsionner pour épouser les formes de l’artère. 

À présent dans la lumière des fresques, il présentait nettement son crâne plat et aussi large que son abdomen. L’éclaireur mécanique avançait avec le corps penché vers l’avant pour que ses yeux regardent autre chose que le plafond. En l’occurrence, les globes rougeoyants se dirigeaient tous vers Bojän. « Je… je crois que je ne me sens pas bien », nauséeux de s’être mué en proie, il se plaqua de nouveau contre la paroi, où ses jambes se dérobèrent. Lonka et Irina se détournèrent un instant pour s’enquérir de leur camarade, fiévreux et à genou.

– Il… il va me tuer, c’est fini pour moi.

– Il ne va rien te faire, Bojän, rassura en vain Lonka. Je… je t’assure qu’il ne va…

Et le monstre s’approchait, fort et menaçant, sa présence coupant ses dernières paroles. Était-elle si sûre que ça que les Hantz étaient leurs alliés ? Qu’allait-il se passer une fois la bête à leur hauteur ?

La chimère émit sa complainte rauque une fois devant eux. 

Lonka, Bojän et Irina retinrent leur souffle. 

Les yeux au milieu du crâne fixèrent Bojän avec plus d’attention encore. Ses pattes arrières se redressèrent et les pinces à leur extrémité agrippèrent les tuyauteries. La tête, de la taille de Lonka, s’éleva à son tour pour dominer les intrus. Bojän agrippa l’épaule d’Irina, surprise par ces manières tactiles que le milicien ne se permettait pas usuellement. « Capitaine, fuyez… Il est là pour moi. ».  La machine râlait et déglutissait au fond de ses entrailles, comme alléchée par ce butin effrayé. 

Irina saisit la main de son compagnon d’infortune et la serra chaleureusement. « Nous n’abandonnerons plus personne ». Bojän se tétanisa un peu plus encore, lui qui n’avait jamais vu la capitaine donner son attention de la sorte.

L’Hant observa l’action et déplaça sa première rangée d‘yeux vers la fière milicienne au teint hâlé. 

À son tour, Lonka s’agenouilla à côté de l’homme à la peau ébène et entoura son cou de ses bras. « S’il vous plaît, ne le touchez pas », insista-t-elle. Comme si la machine pouvait comprendre la situation, elle oscilla son regard entre les deux femmes. 

 Un râle plus étouffé s’éleva. 

L’éclaireur mécanique donna l’impression d’exprimer ses doutes. Irina et Lonka froncèrent les yeux. Bojän avait beau trembler comme une feuille, son agresseur n’avait toujours pas attaqué. 

 Il hésitait. 

 Une explosion retentit dans un couloir adjacent. Les murs tremblèrent et les explorateurs perdirent l’équilibre. « Mais c’est quoi ce bordel ?! », cette fois, c’était la voix de Deön qui parvint tel un écho aux oreilles du trio. L’Hant se dressa dans une posture plus menaçante encore, mais dans un sifflement d’incompréhension, il déporta son regard vers l’embouchure qu’il avait traversé.

 Lorsqu’une deuxième explosion retentit, secouant des trombes de poussière, le gardien chimérique poussa un cri plus strident et se détourna du groupe. À grandes enjambées, il traversa le couloir et bifurqua. 

 À terre, Bojän, Irina et Lonka toussèrent et crachèrent des volutes de cendre qui tentaient de pénétrer dans leur gorge. « Que vient-il de se passer ? », s’interrogea cette dernière, paniquée. L’odeur âcre et l’air suffocant piquaient les yeux comme les narines. 

 La capitaine se redressa la première et sonda le chemin que l’Hant venait d’emprunter. En pleine réflexion, elle dit :

 – Je ne suis pas sûre de ce qui vient de se passer, mais je crois que je viens de comprendre quelque chose.

 Ses camarades attendirent la suite des explications, silencieusement interloqués.

 – Les Hantz ne sont pas les alliés de l’escouade, continua la capitaine. Par contre, il semble qu’ils le soient pour les humarions.

 – Comment ça ? questionna Bojän entre deux toux. Tu veux dire qu’ils arrivent à différencier un humarion d’un humain ?

 – On dirait bien. En tout cas, à l’inverse des humains, si les humarions n’attaquent pas, ils ne vont pas leur sauter à la gorge. Ce qui expliquerait beaucoup de choses qui me semblaient… illogiques.

 Lonka et Bojän retrouvèrent un brin d’enthousiasme à l’écoute de ces informations. Ils voulaient croire en la perspicacité de leur capitaine. 

 – Du… du coup, on fait quoi maintenant ? demanda Bojän avec plus d’allant.

 – Lonka, les voix ?

 Cette dernière baissa à nouveau les yeux au sol.

– Très bien, dans ce cas… – Irina ramassa sa lankoroi et fit quelques pas vers le fond du couloir – Nous allons suivre ce monstre à la trace.

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