Chapitre 69 : Si je devais être un sligre
Les lunes tombaient une à une. Un ciel de feu marquait l’aube naissante.
Les miliciens avaient réinvesti la terrasse du palais et observaient ce mauvais présage comme la plus belle chose qu’ils pouvaient distinguer après une nuit de luttes incessantes.
À leurs pieds, trop nombreux étaient les corps qui gisaient. Certains semblaient intacts, mais il en réchappait une odeur de cramé nauséabonde. D’autres avaient été perforés ou tranchés par les lames et formaient une fresque de visions horrifiques. Les miliciens les plus endurcis se chargeaient de compter les victimes des deux camps. Des cris de rage et des sanglots s’élevaient par moment et, au milieu de cette hécatombe, le No Jagolèn s’était avancé jusqu’à la bordure pour contempler la suite des festivités :
Une rangée de guerriers avazen avait pris place sur le port. Ils n’étaient pas loin d’un millier à s’être rassemblés dans les bas quartiers en ruine, attendant sûrement que leur chef donne l’assaut et, derrière eux, deux des trois arches monstrueuses occupaient l’estuaire, gigantesques et menaçantes.
« Et de cinq ! », la voix de Gojïn s’élevait en même temps qu’il apportait un nouveau tonnedjetta. Alors que les Avazen avaient décidé de se retirer des jardins du palais ou de fuir les barricades formées par les troupes au sol, un plan de secours s’organisait pour se sortir de ce bourbier.
– Que souhaitez-vous faire, mon Duc ? demanda Irina Morgän en s’approchant du No Jagolèn.
Ce dernier tourna les talons vers elle et baissa les yeux sur la flèche logée dans sa poitrine.
– J’ai vraiment une chance inestimable de vous avoir auprès de moi, Capitaine, mais peut-être serait-il temps pour vous de soigner cette blessure...
– Je crains de ne pas avoir le temps, du moins pas avant que l’ennemi ne batte retraite.
– Ils ne battront pas retraite, rétorqua Deön, faisant irruption dans la discussion. Cependant, j’ai un plan, à condition que votre savoir ne vous fasse pas défaut.
– Plait-il ? entonnèrent en chœur la capitaine et le Duc.
– Si nous parvenons à réactiver les obusiers, nous aurons peut-être une chance de faire couler ces arches, du moins les deux qui barbotent près de nos côtes. Mais pour ce faire, il doit bien y avoir une base de contrôle cachée sur Tabantz.
– En effet...
Le No Jagolèn se tourna de nouveau vers l’horizon et pointa le District de la Milice du doigt avant de continuer :
– Elle se trouve là-bas, tout simplement. Maintenant, comment comptez-vous passer derrière la ligne de front ennemie ? Je ne pense pas qu’ils vous laisseront passer bien gentiment.
– Et je n’ai pas le temps de leur demander, c’est notre seule chance, alors...
« Capitaine ! », cria Bojän, enjambant les cadavres en compagnie de Perra et Lonka. « Capitaine ! Deön ! J’ai quelque chose... Enfin, Perra a quelque chose d’important à vous dire. », ils arrivèrent à hauteur du groupe. D’un geste accueillant, le No Jagolèn exhorta la milicienne à parler. Perra s’avança et dit :
– Il y a quatre jours, des Avazen sont arrivés à Tabantz à bord d’un navire marchand. De ce que le milicien Bojän Biaz m’a dit, il s’agirait des chefs de l’armée ennemi. Or le bateau se trouve toujours ici, sur la rive nord du port.
– À quoi il ressemble et où se trouve-t-il exactement ? demanda Irina en fronçant les sourcils.
– C’est une longue chaloupe avec une grosse coupole qui dépasse des bords sur la partie avant. Vous ne pouvez pas le louper, il y a plein de tissus et plein de couleurs qui ornent sa coque et il se trouve dans la crique pour les arrivages du quartier des anges.
– Quel joli nom, ironisa Deön. Si ce navire est encore là, il y a fort à parier que les commandants responsables de tout ce vacarme s’y rejoignent. Donc, il faudrait que dans la prochaine grada on réactive les obusiers, neutralise les généraux ennemis et surtout qu’on en finisse avec les bombardiers à voile qui occupent l’estuaire. Je sais que je peux aller aussi vite que...
– Je me rend au District, coupa Irina. Je pense que c’est la dernière chose que je pourrais faire dans cette bataille, alors je n’oblige personne à me suivre.
– Bien au contraire – Le No Jagolèn se tourna vers la terrasse et haussa la voix – Que tous les miliciens suivent la capitaine dans sa mission. Notre victoire dépend de sa réussite ! – Le Duc se tourna ensuite vers Deön et Lonka – Sûrement qu’à vous deux, ces chefs de guerre avazen ne feront pas long feu.
Lonka tiqua un instant. Ses tentacules redevenaient flasques et fibreux. Face à sa mine exténuée, Deön lui lança un sourire narquois avant de répondre :
– Je pense même que je n’aurais pas besoin d’elle pour ça, par contre...
« Et de six ! », l’arrivée de Gojïn aux commandes d’un autre tonnodjetta lui coupa la parole. Toutefois, son sourire s’agrandit :
– Lonka, je ne sais pas si tu veux courir ou voler à bord d’un de ces “machins”, mais je vais avoir besoin de toi pour diriger un des obusiers qui se trouve au centre de la ville haute – Il pointa du doigt l’immense structure qui patientait sous les rayons de l’aube enflammée –.
– Ils sont dangereux et si ça se trouve, ils ne sont pas seuls, s’inquiéta la fille-méduse.
– Qu’ils soient deux, dix ou cent, j’en ferai mon affaire. En revanche, je ne peux pas être et au port et dans les hauteurs de Tabantz. Je ne suis pas l’ange du dédoublement.
– Et s’ils ont un moyen de...
– Lonka, j’ai besoin de toi pour utiliser les obusiers. Tu as le pouvoir de le faire, rappelle-toi de comment tu as réactivé l’absorbe-ciel de Talèn. Tout ce qui est issu de la technologie des Hantz, tu peux l’utiliser.
– La technologie ?
Deön roula des yeux. Au regard circonspect des autres, il comprit qu’il était sûrement le seul à connaître ce terme. « J’accepte », affirma finalement Lonka, la flamme de la volonté brillant de nouveau dans ses prunelles rougeoyantes.
– Bien. Et comment comptez-vous vous y rendre ? demanda le Duc.
Deön se tourna vers Gojïn qui alignait son engin volant sur ce qu’il avait déjà remonté. « Il me semble que ça coule de source », répliqua l’Oiseau du tonnerre.
***
Kalah fit glisser ses mains sur l’instrument à cordes.
La dizaine d’hommes et de femmes qui l’accompagnaient s’étaient installés sur les coussins du rond central pour l’écouter jouer. La lueur de l’aube emprunte d’or et de sang se répercutait sur la baie vitrée circulaire et embuait le salon d’une chaleur réconfortante. La Dön Nivaä fut la première à fredonner, rapidement suivie par ses comparses.
Kalah ferma les yeux et se détendit. Sous l’effet de la pilule, son épaule ne lui faisait plus mal. Seul son cœur battait anormalement la chamade. Sûrement était-ce le parfum de la victoire qui l’enivrait.
Soudain, trois coups furent portés sur la grande porte de bois qui séparait ce havre de paix de l’extérieur.
Les Dönz et les guerriers d’élite empoignèrent leur hache, leur glaive ou leur arc et braquèrent les armes tel un seul corps. Seul le Meid’Larj restait impassible, continuant de faire glisser ses doigts sur les cordes tendues.
Elles vibraient au rythme d’une valse mélancolique.
« Vous pouvez baisser vos armes, ce n’est qu’un vieil ami », la voix grave de Kalah apaisa les troubles.
La porte s’ouvrit sur le pont du navire et dans son cadre, les ombres de quatre Avazen apparurent. Lorsqu’ils remarquèrent le cyberponneur porté fièrement à l’épaule du Deikh Shrïn Nemara, les guerriers baissèrent leurs gardes.
Les nouveaux arrivants se présentèrent dans le halo de lumière. Leurs tenues effilées ne cachaient guère la crasse et les ecchymoses.
Le Deikh s’avança en inspectant la pièce, comme s’il cherchait quelqu’un d’autre que Kalah. Ce dernier affichait un sourire, mais les yeux perçants de Shrïn percevaient la crispation sur son visage. « Quel est la cause de cet apparat ? », demanda le grand homme en baissant ses yeux bridés sur l’armure de fer, peinte d’une couleur cyan qui contrastait fortement avec les nattes rouges de son porteur.
Kalah déposa délicatement son instrument sur le sol, se leva et, d’une mimique amusée, ouvrit les bras en signe de triomphe :
– Faites place au Meid’Larj Kalhazer, Deikh Nemara !
Shrïn fronça un peu plus les sourcils, malgré un sourire forcé. Kalah s’approcha de lui et posa ses mains sur les épaules du Deikh. « Avant que le soleil ne pointe haut dans le ciel, nous aurons fait tomber cette belle cité et… », Kalah se tut, remarquant les bandages sur les mains de son camarade. Il fit glisser ses paumes le long des bras de Shrïn et enserra ses poignets pour les porter à son regard :
– La poursuite des anges fut plus rude que prévue, que s’est-il passé ?
– J’ai appris à mes dépends que certaines armes n’avaient pas leur place dans un berceau.
– Et as-tu appris autre chose… dans ce berceau ?
Shrïn marqua un temps d’arrêt avant de répondre. L’attitude de Kalah ne lui inspirait guère confiance : quelque chose se tapissait derrière son timbre de voix anormalement affable.
– Lorsque nous nous sommes quittés, nous nous sommes promis de nous retrouver pour l’assaut final, mon frère. Je suis heureux que cette promesse soit tenue…
– Hmm, ça ne répond pas forcément à ma question – Kalah lâcha les mains du Deikh et se recula. Des gloussements de moins en moins discrets s’échappaient de sa bouche –. Je dirais même que ça ne répond pas du tout à ma question. Non… franchement, Shrïn le perçant a bien dû voir plus qu’une arme dysfonctionnelle dans ce berceau, non ? – Devant l’air circonspect de Shrïn, le Meid’Larj finit par rouler des yeux – Roooh allez ! T’as bien une petite information sur les anges que tu as poursuivis… et qui sont actuellement en ville. Que s’est-il passé ?
– Kalah, qu’est-ce que tu me caches ?
Ce dernier tiqua. La dizaine de guerriers et d’éclaireurs présents observèrent l’échange, interloqués. Kalah reprit un air bien plus sérieux et fixa le Deikh Nemara :
– Pas mal de choses ont changé en deux jours et je ne parle pas que de ma promotion. Nous aurons tout le temps d’en discuter à la fin de cette bataille, mon frère.
Shrïn plongea ses yeux dans ceux de son camarade. Le temps en suspens sembla durer une éternité.
Le Deikh Nemara décida finalement de se détendre. Il fit quelques pas et tapota l’épaule valide de Kalah au moment de le dépasser, puis marcha jusqu’à un coussin imposant et s’affala dessus.
Un sourire se dessina à nouveau sur le visage du Meid’Larj.
– Les seuls survivants du groupe parti dans le territoire des sauvages, ce sont ceux que tu vois ici, dit Shrïn en caressant de ses doigts une flûte traînant sur le sol – Kalah sonda avec un brin d’admiration Hiel et ses compères –. Malaz, la famille Zykzki, les éclaireurs, ils ont tous péri. Nous étions tellement concentrés sur la chasse des anges que nous nous sommes enfoncés bêtement sur le territoire des démons – Le Deikh marqua une nouvelle pause. Il brûlait d’envie de révéler la raison de sa survie –. Disons que ce berceau en était particulièrement fourni.
– Et nos deux amis divins ?
– Le garçon est lié au ciel. Je ne sais pas jusqu’où il est capable d’aller, mais j’ai l’impression qu’il peut appeler le tonnerre, voire le créer. Cependant, il semble très raisonnable dans l’utilisation de ses capacités – Shrïn saisit le joyau de Goyo sur sa ceinture pour attirer l’attention du groupe dessus –. Avec un bon moyen de défense, il serait possible de le pousser à bout. Les anges que nous avons rencontrés ont tendance à vite se fatiguer.
– Il m’a semblé remarquer la même chose. Derrière son petit air orgueilleux, il est du genre à éviter les dommages collatéraux et à beaucoup réfléchir. Cette rencontre dans l'auberge a été riche d’enseignements.
– En effet. – Shrïn se leva en jetant un coup d’œil au roggarhammer posé parmi les babioles – Son orgueil et ses contradictions pourraient le mener tout droit dans notre piège. Par contre… Je n’arrive pas à comprendre la fille.
Kalah fronça les sourcils. Ses principales interrogations resteraient-elles sans réponse ?
Le joyau de Goyo pendant au bout de son collier commençait doucement à vibrer. Le Deikh Nemara sentit la même énergie parcourir sa ceinture.
– Bon, très bien – Kalah se tourna vers son assemblée –. Mes frères et sœurs, il est temps d’activer les cryptomicrons. Faites passer le message. Que la fête commence à Tabantz !
Une légère clameur se faisait ressentir à cette annonce, quand la moitié du groupe sortit de la pièce dans le but d’exécuter la mission – Le cryptomicron de la chaloupe reposait dans la soute –. La Dön Nivaä sortit de la poche de sa combinaison une cryptoradio qu’elle commença à bidouiller.
– Une dernière danse pour la victoire ? demanda Shrïn, un sourire plus sincère au coin des lèvres.
– Une dernière danse pour la victoire, mon frère ! s’exclama Kalah.
Un ombre passa au-dessus de la baie vitrée. Les roches noires vibrèrent de plus belle.
Instinctivement, chacun releva la tête pour observer ce qui se tramait à l’extérieur. L’ombre qui virevoltait ressemblait à un petit engin volant. Kalah plissa les yeux pour tenter d’en distinguer le conducteur. « C’est lui ! », gronda le Deikh Nemara en pointant son cyberponneur vers la mezzanine.
Il commença à appuyer sur la gâchette quand un flash l’aveugla.
Dans un silence de mort, il vit la baie vitrée se briser en mille morceaux, avant que ses tympans n’en perçoivent le coup de tonnerre.
L’engin volant se crasha dans la pièce et rebondit avec fracas jusqu’au stock d’objets sous la mezzanine.
Deön fit irruption au milieu du rond central. La puissance du choc fissura le sol sous ses pieds.
À peine remis de cette arrivée foudroyante, Shrïn et Kalah observèrent, étonnés, leur cible se redresser et leur faire face. Hiel et les guerriers restés sur place contemplèrent l’intrus sans réagir, totalement abasourdis.
Alors que, un à un, les Avazen remarquaient les bouts de verre qui s’étaient logés dans leur peau, la douleur s’intensifiant petit à petit, l’Oiseau du tonnerre s’esclaffa de plus en plus fort en observant leurs têtes d’ahuris. Il reprit son souffle et engagea la discussion :
– Vous êtes, mais alors, vraiment pas malin !
– Tu as donc eu le temps d’en apprendre plus sur nos activités marchandes, ironisa Kalah.
– S’il suffisait d’avoir une caravelle construite avec les pieds pour se revendiquer marchand, j’aurais peut-être passé l’éponge, mais je crains devoir vous renvoyer à la mer pour concurrence déloyale.
Shrïn et Kalah échangèrent un regard avant de s’esclaffer à leur tour :
– Je te remercie vraiment de nous faire gagner du temps, Deön.
– Vous vous rappelez de mon nom, je suis flatté !
– On parlait justement de toi.
Les guerriers commençaient à reprendre conscience. Ils sortirent leurs armes et encerclèrent l’intrus. Deön les observa d’un air amusé. En fond, l’écho de battements saccadés s’élevait.
– Avant que l’on s’étripe gaiement, une question me taraude, continua le Meid’Larj. Penses-tu sincèrement pouvoir nous battre ? Du genre, “en un éclair” ?
– Vous avez la perspicacité d’un prince, jeune Oberzheim – Deön prit une voix grave et un ton bienséant pour imiter son interlocuteur –. Vous venez de viser juste, je suis là pour ça.
– Et tu penses que nous n’avons rien prévu pour te chasser ?
– Me chasser ? Ahah, mais vous vous êtes vus ? Vous êtes quoi pour pouvoir me chasser ? – Deön fixa Kalah d’un regard acéré – Allez, laisse-moi deviner petit prince, tu viens d’Alixen donc tu dois te prendre pour un grand roggar blanc, c’est ça ?
– Les roggarz sont les bêtes les plus nobles et féroces qui existent. Rien ne peut leur échapper.
– Hmm, très bien, mais ici ton grand roggar blanc ne survivrait pas une grada et tu sais pourquoi ?
Le Meid’Larj Kalhazer tiqua, comme l’ensemble de son assemblée.
– Ici, l’animal dominant, c’est le sligre, continua l’Oiseau du tonnerre. J’adore ces animaux car ils sont vifs et, contrairement aux roggarz, ils prennent des décisions bien plus censées.
– Mais encore ?
– Si vous êtes des roggarz, je comprends pourquoi vous partez têtes baissées dans la bataille en pensant avoir déjà gagné. Le sligre, lui, identifie sa cible. Il entend sa respiration, les battements de son cœur, à des lieues à la ronde s’il le faut. Et quand cette dernière fait le pas de trop, quand cette dernière expose généreusement sa faille, il jaillit de l’ombre à la vitesse de l’éclair pour porter le coup fatal. Personne ne bat un sligre, à moins d’être plus rapide que lui. Et croyez-moi, un roggar est bien plus lent qu’un sligre.
Shrïn pencha la tête, fasciné par ces explications.
– Si vous deviez être des roggarz et si je devais être un sligre, alors je n’ai plus aucune raison de douter. Je sais déjà qui a gagné, conclut Deön dans un sourire narquois.
Les deux chefs avazen s’échangèrent un autre regard d’amusement.
– Ce sera plus simple qu’on ne le pensait, conclut le Deikh Nemara en rendant le sourire.
Deön fronça les sourcils. Il chargea son énergie dans les paumes de ses mains alors que deux archers et Shrïn le portèrent en joug.
L’Oiseau du tonnerre était prêt à esquiver lorsqu’il sentit une étrange sensation parcourir ses entrailles.
Le tir du cyberponneur fusa et lui transperça l’épaule. « Arh », Deön ne comprit point l’absence de vitesse dans ses mouvements. Les deux flèches le touchèrent au flanc. « Oh mais… », avant qu’il ne puisse finir sa phrase, les autres guerriers se jetèrent sur lui en criant. Il se projeta en arrière et roula au sol pour éviter les coups en urgence. « Baiva’ », sur l’ordre de Shrïn, les combattants s’écartèrent aussitôt. Le Deikh tira une seconde fois et le laser transperça le mollet de sa cible.
Les yeux de Deön s’injectèrent de sang. Il chargea une grande quantité d’énergie.
L’instant d’après, elle se dissipa sous son regard désabusé.
– Tu as déjà l’air de douter, dit froidement le Deikh Nemara en gardant sa cible en ligne de mire.
« Mais qu’est qu’il se passe ?! », Deön comprit au moment où il posa la question, son regard s’arrêtant sur la ceinture de son adversaire. « Oh, de l’obsidienne du Continent-Monde… », conclut-il, stoïque.
Kalah, qui s’était éloigné le temps des premiers échanges, prit place aux côtés de Shrïn et pointa son roggarhammer.
Soudainement, une explosion de fumée embua la pièce. Une fumée blanche et opaque, piquant les yeux et s’infiltrant dans les bronches. « Je rêve où il vient de décamper ?! », gronda le Meid’Larj Kalhazer entre deux toux.
À travers la fumée, Shrïn aperçut sa cible s’enfuir par le toit, traversant la baie vitrée qu’il avait brisée.
Dehors, les battements sonores résonnaient de plus en plus fort.
Kalah retira sa toge, dévoilant une tenue de cuir émaillée aux articulations, bien plus prompte aux combats. « La chasse à l’ange est ouverte ».
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