12 - Excitée comme une puce…
Au petit matin, c’est en constatant les lambeaux de robe, un peu partout dans sa chambre, qu’Elena réalise que la rencontre avec Lucas avait bien eu lieu. Jamais elle ne s’était sentie aussi humiliée, et pourtant elle en avait connu des situations embarrassantes.
Trouvant la motivation de quitter son lit, elle se dirige en direction de la fenêtre pour laisser le froid hivernal aérer la pièce. Quelques secondes seulement après avoir ouvert celle-ci, Elena constate de minuscules particules prendre place sur les vitres de la fenêtre. Très vite ce sont des dizaines puis des centaines de puces des neiges qui s’aventurent sur les murs de la pièce. Terrorisée par tous ces petits insectes, la jeune femme tente dans un premier temps de garder son sang-froid. Elle essaye de chasser les puces à l’aide d’un balai mais celles-ci, extrêmement fines, passent à travers les poils de l’instrument de ménage. Bientôt, la totalité des murs est recouverte par ces petites bêtes. Elena hurle et s’empare rapidement d’un gros livre pour tenter d’écraser ces monstres microscopiques. Dans sa valse nerveuse de défense, elle brise accidentellement son miroir, une vitre, balaye tous les objets sur son passage… Sa chambre est un véritable champ de bataille. Après plus d’une heure de combat, la plupart des puces sont retournées à l’extérieur, tandis que les autres, vaincues, ont gouté à la colère de la jeune femme. L’univers entier semble lui en vouloir.
- Peut-être qu’une force suprême me punit par rapport à tous mes écarts de conduite ? pense-t-elle en riant nerveusement.
Alertés par les cris et les bruits, ses parents accourent et sont témoins du chaos qui règne dans la chambre de leur fille.
- Qu’avez-vous fait encore ? demande le roi, alarmé.
- Je me suis battue contre le monde, comme d’habitude, répond ironiquement Elena.
Elle laisse aux servantes le soin de nettoyer la pièce et s’en va se préparer. Elle finit par rejoindre Cunégonde chez elle, pour l’aider dans l’organisation des derniers préparatifs de son mariage avec Octave, prévu pour début mars. C’est ainsi que durant tout le mois de février, Elena et sa meilleure amie se voient quotidiennement et passent des heures à parler petits fours, bouquets de fleurs, vaisselles, décoration, animations et surtout de la robe de mariée. Elena se sent utile et est heureuse de pouvoir aider et soutenir Cunégonde. Cela lui permet également d’oublier Lucas quelques temps. En effet, depuis l’incident au moulin, le jeune homme n’a pas donné de nouvelles.
- Si tu ne m’en veux pas Cucu, je ne viendrai pas ce soir à ton enterrement de vie de jeune fille, dit Elena.
- Quoi ? Mais pourquoi ? répond la concernée.
- Tu sais que moi et l’alcool, c’est un mauvais mariage, sans vouloir faire de mauvaise blague. C’est ta soirée, je ne souhaite pas la ruiner avec un possible comportement plus que déplacé. Ma Cucu, tu t’amuses sans abuser, je t’embrasse et nous nous voyons dans quelques jours pour ton mariage.
- Merci pour tout, dit Cunégonde en embrassant son amie.
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