Chapitre 5
C’est le début d’après-midi au chalet. Ambre et Lila sont en train de faire un peu de ménage dans la maison, lorsqu’elles entendent une voiture s’arrêter sur le gravillon de l’allée. Ambre va jeter un coup d’œil par la fenêtre du salon, aussi discrètement qu’elle en est capable. En entendant un petit cri aigu et excité, Lila fronce les sourcils et demande :
- C’est qui ?
- Thor.
- Hein ?!
Ambre la rejoint dans la salle à manger en sautillant.
- Ben oui tu sais. Un beau blond aux yeux bleues. Bon ok, il n’a pas pris son marteau mais…
- Je ne comprends rien à ce que tu me raconte !
Le tintement de la sonnette retentis dans la maison. Lila questionne des yeux son amie, mais cette dernière n’est pas décidée à lui répondre. Elle aborde cet air, qui l’énerve tout en l’amusant, de petite fille conspiratrice. C’est donc sans savoir à quoi s’attendre que Lila ouvre la lourde porte en bois. Elle aurait préférée être avertis. Devant elle se trouve Gabriel, emmitouflé dans sa doudoune noire, un bonnet gris vissé sur les oreilles, si bien que la seule touche de couleur est le bleu de ses yeux. Lila le dévisage un long moment, sans savoir quoi dire. Lui, la regarde sans prendre la parole non plus. Contre toute attente, c’est Ambre qui prend les choses en mains en allant à sa rencontre.
- Ah Gabriel, bonjour. Tu es venu ramener la voiture de Lila ?
- Salut, dit-il en détournant son regard pour saluer Ambre chaleureusement. Oui, elle est réparée, plus aucune trace de l’accident.
Voyant que son amie reste sans bouger, Ambre lui donne un coup de coude pas très subtil afin de la faire réagir.
- Euh… merci beaucoup, c’est très aimable à toi de t’être occupé de tout. Viens, entre ne reste pas dans le froid.
Elle s’écarte pour le laisser passer et se dirige vers la salle à manger.
- On t’offre un café ? demande Ambre en lui faisant signe de s’assoir.
- Oui avec plaisir.
Lila ne peut s’empêcher de jeter des coups d’œil furtifs à Gabriel qui enlève sa grosse doudoune. En dessous il porte une chemise de bucheron marron clair qui se marie bien avec son pantalon kaki. Elle aurait bien aimé préparer le café, mais Ambre a été plus rapide et s’est littéralement précipitée en cuisine. Pas très subtil comme réaction. Elle se retrouve donc seule, assise en face de Gabriel.
- J’espère que les réparations ne t’ont pas coûté trop cher ?
- Non, ne t’en fait pas. C’est surtout la carrosserie qui a été touchée. Le moteur n’a rien eu et les pneus avant ont été changés. Il y en a un qui était totalement défoncé.
- Je suis soulagée merci. En tout cas, en hiver je n’utiliserais plus que le pick-up, c’est plus sûr.
Gabriel souris, mais ne relance pas la conversation. Un silence gêné s’installe jusqu’à ce qu’Ambre appelle Lila pour qu’elle vienne l’aider. Cette dernière lui chuchote énergiquement :
- Tu m’explique pourquoi tu ne m’as pas dit que c’était lui ?
- Et quoi ? Tu aurais fait quoi de plus, il était déjà devant la porte. C’était quand même beaucoup plus drôle. Tu aurais dû voir ta tête quand tu as ouvert. J’aurais dû te filmer.
- Tu es vraiment sadique, s’insurge Lila en lui donnant une tape sur l’épaule.
Tout en empilant les tasses un plateau, elle lui demande.
- Pourquoi tu l’as appelé Thor ?
- Il fallait bien que je lui trouve un surnom. C’est une tâche peu aisée, mais essentielle.
C’est la spécialité d’Ambre, donner des surnoms à tout le monde, même aux objets. Lila s’estime heureuse, elle ne s’en sort pas trop mal depuis le lycée avec un nom tout droit sorti de Star Wars. Leur voisin le plus proche, un agriculteur vieux garçon et bougon, qui a vu d’un mauvais œil leur installation, n’a pas eu autant de chance. Ambre l’appelle Kreattur, en référence à l’elfe de maison pas très gentil, ni très beau, dans Harry Potter.
- Pour le surnom, je me suis dit que dieu grec, au Canada, c’était peut-être un peu confus.
- Je ne comprends vraiment pas où tu veux en venir, demande Lila en jetant un coup d’œil discret en direction de la salle à manger pour vérifier que le principal concerné n’entende pas leur conversation, ce qui ne semble pas retenir Ambre dans sa lancée.
- C’est simple pourtant. Je commençais à appeler Gabriel dieu grec, mais en fait, ça n’allait pas du tout. Niveau météo et température ça ne colle pas. Et puis, il a quand même plus l’allure d’un viking, en moins austère bien entendu. C’est pour ça, j’ai misé sur un dieu nordique : Thor. Il faut toujours respecter la cohérence des époques et des climats.
Fière d’elle, Ambre s’empare du plateau de tasse et se dirige vers leur invité tout en disant avec un clin d’œil :
- Qui sait, peut-être que je suis plus perspicace qu’il n’y paraît et que Thor deviendra réellement ton mari.
La jeune femme fait référence à leur crush d’adolescente, Chris Hemsworth, qui a incarné le dieu nordique au cinéma. Depuis ce temps, elles considèrent l’acteur australien comme leur « mari » idéal.
Lila reste confuse un court moment et se lance à la suite de son amie, un saladier plein de shortbread qu’elle a préparé le matin même dans les mains.
Heureusement qu’Ambre est là, au moins elle fait la conversation. Lila ne comprend pas pourquoi la situation est bizarre avec Gabriel. Ils ont l’air tous les deux gênés quand ils sont seuls. Pourtant, le jour de l’accident, ils se parlaient normalement. Malheureusement, après avoir parlé de Noah et de son voyage, du chalet et de la météo, le téléphone d’Ambre sonne.
- Excusez-moi je dois le prendre, c’est Henri. On doit finir de caler les derniers détails pour ce week-end.
Elle se lève, décroche et se dirige vers le bureau. Lila se retrouve seule, en tête à tête avec Gabriel. Elle en a marre de se stresser pour des choses ridicules et décide de prendre les devants. Elle va être naturelle et souriante, comme elle sait le faire. De toute façon une fois repartis, elle doute qu’elle le revoit un jour, donc autant être elle-même. Pour commencer, elle mise sur un terrain pas trop glissant, le travail.
- En ce moment, c’est un peu la course. On a un gros week-end de prévu. C’est Ambre qui se charge de l’organisation et elle passe sa vie au téléphone.
- Ah, c’est ça les affiches que j’ai vu un peu partout en ville ? C’est un week-end aventure si j’ai bien compris.
- Oui c’est ça. Vendredi soir on attend quinze personnes. Ils vont partir avec Henri passer une nuit dans la nature et revenir le dimanche.
- Ça a l’air génial. C’est une randonnée sur deux jours en fait.
Gabriel se penche légèrement vers l’avant tout en appuyant ses bras sur la table. Lila remarque tout de suite ses mains larges et musclées, ses doigts fins, mais décide de ne pas se laisser distraire.
- Non pas vraiment. Fin oui, ils vont beaucoup marcher et découvrir des endroits un peu reculés, mais le but est surtout de les sensibiliser aux richesses de la faune et de la flore sauvage. Henri va leur apprendre à écouter, à regarder et à trouver les traces des animaux. Et le soir, il va leur apprendre à survivre dans la nature en faisant un bivouac. Comme il y encore pas mal de neige en ce moment, il va leur faire construire un igloo et ils vont dormir dedans. C’est un peu un week-end de retour à l’état naturel. D’ailleurs, Ambre a appelé ça le Week-end trappeur.
- C’est vraiment super comme concept. Ça me donne même envie d’y participer. Vous allez faire de nouveaux séjours comme cela ?
- On ne sait pas encore, mais on espère. C’est notre but, essayer de proposer des choses différentes. Si les gens sont contents et que le guide aussi, alors pourquoi pas réitérer l’expérience. Le plus dur c’est de se lancer et de penser à toute l’organisation.
- Donc c’est Ambre qui gère tout ça si je comprends bien.
- L’organisation du séjour oui. Moi je ne vais intervenir que pour la nourriture, ce qui n’est pas une mince affaire pour une vingtaine de personne, déclare Lila en pensant à tout le travail de préparation que ça va lui demander.
- Tu cuisines ? demande Gabriel surpris.
- Et oui, c’est moi la chef cuistot ici. Tu es d’ailleurs en train de manger une de mes réalisations
Le ton de sa voix a baissé sur la fin de sa phrase. Et s’il n’aimait pas ses gâteaux ?
- Chapeau ! C’est vraiment super bon. Ce n’est pas moi qui pourrais faire ça.
- Pourquoi, tu ne cuisine pas ? demande Lila amusée par son air ébahi.
- Non, à part pour faire cuire des pâtes ou un œuf. Sinon, j’essaye de me tenir le plus éloigné possible de cette pièce de la maison. C’est plus sûr.
Ils rient ensemble face aux déboires culinaires de Gabriel, ce qui permet de détendre l’atmosphère. Lorsque Lila évoque la transformation des produits du verger et les derniers essais qu’elle est en train de tester, le jeune homme semble très intéressé. C’est donc naturellement qu’elle lui propose de faire un tour dans son refuge, là où elle passe une grande partie de son temps. Lila est en train d’ouvrir la baie vitrée du salon pour sortir, quand Ambre débarque dans la pièce à toute vitesse. Elle est encore au téléphone et semble pressée. Elle ne les remarque d’ailleurs pas tout de suite. Elle raccroche, soupire un bon coup, regarde dans tous les sens à la recherche de quelque chose et les aperçoit enfin.
- Ah vous êtes là. C’est la merde totale ! Je pensais qu’Henri pendrait les provisions pour le bivouac de samedi soir dès le matin mais non. Il va falloir que je les lui amène. Moi, en pleine forêt, avec toute cette neige. J’ai une tête à arpenter la neige en raquettes ? Non. Je n’ai même pas de doudoune assez chaude pour ça ou des chaussures adaptées. Et comme si ça ne suffisait pas, il faut que j’aille acheter encore pleins de choses que je n’avais pas prévus, du genre des couvertures de survie. Comment suis-je censé savoir qu’il faut des couvertures de surive ? Je n’envoie pas nos clients dans la nature pour qu’ils se fassent tuer. Enfin bref, on est déjà mercredi et rien n’est prêt.
- Tu veux que je vienne t’aider ? demande Lila un peu inquiète face à la panique évidente de son amie.
- Non c’est bon, je devrais m’en sortir. En plus je ne veux pas vous embêter dans votre rendez-vous.
Lila et Gabriel échangent un regard gêné face à cette déclaration et tente en même temps de se justifier :
- Ce n’est pas… dit Lila
- On est pas du tout… déclare Gabriel au même moment.
Mais Ambre ayant retrouvé ses clés de voiture ne semble pas les entendre, trop préoccupée par son travail et la montagne de choses qui lui reste à faire.
***
Arrivés devant le bâtiment à droite du chalet principal, Lila se dépêche d’ouvrir la porte et se faufile à l’intérieur suivie de Gabriel. Ils n’ont pas pris leur manteau en sortant et le vent est vraiment glacial en cette fin février. Dans le sas d’entrée, Lila monte le chauffage et ouvre la porte de son laboratoire de travail. En pénétrant dans la pièce, le musher semble impressionné par la cuisine professionnelle, tout en inox argentée, les grandes bassines à confiture, les innombrables casseroles et l’immense plan de travail central. Les cuisines professionnelles sont souvent froides et immaculées, mais Lila a voulu rajouter sa touche personnelle en optant pour un carrelage imitation parquer qui amène tout de suite plus de chaleur dans la pièce.
- Voici mon antre, s’exclame la jeune femme en écartant les bras.
- Impressionnant. Je n’aurais jamais pensé que tu ais une cuisine digne d’un chef cinq étoiles.
Lila sourit en entendant l’erreur du jeune homme.
- Un chef ne peut avoir que trois étoiles maximums. Ce sont les hôtels qui en ont cinq.
- Une preuve de plus que la cuisine n’est vraiment pas mon domaine.
Lila reste à l’entrée de la pièce, une hanche appuyée contre le lavabo et regarde le jeune homme faire le tour de la pièce. En se tournant vers elle, il demande :
- Mais du coup, ça te fait deux cuisines. A quoi te sert celle de la maison ? Vous auriez pu faire celle-là directement là-bas, ça t’aurait évité de devoir traverser la terrasse avec les plats.
- C’est une question d’hygiène. Les produits que je fais ici sont destinés à la vente et les normes sont beaucoup plus drastiques. Et puis, faire cette cuisine là-haut nous aurait pris beaucoup trop de place. Quand je fais des confitures ou des jus de fruits, c’est en grande quantité, il me faut de l’espace. Donc, je prépare les repas de la table d’hôtes là-haut et le reste ici. Mais ça me va bien comme ça. J’ai l’impression de changer de lieu de travail en permanence et les inspirations ne sont pas les mêmes d’un endroit à l’autre.
- Tu me fascine.
Le cœur de Lila s’emballe instantanément à ces mots et elle sent ses joues devenir rouges face au regard bleu perçant en face d’elle. Finalement ce n’était peut-être pas une très bonne idée d’avoir monté le chauffage à fond. C’est une étuve ici. Elle n’ose plus le regarder en face, mais voit bien que ses joues ont également pris une légère tinte rosée. Il s’éclaircit la gorge en tentant de se justifier :
- Ce que je veux dire, c’est que c’est incroyable ta passion pour la cuisine et la façon dont tu en parle. On sent que c’est vraiment quelque chose qui fait partie de toi.
- Merci, répond doucement Lila, mal à l’aise, mais heureuse de ce compliment.
Le téléphone de Gabriel se met alors à sonner, lui indiquant un nouveau message. Lila soupire de soulagement intérieurement. Sauvée par le gong.
- C’est Logan. Il est arrivé pour me récupérer.
Logan tient un garage dans le centre-ville de Sainte-Agathe-des-Monts. C’est aussi un ami de Noah qu’elle a vu quelques fois lors de soirées. Une fois ses affaires récupérées à l’intérieur de la maison, Gabriel se dirige vers la porte d’entrée, Lila à sa suite.
- Merci beaucoup pour cette après-midi et pour m’avoir fait découvrir un peu de ton monde. C’était vraiment chouette. Tu remercieras également Ambre. Et j’espère que votre week-end sera une réussite, parce que j’aimerais beaucoup participer à la prochaine sortie.
La jeune femme le remercie. Pour elle aussi ce fut un moment agréable. Ils se disent au revoir un peu maladroitement, ne sachant pas trop s’ils doivent se faire la bise ou se serrer la main. Après quelques secondes d’hésitation, ils optent pour un simple salut de la main et un sourire. Lila est sur le point de refermer la porte derrière lui, quand Gabriel se retourne.
- Vu que tu m’as fait découvrir ta passion, je me disais que peut être ça t’intéresserait de découvrir la mienne. Enfin, si tu as envie de voir mon chenil. Tu pourrais revoir Hel, elle serait contente. Mais pas d’obligation. Tiens-moi au courant d’accord. Tu as mon numéro.
Elle n’a pas le temps de répondre, qu’il est déjà monté en voiture, comme s’il n’avait pas envie de savoir sa réponse. Elle la regarde faire demi-tour et rentre au chaud, pensive.
***
Le soir-même les deux amies sont dans leur bureau, en train de peaufiner les derniers détails pour le week-end et de répondre à leurs mails et courriers. Chacune à leur bureau, elles écoutent en fond des chansons de Noël. Il n’y a pas de période pour ça !
- Alors comment ça s’est passé cet aprèm avec Thor ? demande Ambre, sans quitter des yeux sa liste des choses à faire pour la sortie trappeur.
- Très bien, même si tu m’as lâchement abandonné.
- Au moins vous avez pu passer du temps ensemble. Alors il est comment ? Aussi gentil que je le pense ?
- Oui il est gentil, mais tu sais, je ne le connais pas plus que toi.
- Mais il te plait ?
- Tu es irrécupérable hein ! s’indigne gentiment Lila.
- Alors ?
- Je n’en sais rien ! Il est gentil oui, et ok je te l’accorde beau… très beau, mais ça s’arrête là.
Au ton hésitant de sa meilleure amie, Ambre lève la tête de son écran. Elle quitte ses lunettes en fer ronde et les pauses sur le bureau. Ce n’est pas bon signe se dit Lila. Elle va avoir droit à une conversation sérieuse, mais elle ne sait pas si elle est prête à y faire face.
- Ecoutes Lila, je sais que ce que tu as traversé a été très dur à surmonter, mais tu as le droit au bonheur de nouveau. Je sais que je peux paraître insistante avec Gabriel, mais c’est pour te faire ouvrir les yeux. Il faut que tu arrives à nouveau à faire confiance aux autres. Gabriel ou un autre, je m’en fiche, du moment que tu t’épanouie et que tu es heureuse. Tu ne vas pas rester toute ta vie seule, même si tu t’éclates dans ton boulot. Il faut que tu prennes du temps pour toi aussi. En tout cas, je dis ça, je ne dis rien, mais je te vois très bien avec ce bel apollon.
- Merci pour ton soutien et de te préoccuper de moi, sincèrement. Tu crois que je devrais continuer à le voir ?
- Est-ce que tu en as envie ?
- Je ne sais pas, peut-être. Il a été super intéressé par mon travail tout à l’heure et il est drôle.
- Ne te pose pas trop de questions alors et fonce. Au pire, tu auras passé de bons moments et fait de nouvelles choses. Il deviendra peut-être un ami, ou juste une connaissance, ou alors beaucoup plus que ça. Ne laisse pas passer ta chance, ça à l’air d’être un mec bien, et toi mieux que personne tu sais qu’ils sont rares. Et ne te méprends pas, je ne te demande pas de coucher avec lui dès le premier soir.
- Et voilà, je me doutais bien que ça allait arriver. Tu ramènes vraiment toujours tout au cul ! rit de bon cœur Lila.
- Je n’y peux rien si je suis en manque ! rit à son tour Ambre.
Elles se remettent quelques minutes au travail avant que la cuisinière reprenne :
- Il m’a invité à aller voir ses chiens.
- Quoi ? Mais c’est trop bien ! Un premier rendez-vous, déjà. Tu lui as répondu quoi ?
Ambre est toute excitée par cette nouvelle, si bien qu’elle sautille sur sa chaise.
- Ne t’emballe pas trop vite, ce n’était pas vraiment formulé comme un rendez-vous. C’était plutôt pour me rendre la pareille, même si je n’ai rien répondu. Il s’est précipité dans la voiture avant même que je n’ai pu ouvrir la bouche. Tu crois qu’il me l’a proposé parce qu’il s’est senti obligé ?
- Franchement, il n’a pas l’air d’être du genre à faire ça. Je serais toi j’irai. En plus, tu adore les chiens. Ça ne peut qu’être bien.
- Je vais y réfléchir.
Ambre lève ses deux pouces en l’air pour montrer son approbation. Enfin, elle sent chez son amie un changement positif. Elle a fait énormément de progrès depuis qu’elles sont arrivées au Canada. Elle ne peut qu’être fière. Même si de l’extérieur cela peut paraître ridicule, mais rien que le fait d’envisager d’aller voir Gabriel chez lui et d’apprendre à le connaître, est un immense pas pour Lila. Cette dernière se lève et attrape un paquet posé sur une des étagères du mur.
- Au fait, un livreur est venu apporter ça. C’est pour toi.
Elle lui tend le paquet et voit qu’il vient de France. Est-ce que ses parents lui auraient envoyés quelque chose ? Ça la surprendrait beaucoup de leur part. Elle défait l’emballage et découvre une vieille boite à bijoux en argent. Elle est magnifique, avec des motifs floraux gravés sur le dessus et une pierre verte en guise de fermoir. L’intérieur est en velours, de la même couleur que la pierre, une teinte qu’elle affectionne particulièrement. Des pétales de roses blanches et rouges recouvrent le fond et laissent deviner un petit bout de papier. Ambre s’en empare et reconnaît immédiatement l’écriture penchée.
Ma belle,
Je sais que je ne suis pas le mec le plus romantique de la terre, mais j’essaye de faire des efforts. Je sais aussi que pour toi, pour nous, mon voyage en France est difficile. Si je t’ai fait douter de mes sentiments, j’en suis sincèrement désolé. J’espère que ce cadeau te plaira. Tu me manques plus que tout. Tu es la chose la plus incroyable qui me soit arrivée dans la vie.
Joyeuse Saint-Valentin mon cœur.
Noah ♥
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