Chapitre 30
Juillet
- Noah va un peu mieux ?
Lila est debout dans la pièce à vivre de son appartement, droite comme un piquet. Elle est dos au canapé, et fait face à la fenêtre qui éclaire sa cuisine. Des tonnes de tissus, breloques, ciseaux et autres outils sont entassés sur la table. Elle se sent ridicule et commence à avoir des fourmis dans les jambes, mais à chaque fois qu’elle bouge, Ambre la pique légèrement.
- Humm.
- Il a réussi à te parler ?
- Hum hum, répond de nouveau Ambre.
- Je suis désolée, mais je n’ai pas la moindre idée de comment je dois interpréter ce grognement.
Lila se tourne légèrement pour regarder son amie. Ambre est à croupie derrière elle, des épingles coincées entre les dents. Elle est en train d’apporter les dernières retouches à sa robe. Lila était vraiment inquiète après la scène avec Michel Laurin. Avec Gabriel, ils n’ont pas très bien compris ce qui s’est passé. Ils ont seulement entendu Noah rentrer tard dans la nuit. Ambre lui a raconté l’état de détresse dans lequel elle l’a trouvé. Depuis, l’ébéniste n’est pas très présent à la maison. Il passe tout son temps à travailler, et les rares moments où Lila le voit, il semble préoccupé. Ambre finit d’arranger l’ourlet de sa robe, retire les épingles de sa bouche et se relève.
- Oui, ça à l’air d’aller mieux. Enfin, disons qu’il n’a plus l’air d’être aussi terrifié que l’autre soir. Après, il ne me parle toujours pas de ce qui s’est passé. J’ai essayé, mais il refuse d’évoquer la soirée. Je ne sais pas trop où on va tous les deux. Je n’ai jamais eu aussi peur de toute ma vie, ajoute-t-elle d’une petite voix.
Lila se retourne entièrement vers elle et la prend dans ses bras, en faisant bien attention de ne pas abimer son travail. La tristesse et le doute se lisent dans les grands yeux bruns de son amie.
- Je suis désolée ma chérie. J’aimerais pouvoir te dire que tout va s’arranger avec Noah.
- Ne t’en fais pas, tu n’y peux rien. J’aimerais arriver à lui en vouloir, à l’engueuler, mais à chaque fois… (Ambre prend une longue inspiration). Je le revois en train de pleurer toutes les larmes de son corps, comme s’il les avait retenues pendant des années. Ça me tord le ventre et je n’ai qu’une envie, le réconforter. Et le fait qu’il se soit enfermé dans la salle de bain pour que je ne le vois pas dans cet état, me rend encore plus malade. Tu te rends compte, il a eu honte de se montrer aussi vulnérable devant moi. Moi, putain ! Je ne comprends vraiment pas ce qui peut le pousser à agir de la sorte. Il s’est passé quelque chose il y a dix ans, quelque chose qu’il regrette et qui le hante.
Ambre se détourne de Lila et s’assoit sur le canapé en soupirant.
- S’il me parlait, je pourrais peut-être l’aider. Mais en même temps, j’ai ce sentiment bizarre… je ne sais pas comment l’expliquer, mais une part de moi n’a pas envie de savoir. J’ai peur qu’en découvrant la vérité, je ne puisse pas la supporter ou l’encaisser. Je sais, c’est très con comme réaction.
- Pas du tout, la rassure Lila en prenant place à côté d’elle. C’est tout à fait normal que tu doutes. Mais rappelle-toi une chose, vous vous aimez. Et ça, c’est super important. Noah tient à toi, autant que tu tiens à lui. Il lui faut peut-être du temps, mais je suis sûre qu’il fera tout ce qu’il peut pour arranger les choses.
- J’espère vraiment que tu as raison. Enfin, assez parlé de mon couple qui bat de l’aile. Va te voir dans la glace et dis-moi si la robe te plait ?
Lila s’exécute et se dirige vers sa chambre. Elle se tourne face au miroir et se regarde. Elle ne se reconnaît pas. Elle tourne dans tous les sens pour s’observer sous toutes les coutures. Elle n’a pas les mots. Elle se tourne vers Ambre qui est appuyée contre le montant de la porte.
- Alors ?
- Mon dieu Ambre ! Je l’adore ! J’ai toujours rêvé de porter une robe de princesse. J’ai l’impression d’en être une ! Merci, merci, merci !
Lila se contemple une nouvelle fois dans la glace. Elle est impatiente de voir comment Gabriel va réagir. Elle espère qu’il va aimer sa tenue autant qu’elle l’adore. Et surtout elle espère ne pas être trop ridicule.
- Tu t’es vraiment surpassée ! dit-elle en commençant à se dévêtir précautionneusement.
- Attends, ce n’est pas tous les jours qu’on est invité à un gala de charité organisé par les plus grandes fortunes du pays. Et ce n’est pas non plus tous les jours qu’on rencontre pour la première fois ses beaux-parents.
A cette évocation, Lila sent son estomac de nouer. Rencontrer les parents de Gabriel. Rencontrer Monsieur et Madame Lemire. Rencontrer les gens les plus influents du pays. Tout ça lors d’une soirée dans leur maison, avec que des gens importants, riches et célèbres autour d’eux. Cette perspective ne lui met pas du tout la pression. Mais vraiment pas. Avec un soupir, elle se laisse tomber sur son lit.
- Pourquoi on ne peut pas faire ça en petit comité ? Je n’aurais jamais rencontré un seul membre de sa famille de façon normale. J’ai dû faire des choses horribles dans une précédente vie tellement mon karma est pourri !
Ambre laisse échapper un éclat de rire. Lila sourit. L’entendre rire de bon cœur la rassure un peu sur son état émotionnel.
- C’est sûr, tu devais être un vrai monstre dans tes vies antérieures ! En même temps, quand on y pense, vous n’avez pas non plus une rencontre classique. Le mec t’a fait avoir un accident de voiture quand même !
- J’avoue que ce n’est pas banal. Au moins, je n’ai pas le temps de m’ennuyer dans la routine.
- Bon, je vais finir les retouches de ta robe pour qu’elle soit prête pour vendredi. Il me reste encore un peu de boulot sur la mienne, donc il ne faut pas que je traine.
Ambre s’empare de sa création et traverse l’appartement de Lila. Tout est noir au dehors. La nuit sans lune ne permet même pas de distinguer la forêt de sapin. Au loin, le cri d’une chouette raisonne. Les deux amies s’arrêtent net et se regardent, avant de porter les yeux vers l’extérieur. Un frisson les parcours au même moment. Depuis l’incident du mois dernière, elles ne se sentent plus aussi en sécurité chez elles. Elles n’avaient jamais vu comme un problème le fait d’être isolées en plein milieu de nulle part. Aujourd’hui, elles ont parfois des doutes. Surtout, quand elles se retrouvent seules comme ce soir, sans Noah ni Gabriel. L’un est en déplacement professionnel pour deux jours, tandis que l’autre ne dort pas toujours au Manoir. Lila aimerait bien s’endormir tous les soirs et se réveiller tous les matins dans ses bras. Mais cela voudrait dire passer à la vitesse supérieure. Vivre avec lui en permanence, même s’il est quasiment tout le temps chez elle, est une étape importante dans leur couple. Et pour l’instant elle préfère prendre un peu plus son temps. Elle lui a déjà avoué ses sentiments en vacances alors qu’elle n’avait pas du tout prévu de le faire. Elle préfère calmer le jeu pour le moment.
Ambre sort dans le couloir et se dirige vers son appartement. Lila s’apprête à descendre vérifier une dernière fois que toutes les portes sont bien fermées en bas. Cela la rassure. Avant d’emprunter l’escalier, elle dit à son amie.
- Heureusement que tu sais coudre quand même. Je ne sais pas comment on aurait fait sinon ! dit Lila en l’accompagnant à la porte.
- Merci mamie Antoinette de m’avoir gardé quand mes incompétents de parents ne voulaient pas de moi et de m’avoir forcé à utiliser ta machine pendant des années pour m’apprendre ton métier.
Ambre embrasse sa main et la lève en même temps qu’elle regarde vers le ciel, puis disparaît chez elle.
Lila n’arrête pas de penser à cette soirée à venir. Elle est autant excitée que terrifiée à l’idée d’y participer. Après avoir reçu les invitations, Gabriel leur a expliqué que le gala de charité était en réalité un bal costumé. Chaque année sa mère choisie avec soin un thème que tous les invités doivent respecter. Il leur a montré quelques photos des éditions précédentes. A leur vue, Lila en est restée bouche baie. Elle a eu l’impression de voir les photos du tapis rouge du Met Gala. Autant dire que les tenues étaient incroyables. Et que la pression que se met déjà Lila est montée en flèche. Heureusement, Ambre a pris les choses en main pour respecter le thème de cette année : la nature est un éclat de couleur. Gabriel leur est venu en renfort en leur expliquant que les tenues devaient comporter de la couleur et des éléments rappelant la nature. L’imagination d’Ambre s’est emballée et la magie a opéré. Maintenant il ne tarde plus qu’une chose à la jeune femme, la porter. Plus que trois petits jours à attendre avant de voir la réaction de Gabriel. Un bip dans sa poche la fait sursauter alors qu’elle vient d’éteindre la lumière de l’entrée après avoir vérifié le loquet de la porte. Elle pose la main sur son cœur tout en se dépêchant d’allumer dans l’escalier principal. Elle n’a pas le courage de sortir en pleine nuit et de passer par l’escalier de derrière. Tant pis pour les clients, elle va faire le moins de bruit possible. Elle sort son portable de la poche arrière de son jean et sourit en voyant le message de bonne nuit de Gabriel, accompagné d’un cœur.
***
- Allez, tu es prête ? demande Ambre en penchant la tête sur le côté pour accrocher sa boucle d’oreille en sortant de chez elle.
- Non, pas du tout. Je commence déjà à transpirer de stress. Mais si on n’y va pas, les garçons vont finir par monter nous chercher eux même. Je n’ai pas envie d’être en retard et de faire mauvaise impression d’emblée aux parents de Gab.
- Tu as raison, faut qu’on se dépêche. Merde attends, j’ai déjà envie de faire pipi. Quel enfer. Pourquoi j’ai mis une robe aussi serrée ? Pars devant, j’arrive.
Lila prend une grande inspiration et descend l’escalier jusqu’au rez-de-chaussée. Les garçons sont en train de discuter dans le salon. Ils ne l’ont pas remarqué, elle prend donc quelques secondes pour les observer. Elle ne peut détourner son regard de Gabriel qui se trouve légèrement de profil. Il porte un costume trois pièce bleu marine, ajusté à la perfection. Le tissu met en valeur tous les atouts de son corps et ils sont nombreux. Ce n’est pas la première fois qu’il porte une telle tenue. Ça se ressent dans son assurance. Une assurance qui le rend extrêmement sexy. Il se tourne entièrement vers elle sans la voir pour attraper son verre d’eau posé sur la table basse. Sa cravate claire aux reflets légèrement violets et les délicates fleurs violettes accrochés au revers de sa veste, s’accordant parfaitement avec sa propre tenue. Ambre a tout prévu, pense la jeune femme en souriant intérieurement. Soudain il fait très chaud dans la maison. Elle ne pensait pas dire ça un jour, mais cette tenue lui fait beaucoup plus d’effet que ses magnifiques chemises à carreaux. Elle fait quelques pas et s’avance dans la pièce. Noah relève la tête le premier et écarquille les yeux. Il donne un coup de coude à Gabriel avec un sourire entendu. Lila s’arrête et attend que son amoureux la découvre. Son cœur bat la chamade. Elle a l’impression d’être une adolescente. Quand ses yeux bleus se posent sur elle, le musher ne peut s’empêcher d’ouvrir la bouche. Il la déshabille du regard pendant un temps infini. Finalement, c’est Noah qui prend la parole.
- Tu aurais peut-être dû mettre un pantalon un peu moins ajusté. Parce que ça va vite se voir si tu bandes.
Sa blague sort Lila de sa torpeur. Elle avance dans la pièce en riant. Noah est aussi très beau. Il porte un pantalon de tailleur noir près du corps, avec une chemise assortie. Sa veste vert sapin se marie parfaitement avec la couleur de sa peau. Il paraît encore plus ténébreux que d’habitude, son regard illuminé d’une intensité déstabilisante. Lila ne se fera jamais aux yeux si particuliers de l’ébéniste.
- On en reparle quand tu auras vu Ambre, réplique-t-elle. Elle s’est surpassée.
- Je vois ça !
Lila hoche la tête. Son amie à fait un travail incroyable. Elle n’aurait jamais pensé porter une telle robe un jour. Tout en tulle violine clair, elle est asymétrique en haut avec une manche bouffante transparente. La robe est resserrée à la taille et part ensuite en cascade de tissu vers ses pieds, tout en volume et finesse. De son épaule, en passant par sa taille et jusque dans les plis du jupon, des fleurs et des feuilles pastel sont délicatement brodées. La touche finale est apportée par de magnifiques papillons aux couleurs éclatantes posés en relief sur sa taille, son poignet et son épaule. Ils sont tellement réalistes que Lila a vraiment l’impression qu’ils vont s’envoler. Ambre lui en a même mis dans sa coiffure pour compléter sa tenue.
- Waouh, arrive enfin à prononcer Gabriel. Tu es… je n’ai pas les mots. C’est au-delà de magnifique !
- Merci. Tu es vraiment pas mal non plus.
Elle lui fait un clin d’œil en s’approchant de lui, avant de l’embrasser délicatement. Gabriel ne peut la quitter des yeux. Il n’arrête pas de promener son regard sur tous les détails : ses cheveux tressés sur un côté pour dégager son oreille, son maquillage, les papillons qu’il touche délicatement du doigt, comme s’il avait peur de les effrayer. Lila se détourne de lui lorsqu’elle entend des talons descendre les escaliers. A côté d’eux, Noah s’étouffe en recrachant l’eau qu’il était en train de boire.
- Je prends ça pour un compliment, dit Ambre en avançant vers eux.
- Putain… souffle l’ébéniste, les yeux écarquillés.
- Tu veux toujours parler de la taille de mon pantalon, lui lance Gabriel.
- Alors, qu’est-ce que tu en penses ? demande la jeune femme à Noah.
Elle se place devant lui en écartant les bras et en tournant lentement sur elle-même. Elle porte une robe fourreau en velours vert sapin, qui moule ses formes avantageuses et descend en plis gracieux jusqu’au sol. Les manches longues descendent au-delàs de ses poignets et partent en pointes vers le sol. Des plumes de paons bleues et dorées sont finement représentés sur son ventre. Elles partent de son flanc gauche et s’épanouissent sur son buste pour former une fleur délicate. Pour compléter le tout, Ambre porte un bijou d’épaule en forme d’écailles dorées. Quand elle se tourne complètement, Noah réprime un grognement. La robe tombe en un dos nu drapé vertigineux qui s’arrête au niveau de ses reins. Les épaulettes sont reliées par des fines chaînes de différentes tailles qui se balancent devant sa peau nue. Elle a relevé ses cheveux en un chignon lâche, seules quelques mèches bouclées viennent effleurer sa nuque et encadrer son visage. La jeune femme à glisser une vraie plume de paon dans sa coiffure.
- Vu ta tête, je pense que ça te plaît, déclare Ambre en s’approchant de Noah.
Elle se met devant lui et accroche une plume sur le revers de sa veste, pour être en accord avec le thème. Et avec sa propre tenue.
- Maintenant tout le monde est prêt !
- Tu es sûre que tu ne veux pas rester là, lui demande Noah d’une voix roque.
Ambre le regarde en plissant les yeux. Elle se mort la lèvre inférieure, puis soupire théâtralement.
- Mon chéri, tu ne peux pas t’imaginer à quel point tu es sexy en costume et à quel point ça me donne pleins d’idées.
Le regard de Noah se fait pétillant et ses lèvres se retroussent en un sourire en coin.
- Mais tu penses vraiment que j’ai fait tout ça (Ambre désigne sa tenue, son maquillage et sa coiffure) pour rien ? Tu crois que ça fait une semaine que je ne dors que quatre heures par nuit pour que personne ne voit le résultat ? Non, non, non. Allez, on y va sinon on va être en retard pour de bon.
Ambre part devant et Noah la suit. Lila entend l’ébéniste marmonner quelque chose qui ressemble à : « Je ne suis pas sûr d’avoir envi que tout le monde te vois dans cette tenue tellement tu es belle ». Gabriel rit, l’ayant entendu lui aussi. Il prend la main de Lila et l’embrasse doucement.
- Prête ?
Lila hoche la tête. C’est maintenant ou jamais.
Noah gare la voiture à l’endroit indiqué par Gabriel, près du garage de ses parents. L’avantage de jouer à domicile. Lila ne décolle pas le nez de la vitre. La maison de famille du musher est vraiment magnifique, tout en pierres grises. Et surtout immense. Le Manoir pourrait rentrer deux fois à l’intérieur, c’est dire. Des voitures, toutes plus luxueuses les unes que les autres, sont garées devant la propriété. Gabriel sort de la voiture et fait le tour pour ouvrir la portière à Lila. Il lui prend la main pour l’aider à descendre. Avec tout cette tulle, elle se sent comme un énorme bonbon.
- Pourquoi j’ai fait ça sérieusement ? souffle Ambre.
Noah lui a ouvert et son amie essaye de descendre de voiture sans abimer sa tenue. Les talons hauts qu’elle a décidé de porter ne l’aident pas.
- Cette robe est tellement serrée et longue que j’ai l’impression d’être un saucisson.
Noah rit en s’approchant d’elle. Il passe ses bras sous ses jambes et sur sa taille. Il la soulève et la porte hors de l’habitacle. Il repose délicatement Ambre en lui disant :
- Je n’ai jamais autant eu envie de manger un saucisson de ma vie.
- Ok les gars, je n’ai pas du tout envie d’entendre ça, s’offusque Gabriel en se bouchant les oreilles.
Lila rit et lui prend la main. Ensemble, ils suivent le flot d’invité. Ils passent devant l’imposante demeure, la contourne et se dirigent vers le jardin.
- Je n’arrive pas à croire que tu as grandi là, dit la jeune femme.
- Ah bon, pourquoi ?
- Je ne sais pas. Ce n’est pas méchant ce que je vais dire, mais je n’arrive pas à t’imaginer enfant.
- Ah oui ? On va essayer de remédier à ça alors.
Lila veut lui poser une question mais son regard est attiré ailleurs. Un immense jardin d’hiver de style victorien s’élève le long du lac. La structure en fer forgé noir soutient de grandes fenêtres cintrées. Le tout est recouvert par endroit d’une végétation luxuriante, mélange de lierre, fougère et vigne grimpante. Lila a l’impression de se trouver dans une autre dimension. Une dimension post-apocalyptique où la nature aurait repris ses droits sur les constructions humaines. Elle est émerveillée par ce qu’elle voit. Au fur et à mesure qu’ils avancent sur un chemin en gravillon blanc bordé de fleurs, la foule se fait plus dense. Des gens se retournent ou s’arrêtent pour saluer Gabriel. Il prend le temps de dire un petit mot gentil à chacun en souriant, sans lâcher Lila qu’il tient fermement par la taille. Derrière eux, Noah n’arrête pas de pousser des sifflements admiratifs, tandis qu’Ambre ne peut s’empêcher de laisser échapper quelques gros mots face au spectacle féérique qu’ils ont sous les yeux. Le soleil couchant donne une ambiance surréaliste à la scène. Arrivés devant le pavillon, un homme habillé en costume noir et blanc, clairement un membre du personnel, se penche légèrement en avant.
- Monsieur Gabriel, Mademoiselle. Passez une excellente soirée.
- Merci, bredouille Lila peu habituée à une telle arrivée.
Ils passent sous une immense arche composée de véritables fleurs qui embaument l’air et pénètrent dans le lieu de réception. Lila en a le souffle coupé. Sur le sol en parquet sombre, des chemins de mousse sont tracés pour guider les convives. De longues tables blanches sont élégamment dressées de part et d’autre de la pièce. Les chemins de tables, boudins de fleurs multicolores, tombent en cascade sur le sol. La végétation pend du plafond, comme si elle avait réussi à pénétrer depuis l’extérieur. C’est un spectacle incroyable. Lila a l’impression d’être dans un autre monde. Son regard se pose devant elle et elle ne peut laisser échapper un hoquet de surprise. Un arbre, un véritable arbre, trône au centre de la verrière. Son tronc sinueux et tordue s’élève jusqu’au plafond. Ses branches fournies de feuilles bien vertes s’étendent comme des bras au-dessus d’un espace vide, que Lila suppose être une piste de danse. De la mousse espagnole descend vers le sol. Le tout est éclairé par de petites guirlandes lumineuses dorées, disséminées un peu partout dans la salle. Des lanternes en fer forgé sont disposées sur toutes les tables, donnant une ambiance chaleureuse et intimiste. Le brouhaha des conversations couvre une musique instrumentale douce.
- J’ai l’impression d’être dans un conte de fée, murmure la jeune femme.
- C’est vrai que ma mère s’est particulièrement surpassée cette année. En parlant du loup, la voilà qui approche.
Le cœur de Lila fait un bon dans sa poitrine et se met à battre plus fort. Une femme élégamment vêtue d’une robe vieux rose avance vers eux. Des fleurs de cerisier japonais sont brodées autour du col rond. Son sourire chaleureux rassure la jeune femme. Arrivée devant eux, elle prend délicatement Gabriel dans ses bras, l’obligeant à la lâcher.
- Je suis tellement contente que tu sois venu. Ça compte beaucoup pour moi.
- C’est normal. Tu as vraiment fait un travail incroyable, c’est magnifique.
L’organisatrice s’écarte de son fils et regarde Lila de ses yeux chocolat. Gabriel pose sa main dans son dos et lui sourit pour l’encourager.
- Maman je te présente Lila. Lila voici Isabelle, ma mère.
- Je suis ravie de faire votre connaissance, dit la jeune femme avec un sourire. Vous avez fait un travail fantastique pour cette soirée, c’est vraiment… je n’ai pas les mots tellement c’est beau.
- Merci beaucoup. J’étais impatiente de rencontrer celle qui partage la vie de mon garçon. Tu es encore plus belle que ce que m’a dit Gabriel. Cette robe est splendide.
Lila sent ses joues s’empourprer.
- C’est gentil.
- J’ai hâte de pouvoir te découvrir et discuter avec toi. Veuillez m’excuser, mais j’ai encore quelques détails à régler.
- Oui pas de problèmes, faites ce que vous avez à faire.
Isabelle lui sourit gentiment et lui presse le bras avant de s’éloigner. Elle souffle un bon coup en se disant que ça ne s’est pas trop mal passé.
- Je crois qu’elle t’aime bien, lui chuchote Gabriel à l’oreille avant de déposer un baiser dans ses cheveux qui la fait frissonner.
Ils s’avancent un peu plus dans la salle. Le musher est arrêté toutes les deux minutes par des gens qui viennent le saluer. Lila n’a absolument aucune idée de qui ils sont. Gabriel ne la lâche pas, que ce soit en la tenant par la taille ou par la main. Il la présente toujours comme étant sa petite amie ou sa compagne. A chaque fois qu’il le dit, le cœur de Lila fait un bond. C’est ridicule, mais elle aime l’entendre dire ça. Il lui jette des regards tendres constamment, lui sourit et l’inclus dans les conversations dès qu’il le peut. Elle s’étonne d’ailleurs de le voir aussi à l’aise avec ces gens. Elle s’était imaginée que Gabriel serait réservé lors de cette soirée. Puisqu’il ne s’est jamais senti à sa place dans ce monde, elle ne pensait pas qu’il puisse être autant dans son élément. Force est de constater qu’il est comme un poisson dans l’eau. Alors qu’il est en train de discuter avec un riche investisseur de choses tellement techniques que Lila est bien incapable de suivre, elle se retourne et cherche Ambre et Noah des yeux. Entrainés par le flot des convives, ils se sont vite séparés en entrant. Elle les trouve près de l’arbre central, une coupe de champagne à la main. Noah est en pleine discussion avec un groupe de personne. Il rit et semble enthousiaste. Lila oublie parfois à quel point il est à l’aise en société. Il s’adapte vite aux gens qu’il côtoie. Ambre est à ses côtés. Elle les écoute mais n’a pas l’air de vraiment participer. Ce sont vraiment les opposés sur ce point. Noah est plus à l’aise avec des inconnus que dans la sphère intime, tandis qu’Ambre serait presque agoraphobe tellement elle aime être entourée de peu de personnes.
Gabriel la sort de ses pensées en l’entraînant vers le centre de la pièce. Un rayon de soleil entre alors dans son champ de vision, alors que dehors il fait presque nuit. Lila plisse les yeux tellement Vanessa est éblouissante. Elle s’approche du couple avec un grand sourire.
- Tu es magnifique, lui dit la blonde en la prenant dans ses bras.
- Merci, mais j’ai l’air ridicule à côté de toi.
La sœur de Gabriel porte une robe sirène jaune, très près du corps, avec les épaules dénudées. Le tissu retombe élégamment sur ses bras et sa poitrine, façonné pour former de magnifiques tournesols.
- Ne dis pas de bêtise, tout le monde t’a remarqué quand tu es arrivée.
- Ce ne serait pas plutôt parce que je suis au bras du benjamin de la famille Lemire, qui ne s’est pas montré au gala depuis deux ans ?
- Oui, bon d’accord, il y a surement un peu de ça aussi.
Lila rit en secouant la tête. Gabriel les regarde, amusé.
- Au moins, tu as soigné ta réapparition, dit Vanessa à son frère.
Il soupire et ouvre la bouche pour répondre à sa remarque, mais il est coupé par le bruit du micro. Tout le monde se tourne vers l’arbre central sous lequel une petite estrade a été montée.
- Bonsoir à tous, commence un homme d’une voix profonde et posée.
- Que le spectacle commence, murmure Vanessa à son frère avant de s’avancer vers l’estrade.
Toutes les conversations cessent et les convives se concentrent sur le discours qui s’apprête à être donné. Lila n’arrive pas à distinguer qui parle, les gens placés devant elle lui cachent la vue.
- Tout d’abord, je tiens à vous remercier de votre présence ce soir. C’est une grande preuve d’amitié et de confiance que vous m’accordez et je vous en suis très reconnaissant. Cela fait déjà 25 ans que la fondation Erimel existe, 20 ans, que chaque année, nous organisons ce gala de charité.
Quelqu’un se décale devant Lila et sa vue se dégage. L’homme qui parle est grand, imposant et très class dans son costume trois pièces. Son aisance dégage quelque chose de particulier. Lila n’arrive pas à déterminer quoi, ni si c’est un sentiment positif ou négatif, mais ce qui est certain c’est que cet homme ne laisse pas indifférent.
- Comme vous le savez, cette soirée est l’occasion de collecter des fonds pour des causes qui nous tiennent particulièrement à cœur. Pour aider des gens qui en ont réellement besoin.
L’homme tourne la tête vers la partie de la salle où Lila se trouve. Il laisse trainer son regard sur les convives, puis revient vers l’endroit où elle se trouve. Elle a l’impression qu’il la fixe, en fronçant légèrement les sourcils. A ses côté Gabriel se tend. Elle regarde de nouveau l’homme en face d’elle et un détail la marque. Il a les yeux aussi bleus que l’océan, aussi intense qu’un ciel sans nuage. Les mêmes yeux que Gabriel. C’est Éric Lemire, comprend-elle alors. Elle n’écoute pas la suite de son discours, trop concentrée à l’observer. Elle ne s’imaginait pas le père de Gabriel aussi charismatique. Bien entendu, elle l’a déjà vu, que ce soit à la télé ou dans la presse, mais elle n’avait alors jamais fait attention à son attitude. Le voir devant elle, la rend encore plus nerveuse. Elle n’est plus trop sûre de vouloir le rencontrer.
- Je voudrais conclure ce discours par des remerciements. Tout d’abord, je voudrais remercier mon épouse, Isabelle. Comme chaque année, elle a fait un travail remarquable pour que cette soirée ait lieu. Et puis, je voudrais la remercier pour le soutient qu’elle m’apporte au quotidien, dit-il en souriant à sa femme à côté de lui.
Il regarde ensuite David, posté non loin avec une jeune femme d’origine asiatique magnifique. Vanessa les a rejoints sur le côté de l’estrade. Éric se tourne vers l’assemblée en les désignant.
- Je voudrais également dire combien je suis fier de mes enfants ici présents. Si l’héritage de la famille Lemire persiste, si l’entreprise Erimel se porte aussi bien, si la collecte de fond est possible ce soir, c’est en grande partie grâce à mon fils et ma fille.
Lila se rapproche de Gabriel et lui prend le bras. Éric ne l’a pas mentionné. Il a fait comme s’il n’avait que deux enfants. Il l’a complètement occulté de son discours. Elle trouve ça injuste et cruel. Elle laisse descendre ses doigts le long de sa peau, jusqu’à son poignet et lui prend la main. Gabriel entrelace leurs doigts et serre sa main très fort. Lila en aurait presque mal, mais elle veut lui apporter le soutien qu’il a besoin.
- Encore une fois, j’ai beaucoup trop parlé. Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une excellente soirée et surtout soyez généreux.
Tandis que les applaudissements retentissent dans la salle, Gabriel relâche ses épaules en soufflant. Il tourne la tête vers Lila quand elle pose sa main libre sur son bras. Un faible sourire vient étirer ses traits. Il se penche vers elle et dépose un baiser sur son front.
- Ne t’en fais pas, ça va. Je préfère ça plutôt qu’il m’affiche devant tout le monde. Viens, je voudrais te montrer quelque chose avant le dîner.
Gabriel se retourne et l’entraine dehors. Il marche d’un pas rapide dans l’herbe fraîche, droit vers la forêt. Lila est obligée de trottiner si elle veut rester à sa hauteur.
- Ok, on va ralentir le pas si tu veux bien, parce que je n’arrive pas à suivre tes grandes pattes.
Il la regarde en biais et écarquille les yeux en ralentissant considérablement son allure.
- Pardon ma puce. Je suis désolé.
La luminosité est presque inexistante dans ce coin du jardin. Lila se laisse guider par le musher, qui a l’air de parfaitement savoir où il va. Elle laisse passer un moment, avant de ne plus tenir et de lui poser la question qui lui brûle les lèvres.
- Je peux te poser une question ? Ou une remarque, je ne sais pas trop.
- Oui, vas-y.
- Est-ce que tu ne serais pas en train de fuir par hasard ?
Gabriel ralentis encore le pas, la lâche et s’écarte en se passant la main dans les cheveux. Il lui tourne le dos. Lila pense qu’il ne va pas lui répondre, mais il prend une inspiration et se retourne avec un sourire sans joie.
- Merde… C’est si évident que ça ?
- Ça crève les yeux comme le nez au milieu de la figure. Si tu avais pu transplanner directement, tu l’aurais fait.
La référence à Harry Potter le fait rire et il reprend sa marche en silence. Lila le suit entre les arbres, perplexe. Elle espère qu’ils ne vont pas marcher encore des kilomètres, parce que ses fines sandales commencent à lui faire mal aux pieds. Ses pensées sont stoppées net lorsqu’elle percute le dos de Gabriel qui s’est arrêté. Il lève la tête vers l’arbre en face d’eux. Lila suit son regard. Elle ne distingue rien à part un gros cube, puis ses yeux s’habituent à la pénombre.
- C’est une cabane ?
Gabriel acquiesce et se dirige vers le tronc. Il grimpe à une échelle de corde pour atteindre la plateforme.
- Si tu crois qu’avec ma tenue je vais pouvoir faire comme toi, c’est que vraiment tu n’as aucune idée de ce que c’est que de porter une robe aussi volumineuse !
- Alors, non je n’ai pas du tout idée de ce que c’est et je ne veux pas le savoir. Ça m’a l’air beaucoup trop encombrant. Et de deux, j’ai une solution pour que tu montes.
Il s’approche du rebord de la terrasse et tire sur une corde. Un escalier se déplie jusqu’aux pieds de la jeune femme.
- Ah oui quand même. C’est une cabane de luxe, dit-elle en le rejoignant. Et pour la robe, c’est bien dommage. Je suis sûre que ça t’irait très bien.
- Tu ne serais pas en train de te moquer de moi, par hasard ? demande Gabriel en lui pinçant le nez.
- Moi ?! Moi, je ferais ça ? Je n’oserais pas voyons, dit Lila faussement offensée.
Gabriel laisse échapper un rire en relevant la tête. Il l’attrape par la taille et l’embrasse délicatement, puis il presse ses lèvres plus durement contre les siennes. Sa langue vient caresser sa lèvre inférieure. Lila ne peut réprimer un gémissement. En se reculant, le musher colle son front au sien.
- En arrivant tout à l’heure, tu m’as dit que tu ne m’imaginais pas enfant. Alors voilà.
- Quoi ?! s’étrangle la jeune femme qui a du mal à reprendre son souffle. C’est ce que tu faisais enfant ? Embrasser comme ça.
- Mais non ! Je voulais t’emmener à l’endroit qui représente toute mon enfance. Où j’ai passé le plus de temps. Et qui n’a pas bougé depuis… ajoute-t-il plus bas.
Lila se défait de son étreinte et le regarde sortir son téléphone de sa poche. Il enclanche la fonction lampe torche et se baisse pour récupérer la clé. Quand il déverrouille la porte, une odeur de renfermé et d’humidité vient lui chatouiller les narines. Elle le suit à l’intérieur et découvre son univers. Elle regarde les dessins, les crayons, les livres sur les étagères. Son attention est attirée vers le télescope.
- Oh mon dieu ! J’ai toujours rêvé d’avoir le même quand j’étais petite !
- C’est vrai ? demande Gabriel en se rapprochant d’elle.
- Mais oui ! Avec mon frère, on été fasciné par les étoiles. J’ai toujours adoré regarder cette immensité. On se sent tout petit et ça nous remet vite à notre place.
Le silence se fait autour d’eux. Lila se retourne en croyant que Gabriel est sorti, mais il est toujours là, à la regarder. Et mon dieu, ce regard. Une douce chaleur vient se répandre dans le ventre de la jeune femme. L’intensité de ses yeux lui donne soudain très chaud, malgré la brise qui entre par la porte restée ouverte. Il se rapproche d’elle jusqu’à ce que leurs pieds se touchent. Il lève la main et fait courir ses doigts le long de sa mâchoire, laissant sur la peau de Lila des milliers de frissons.
- Regarder les étoiles, c’est… le plus beau souvenir de mon enfance, dit-il enfin d’une voix roque.
Il continue son chemin du bout des doigts, s’attaquant maintenant à sa lèvre inférieure. Lila ferme les yeux en sentant les battements de son cœur accélérer.
- C’est le seul bon souvenir que j’ai avec mon père.
Il a parlé tellement bas, que Lila doute d’avoir bien entendu. Elle réouvre les yeux. Gabriel a détourné la tête. Elle porte la main à sa joue et le force à la regarder dans les yeux.
- Ce doit être un très beau souvenir.
Gabriel se tourne vers elle et la percute avec force. Leurs lèvres rentrent en contact et Lila se consume instantanément de l’intérieur. Leurs langues se cherchent, se chevauchent, leurs dents mordillent, leurs peaux s’embrasent. Gabriel la plaque contre le mur de la cabane. Ses gestes ne sont pas doux, mais passionnés. Lila laisse échapper un gémissement. Ses hanches ondulent contre les siennes et elle sent son érection grandir. Après un long moment, la jeune femme rassemble toute la force qu’elle arrive à trouver et s’écarte légèrement de lui.
- On devrait retourner à la fête avant que quelqu’un ne vienne nous chercher.
Gabriel hoche la tête, essoufflé. Il ne semble pas vouloir la lâcher et agrippe ses hanches avec forces. Puis il s’écarte d’elle et l’entraine vers la sortie. En marchant, elle le voit remettre en place son pantalon.
- Noah avait raison, il est beaucoup trop serré, grogne-t-il. Ça se voit beaucoup ?
- Que tu bandes ? Oui, s’esclaffe Lila en se dirigeant vers l’escalier. Espérons que ça ne se voit plus d’ici cinq minutes.
- Avec toi à mes côtés et dans cette tenue, c’est peine perdue. Même avec un sac à patate sur les épaules mon corps réagirait de la même façon.
Lila rougit. Elle l’aime l’entendre parler comme ça. Sur le chemin retour, Gabriel ne semble pas pressé.
- Merci de m’avoir montré ta cabane. J’arrive un peu mieux à te cerner, je crois. Mais je me demande quand même, pourquoi ce n’est pas ta chambre d’enfant que tu m’as montré ?
- Parce que je n’en ai plus. (Gabriel laisse passer un silence). Mon père l’a fait refaire quand je suis parti à la fac. Il a jeté tout ce qu’il y avait à l’intérieur pour en faire une énième chambre d’amis. Il disait que je n’en avais plus besoin. Tous mes souvenirs sont ici (Il désigne la cabane derrière lui).
- C’est méchant et triste, déclare Lila. En tout, cas je la trouve magnifique, la cabane. Je trouve ça romantique en plus. Te découvrir enfant dans un lieu pareil. Ça fait… de l’effet.
- Tu sais que tu es seulement la deuxième fille que je fais monter ici.
Lila s’arrête à proximité du chemin qui mène vers le jardin d’hiver. La musique leur parvient. Elle le dévisage un long moment.
- Quoi ? demande Gabriel.
- Non rien, mais je suis curieuse. C’était qui la première ?
- Ma mère.
- J’y crois pas, murmure Lila tout bas en souriant.
- Euh… je peux avoir une explication ?
Gabriel est face à elle. Clairement il ne comprend pas sa réaction.
- High School Musical ! dit Lila comme si ça expliquait tout.
- Ok… et ?
- Tu viens de sortir presque mot pour mot une réplique du troisième film.
Voyant qu’il ne bouge toujours pas et qu’il continue à plisser les yeux, Lila s’écrit.
- Oh mon dieu ! Tu ne vois pas du tout de quoi je parle. As-tu au moins vu le film ?
Gabriel grimace.
- Le premier au moins ?
Il fait non de la tête.
- Gabriel Lemire, je suis au regret de t’annoncer que tu as raté ton adolescence ! Il va falloir remédier à ça ! s’esclame incrédule Lila en le tirant par la main vers la fête.
Annotations
Versions