Ne crains pas la faucheuse.

Au contraire, prends-lui la main, apprécie le contact de ses doigts squelettiques autour des tiens, alors qu’elle te mène vers la quiétude éternelle. Vois-la comme une amie, une délivrance envers ce monde injuste. Laisse-la te libérer de ta vie cruelle.

Qu’est-ce qui peut bien te retenir ici-bas, de toute façon ? J’en vois assez pour affirmer que la vie n’en vaut pas la peine. L’autre côté, lui, ne ment pas. Le repos éternel existe. Il n’y a aucune raison d’hésiter entre les deux, de préférer une existence tourmentée à un sommeil sans cauchemars.

Elle n’est pas maléfique. Ni bienveillante. Elle accomplit son rôle, tout simplement. Ne la considère pas comme une ennemie. Prends sa main. Tu comprendras que c’est le meilleur choix possible, lorsque tes yeux se fermeront et te mèneront loin de tes souffrances, de tes tracas, de tous ceux qui t’ont fait du mal.

Tout se passera bien. C’est promis. J’en ai vu d’innombrables qui ont passé ce voile pour pouvoir te l’affirmer. À ton tour, maintenant, il est temps. Ne lutte plus. Ne t’inflige pas cette douleur de vivre plus longtemps, à te battre pour une cause perdue, pour un avenir plus terrible encore. La finalité sera la même, de toute façon, mais tu as là la chance de partir sans douleur supplémentaire. Alors vas-y.

Prends ma main.