2 - Lanterne
Une lanterne. C’était tout ce qu’Emilio voyait dans la lande, une fois la nuit tombée. La lueur d’une lanterne qui se balançait au loin. Impossible de discerner les contours de la silhouette à qui l’objet appartenait, pas même ceux d’un haut chapeau ou d’une cape battue par le vent. Aucun moyen de savoir s’il s’agissait d’un homme, d’une femme, et Emilio en venait à craindre l’existence d’une entité maléfique autour de son domaine.
Il aurait pu ne jamais s’en rendre compte, mais il avait fallu qu’il soit frappé d’insomnie durant une maudite nuit de pleine lune. Il avait ensuite décider de s’installer au bord de sa fenêtre et de contempler l’horizon enténébré. Et il avait remarqué la lueur jaune pâle entre les branches des oliviers. Une lueur qui s’avançait seulement de quelques mètres, pas plus, comme pour nourrir le mystère. Son balancement incessant lui avait permis de deviner qu’il ne s’agissait pas d’un feu de camp ou d’une torche qui aurait pu enflammer son jardin, mais d’une lanterne.
Au début discrète, elle s’allumait cette fois toutes les nuits, et il lui semblait qu’elle était de plus en plus proche. Emilio pouvait sortir et enfin comprendre l’origine de ce phénomène, mais la vérité était que cette lueur le terrorisait. Son imagination féconde offrait au propriétaire de cette lanterne une apparence des plus sinistres. Homme ou femme, l’être était forcément décharné, la peau parcheminée et les yeux vides, pas même illuminés des reflets de sa lanterne. Une créature de mort qui n’attendait que de l’attraper.
Emilio en était sûr : dès lors qu’il se trouverait baigné de cette lumière pâle, il en serait fini de lui. Alors, chaque nuit, il verrouillait ses fenêtres et la porte de sa chambre sans pouvoir s’empêcher de surveiller le jardin. Et chaque fois, son sang se glaçait en la voyant plus proche. C’était presque imperceptible mais il n’en avait pas le moindre doute.
Que se passera-t-il vraiment lorsque la lanterne éclairera la porte de sa demeure, parcourra les couloirs et s’infiltrera jusque sur les lames de son parquet, au pied de son lit, sur lui ?
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