6 - Cercles de fées
Depuis que Séraphine avait trouvé ce qu’elle avait pris pour un oisillon, sa vie prenait un tour étonnant. Elle avait toujours aimé les contes et légendes, et voulait par-dessus tout y croire, tout en ne pouvant réfréner sa part pragmatique. Malgré tous ses vœux, elle ne pouvait pas se leurrer : ses espoirs ne resteraient jamais que de jolis rêves.
Et pourtant…
Lors de ses promenades dans les bois, elle avait déjà vu ce que l’on appelait des cercles des fées, souvent sous forme d’une couronne de champignons. Ces cercles étaient discrets, se fondaient si bien dans le décor sylvestre, qu’on ne pouvait que croire qu’il s’agissait de traces de fées prudentes, pas d’un phénomène que l’on pouvait expliquer par la science. Enfant, Séraphine était tentée de cueillir ces champignons, certaine que les manger lui permettrait de devenir une fée à son tour car ils étaient imprégnés de magie. En fin de compte, elle avait contenu ces élans passionnés et laissés intacts ces cercles végétaux.
Depuis l’arrivée de l’oisillon, elle était tellement accaparée par sa santé, par sa croissance rapide et par d’étonnantes caractéristiques, qu’elle en avait oublié les cercles des fées, jusqu’au jour où son nouvel ami s’élança vers la forêt. Inquiète qu’il tombe dans une crevasse ou pire, elle lui courut après.
Ils ne trébuchèrent pas contre une racine traîtresse, ne tombèrent pas dans des ronces ou des plantes urticantes ni ne rencontrèrent de chasseurs avinés. Ils semblaient seuls au monde et protégés par la sylve dont ils approchaient du cœur. Pour la première fois depuis longtemps, Séraphine découvrit un nouveau cercle, plus beau que jamais.
Ce n’était pas un modeste cercle de champignons mais de pierres, érigées ainsi il y avait longtemps au vu de la mousse et des petites fleurs qui s’y épanouissaient. Il était baigné par une douce lumière verte, union du soleil et du feuillage, et auréolé de petites lueurs dorées. Des lucioles.
Ou des fées ?
Ébahie, Séraphine resta silencieuse et regarda son oisillon s’approcher et se coucher en plein milieu du cercle comme pour y faire une simple sieste. Ses plumes chatoyantes parurent scintiller grâce à un rai de lumière et Séraphine jura qu’un cercle d’or se formait le long des pierres, réagissant à la présence de son ami.
Elle eut la confirmation, plus que jamais, qu’il ne s’agissait pas d’un simple oiseau et que ses espoirs n’étaient pas vains. La magie existait.
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Sympa de retrouver Séraphine et son oisillon après toute une année ! Oui, ils ont fait leur première apparition dans mon Writober 2023 ! https://www.atelierdesauteurs.com/text/236754264/writober-2023--termine-/chapter/688332
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