CARMEN ~
Leurs bouches d’amanite qui lui parlent poison.
Carmen atmosphérique dans l’arène au pardon
Ses robes d’amarante qu’elle soulève, outrageuse
Sur les mâles et leur fièvre, toréant en pleureuse.
La douleur ombragée en fermant le cercueil
Les passes affolées pour affronter le deuil
Des rosaces d’épines qu’elle martèle du talon
Tout entière elle dessine les cercles du violon
Carne
Carne
Carmen
S’incarne
Dans le carmin de sa chair
Les fables d’ici n’ont pas toujours de morale
Carmen ouvre ses nuits à leurs cris de chorale
Et dans les bras morsures, les yeux de canicule
Elle s’observe devenir une femme majuscule
Il est brûlant et lourd, le sang de la gitane
Son corsage perforé sur sa peau de havane
Elle défie l’homme en or sans y goûter la peur
Qui des deux est la proie, qui est le prédateur ?
Carne
Carne
Carmen
S’incarne
Dans le carmin de sa chair
Lui, robuste, répond à l’appel du saccage,
À l’odeur de l’humeur de ces courbes sauvages
Il sait fouiller la peau offerte jusqu’au vertige
À la langue, à la pique, voilà tout son prodige
Que voit le matador dans le feu de poussière ?
Est-ce le corps parfumé de sa cigarière ?
Ou bien se souvient-il face aux rouges ruisseaux
De sa douleur d’enfant sous de violents assauts ?
Carne
Carne
Carmen
Écoute
C’est l’appel de la chair
Ça tournoie et ça pleut, ça siffle et ça s'affaisse
Quand les coups de canif remplacent la caresse
Mais lorsque dans sa main perle le coutelas
Peut-être songe-t-il à s’enfuir aux éclats ?
Le matador a-t-il foi en son numéro ?
Se venge-t-il des femmes sur le cuir du taureau ?
Ou récitant sans fin des passages bibliques
Regrette-t-il son acte sanglant, mécanique ?
Oh, écoute,
Sous le couteau
Carne
Carne
Carnages
S’incarnent
C’est l’appel de la chair...
Écoute
C'est l’appel de
Carmen
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