LA TRAVERSÉE ~
Quand l’obscène supplante un théâtre candide
L’éclosion d’une femme aux douceurs ovoïdes
Ses débris de caresses sur la douleur primale
Et l’aigreur de paresse dans les nuits animales
Tous les loups s’enfarinent pour dévorer ses hanches
Sous la porte assassine, ils soumettent leur queue blanche
L’effrontée les accueille dans sa pluralité
Ses seins comme un recueil à leur verbalité
Des lèvres purpurines boursouflées par l’envie
La morsure de couleuvre, chevauchée de plastique
Son venin incolore et ses cris fatidiques
Le déhanché du fleuve sur l’insomnie du lit
Elle dit : “c’est quand qu’on accoste ?”
Elle dit : “c’est quand ?”
C'est sa peau délavée qui larmoie sous l'armure
L’amour des ombres qui s’ouvre sur le procès du feu
Le brasier d’une honte ancestrale qui perdure
Sous leurs corps carnassiers la laissant toute bleue.
Elle dit : “c’est quand qu’on accoste ?”
Elle dit : “J’aimerais voir les côtes”
Elle n’a connu que la longue rivière de pierres
Des barques immobiles qui la noient, qu’elle écope,
Elle se rêve une vie de kaléidoscope
De sa langue druidique, récite ses prières.
Elle dit “C’est quand qu’on accoste, mon Dieu ?”
Elle dit : “Je rêve des côtes”
Sous leurs mains de mirage qui lui laissent la soif
Tous les corps d’opinel peignent en elle leurs marques
Un peau à peau torride, douze amants qui s’agrafent
Leur flèche sur son corps qui se tend comme un arc.
Du bout des doigts, elle tâte,
Elle dit : “Tes côtes…”
Elle dit : “J’aimerais voir mes côtes”
Face à l’inconsolable de l’enfance écorchée
A boire jusqu’à la lie, la folie de la fiole
S’abandonner aux mots qui eux font naviguer
Mais poésie blessée perd ses plumes en plein vol
Elle dit : “c’est quand que j’accoste ?”
Elle dit : “c’est quand ?”
Et le silence lui répond.
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