Lui -   Hé. T’es là ? C'est moi. Bordel répond moi ?

Elle -  Je suis là.

Lui -  Et alors ? pourquoi tu m’réponds pas ?

Elle - Pas la force, pas l’envie.

Lui - Ne me fais pas le coup de la pauvre fille qui a tous les malheurs du monde !

Elle - C’est tout ce que t’as à me dire ?

Lui - Je devrais dire quelque chose là ?

Elle - Oui, évidemment tu dois dire quelque chose. Je suis pas censée être seule.

Lui - Quoi ? c’est ma faute ?

Elle - Putain tu comprends rien ! Ce n'est pas ce que je veux dire.

Lui - Alors quoi ? qu’est-ce que tu veux dire ?

Elle - Que maintenant, tu dois être là.

Lui - Et d’après toi je fais quoi là ?

Elle - Tu cries. J’ai pas besoin de ça.

Lui - Et t’as besoin de quoi ?

Elle - Mais, j’en sais rien, que je sais pas, que tu me dises que ça va aller par exemple, que t’es là. Que ça ira mieux.

Lui - Tu le vois que je suis là non ? et puis tu vas pas mourir non plus. Arrête de dramatiser la situation.

Elle - Tu aimerais bien, que ce soit rien. Pas vrai ? Après tout c’est presque rien, alors, oui disons que ça ne compte pas. Comme ça tu n’as pas à culpabiliser. Comme ça tu es tranquille. On peut continuer comme avant. Bien sûr, bien sûr que tu ne dois pas culpabiliser. Mais je suis désolé Jack pour moi c’est pas rien. Et pourtant j’ai essayé, de me dire « c’est pas grave », crois-moi. Je te jure que j’ai essayé.

Lui - ...

Elle - Non. Me touche pas ! Ne me prends pas dans tes bras. Écoute-moi.

Lui - Je t’en prie.

Elle - Tu sais pourquoi ce n’est pas rien ?

Lui - Je..

Elle - Non. Tu ne sais pas. Et tu ne sauras jamais. Ok. C’est pas un drame, c’est pas horrible, pas un viol, pas eu d’abus, pas de blessure, oui mais je suis désolé ça reste une agression. Ça reste une violence

Lui - Des tonnes de gens se font agresser, c’est pas une raison pour devenir complètement folle.

Elle - Voilà. Voilà. C’est tellement banal. Une fille se fait emmerder mais rien de grave, ça n’a pas été loin. Mais oui, continuons comme ça. Minimisons. Tu sais ce que ça fait ? On se dit qu’on devrait pas pleurer, qu’on devrait pas se plaindre, parce que c’est pas grave, on emmerde les autres alors qu’on a rien, on a honte. On a honte. Parce que le mot victime fait peur. Est-ce que c’est à nous d’avoir honte ? Regarde moi ? J’ai pas à avoir honte. C’est à eux d’avoir honte, à vous aussi. Tu te rends compte de ce que ça signifie. Des connards on le droit d’emmerder les filles, tant que c’est pas dangereux, c’est pas grave. C’est dégradant ? Oh. C’est rabaissant ? oh. Et alors ?  Elle va bien. Oui. Elle va bien. C’est pas grave. Elle n’a pas à aller mal. Elle va bien. Alors ça continue.

Lui - Ecoute, je ne veux pas minimiser les choses mais il ne faut pas non plus que tu vives ça si mal.

Elle - Sérieusement c'est tout ce que tu trouves à dire ? 

Lui- Ecoute moi.

Elle - Pourquoi faire ? T’as rien à me dire.

Lui - Laisse moi essayer.

Elle - Pourquoi je dois avoir honte ? Hein ? Dis ? Pourquoi ? Pourquoi ? J’ai rien fait moi. J’ai rien fait.

Elle - Non, t’as rien fait. T’as pas à avoir honte. D’accord, je sais pas quoi dire, mais je suis là, et t’as pas à avoir honte. Tu peux même être fière, fière de ce que tu es. Je suis là, c’est bon. C’est pas rien mais ça va aller. Hé, je te promets ça va aller. C’est moi qui te le dis. Des connards y’en a partout. Mais moi je suis là. La honte elle peut se tailler.

Elle - Ça suffit pas. ça change rien que tu sois là. Je ne peux plus. Je ne veux plus du monde.

Lui - ça veut dire quoi ça ?

Elle - Pas maintenant, je suis désolé, c’est lâche mais pas maintenant.

Elle sort.