24 décembre, matin

Mais où est Alice ?

Sarah était complètement paniquée. ça ne pouvait pas se reproduire, ce n'était pas possible. Elle s'était rendue dans la chambre d'Alice pour la réveiller, comme tous les matins. Mais elle n'était plus là. Sur le moment, elle avait pensé qu'elle était descendue prendre son petit déjeuner. Mais ni Rachel, ni Joseph ne l'avait aperçue. De plus en plus inquiète, elle fouilla toutes les pièces du manoir, suivis par la suite par les autres invités. Mais elle restait introuvable.

- Sarah, venez avec moi, demanda alors Abraham, qui venait juste de les rejoindre. Alice est en sécurité, ne vous inquiétez pas, je vais tout vous expliquer. Pour les autres, nous nous verrons au repas de ce soir pour fêter comme il se doit le réveillon de Noël. Je vous dis à tous à tout à l'heure.

Il s'éloigna en soutenant Sarah, encore abasourdie, prenant le couloir ouest du manoir. Miranda et Nathan étaient très étonnés.

- Vous avez compris quelque chose ? demanda Miranda, en s'éloignant en direction de la bibliothèque.

- Pas vraiment. De toute façon, tout est étrange ici. Vous avez remarqué qu'il n'y a aucun miroir ?

- Ce n'est pas pour me déplaire. Je ne supporte plus les miroirs depuis... depuis la mort de ma sœur jumelle.

- Je suis vraiment désolé. J'imagine combien ce doit être déstabilisant de se voir dans un miroir et d'avoir l'impression de voir son double.

Ils étaient arrivés à la bibliothèque et s'installèrent confortablement dans les canapés. Joseph leur apporta des chocolats chauds sous le bruit incessant de la tempête qui se déchainait au dehors.

- Merci beaucoup Joseph, c'est très gentil, vous nous gâtez trop... dit Miranda en soufflant sur sa tasse.

- Oui merci bien Joseph. Pensez-vous que la tempête va encore durer longtemps ? Elle est vraiment impressionnante.

- Malheureusement oui. Il est exceptionnel d'avoir une tempête en cette saison, pas de cette envergure du moins...

- Alice va bien ? s'inquiéta Miranda. Nous l'avons vraiment cherché de partout sans trouver une trace d'elle.

- Oui, ne vous en faîtes pas. La petite chipie s'était cachée dans une salle qui ne s'ouvre qu'avec la clé. La pauvre a passé la nuit là-bas mais elle va bien. "

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Lizzie

"La dernière fois que j'ai vu mon mari, nous faisions une randonnée dans le parc de Yellowstone, pour notre voyage de noce. Il était fatigué, aussi lui ai-je proposé de s'arrêter un moment et de se rejoindre au refuge pour un bon repas.

Mon père m'avait pourtant avertie de ne jamais partir seule sur des sentiers de randonnée, surtout en ne connaissant pas le milieu.

Malgré ses recommandations, je suis partie seule, heureuse d'être en communion avec la nature. Communion, c'est le bon terme ! J'étais sur un chemin ardu lorsque mon pied a glissé. J'ai commencé à tomber dans un petit ravin rempli d'arbres qui heureusement amortissait ma chute. Et puis j'ai vu le trou, une crevasse plutôt, qui avait l'air bien profonde.

J'ai essayé de m'agripper à quelque chose mais rien ne résistait.

Je n'étais retenue qu'à la force de mes bras, mes jambes pendues dans un noir d'encre.

J'ai crié, pleuré, hurlé, mais personne ne m'a entendu.

Alors j'ai lâché prise...

Je suis tombée, telle Alice aux pays des merveilles, dans un tunnel vertigineux, constitué de milliards d'étoiles...

A un moment, je me suis approchée du soleil, notre soleil et d'un coup j'ai été comme tirée en arrière et tout est devenu flou.

Je me suis sentie soulevée et le moment d'après j'étais au bord de la crevasse. Je ne comprenais plus rien...

Pourtant, je sentais que quelque chose était différent. Sur le coup, j'eus du mal à trouver puis ce devint évident....

L'air... l'air était différent, quasiment irrespirable. Je commençais à suffoquer et mon regard fut attiré par le lac... Un lac que je n'avais jamais vu, qui n'existait pas en temps normal.

D'énormes bulles en éclataient à la surface, libérant un gaz toxique. Il fallait que je sorte de là et vite.

Je me relevais tant bien que mal, complètement affolée, appelant à l'aide. Ma respiration devenait de plus en plus laborieuse et ma vue se troublait au point où je n'arrivais plus à marcher droit. Ce n'était pas possible, ça ne pouvait pas se terminer comme ça...

Je me suis réveillée dans une chambre blanche, dans un lit d'hôpital. Un instant, j'ai cru être revenue, que tout cela n'était qu'un mauvais rêve dû peut-être à un accident. Peut-être avais-je été dans le coma ou complètement droguée ? J'ai espéré.

Mais un seul coup d’œil à la fenêtre de ma chambre m'a suffi pour comprendre que je me trompais.

Le ciel était sombre, empli de nuages de cendre. Maintenant j'entendais les sirènes hurlantes parmi les décombres de ce qu'il restait de la ville de Las Vegas. Les grands immeubles qui en avaient fait sa renommée n'étaient que des bâtiments éventrés, brûlant d'un incendie impossible à maîtriser.

Encore, je pouvais croire à ce moment là que j'étais toujours chez moi, sur ma Terre. Après tout, peut-être que le super volcan de Yellowstone avait réellement explosé ce coup-ci, oui c'était bien possible.

Mais je me berçais d'illusions.

Un vaisseau immense, gigantesque et invraisemblable était positionné au dessus de la ville et de nombreuses navettes le rejoignaient, décollant de l'ancien aéroport de Las Vegas. J'avais l'impression de voir un film de science fiction. Ils étaient tous en train d'évacuer. Mais la technologie que je voyais de mes propres yeux n'existait pas encore sur notre monde.

Une jeune femme entra alors, semblant surprise et soulagée de me voir debout.

- Bonjour mademoiselle. Vous devez trouver tout cela étrange, je sais que vous n'êtes pas de notre monde et malheureusement je n'ai pas le temps de tout vous expliquer. Nous sommes en train d'évacuer l'hôpital, nous sommes les derniers à partir. Ce que je peux vous dire, c'est que vous ne pourrez jamais retourner sur votre Terre et j'en suis vraiment désolée. La règle est ainsi. Vous avez eu la malchance de tomber sur un passage reliant les multi univers. C'est extrêmement rare mais ça arrive. Je vous ai apporté des vêtements, nous devons partir au plus vite.

Je m'appelle Laura et je peux comprendre ce que vous ressentez. Je n'étais qu'une enfant lorsque j'ai aussi franchi le passage. Je vous aiderai à vous adapter. Allons-y maintenant."

Je l'ai suivie, complètement abasourdie, dans un état second. Je ne voulais pas croire, comment peut-on croire une chose pareille ?

Ce ne fut que bien plus tard, une fois dans l'espace, puis sur la nouvelle planète que mon esprit s'est adapté.

J'ai compris que j'avais tout perdu, il n'y avait aucun retour en arrière possible mais au moins j'étais en vie.

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