CHAPITRE 8.3 * VICTORIA

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V.R.S.de.SC

♪♫ ... ♪♫

On avait vécu ce petit moment de retrouvailles, comme si le monde autour de nous s'était réduit à cette étreinte et ces regards. Puis, avec un sourire complice, James avait légèrement relâché son étreinte, me prenant par la main avec une tendresse surprenante. Nous avions traversé la foule animée du club, nos corps se frôlant à chaque pas, jusqu'à la loge VIP. Je crois qu'il était décidé à ne plus me lâcher d'un pouce et intérieurement j'étais aux anges.

A l'étage, un peu coupé de l’agitation du dancefloor, une ambiance plus tranquille régnait. Les regards curieux et les visages souriants de mes amis nous avait accueillis, mais dans cette oasis de calme, la connexion entre James et moi restait au cœur de mon esprit. La fatigue se faisait sentir parmi nous ; les rires et les échanges étaient devenus plus détendus. Les discussions étaient maintenant plus intimes, plus réfléchies, et l'énergie de la soirée semblait se transformer en une douce complicité collective.

James et moi avions pris place parmi mes invités sur les canapés moelleux, des boissons rafraichissantes à la main et je m'étais appliquer à les présenter un par un. Dans ce geste simple, je ressentais une satisfaction douce, un plaisir tranquille de voir James s'intégrer petit à petit dans mon univers.

Peu après, il s'était lancé dans une discussion animé avec Camille, mon meilleur ami depuis l'enfance. Leur complicité était évidente ; je les observais échanger tandis que je discutais avec Nina, Justine et Flora. Camille, professeur de tennis et passionné de trek et de trail en montagne, et James, globe-trotteur et amateur de surf, semblaient partager de nombreux centres d'intérêt. Il ne faisait aucun doute qu'ils avaient probablement exploré les mêmes îles par le passé.

Il y a quelques mois, pendant nos vacances ensemble à La Réunion, Camille et Flora s’étaient lancés dans le GRR3, le tour du cirque de Mafate, un trek de plus de trois jours à travers des paysages spectaculaires. Moi, je n'en avais pas eu le courage et de toute manière je n'y étais pas préparée. J'étais donc restée à Saint-Pierre hébergée chez la famille de Flora, avec Clémence, la jeune sœur de Camille. On avait visité l’île à notre façon. Après-midi plage : elle, pour affiner son bronzage et scrollé sur les réseaux sociaux, moi, pour bouquiner tranquille, contempler la mer turquoise et aller nager dans ses eaux chaudes. On s’était immergé dans la culture locale et je m’était régalée de rougail saucisse, de cari de poisson, de bouchons et de samosas épicés — parfois un peu trop même — et de salades de fruits rafraichissantes – le goût des fruits tropicaux y est incomparable. Je ne voulais plus quitter l'île tellement je me sentais au paradis ! C'était mon premier voyage sous les tropiques, et je comptais bien réitérer l’expérience. Avec James ? avais-je pensé.

Les destinations sous le soleil sont ces lieux de villégiature privilégiés. James, passionné de surf, m’avait confié, lors de notre aventure estivale, qu’il venait de passer deux semaines seul à Tamarindo, au Costa Rica. Il m’avait parlé de ses escapades à Bali, Hawaï, la Barbade, Malibu pendant son année aux États-Unis, ainsi qu’à Taghazout au Maroc, Nazaré au Portugal, en Afrique du Sud et au Mexique. Il connaissait par cœur les plages d’Écosse, notamment celles d’Eoropie, Fraserburgh et Thurso East, ainsi que celles de France, d’Hossegor à Capbreton, en passant par Guéthary, Lacanau, et la Torche. Il rêvait encore d’aller un jour à Hoddevik en Norvège, en Australie, et pourquoi pas à Tahiti et au Brésil.

Je lui avais raconté que, comme lui, j’avais toujours eu un rapport significatif avec les milieux aquatiques. J’adore me prélasser au bord de la piscine les pieds dans l’eau, plonger, nager sous l’eau, faire des longueurs. Je choisis toujours les séjours de loisirs où je pars travailler en fonction de leur proximité avec la mer ou un lac. Je me suis déjà essayé au surf, au paddle, à la voile, à la plongée sous-marine, au kayak, à l’aviron, au canyoning... Dès que la saison s’y prête, j’embarque mes amis dans mes aventures, transformant chaque occasion en des souvenirs mémorables remplies de rires, de défis et de plaisir partagé.

A ce moment-là, alors que je regardais James interagir avec mes amis, je me suis sentie comme sur un petit nuage. Sa présence ajoutait désormais une dimension particulière à ma fête d’anniversaire, une touche d’intimité que je n’avais absolument pas prévue et qui m’avait terriblement manqué.

Pourtant, malgré cette douceur et cette complicité retrouvée, je ne pouvais ignorer les nuages gris qui flottent encore au-dessus de nos têtes. Les tensions du passé et les questions non résolues ne sont jamais vraiment loin, et je savais qu'il nous faudrait du temps pour démêler tout cela.

Peu de temps après, alors que James était parti se chercher un verre, j’avais ôté mes talons encore une fois. Mes orteils étaient en compote. En jetant un coup d’œil à ma montre, j’avais constaté qu'il était une heure passé. Justine et Gabriel, puis Camille et Flora, étaient partis. En général, les couples sont soit les premiers, soit les derniers à quitter la fête. Je les avais remerciés vivement pour leur présence, les assurant que c’était un plaisir de les avoir près de moi en ce soir d’anniversaire. Justine et Gabriel m’avaient invité à passer chez eux la semaine suivante pour un apéro dinatoire. Je leur promis de les rappeler dès que je serais rentrée de chez mes parents. Camille et Flora m'avaient confirmé qu'ils seraient au village pour la Toussaint, ce qui signifiait que nous nous retrouverions là-bas dans quelques jours. Laurie en avait profité pour se joindre à eux. Camille lui avait proposé de l’emmener en voiture pour lui éviter le train, ce qui signifiait qu'elle passerait la nuit chez eux et viendrait récupérer ses affaires chez moi le lendemain matin. Elle m’avait fait comprendre, avec une certaine subtilité, qu'elle préférait me laisser seule avec James pour que je puisse pleinement profiter de la soirée. Je savais qu’elle avait préparé ce plan — peut être même avec la complicité de Camille —, pour me permettre de gérer le reste de la soirée comme bon me semble, sans se soucier d’elle.

— “Je n’ai pas l’intention de passer la nuit avec lui” avais-je souligné.

— “Oh vraiment ? On dirait pourtant que c’est exactement ce que vous faites déjà”, m’avait-elle glissé avec un sourire malicieux.

— “Tu sais très bien que ce n’est pas aussi simple, Laurie !”

— “Tout ce que je vois, c'est que tu as l’air heureuse depuis qu’il est apparu. Et oui, attends avant de me couper, je sais que tu te poses des questions, que tu as besoin de réponses, que tu es perdue. Mais Vicky...”, me dit-elle en prenant mes mains dans les siennes, “… ce soir, laisse-toi juste vivre le moment. Si ça ne marche pas, ce sera une leçon parmi tant d'autres. Mais ne laisse pas les doutes gâcher une soirée qui pourrait être la plus belle que tu aies eue depuis longtemps.”

J'avais médité sur ces paroles, sentant un mélange de réconfort et de tension se dissiper en moi. Alors que je l’observais s’éclipser avec Camille et Flora, je me sentais prête à réévaluer mes sentiments et à embrasser pleinement l'instant. Je n’avais pas encore pris ma décision finale, mais une chose était certaine : ce soir, je voulais savourer chaque moment, chaque sourire, chaque regard échangé avec James.

James était revenu vers moi peu de temps après avec un cocktail à base de fruits, une version soft d’un bora-bora, qu’il m’avait vu boire lorsque nous avions passé une semaine ensemble quelques mois plus tôt. Quand il me l’avait tendu, nos doigts s’étaient frôlés, et je m’étais senti enveloppé d’une chaleur réconfortante. Nous avions trinqué sans un mot, nos regards se croisant dans une compréhension tacite.

  • “Plus de chaussures”, m’avait-il questionné, un sourire en coin.

Il avait posé son verre sur une table proche et m’avait attiré tendrement dans ses bras. On avait dansé encore, mais cette fois-ci, c’était différent. Nos corps étaient toujours en symbiose, mais l’énergie avait changé. C’était moins une bataille, plus une symétrie.

On avait partagé un slow langoureux et intime sur Lose Control de Teddy Swins. Enveloppée dans ses bras, je m’étais abandonné contre lui, savourant la simplicité de ce moment. Les mots étaient superflus, les explications inutiles. La musique parlait pour nous, avec ses paroles douces et puissantes qui traduisaient parfaitement nos sentiments : l’amour, la passion, la perte de soi dans l’autre. La version dépouillée et plus contemporaine de Tainted Love de Milky Chance nous avait happé en douceur. Nos corps s’étaient redécouverts tendrement. Je me rappelle encore la sensation de mes mains plongeant dans ses cheveux, tandis qu'il m'embrassait dans le cou et me mordillait l’oreille. Les râles silencieux qui remontaient de sa gorge sonnaient comme la promesse de nouveaux épisodes aussi intenses qu'effervescents. Sur Calm Down, je m’étais détendue, doucement emportée par ce morceau captivant aux influences africaines, bercée par les percussions légères, la ligne de basse discrète et les voix relaxantes de Rema et Selan Gomez. Les paroles résonnaient dans mon esprit, amplifiant la magie du moment.

“Dance with me and take the lead now, lead now [...] When it's you I can't say no [...]”

James était dans mon dos, appuyé contre le mur de pierre derrière lui, tandis que ma tête reposait sur son torse. Ses mains étaient posées sur mon ventre, protectrices et chaleureuses. Je caressais ses bras lentement, sentant le rythme de la musique se synchroniser avec la pulsation tranquille de son cœur. Par moments, je pouvais sentir ses respirations se caler sur le tempo de la chanson, comme une mélodie silencieuse qui nous liait davantage. Chaque mouvement était devenu une réminiscence de ce que nous avions partagé jusqu’ici. Comme un écho aux fois où nos deux corps enlacés s'étaient assoupis l'un contre l'autre, nos mains cherchant instinctivement la chaleur de l'union, nos souffles se mêlant dans une symphonie tranquille.

Pendant ce moment suspendu, j’avais observé mes amis. Joël et Andrés dansaient lascivement, illuminant la piste avec leur bonheur d’être enfin réunis après une longue séparation. Leurs mouvements fluides et synchronisés témoignaient de l’affection et du respect mutuel qui régnaient entre eux.

Baptiste avait rejoint Nina quelques instants plus tôt. Ils étaient installés sur un des canapés du fond. Nina était blottie contre lui, le bras de son compagnon passé derrière sa nuque alors qu’il lui parlait à l’oreille. Elle était sereine et heureuse d’avoir enfin un moment de répit avec lui, après avoir passé la soirée seule, à dévorer son petit ami qui s’activait derrière le bar.

Tout paraissait bien en place. Je me sentais épanouie.

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