CHAPITRE 8.4 * VICTORIA

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V.R.S.de.SC

♪♫ LOVE ON THE BRAIN - RIHANNA ♪♫

Je me rappelle les premiers accords d’une bachata quelques minutes plus tard. Joël était tout de suite venu me chercher.

— “Mec, lâche-là, un peu !”, avait-il ri. “Cette danse, elle est pour moi”.

Il m’avait pris les deux mains et commencé à se déhancher. J’avais envoyé un “je reviens” silencieux à James. C'est notre danse, celle qu’on partage à chaque fête, chaque soirée où la musique nous emporte. De temps en temps, je lançais des regards furtifs vers James. Son visage oscillait entre amusement et une touche de possessivité. J’étais entraînée par les mouvements de Joël, nos corps se rapprochant au gré de la vibe à la fois entraînante et mélancolique. La bachata, c'est une danse de connexion, de proximité. Les mouvements sont fluides, instinctifs, sensuels. Je m’étais perdue dans le rythme, tout en sachant que James n'était pas loin, son regard brûlant rivé sur moi.

Tout au long de cette soirée, chaque morceau dansé avait amplifié mes émotions. Les gestes, les paroles et les mélodies ont accentué les sentiments, chaque note était devenue une extension de la connexion intime que je voulais perpétuer avec mes amis et tenter de recréer avec James. La danse s’était transformée en un exutoire pour mes désirs : être entourée, admirée, convoitée, aimée.

Et nous voilà.

Les accords d’Acoustic de Billy Raffoul emplissent la salle, tandis que je passe mes bras autour de son cou, mes mains se perdent dans ses boucles brunes. C'est une de mes chansons préférées. Je ferme les yeux en posant ma joue au creux de son épaule. Son parfum, à la fois boisé et subtil, emplit mes sens et me réchauffe.

Ce titre dégage une ambiance érotique tellement puissante qu’il me fait toujours l’effet d’un brasier ardent sous la peau. Je laisse la musique envelopper mon esprit les paroles s'infiltrent en moi, éveillant de récents souvenirs brûlants. Chaque note semble creuser des sillons de désir dans mon âme, comme si les sons eux-mêmes se délectaient de notre intimité.Les images de nos ébats sur la terrasse éclatent dans ma tête, si claires et puissantes que j'ai l'impression de revivre chaque instant. Le monde autour de nous s'efface, ne laissant que la réalité de ce que nous avons partagé.

Les doigts de James se déplacent lentement, comme des artistes traçant des lignes subtiles sur une toile vivante. Mon souffle se fait plus léger alors que je soupire, un son mêlé de plaisir et de désir. Comme une vague caressant le rivage, il effleure doucement ma nuque, le haut de mon dos et l'arrière de mes épaules. Sa main exerce une pression légère mais insistante, comme un murmure sensuel qui me fait trembler sous chaque contact.

James se perd aussi dans mes cheveux, les frôlent avec une tendresse exquise. Il repousse quelques mèches rebelles qui se sont échappées, jouant avec mes boucles blondes. Il continue son chemin, esquissant des sentiers invisibles, des arabesques précieuses le long de ma colonne vertébrale, ses doigts se posant légèrement sur chaque vertèbre, comme des papillons sur ma peau, leurs battements légers me plongeant dans un état de semi-éveil extatique. Je déglutis, la tension dans ma gorge se relâche à mesure que son toucher éveille des frissons dans son sillage.

En descendant, il explore la courbe de mes hanches, sa paume s’arrêtant brièvement au niveau de ma taille avant de se déplacer plus bas, jusqu’au creux de mes reins. Lorsque ses mains atteignent mes fesses, sa paume se presse contre moi avec une intensité douce mais brûlante et une langueur irradie de mon bas-ventre. Le contact intime me plaque encore plus contre lui, et je sens sa virilité se durcir. Je me cambre automatiquement, comme une fleur s’ouvrant au soleil, et James appuie légèrement ses hanches contre les miennes. Un souffle brisé franchit mes lèvres… Oh mon dieu, comment est-ce possible de le vouloir autant tout le temps !

Alors qu’il remonte, ses doigts suivent le contour de mes côtes, caressant le creux sous mes seins avec une attention presque cérémonieuse. Je me tortille légèrement sous cet examen méticuleux, incapable de rester immobile et je laisse ma bouche se poser sur sa peau, mes lèvres goûtant sa peau légèrement salée. Le torse de James se soulève, comme s’il répondait à cette caresse. La chaleur de sa paume se fait sentir alors qu’il poursuit sa course, ses mouvements devenant plus lents, plus exploratoires, comme s’il cherchait à cartographier chaque parcelle de ma peau.

À cet instant, tout semble converger vers ce moment précis, comme une danse intime orchestrée par une force plus grande que nous. Je me rends compte qu’en revenant dans le club avec James, quelque chose a changé. Ce n'est pas seulement l'intimité physique que nous avons partagée sur la terrasse, mais une sorte d’accord tacite. C’est mon anniversaire ce soir, et il me laisse gérer à ma manière. James m’inspire à ressentir. Et si ça continue comme ça, on va devoir retourner sur ce rooftop dans très, très peu de temps...

— “J’entends tes pensées divaguer, Vi”, me murmure-t-il à l’oreille.

— “Non, c’est pas vrai”, lui réponds-je en le serrant un peu plus fort.

Je le sens se redresser légèrement. En relevant les yeux vers lui, je me perds dans ses pupilles scintillantes.

— “Ma sœur est là”, me dit-il en faisant un signe discret vers l’entrée de la loge VIP.

James prend ma main et commence à se diriger vers elle en m’entraînant avec lui. Un mélange de nervosité et d'excitation me gagne. Je fais mine de vouloir m'arrêter, hésitante, et James se retourne immédiatement.

— “Je...” j’articule avant de déglutir.

Il comprend tout de suite mon hésitation. Ses traits sont doux et bienveillants. Il me fait un signe de tête, un simple coup de menton vers le bras et me lâche délicatement la main pour rejoindre sa sœur. Seul. Je ressens une vague de soulagement. Pas tout de suite. Je refuse d’intensifier davantage la douleur, tant que nous n’avons pas eu notre discussion.


Nous nous sommes rencontrées plusieurs fois, et nos échanges ont toujours été légers, sincères. Un dîner à quatre, des rires, des confidences. J'ai toujours eu confiance en elle, en sa façon d’être. Mais aujourd’hui… aujourd’hui, c'est différent. Si elle n'était pas la soeur de James - où parce que qu'elle est sa soeur jumelle...  Je sens un tiraillement entre l'envie de lui parler et cette peur sourde qui me retient. Isla n’est pas seulement sa sœur, elle est une partie de lui. Et l’idée de lui faire face, de ressentir son jugement, ou pire, de lui parler avant d'avoir mis les choses au clair avec James, me paralyse. Il est évident qu’elle est une figure centrale dans sa vie, peut-être même la personne qu'il admire le plus. Elle le connait mieux que moi. Rien d'étonnant à ce que la complicité entre eux soit si palpable.

Isla est une femme remarquable, une beauté sophistiquée à la stature élégante. Avec ses talons, elle se rapproche de la hauteur de James, bien que légèrement plus petite. Elle porte un pantalon blanc ample qui lui tombe parfaitement et un bustier noir très chic. Ses cheveux plus roux que ceux de James sont tirés en arrière par un bandeau brillant qui ajoute une touche de raffinement à sa silhouette gracieuse.

James s'incline légèrement pour parler discrètement à sa sœur. Isla acquiesce, un sourire curieux et malicieux aux lèvres. Elle me fait un petit signe de la main en articulant un “joyeux anniversaire” silencieux. Le rouge me monte aux joues, mais je garde les yeux rivés sur eux et répond par un sourire poli. James m’adresse un regard par-dessus son épaule, un frisson me parcourt. Son sourire évocateur vaut mille promesses exquises.

Il se penche de nouveau pour murmurer un dernier mot à l’oreille d’Isla avant de revenir vers moi avec une démarche nonchalante, mais empreinte d’une hésitation subtile. Derrière lui, Isla continue de nous observer furtivement, les poignets croisés devant elle. Je me redresse, gardant la tête haute et presse ma paume contre ma main en un geste apaisant. J’ai le cœur qui palpite.

— “Ma sœur aimerait rentrer. Je suis venue avec elle, et Antoine, du coup…”

Il marque une pause, légèrement embarrassé. Son sourire timide et son geste maladroit dans ses cheveux me montrent une vulnérabilité inhabituelle. C'est un contraste frappant avec l'attitude confiante qu'il affiche généralement.

—“Non, oublie. Je vais y aller. J’ai été très heureux de te revoir. Je...”, il s’interrompt encore, respire profondément, et avec un sourire discret, “Bonne nuit, Victoria”.

Il baisse la tête, passe sa main sur sa mâchoire, prêt à partir. Quoi ? Non, il ne peut pas partir.

— “James, attends.”

Il risque un coup d’oeil dans ma direction. Ses yeux parcourent mon visage comme s'il cherchait des réponses. Les mots sont là, prêts à jaillir et je ne laisse même pas le temps à mon cerveau d'analyser ce que je ressens. Je parle sans hésiter.

— “Je ne veux pas que tu partes”, je confie, ma voix vibrante de sincérité.

Ai-je vraiment envie qu’il passe la nuit avec moi ? Oui. Suis-je sûre de moi ? Oui. Cette révélation m’atteint avec une force déconcertante.

Ses yeux s'illuminent d'une étincelle d'espoir, comme si ma déclaration avait brisé une barrière invisible. Les émotions défilent sur ses traits, passant de la confusion à une fragilité inattendue. Il reste là, figé un instant, avant que ses épaules ne se détendent légèrement. Il attend que je dise quelque chose.

— “Reste avec moi cette nuit”, je lui propose à demi-mots, avec une conviction douce et ferme.

Ce n’est pas une invitation franche, parce qu’au fond de moi mes certitudes persistent.

— “Tu es sûre ?

“Oui”, je pense.

— “Oui”, lui dis-je, sans retour en arrière possible.

Il s’approche de moi, des flammes ardentes dans les yeux. Sa présence est si intense, si palpable… je sens un frisson parcourir mon échine lorsqu’il me dit, d’une voix basse et chargée de désir :

— “Alors, on ferait mieux d’y aller, parce que je ne vais pas pouvoir continuer à me contenir très longtemps”.

Je pousse un hoquet de stupeur. Le croire et l’entendre dire sont deux choses différentes. J’acquiesce d’un signe de tête. Il sourit légèrement, une lueur de satisfaction dans ses yeux. Il m’embrasse, mais ses lèvres effleurent à peine les miennes. Il le fait exprès pour attiser mon désir. Je le soupçonne de vouloir jouer à un petit jeu auquel nous nous sommes déjà essayés.

James retourne vers sa sœur pour un dernier échange. Elle pose sa main sur le bras de son frère tandis qu’elle dépose une bise sur sa joue, avant de redescendre les escaliers.

Pendant, ce temps, je m’approche de Leslie, affalée dans un fauteuil, les jambes étalées en travers d’un mec que je ne connais pas. Il lui trace nonchalamment des cercles sur la cuisse, tandis que son regard vagabonde, à moitié endormi. Leslie a les yeux fermés et a l’air complètement décontracté, profitant des dernières heures de la soirée.

Il ne reste plus qu’elle, Sacha, Andrè et Joël. Nina est partie il y a un quart d’heure avec Baptiste, en m’intimant de l’appeler si j’avais besoin de quoi que ce soit. Je pose une main sur son épaule de Leslie et la secoue légèrement :

— “Hey, Leslie, il est temps d’y aller. Je t’appelle un Uber.”

—“Bonne idée”, me répond-elle en se tournant vers moi avec un sourire fatigué.

Elle se redresse et étire ses bras en signe de réveil. Je la regarde, amusée par son état.

— “Je dois aller aux toilettes, d’abord”, dit-elle d’une voix trainante.

— “Tu veux que je t’accompagne ?” je lui demande un peu inquiète.

— “Non, c’est juste un petit pipi”, explique-t-elle en souriant vaguement.

— “Très bien, on se retrouve en bas alors”.

Leslie hoche la tête et se lève sans un mot, quoiqu'avec une certaine difficulté. Le mec se décale pour la laisser passer. Elle part en direction des toilettes, le gars fait mine de la suivre, mais elle le repousse poliment vers les escaliers. Elle sait qu’elle n’est pas en état d’avoir une relation sexuelle. Leslie est toujours maitresse d’elle-même. Le gars finit par obtempérer, s’il ne l’avait pas fait, je me serais chargé de lui personnellement.

Leslie hoche la tête et se lève sans un mot, quoiqu'avec une certaine difficulté. Le mec se décale pour la laisser passer. Elle part en direction des toilettes, le gars fait mine de la suivre, mais elle le repousse poliment vers les escaliers. Elle sait qu’elle n’est pas en état d’avoir une relation sexuelle. Leslie est toujours maitresse d’elle-même. Le gars finit par obtempérer, s’il ne l’avait pas fait, je me serais chargé de lui personnellement.

Je m’approche de James qui m’attend, accolé à la rambarde. Ses yeux se portent sur moi avec une attente silencieuse, et un léger sourire se dessine sur ses lèvres. La lumière tamisée du club accentue les détails de son visage, tandis qu'il se redresse légèrement, prêt à m’accueillir. Son attitude est décontractée, mais il est évident qu'il est pleinement présent. En entourant sa taille de mes bras, je sens la chaleur de son corps contre le mien. Il me serre contre lui, et ce contact réconfortant apaise légèrement mes nerfs.

— “Je vais appeler un Uber pour Leslie et un autre pour nous. Je dois aussi prévenir Sacha, Andrè et Joël et passer voir Mati avant de partir”.

A l’évocation de Mati, je remarque une tension imperceptible dans le corps de James, un frémissement fugace qui parcourt son torse, comme s'il essayait de dissimuler quelque chose. De la jalousie ? Il prend une profonde inspiration avant de parler.

— “Je te suis”.

Sa voix trahit une note de retenue. Je me détache et l’observe attentivement. Ses yeux trahissent un mélange d'émotions, mais il ne dit rien de plus.

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