CHAPITRE 11.4 * VICTORIA

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ATTENTION PASSAGE EROTIQUE

V.R.S.de.SC

♪♫ CHIHIRO —​​​​​​​ BILLIE EILISH ♪♫


Lorsque James atteint la porte, je me fige comme une statue, incapable de détourner les yeux de lui. Dans sa posture, dans chacun de ses gestes, je lis toute la difficulté qu’il a à franchir cette porte, celle qui, une fois refermée, couperai net le fil qui nous relit. C’est presque comme si j’entendais la bataille silencieuse qui se livre en lui, une guerre impitoyable contre lui-même. Je le vois dans la crispation de ses muscles, la raideur de sa nuque, comme s’il se battait contre une force invisible qui le tire inexorablement vers l’abîme.


Soudain, il frappe la porte d’un coup de poing brutal et je sursaute légèrement. C’est un geste de frustration et de désespoir. Le bruit résonne comme un cri sourd, un témoignage de l’angoisse et du conflit qui nous déchirent. Son désir de fuir, de tout laisser derrière lui, se heurte à son besoin de rester. Pour moi ? Pour nous ? Et dans cette fraction de seconde, je comprends tout. Je comprends la peur qui le retient, cette peur de me blesser encore plus, de ne jamais être capable de réparer ce qu'il a brisé. Mais je ressens autre chose aussi, cachée derrière cette souffrance, quelque chose qui le pousse à vouloir me protéger de lui-même pour ne pas me détruire davantage. Je perçois sa tourmente qui fait écho, de manière douloureusement familière, à la mienne. Je reconnais le poids écrasant de sa résignation.


James ne veut pas partir et je ne veux pas qu’il parte. J’ai l’impression de revivre la scène sur le rooftop quelques heures plus tôt, cette même tension, ce même sentiment d’urgence. Là, sur ce toit, il y avait eu une promesse silencieuse, celle d’un recommencement possible, mais ici, devant cette porte, tout semble s’effriter. Je ne peux pas le laisser franchir ce seuil, je ne peux pas le laisser s’éloigner de moi, pas encore !


Lorsqu’il ouvre la porte, je sens une panique glaciale s’emparer de moi. Non ! Tout autour de moi reprend vie, alors qu’il met un pied dehors, le monde extérieur menace de nous séparer définitivement. Dans un élan désespéré, je me précipite vers lui, le cœur battant la chamade. Je tends la main et attrape la sienne, la serrant avec une force que je ne savais pas posséder. Mes émotions sont en vrac, mais il n’y a pas de place pour la logique dans ce moment.


— “James, ne pars pas, pas comme ça…”, je murmure précipitamment.


Mais il ne réagit pas, ne se retourne pas. Mon affliction grandit. Je tire sa main encore plus fort, sentant la chaleur de sa peau contre la mienne.


— “James ! Je t’interdis de partir !”


Ma voix s’élève chargée d’une détermination qui dépasse mes propres intentions initiales. Je m’accroche à lui, mes doigts s’enfonçant dans sa peau, comme si je pouvais le retenir ici simplement en le touchant. Je me presse contre lui. Je me demande comment il peut rester indifférent à ma supplication, comment il peut se détacher de moi alors que chaque fibre de mon être hurle pour lui. Et soudain, il fond sur moi en un éclair. J’ai à peine le temps d’apercevoir l’urgence dans ses yeux, la tourmente qui se lit sur son visage, avant que sa bouche se rue sur la mienne. Ses mains se posent autour de mon visage avec une intensité véhémente. Le baiser est brûlant, empreint d’une passion effervescente.


Je saisis fermement sa chemise comme une forcenée et le tire dans l'appartement. Il claque la porte avec son pied. La violence de l’impact secoue les murs mais, déjà, il me fait pivoter et me plaque contre le battant. Ses lèvres se pressent sur les miennes avec une intensité dévorante, comme s’il voulait absorber toute ma douleur et ma colère, ou les siennes, ou les deux. Mon corps répond instantanément, se mêle à sa fougue. D’un geste décidé, sa main empoigne vigoureusement ma cuisse pour la caler contre sa hanche. La force avec laquelle il m’embrasse, la poigne avec laquelle il me tient, est presque douloureuse. J’arrive à peine à respirer, même. Mais je m’en fiche. Dans ce tourbillon d’émotions, tout ce que je ressens, c’est ce besoin irrésistible de le garder près de moi, coûte que coûte.


James écarte brusquement mon peignoir, dénudant ma peau. Ses lèvres glissent le long de mon cou, leurs caresses éveillent un feu ardent entre mes jambes. Une de ses mains se pose sur ma poitrine, sa paume palpe fermement mon sein. La pression est exquise et chaque contact stimule mon plaisir. Les syllabes de son nom, empreintes de désir et de supplication, glissent entre mes lèvres, entre deux baisers passionnés, comme pour me rappeler qu'il est bien là, avec moi. Chaque murmure est une affirmation de mon désir irrépressible d’être avec lui, de prolonger cette connexion électrique.


James grogne contre ma peau, des râles de plaisir remonte de sa gorge lorsque ma langue chatouille la sienne, mes ongles griffent sa peau, mes doigts tirent ses cheveux. Il repousse la bretelle de ma brassière et m’embrasse avidement l’épaule. Mon bassin se cambre vers lui, cherchant toujours plus de contact, plus de chaleur. Ses mouvements sont délicieusement abrupts, foudroyants. Je soupire d’aise, frémis d’impatience, l’attire encore plus près de moi, fait courir mes mains sur ses bras, son torse, son ventre jusqu’à sa ceinture. Et je sens résolument la force de son ardeur à travers la dureté de son sexe contre ma paume.


James entrelace nos doigts ensemble et soulève mes bras au-dessus de nos têtes. Je deviens sa prisonnière mais je ne m’en formalise pas. Je ne suis plus que sensations. Il m’embrasse, me lèche, me mordille. Sa bouche est sur mon sein, qu’il dénude pour prendre mon téton entre ses dents. Je pousse un petit cri, ma tête se cogne contre la porte. Il me relâche, me caresse, me pince. Je capture à nouveau sa bouche, il me hisse et j'enroule mes jambes autour de sa taille. Je tire sur ses mèches pour lui incliner la tête et c’est lui qui gémit.


— “Si on fait ça, tu ne fuis pas !” je lui ordonne en le regardant droit dans les yeux.


Une lueur de vulnérabilité renait dans son regard et s’ajoute à la tourmente déjà visible sur ses traits. Pour toute réponse, il m’embrasse à nouveau, cette fois-ci avec plus de tendresse, de tristesse même.


— “Je suis trop brisé pour toi Victoria !” chuchote-t-il contre ma bouche.


— “Ça, c’est à moi d’en juger”, je lui réplique avec douceur mais fermeté.


Il acquiesse et nos bouches se retrouvent pour un ballet de soupirs et de caresses. Les secondes, les minutes même, passent et peu à peu nos souffles se modèrent, nos coeurs retrouvent un calme partagé. Notre ardeur se stabilise tandis que nos baisers deviennent plus lents, intimes, jusqu’à n’être plus que des effleurements hésitants mais délicieux. Je capte son regard. Ses yeux bleus sont maintenant deux obsidiennes vibrantes.


— “Repose-moi James”, dis-je, sentant que ce moment de paix était exactement ce dont nous avions besoin après cette tempête.


Il obtempère sans hésitation, comme si nous étions en parfaite harmonie. Je réajuste ma tenue tout en présrevant le contact visuel, puis je glisse sa paume dans la mienne avec une conviction renouvellée. Nos doigts s’enroulent et pendant un bref laps de temps, je les fixe intensément. Nous.

Je sens une hésitation de sa part, mais l'espace entre nous se réduit quand je l'entraîne vers le canapé. Je le fais asseoir sans relâcher sa main, puis je grimpe à ses côtès, repliant une jambe sous moi pour être plus proche de lui. Je pose mon coude sur le dos de l'assise et je viens caresser sa nuque délicatement. Après une profonde inspiration je reprends la parole :

— “James. Je ne te laisserai pas partir et je ne te laisserai pas tomber.”

Les mots sortent avec une force inattendue, comme un serment gravé dans mes os. Je ne sais pas exactement pourquoi je lui dis ça. Peut-être parce que, en le voyant souffrir, je réalise à quel point il est perdu, à quel point il se débat avec une douleur que je n'avais pas pleinement mesurée. Dans ce moment de vulnérabilité partagée, mon propre chagrin semble se dissoudre face à l'ampleur de sa détresse. James se laisse aller en arrière et ferme les paupières comme pour digérer mes paroles. Je l'observe.

Je me demande comment j'ai pu croire que je pourrais le laisser partir, que je pourrais affronter cette nuit sans lui. Je l’ai dans la peau depuis le premier jour. Je ne veux pas imaginer ce qu’il y aura après lui, cette cavité sans fond où je tomberais s’il passait cette porte, où tout deviendrait vide, froid, sans vie.


Alors, dans ce bref instant, j’aperçois son âme sur la balance, je vois la brèche dans son armure. Sa douleur, sa peur, tout ce qu'il essaie de cacher, vacille, et au-delà, quelque chose d'autre brille – quelque chose de plus ancien, de plus vrai. Une lumière ténue, comme une étoile au bord de l'aube, qui s’accroche, malgré tout. Mon Dieu, cet homme pourrait tout avoir de moi… J’ai besoin de plus, de lui… parce que tant que nous sommes là, ensemble, suspendus à ce souffle commun, il y a encore une chance. Une chance que tout reprenne vie.

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