CHAPITRE 11.5 * JAMES

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J.L.C

♪♫ IN MY VEINS —​​​​​​​ ANDREW BELLE ♪♫



Elle dit qu’elle ne me laissera pas tomber. Putain, j’ai envie de la croire. Je suis fatigué de me battre contre tout. Ça fait deux ans que je suis en quête d’un nouveau départ. Elle ne peut pas le savoir. Mais ses mots résonnent en moi comme une mélodie oubliée. C’est comme si elle avait touché une partie de moi que je croyais perdue. Pour la première fois depuis longtemps, je me sens compris sans avoir à expliquer, sans avoir à justifier les cicatrices cachées dans les recoins sombres de mon passé. Je ne lui ai jamais parlé de mon histoire avec Amy. Et pourtant, en cet instant, je me demande si je pourrais partager mon fardeau avec elle, encore un autre. Peut-être le plus profond. C’est presque irréel de croire qu’elle pourrait accepter mes démons et m’aider à les affronter.


Je la regarde à la dérobée. Ses yeux cuivrés sont emplis d'une sincérité et d'une résolution que je n'ai pas souvent rencontrée. Son engagement me touche plus que je ne peux le dire, comme un phare dans la nuit qui m’éclaire et me guide. Elle me sourit légèrement, et bon sang, c’est elle qui me sourit alors que c’est moi qui viens de la faire pleurer. Je l’ai détruite et elle trouve la force de me vouloir... Putain, mais qui es-tu Victoria ? L’ange qui m’offre une chance de rédemption ou une autre garce qui me conduit à ma perte ? Non, elle ne peut pas être comme Amy. Elles sont aux antipodes l'une de l'autre.


Dans ses paroles, je veux croire en une promesse, en une vérité brute et inaltérée. Je suis à la fois déstabilisé et rassuré. Elle vient de m’offrir quelque chose de précieux, un baume apaisant sur mes blessures invisibles. Je baisse la tête et vois le bijou délicat à sa cheville. Victoria est en train de jouer distraitement avec.


C’est un bracelet en or fin et délicat — un cadeau que j'avais choisi avec soin, un clin d’œil à notre connexion. Je n'en reviens pas qu’elle le porte encore ! J’approche prudemment ma main et fais glisser mon doigt dessous. Victoria se fige, suspend son geste. Je sens un frisson parcourir ma peau lorsque je touche le métal frais.


— “Tu l’as gardé ?


— “Bien sûr”, répond-elle avec douceur.


— “Pourquoi ?


Je scrute son regard, cherchant une réponse, mais je n’y vois que douceur et mystère. Est-ce qu’il est la métaphore de quelque chose de plus, quelque chose qui dépasse mes espérances ? Mais peut-être que la réponse est là dans son geste, dans le fait qu’elle continue de le porter, malgré tout. Non, je balaye cette pensée, ce n’est que le fruit de mon imagination pas une sorte de déclaration...


Je me souviens du jour où j'ai acheté ce bracelet. Je voulais un cadeau qui ne soit pas trop ostentatoire : une bague aurait été trop engageante, un pendentif trop banal. Je cherchais un accessoire qui serait à la fois élégant et discret, qui évoquerait subtilement notre idylle sans en faire trop. Le bracelet de cheville, avec sa simplicité raffinée, était destiné à souligner sa grâce et sa beauté naturelle tout en ajoutant une touche de sensualité. Je me rappelle surtout ce moment, quand je l’ai fixé à sa peau, comme une promesse chuchotée.


— “Je l’aime bien”, avoue-t-elle finalement. “Tu penses que j’aurais dû l’enlever ?”


Je prends un temps pour réfléchir et réponds :


— “Non, il te va bien.”


A l'époque, ce bijou s’inscrivait parfaitement dans la profondeur de notre relation, si brève fut-elle. Sa surprise et son sourire lorsqu'elle l’avait reçu étaient les plus beaux cadeaux que je pouvais espérer. Je voulais lui faire plaisir. Je voulais lui donner mon cœur, j'en ai conscience aujourd’hui. L’image de son corps illuminé par la lumière douce de sa chambre, avec le bracelet chevillait à son corps, reste gravée dans ma mémoire.


Le fait qu’elle l’ait gardé me touche profondément. Ça signifie qu’il est devenu un souvenir précieux pour elle, un rappel tangible de ce que nous avons vécu. Mais en réalité, je ne peux pas faire de suppositions hâtives. Peut-être est-elle seulement pragmatique et qu’elle considère le bracelet pour ce qu’il est : un accessoire.


— “Il me fait penser à toi”, ajoute-t-elle, comme si elle lisait dans mes pensées.


Cet aveu me surprend et éveille en moi une nouvelle vague d’émotions. Une part de moi se gonfle d’orgueil, de posséssivité. C’est comme si, à travers ce bijou, je pouvais revendiquer un fragment de son monde. J’étais donc dans le vrai : elle le garde en souvenir de moi, de nous. C’est une victoire amère et douce à la fois.


Avec une hésitation perceptible, je tends la main dans sa direction, désireux de briser la distance, même par le plus infime des contacts. Ma main glisse sur son genou avant de remonter le long de sa cuisse, effleurant ses muscles tendus avec une douceur calculée. Un petit soupir d’apaisement s’échappe de ses lèvres, confirmant que mes caresses sont les bienvenues. Victoria enfonce ses doigts dans ses cheveux avant de reposer sa tête sur son bras appuyé contre le dossier du canapé. Je capte l'éclat de son regard empreint d’une lassitude latente, la fatigue la gagnant au coeur de cette nuit tempétueuse. Mais tout au fond, ils pétillent de quelque chose de plus primaire. Je me perds dans cet échange visuel, totalement sous le charme, comme à chaque fois. Lentement, je déplace ma main pour replacer une mèche blonde derrière son oreille. Victoria soupire en abaissant ses paupières. Dieu qu'elle est belle !


En un mouvement délicat, mais déterminé, je repositionne ses jambes sur mes cuisses contre mon abdomen, la rapprochant ainsi de moi. Elle ne dit rien, mais ses lèvres s’entrouvrent et nos yeux s’observent avec une intensité accrue. Ma main libre s’infiltre lentement vers le bas de son dos, jusqu'au creux de ses reins, créant un contact plus intime. Sa main trouve le chemin vers mon visage, effleurant mes tempes, ma mâchoire et mes lèvres, avec une légèreté infinie, presque chatouilleuse. Un frisson remonte le long de mon échine. Cette réciprocité fragile est un gage de confiance qui m’inspire à la détente. J’affermis mes caresses sur sa peau dénudée, en veillant à garder l’équilibre entre douceur et assurance.


Cette proximité amplifie mon envie de l'embrasser. Mon regard est rivé sur sa bouche et je lutte pour maîtriser cette envie dévorante de la capturer. Ses lèvres remuent légèrement lorsqu'elle prend la parole :


—“James, je suis épuisée, épuisée de lutter”.


—“Je sais mo chridhe”, je concède d’une voix rauque. “Je sais que je t’ai fait du mal, crois-moi, j’en suis sincèrement conscient”.


Elle ne répond pas immédiatement. Ses doigts continuent de frôler ma peau, comme si elle cherchait quelque chose de tangible auquel se raccrocher. Finalement, elle se lève doucement, me tend la main et, en un mot, fait voler toutes mes croyances en éclat :


— “Viens.”


Et elle m’emmène vers sa chambre.vers sa chambre.

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