CHAPITRE 13.5 * JAMES
ATTENTION PASSAGE EROTIQUE
J.L.C
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Il y a une intensité dans ses paroles qui me frappe comme une claque. Je la fixe et je sens le poids de ma décision de revenir, la culpabilité d’avoir quitté l’appartement sans la prévenir. J’aurais dû laisser une note, envoyer un message ou attendre qu’elle se réveille. Mais je me suis laissé submerger par un mélange de confusion et de besoin de clarté.
Je m'avance doucement vers elle, mes propres sentiments de culpabilité se mêlant à l'inquiétude pour elle.
— “Désolé”, dis-je avec sincérité.
Les bruits du matin, les volutes de fumée, et le goût amer du café semblent s’éloigner, remplacés par un silence lourd et chargé d’émotions non dites. À peine réveillé, j’avais eu cette impulsion irrépressible d’agir, de faire quelque chose de concret pour exprimer mon engagement, même si ce n'était qu'un geste aussi simple qu'aller chercher un café et des croissants.
Quand j’avais émergé, Victoria me faisait face dans le lit. Son visage était paisible, ses traits détendus. Je l’avais observée pendant de longues minutes, le cœur lourd. Chaque respiration qu’elle prenait paraissait une promesse d’espoir, un équilibre précaire entre un passé tumultueux et un avenir incertain. Son calme contrastait vivement avec le tumulte que j’avais laissé derrière moi et cette vision avait intensifié ma détermination à faire quelque chose pour lui prouver que je me souciais d’elle.
J’avais d’abord eu envie de lui faire l’amour. La vue de son corps à moitié dénudé près du mien, la chaleur de sa présence, la joie de l’avoir retrouvé, avait éveillé en moi un désir instantané. Un besoin immédiat de la prendre à nouveau, de la réveiller par des caresses, de la combler de plaisir et de lui montrer, par nos corps enlacés, à quel point je tenais à elle.
Victoria m’a un jour avoué que le sexe au réveil était ce qu’elle préférait. Elle aimait la douceur et la spontanéité de ces moments, où les émotions étaient brutes et honnêtes et où la chaleur du corps de l'autre était le meilleur moyen de commencer la journée. Personnellement, je ne couche jamais le matin. Parce que je ne m’attarde jamais. En général, je m’éclipse discrètement, laissant la fille endormie derrière moi sans un regard. Ou parfois, c’est moi qui les réveille, gentiment, ou brusquement, pour les pousser à déguerpir. Mais avec Victoria, j’avais fait une entorse à ce réglement, parce que j’en avais envie.
J’avais fait l’amour avec elle tous les matins qui avaient suivi sa confession, heureux de répondre à son inclinaison. Jusqu’au dernier, le jour de mon départ. Le souvenir est encore vif dans ma méoire : la tendresse, l’urgence poignante, la mélancolie le jour qui se levait à peine.
Je m'étais réveillé aux aurores, alors que le soleil n'avait pas encore percé l'horizon. Mon vol était prévu pour 7h45 et une partie de moi savait que cette séparation serait déchirante. J’avais voulu me débarrasser de ce malaise en prenant une douche, mais dès que l'eau avait coulé sur ma peau, je m’en étais tout de duite mordu les doigts. L’odeur de sa peau, cette douce empreinte d’elle, je voulais la garder sur moi, la préserver comme une dernière connexion. C'est avec cette idée brûlante que je l'avais rejoint à nouveau dans le lit.
Victoria était étendue à plat ventre, telle que je l'avais laissée en me levant, s’étant endormie blottie dans le creux de mon épaule. Une chaleur familière m'avait envahi en admirant son dos nu et mon envie d'elle s’était ravivée avec une intensité que je n'avais pas anticipée. Doucement, lentement, j’avais promené mes mains sur jambes, ses cuisses, ses fesses. Chaque contact était une redécouverte, une réaffirmation de tout ce que j'aimais en elle. Je voulais que mes paumes autant que mes yeux gardent le souvenir de sa peau.
Mes doigts avaient glissé avec précaution pour atteindre son intimité. Je l’avais caressé avec une véhémence passionnée. Elle avait commencé à bouger sous mes gestes, un léger gémissement trahissant son éveil progressif. Quand je l’avais senti prête, j’avais glissé un coussin sous ses hanches et lentement je l’avais pénétré. La chaleur de son corps qui m'accueillait avait saturé mes sens, à la fois plaisir intense et douleur anticipée. Elle grognait doucement, encore à moitié endormie, mais ses mouvements trahissaient un abandon total, une confiance aveugle en moi.
Mes mains avaient saisi ses fesses puis ses hanches, remontant le long de son dos, caressant délicatement sa peau nue. J'avais empoigné ses cheveux, sentant leur soie entre mes doigts, avant de plonger plus profondément en elle. Chaque poussée était une décharge de désir, une volonté farouche de lui donner tout ce que je pouvais, de faire de ce moment une éternité.
Lorsqu'elle s'était pleinement réveillée, j'avais senti un changement dans son corps. C'est alors que je l'avais doucement retournée, avide de voir son visage, de lire dans ses yeux ce qu’elle ressentait. Je m'étais positionné au-dessus d'elle, l’emplissant à nouveau, plus durement cette fois. Ses bras s’étaient enroulés autour de moi, son visage s’était lové dans le creux de mon épaule. Le plaisir montait rapidement, un crescendo que je tentais de contrôler, mais l’émotion qui m’envahissait rendait chaque instant plus poignant. Je la possédais lentement, savourant chaque seconde, chaque mouvement, même si tout en moi criait de prolonger cet instant au-delà du possible. La réalité de mon départ pesait lourdement sur moi. Je me sentais déchiré, comme si une part de moi-même se détachait avec chaque baiser, chaque souffle partagé. Nos corps, en sueur, collés l’un à l’autre, se mouvaient en une synchronie parfaite, mais je sentais que le temps nous échappait. L’instant était à la fois magnifique et douloureux, un mélange d’extase et de tristesse.
Alors que l’intensité atteignait son paroxysme, je n'avais pu retenir un murmure comme une prière. C'était la première fois que je prononçais son nom dans cet acte intime et l'impact en fut dévastateur. Elle avait répondu par le mien, sa voix tremblante, pleine d'émotion. Je l'avais embrassée encore et encore, absorbant chaque soupir, chaque gémissement, comme si ces moments pouvaient nous préserver de l'inévitable. Et quand finalement le plaisir a éclaté en moi, c'était à la fois une lacération exquise et une libération douloureuse. L’expression ultime de tout ce que j’avais en moi pour elle. Nos corps tremblants, épuisés, s’étaient finalement relâchés, mais je savais que quelque chose en moi venait de changer pour toujours.
La voix de Victoria perce soudain ce souvenir érotique si ténébreux.
— “T’en veux une ?” me demande-t-elle.
Victoria tourne légèrement la tête vers moi attendant ma réponse qui ne vient pas tout de suite, parce que je suis abasourdi, encore une fois, par la beauté de son visage, sa silhouette fine —quoique pleine aussi — et la grâce de son port altier et de ses pommettes hautes. Parfois, elle me fait penser à une nymphe, échappés des légendes anciennes.
— “Je veux bien”, dis-je finalement, ma voix trahissant un mélange de désir et de tendresse, alors que ma tête est encore pleine des souvenirs de nos ébats passés.
On partage ce moment de calme, les cigarettes allumées, comme une routine après l’orage émotionnel des dernières heures. Le léger crépitement des cigarettes et le murmure du café deviennent une douce mélodie qui apaise nos esprits encore troublés.. Le simple fait d’être là, ensemble, en dépit des tumultes, me donne un espoir ténu, mais persistant pour l’avenir.
Tandis que Victoria regarde le paysage au-delà du balcon, je prends le temps de me concentrer sur le présent. Pour l’instant, on a trouvé un répit, et c’est tout ce dont nous avons besoin pour avancer. J’avais déjà pris ma décision de m’installer à Toulouse, de commencer un nouveau chapitre de ma vie ici, dans sa ville. Je m’étais résigné à le faire sans elle. Mais en cet instant, je réalise que mon projet pourrait prendre une dimension que j’avais crue évanouie. Peut-être que, finalement, Victoria est destinée à faire partie de mon histoire. Toulouse ne semble plus seulement être un lieu de transition, mais un espace où je pourrais véritablement construire quelque chose avec elle, ensemble.
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