CHAPITRE 15.2 * VICTORIA

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ATTENTION PASSAGE EROTIQUE

V.R.S.de.SC

♪♫ TORN —​​​​​​​ NATALIE IMBRUGLIA ♪♫

— “Tu as voulu oublier que...tu m’aimes ?” je le questionne faiblement.

James fronce les sourcils, et son visage se crispe sous l’effet d’une souffrance palpable.

— “Oublie ce que j’ai dis...”, murmure-t-il en se détournant.

— “Non ! Hors de question que tu te dérobes encore !”.

Je sens ma voix trembler d’indignation, mais je refuse de le laisser s’échapper. James se passe une main tremblante sur le visage.

— “Tu crois que je me suis senti comment, quand je me suis réveillé, totalement shooté, avec le corps d’Elaine nu sur le mien ! Merde, je ne pouvais pas me le pardonner, Vi ! J’ai trahi mon serment ! J’ai trahi l’avenir que je m’apprêtais à nous construire. Je t’ai trahi !”

— “Arrête de penser à ma place James !”, je proteste, mon cœur se serrant, partagé entre la colère et la douleur.

— “Il n’y avait pas d’issue possible Vicoria. La seule chose à faire c’était oublier tout ça. Arrêter de croire en quelque chose qui n’avait pas encore eu lieu. Mais j’ai vu tes appels, et j’ai compris que tu étais dans l’attente, que tu cherchais à comprendre. Et je n’avais pas la force de t’affronter.”

Je serre les poings, essayant de contenir la colère.

— “C’est là ta première erreur ! Tu aurais dû m’en parler au lieu de tout détruire, de te faire du mal !

“… et à moi aussi, par la même occasion”, je ne termine pas.

Il ricane, un rire amer et dénué de joie, tandis que ses yeux brillent d’un éclat sarcastique.

— “Oh mais bien sûr, j’aurais dû t’appeler pour te dire : “Salut Vi, désolé mais j’ai replongé dans la drogue et j’ai recouché avec une de mes ex. Surprise, je ne suis qu’un putain de camé et un dépravé... ! Et là, j’ai une putain d’envie irrésistible de reprendre une dose, et j’ai surtout envie de toi, nue, sous moi. Ah, et au passage, je suis fou de toi, je t’aime et je veux que tu restes avec moi pour toujours... Tout est pardonné, hein ?” C’est ça que tu voulais entendre !”

Mon dieu ! Les voilà à nouveau : ces trois petits mots qui me déchirent en deux, en mille. J’ai l’impression qu’un coup de tonnerre perce mon ciel intérieur, là juste au-dessus de la mer en furie qui déchaine un flot continue d’émotions. Une partie de moi veut désespérément s’accrocher à ces trois mots comme à un radeau en perdition. Leur sens prend doucement racine au plus profond de mes entrailles et je me sens paralysée, incapable de trouver quelque chose à répondre. Le monde autour de moi semble se figer, les sons s’atténuent et il ne reste plus que le battement sourd de mon cœur, un rythme irrégulier, chaotique, qui me rappelle l’ampleur de ce que je ressens pour lui.

J’ai une envie irrésistible de l’embrasser sur-le-champ, de laisser ma bouche exprimer ce que mon cœur ne peut pas articuler. Je veux retrouver la chaleur de son corps contre le mien, sentir son souffle sur ma peau, m’accrocher à lui comme si ma vie en dépendait. Je veux marquer sa peau, le griffer, le mordre, faire en sorte qu'il souffre autant que moi, qu’il ressente dans chaque fibre de son être la douleur et la passion que ces mots provoquent. Mais je ne dois pas... Je ne peux pas. Une lutte intérieure fait rage, un combat entre le désir ardent de céder à mes pulsions et la froide réalité des conséquences. Céder maintenant, ce serait accepter, sans condition, toutes les contradictions qui nous ont éloignés.

Je prends une inspiration profonde et je m'efforce de rester ferme, de ne pas laisser mes émotions prendre le dessus. Mais c'est si difficile, la tentation de tout envoyer valser, de se laisser emporter par ce que je ressens encore pour lui, malgré tout. Mon corps brûle d'envie de se rapprocher du sien, mais ma raison m’en empêche, dressant une barrière entre ce que je désire et ce que je dois faire. Au lieu de ça, je vois James reculer, incapable de voir à travers mon cœur en flamme.

— “Je ne pouvais pas te faire ça. Je devais te laisser partir, te donner l’opportunité d’avancer. Après ça, je me suis défoncé parce que c’était plus facile de ne plus rien ressentir, d’étouffer mes émotions, de briser ma raison. J’avais l’impression que c’était la seule manière de survivre.”

Je le vois enfin, non pas comme l’homme fort qu’il a toujours prétendu être, mais comme quelqu’un de brisé qui cherche désespérément un moyen de se protéger de la douleur. Il pense avoir agi pour mon bien. Mais, sa fuite en avant n'excuse pas son comportement, loin de là. En agissant ainsi, il m'a privé de mon droit à choisir.

S'il m'avait fait part de ce qu'il vivait, de ses pensées, je ne sais pas comment j'aurais réagi sur le coup, peut-être que la douleur aurait été insupportable, peut-être que la colère m'aurait aveuglée. Mais au moins, j'aurais eu une ficelle à laquelle m'accrocher, une corde à laquelle nous arrimer. J'aurais essayé de ne pas le laisser couler au fond de son addiction, de ne pas le perdre dans cette spirale destructrice. J'aurais pu monter dans un putain d'avion pour le rejoindre, pour le tenir debout quand il n'en avait plus la force.

Mais non, il a choisi de me laisser dans le mensonge, de m'abandonner avec cette impression atroce d'avoir raté un épisode, d'avoir mal interprété ses mots, sa déclaration, de devenir folle à force de chercher un sens là où il n'y avait que du vide. J'ai passé des nuits entières à me torturer l'esprit, à essayer de comprendre ce qui s’était passé entre son vocal si vibrant et son message de rupture si distant. Comment était-il passé subitement d’une ardeur tangible à une froideur sévère ? Comment pouvait-il me faire croire à un avenir à deux, se murer dans le silence et finir par se rétracter sans explication ?

— “Tu n’avais pas le droit… tu n’avais pas le droit...”, je murmure alors en plein désarroi, comme si en les prononçant à voix haute, j’avais le pouvoir d’exorciser la douleur qui m'étreint.

James détourne le regard, son visage marqué par le poids de la culpabilité. Est-ce que ce que j’avais pris pour une déclaration authentique et passionnée, cachée derrière une vulnérabilité bouleversante, n’était que le fruit de mon imagination ?

A l’époque, je me sentais piégée dans une boucle de douleur sans fin, incapable de savoir où tout avait basculé. Et c’est lui qui m’a volé cette chance de lutter pour nous, de tenter de sauver ce que nous avions construit. En me mettant à l’écart, il m’a fait douter de moi-même, de mon propre jugement, de ce que nous étions censés représenter l'un pour l'autre. Et le pire, c’est que malgré tout ça, je suis encore là, debout face à lui, à essayer de trouver un moyen de recoller les morceaux.

— “Tu m’as vue comme une erreur?” l'interpelè-je, ma voix se brisant sous le choc de ma rélfexion.

James relève les yeux vivement, un éclat de douleur traversant son regard.

— “Non Vi !”, se défend-il avec une ferveur qui aurait pu me convaincre, mais ses mots tombent dans un vide oppressant.

Soudain, un détail enfoui refait surface, ravivant la flamme de ma colère.

— "Et ces filles avec qui tu as couché, c'était des erreurs aussi ?"

Je le défie du regard, mon cœur battant à tout rompre, l'attente d'une réponse me consumant de l'intérieur. Son visage se ferme, et il me répond froidement, presque mécaniquement :

— “Je ne couche pas Victoria. Pas plus que je ne fais l’amour. Je baise. Durement et simplement”.

C’est comme une claque en pleine figure. Il me l’a déjà dit, pourtant, mais la douleur n'en est que plus vive cette fois-ci. Comment peut-il réduire ce que nous avons vécu ensemble à une simple "baise" ? Dans ma tête, ce qui se passe entre nous est bien plus fort. Ce n'est pas juste du sexe. Avec lui, je m'abandonne, je donne et je reçois intensément. Chaque caresse, chaque baiser porte le poids de mon âme. Pour moi, c'est de l'amour, pur et indéniable. Et ça me tue de l'entendre réduire ça à une simple pulsion physique.

Peut-être se rend-il compte de l’impact de son aveu. Peut-être le poids de ses propre mots le suprend à son tour. Toujours est-il que ses yeux s’ouvrent en grand, la surprise et l’horreur se dessinent sur son visage. Il ouvre la bouche pour parler, peut-être pour se justifier ou tenter de reprendre le contrôle de la situation.

— "Non, Victoria, pardonne-moi. Ecoute, ce n’est pas ce que tu crois. Je ne voulais pas..."

Je ne lui laisse pas le temps de finir sa phrase. Une tempête de colère, d’amour et de désir éclate en moi, une fièvre qui me consume. Je la fais mienne, la poussant à se soumettre à ce que je veux exprimer. Je n’ai que faire de ses excuses à la con et de ses explications foireuses !

Je le saisis avec une force qui m'étonne moi-même, mes mains trouvant son visage avec une urgence presque féroce. Mes doigts s'enfoncent dans sa peau, mes lèvres s'écrasent contre les siennes dans un baiser ardent, brut, sans retenue. Je le charge de toutes les émotions que je ne peux pas encore verbaliser : la frustration qui me ronge, la douleur qui me déchire, ce besoin de le posséder tout entier, ici et maintenant.

Je veux qu’il ressente, qu’il comprenne la dureté de ses paroles, qu’il mesure le chaos qu’il a semé en moi. Je lui transmets tout ce que je n’arrive pas à dire, à travers la violence de ce baiser sauvage, comme si ce seul geste pouvait, à lui seul, raconter l’histoire de ce que nous sommes devenus.

Au départ, il reste de marbre. Ses lèvres sont closes, froides, refusant de répondre. Je lui tire les cheveux, presse mon corps contre le sien, j’insiste, je force. Rien n’y fait. Ses bras restent ballants, inertes, sa bouche muette, comme scellée. Il ne réagit pas. Une vague de rage m’envahit. Je me détache brusquement de lui, le pousse avec toute la force du désespoir, puis, incapable de contenir mon emportement, ma main s'abat violemment sur sa joue.

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