CHAPITRE 19.2 * JAMES
eATTENTION PASSAGE EROTIQUE
J.L.C
♪♫ ... ♪♫
Je franchis la courte distance entre les escaliers et la chambre d’ami, méditant sur l’ironie du destin. Le bruit des pas de Milo, qui grimpe les marches derrière moi avec un enthousiasme discret, se mêle à mes pensées.
En entrant dans le monde du whisky, j’avais cherché à honorer l’héritage familial tout en explorant de nouveaux horizons. Mon futur beau-frère m’a encouragé dans cette direction, et je lui en suis reconnaissant, car c’est ce parcours qui m’a conduit à Toulouse et, par conséquent, à Victoria. C’est étrange de penser que ce cheminement professionnel a aussi été le point de départ de ma rencontre avec elle.
Alors que j'atteins le seuil de la chambre, je donne une dernière caresse à Milo qui se frotte contre mes jambes.
— “Désolé mon pote”, dis-je en refermant doucement la porte derrière moi, laissant le chien dans le couloir.
Je m’arrête devant le lit et commence à me déshabiller. Tandis que je défais les boutons de mes manches, je repense à la manière dont Victoria a traversé ma vie comme un tourbillon. Notre histoire a commencé avec une collision d’émotions et de circonstances.
Tout a commencé, lors de la féria de Carcassonne à laquelle Antoine et moi avons participé pour la promotion de nos produits. C’est là que Victoria est entrée dans ma vie. À l’époque, je ne savais pas que sa famille y tenait également un stand. Ce n’est que plus tard, au cours d’un dîner organisé entre ma sœur, Antoine, Victoria et moi, que nous avons découvert l’entrelacement profond de nos histoires.
Par exemple, tout comme Antoine, la famille de Victoria possède un domaine viticole à seulement quelques kilomètres de distance de la Cité médiévale. Lui dans la région Limouxine, elle, dans les Corbières. Ces deux-là ont étudié dans le même établissement à seulement quelques années d’intervalle et se sont probablement croisés sans le savoir lors de tournois de rugby régionaux — le frère de Victoria, Gabriel, de trois ans son ainé, étant, comme Antoine, un joueur licencié.
Ce soir-là, autour de la table, nos conversations avaient dérivé vers des sujets qui nous tenaient à cœur, comme si le terroir et les traditions familiales nous rassemblaient. Antoine et Victoria avaient parlé de leurs souvenirs de vendanges, des secrets de chaque cuvée, des mariages subtils des cépages… avec des anecdotes sur le pressage et le foulage manuel — enfin aux pieds — qui nous avaient tous fait bien rire.
Moi, je m’étais laissé emporter par la passion du whisky : l’orge qui devient nectar, le malt qui se mue en légende, la patience de la distillation, la magie des fûts qui façonnent le temps. Au fil de mes explications, Victoria m’observait avec une attention rare qui m'avait pris par surprise et touché au-delà des mots. Ses yeux brillait tandis qu’elle buvait mes paroles comme si elles avaient leur propre saveur, son sourire en coin m’invitant à poursuivre, à dévoiler davantage cet univers qui me fait vibrer.
J’étais totalement subjugué par la femme à mes côtés, que j’apprenais à découvrir avec un intérêt grandissant sous le regard bienveillant de ma sœur. De temps en temps, elles échangeaient des sourires complices. Isla semblait se réjouir de la voir si bien intégrée à notre petit cercle. J'appréciais l'aisance avec laquelle Victoria communiquait avec mes proches, sa manière de rire avec Antoine, de rebondir sur les confessions de ma jumelle, comme si elle avait toujours fait partie de nos vies. Avec cette chaleur et cette curiosité naturelle, elle rendait chaque moment partagé plus vivant, plus authentique.
Je suis déjà dans la chambre depuis quelques minutes, le regard perdu dans le vague tandis que mon esprit se laisse happer par les souvenirs de cette soirée estivale avec mes proches et la femme qui est devenue mon plus grand espoir. J'enlève ma veste en la jetant négligemment sur le fauteuil. L’odeur de Victoria flotte encore dans l’air, une empreinte douce et enivrante laissée sur mes vêtements.
Je me rémémore encore les confidences de Victoria et les points en commun que nous nous étions découverts au cours de la soirée. Tout comme ma propre famille, les traditions étaient au cœur de son éducation. Victoria nous avait raconté comment elle avait grandi entourée de confitures et de tisanes maison préparées par sa grand-mère, assistée de toutes les autres femmes de la famille, ou encore de terrines faites avec le gibier que son père et son grand-père chassaient dans les vignes et les bois qui entouraient leur propriété. Isla et elle avaient, bien évidemment, échangé des recettes avec enthousiasme, discuté des subtilités d'un bon civet de sanglier, de la douceur d'un rôti de cerf et même de la préparation d'une gardiane de taureau, une spécialité du sud que ma sœur n’avait encore jamais osé cuisiner. Ces moments d’échange culinaire avaient tissé un lien profond entre elles, révélant des passions communes qui, au-delà des différences de nos héritages, nous rapprochaient davantage.
Alors que mes pensées vagabondent, je dénoue ma ceinture et défais les boutons de ma chemise. Je laisse échapper un soupir de soulagement en enlevant enfin le poids de la matinée, avant de me diriger vers la salle de bain.
Et puis, il y avait eu ce moment suspendu, où nos regards et nos sourires s'étaient croisés au-dessus des verres de vin. Tout autour de nous avait semblé se fondre dans un murmure lointain. J’avais vu dans ses yeux une étincelle familière, de celles qui brûlent sans jamais s’éteindre. Nous avions parlé d’équitation, un autre trait commun inattendu.
Son père l'avait mise en selle à peine avait-elle appris à marcher, tout comme le mien. Depuis, elle ne s’était jamais éloignée des écuries. J'avais senti dans sa voix le même enthousiasme que j'éprouvais moi-même pour l’élevage de mon père, des purs-sangs arabes de concours. Victoria, quant à elle, nous avait parlé avec amour de son cheval, Sol, un Lusitanien, fier et imposant, avec une crinière épaisse qui rappelait la houle d’une mer agitée. J'avais senti un frisson me parcourir, comme si chaque mot, chaque histoire, nous rapprochait un peu plus, dessinant peu à peu les contours d'une complicité naissante. Je m’imaginais galopant avec elle en bord de mer, sur les plages sauvages d'Écosse, là où le vent salé mêle ses murmures à ceux des vagues. Je pouvais presque entendre les sabots marteler le sable, sentir la liberté du galop avec le soleil couchant pour seul témoin. Cette vision était aussi douce qu'inespérée, et je me surprenais à souhaiter que ce rêve devienne un jour réalité.
Sous la lumière chaleureuse de la salle de bain en marbre noir, je m’efforce de détendre mes épaules alors que je retire mon pantalon et mon boxer et les laissent tomber sur le sol carrelé.
A l’époque, Victoria et moi venions justement de rentrer de notre escapade à la mer où nous avions passé deux journées légères sous le signe du rire et de la séduction. On avait partagé des moments d’intimité charnelle et émotionnelle, mais ce dîner avait révélé quelque chose de plus profond. En la voyant entourée de ma famille, en l’entendant partager ses souvenirs et ses passions, j’avais découvert que ce qu’il y avait entre nous pouvait aller au-delà de l’attraction physique et émotionnelle intense. Il était devenu clair pour moi que Victoria me correspondait bien plus que je ne l’avais imaginé. Ce dîner avait marqué un tournant, où l’intensité de notre attraction s’était muée en une véritable complicité, une harmonie naturelle qui allait bien au-delà du simple désir. La vision de notre avenir ensemble s’était dessinée avec une clarté inattendue, comme si chaque mot échangé, chaque regard partagé, était en train de tisser le fil d’une histoire qu’on était destiné à écrire ensemble. Mais ça, c'était avant, avant que je déraille, que je perde de vue ce que nous pourrions être, avant que je ne fasse tout foirer...
Je fais couler l'eau chaude de la douche à l’italienne, ajustant la température, alors les jets d’eau commencent à remplir l'espace ouvert. Je me laisse envahir par la chaleur de l’eau et ferme les yeux.
Les images de Victoria dansant la nuit dernière me reviennent plus vivantes que jamais, comme un film captivant. Elle ondulait sans retenue, totalement libérée et sûre d’elle, avec une confiance et une audace qui me faisaient littéralement perdre la tête. Sexy et provocante, sensuelle ou joyeuse, et même légèrement éméchée, elle me fascinait. Et puis, il y avait ces moments où elle dansait uniquement pour moi… Mon dieu… Mes mains glissent sur ma peau tandis que je me lave le corps avec un savon parfumé, chaque caresse du gel sur mes muscles tendus résonnant comme une étreinte délicate.
Les reliques de mes nuits avec elle me reviennent comme des flash dans la nuit. Je repense à notre premier rendez-vous, cette soirée où je l’ai vue danser pour la première fois. Une salsa dans un petit bar à tapas du centre-ville, si je me souviens bien. Elle m’avait confié qu’elle adorait danser et je l’avais regardé faire, éblouie et complètement sous le charme, mais aussi un brin jaloux de l’homme qui posait les mains sur elle. Mais j'avais rapidement compris que ce qui les unissait, c'était leur passion commune pour la danse, rien de plus. La musique coulait dans ses veines, lui insufflant vie. Elle était divine dans sa robe rouge, avec ses cheveux blonds défaits, ses hanches pleines, ses longues jambes dorées, ses seins fermes... Je me frotte un peu plus vigoureusement...
Ce soir-là, je m’étais contenté de l’admirer, séduit par la manière dont elle semblait se fondre avec le rythme. Mais au fil des quelques jours passés ensemble, j'avais eu d'autres occasions de la voir danser.
Un après-midi ensoleillé, dans le parc près de chez elle, alors qu'un orchestre de rue jouait des airs joyeux, elle s'était laissée emporter par la musique. Elle tourbillonnait les bras écartés, comme dans une valse improvisée, et m’avait entraîné dans ses bras en riant. C’était spontané, enchanteur.
Une autre fois, alors qu’on se promenait main dans la main en centre-ville, de la musique rock s’échappait d'un bar devant lequel on passait. Soudainement, elle s'était mise à sautiller autour de moi, les bras en l'air, les cheveux flottant au vent. Elle m’avait embrassée passionnément alors qu'elle riait contre ma bouche et continuait à danser comme si la ville entière était devenue notre piste de danse privée.
Et puis, lors d'une nuit particulièrement chaude, elle s’était levée de son canapé et m’avait invité à danser un slow sur Love on the Brain qui passait sur sa playlist. La musique se mêlait à l’ambiance feutrée de son salon, créant un cocon intime autour de nous. Nos corps se frôlaient, fusionnaient au rythme langoureux de la chanson. Chaque mouvement était empreint de douceur et de sensualité. Alors, on avait laissé la musique nous envelopper encore un peu, et je l'avais doucement amenée au sol, sur le tapis moelleux du salon. Là, allongés l’un contre l’autre, son dos contre mon torse, je lui avais fait l’amour lentement, langoureusement.
La douceur de ses mouvements, le contact de sa peau contre la mienne, étaient des sensations inoubliables. Mes mains se perdaient sur son corps, explorant ses courbes avec une délicatesse pleine d’admiration. Je me souviens particulièrement de la chaleur de ses seins sous mes doigts. La façon dont elle pressait ses fesses contre mon sexe, amplifiait chaque pénétration. J’avais posé sa jambe sur ma cuisse et exploré ses replis intimes avec des gestes pleins de tendresse et de révérence. Elle avait gémi si fort que j’avais d'abord plaqué ma paume sur sa bouche avant de la poser sur sa gorge. Putain, Victoria aime ça, être étranglée, elle m’avait pressé de le faire. Je crois que j’en avais perdu la raison ! Même si je ne pouvais pas voir son visage, la façon dont elle se contractait contre moi et sa respiration haletante me confirmaient son plaisir intense. Et puis sous la pression de mes doigts, j’avais senti son pouls s’emballait alors qu’elle jouissait... Cet instant magique est gravé dans ma mémoire. La connexion avait été si foudroyante qu’à ce moment-là, j’aurais voulu rester figé en elle pendant des heures.
Plongé dans ce souvenir, là, sous le jet brûlant de la douche, je ne peux ignorer l'excitation persistante qui m'envahit. Ma main glisse vers mon sexe, cherchant à apaiser la fièvre qui sature chaque fibre de mon corps. Les gouttes d'eau glissent le long de mon torse, se mêlant aux sensations croissantes. L'image de Victoria, imprimée sous mes paupières, me dépouille lentement, les vagues de plaisir venant se fracasser contre les échos de ses gémissements. Alors que mes mouvements deviennent frénétiques, j’appuie ma paume contre le marbre froid et je ferme les yeux en me mordant les lèvres. Les français nomment ça la petite mort… Oh mon dieu ! Je perds toute notion du temps et de l’espace alors que l’extase me fauche. Si j’étais mort dans l’instant, j’aurais été emporté dans une éternité où seul le souvenir de Victoria aurait continué à me pourchasser. Et j'en aurais été heureux putain ! Mon corps tremble sous l'assaut des flammes de l’orgasme, les gouttes d’eau roulent le long de ma peau, comme des témoins silencieux de ce moment d’oubli sublime. Je suis à la fois perdant et complet. Je soupire, rejette la tête en arrière, passe mes mains dans mes cheveux alors que j'incline mon visage sous le jet d’eau. Je remercie le ciel que la salle de bain se situe à l'opposé de la cuisine parce qu’il me semble avoir gémit intensément…
Je m'arrache finalement à la douche après m’être lavé et rincé les cheveux, mais mon corps vibre encore. Essuyant l'eau sur ma peau, je m'efforce de me concentrer sur le rendez-vous qui m'attend. De retour dans la chambre, je choisis mes vêtements dans la commode : quelque chose alliant simplicité et élégance, suffisamment approprié pour un après-midi décontracté tout en restant soigné. Je vérifie l'heure sur mon téléphone : j'ai encore du temps avant mon déjeuner avec Victoria. Je décide donc de rejoindre ma sœur.
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