CHAPITRE 20.2 * VICTORIA

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V.R.S.de.SC

♪♫ ... ♪♫

— “Vous avez peut-être raison”, dis-je finalement, ma voix à peine audible. “Mais c’est plus facile à dire qu’à faire !”

Leslie se lève pour fouiller son sac à la recherche de son paquet de cigarettes, ses longs cheveux noirs flottant derrière elle comme comme une cape. Elle revient vers nous, un sourire narquois sur les lèvres.

— “Et bien, sans nous, tu te noierais probablement dans un océan de thé et de mauvais choix”, reprend-elle en allumant sa clope, m’adressant un clin d’œil complice. Heureusement qu’on est là pour te sauver de toi-même !”

Je lève les yeux au ciel, amusée par sa façon de dramatiser les choses et je sens qu’il est temps de détourner la conversation pour la titiller un peu.

— “Et toi alors, tu t’es un peu trop noyer dans l’alcool hier soir ?”, je l’interpelle malicieusement

Leslie exhale un nuage de fumée, ses lèvres s'étirent, ironiques.

— “Eh ! Chacun sa méthode pour gérer le stress, ma chérie. Toi tu te plonges dans des réflexions sans fin, d’autres préfèrent se perdre dans un bon verre de rosé… Ou une bouteille entière... Voir deux...”. Elle lève les sourcils, un éclat badin dans les yeux. “Qui compte vraiment de toute façon ?”

Je me cale plus confortablement sur le canapé, tirant un peu plus le plaid sur mon ventre et j’observe Leslie qui joue avec sa cigarette.

— “D’ailleurs, en parlant de toi et de tes excès...”, je commence innocemment, “Mati m’a raconté ce qui s’est passé hier soir.”

— “Il s’est passé quoi ?”, s’enquiert Nina soudain curieuse.

Le feuilleton Leslie & Mati nous tient en haleine depuis des mois.

— “Ah ? Vraiment ? Et qu’est-ce qu’il t’a dit exactement ?” demande Leslie, l‘air faussement détaché.

— “Eh bien”, dis-je en étirant les mots, savourant le moment. “Il m’a dit que tu t’étais un peu... comment dire... laissée aller avec lui”.

Je la fixe, attendant sa réaction. Mais elle fait mine de ne rien savoir.

— “Genre ?”, interroge-t-elle après avoir tiré une nouvelle bouffée.

— “Genre...”, je poursuis en attrapant ma vapoteuse sur la table basse. “Tu lui as balancé que sa bite n’était pas assez grosse pour atteindre l’autre côté du trottoir et ensuite, tu lui aurais mis la main au paquet”.

Leslie écarquille les yeux, horrifiée, s’étouffant presque dans une quinte incontrôlée.

— “J’ai pas fait ça !” s’écrit-elle, la bouche ouverte de surprise.

Nina éclate franchement de rire, secouant la tête comme si elle ne pouvait pas croire ce qu’elle entendait :

— “Sérieux, Leslie t’abuse !”

— “Merde !” souffle notre amie. “C’est sa faute aussi ! Avec ses remarques à la con tout le temps !” se justifie-t-elle, visiblement exaspérée.

— “Pour ton information, il semblerait que ça ne lui ait pas tout à fait déplu”, je confie, laconique, en aspirant une bouffée fruitée mangue-pastèque.

— “La blague !” ricane-t-elle.

— “Il faut vraiment que vous arrangiez les choses tous les deux”, lui répète gentiment Nina.

— “On le pense tous”, je reconnais à mon tour. “Loin de moi l’idée de te donner des conseils, vu mes problèmes perso mais... va falloir crever l’abcès un jour”.

Leslie fait la grimace, écrase sa cigarette dans le cendrier qu'elle attrape sous la table basse, puis, se cale contre le meuble télé. Son corps se détend légèrement, mais un sourire sarcastique se dessine sur ses lèvres.

— “Ah, donc maintenant, on se transforme en médecins de l’âme ? On boit, on fume, et on répare les cœurs brisés ?” Elle secoue la tête en ajoutant : “Je suppose que je devrais préparer mon matériel de chirurgie émotionnelle. Peut-être qu’on pourra ouvrir une clinique de déblocage relationnel après ça”.

Je ris doucement, reconnaissant son humour comme un mécanisme de défense.

— “Moi, je suis partante pour une collab !”, clame Nina avec enthousiasme. “Et pour toi Vic, on pourrait même te proposer un programme de fidélité sur mesure : consultations illimitées, conseils prémiums, et tout ça à un tarif préférentiel !”, ajoute-t-elle, en souriant jusqu'aux oreilles, fière de sa trouvaille.

—“Et on a même déjà en tête un protocole pour les cas désespérés comme le tien : prescription de cocktails à gogo et séances intensives de karaoké, ou non une thérapie de danse endiablée”.


Leslie s'interrompt soudainement, comme si une idée géniale venait de lui traverser l'esprit.


— “Non j'ai encore mieux : du pole dance !”, s’extasie-t-elle en tapant dans ses mains. “Imagine-toi Vic en pleine chorégraphie sensuelle devant ton petit écossais. Toi, qui t’enroules langoureusement autour de la barre, tes jambes qui se croisent sensuellement... et James, à quelques mètres, à deux doigts de perdre le contrôle, se tortillant sur sa chaise comme un gamin devant une vitrine de bonbons". Elle éclate de rire, poursuivant : “Et puis tu fais ce fameux tour où tu te laisses glisser lentement, ton dos cambré et tes cheveux qui balaient le sol. Je parie qu’à ce stade, il serait déjà à bout ! Il ne tiendrait pas jusqu’à la fin du spectacle, je te le garantis !”

— “On dirait que tu parles d’expérience”, je la charrie.

— “Et tu crois que j’ai fait installer cette barre en plein milieu de mon salon pour quoi dis !”

Je croise les bras et la fixe avec un sourire moqueur.

— “Bon, si tu te lances avec Mati, je te promets que je viendrai assister à un de tes cours, et si tu arrives à conclure avec cette technique…”

— “Oh ma chère, je n'ai aucunement l’intention de conclure quoi que ce soit avec Mati de une, et de deux, c’est plutôt à lui de se tortiller sur la barre pour moi et pas l'inverse”, me coupe-t-elle en ricanant.

Je ris et reprends :

— “Oui bon, ce que je voulais dire, c’est que si tu lui fais ce petit numéro de pole dance, alors moi, je te jure de faire la même avec James". Je la défie en haussant un sourcil, avant de plaisanter : "Sauf que bon, contrairement à tes superbes contorsions acrobatiques, je peux déjà te parier que ma performance tiendrait plutôt du poulpe désorienté que de la gracieuse sirène."

Leslie se tord de rire, se tenant le ventre, visiblement ravie de la tournure de la conversation.

— "Un poulpe désorienté ? J’adorerais voir ça ! Allez Vic, fait pas ta mijaurée, tu adorerais le pole dance ! Ma partenaire me manque…” dit-elle avec une moue cajoleuse.

— “Franchement, Vic, même en mode poulpe, je parie que James te trouverait toujours à son goût. En tout cas, s’il aime le poulpe” pouffe-t-elle, puis se tournant vers Leslie, ajoute : “On se met quand au travail, coach ? Je sens que ça va être épique !”

— “Eh bien, si ça peut aider à résoudre ce chaos, pourquoi pas, non ? Mais, sérieusement, Leslie, pour en revenir à toi et Mati”, je m’interromps brièvement en voyant Leslie commencer à s'agiter, prête à m’empêcher de poursuivre mon sempiternel sermon. “Il va falloir que tu prennes ça en main. Vous ne pouvez pas rester coincés dans ce cercle vicieux”.

— “Ah, voilà comme toujours tu recommences, Vic… Tu as un talent fou pour déterrer les vérités que l’on préfère garder enfouies !”, réplique Leslie avec un sourire, même si sa voix trahit une pointe de sincérité.

Nina, prenant une gorgée de son thé, conclut avec douceur :

— “Eh bien, on est là pour ça aussi, non ? Pour se rappeler les vérités que l’on choisit d’ignorer.”

— “D'accord, d'accord”, dit Leslie en soupirant. “Je vais réfléchir à tout ça. Mais, à condition que toi aussi, Victoria, tu prennes ce fichu téléphone que t’arrête pas de regarder et que tu l’appelles !”, insiste-t-elle avec un ton plus direct.

— “Oui, Vic. Parfois, il vaut mieux faire le premier pas et affronter les choses plutôt que de rester figée dans l’incertitude. Je suis certaine que ça te fera du bien, et à lui aussi. Ça fait des mois que tu vis avec son souvenir et des semaines que tu rumines dans ton coin. Tu pleures, tu t’isoles, tu bois, tu… enfin, tu vois ce que je veux dire... avec Mati”.

— “Allez ! Qu’est-ce que je disais à propos de lui déjà ?!” intervient Leslie, avec un petit rire nerveux.

Nina fait mine de ne pas l'entendre et achève :

— “James est revenu dans ta vie. Tu m'as dit qu'il s'installait ici, alors fonce. Ne reste pas là, à te morfondre. Tu as déjà assez attendu.”

Je prends une profonde inspiration, consciente que leurs mots résonnent avec justesse. Mais si je revois James aujourd’hui, je sais que je risque de craquer. Et franchement, je ne suis pas prête pour ça. Je ressens encore la fatigue accumulée par ma soirée d'anniversaire, et peut-être aussi celle laissée par la fougue de James. Mon corps tout entier semble porter les marques de cette passion, chaque muscle me rappelant l'énergie dépensée. Non, ce soir, j’ai surtout besoin de me prélasser tranquillement, bouquiner un bon livre et me ressourcer dans ma bulle. Repousser notre rencontre à demain semble être la décision la plus sage. C’est la raison qui parle, bien sûr... parce que mon désir, lui, ne me quitte jamais. Il murmure son nom dans chaque battement de mon cœur, insatiable, impatient. Je veux James avec moi, en moi, toujours...

— “J’ai une idée,” dis-je à voix haute, brisant le fil de mes pensées. “Peut-être que je pourrais l’inviter à venir à la soirée d’Halloween demain. Ce serait une bonne occasion de le voir dans un cadre plus léger, sans trop de pression non ?”

Nina me sourit avec approbation.

— “C’est une bonne idée, Vic. Ça pourrait éviter la surcharge émotionnelle d’aujourd’hui.”

Leslie, toujours fidèle à son humour moqueur, y va de son petit commentaire :

— “Ouais, bof, pas sûr que vous restiez longtemps en mode discussion. Quand James te verra dans ta super robe sexy, il n’aura qu’une envie : te l’arracher en deux temps trois mouvements. Et vous allez finir par retourner baiser sur le rooftop comme hier soir, les coquins !”, me taquine-t-elle toute mielleuse. “Alors, c’était comment, d’ailleurs ? Je suppose que vous avez remis ça chez toi ? Allez raconte, je veux les détails ?”

— “Rohhh, Leslie, laisse-la tranquille !” lui lance alors Nina d’un ton réprobateur.

— “Oh, arrête de jouer les saintes nitouches, Ninette !”, rétorque Leslie, amusée, puis, se tournant à nouveau vers moi : “Vic, si James était pas, tu vois, TON James, moi, j'en ferai bien mon quatre heures ! Ce gars est un pur avion de chasse ! Je suis sûre que c’est un vrai dieu au lit”

Je sens le rouge me monter aux joues.

— “Leslie, arrête de tout ramener au cul ! Vi, t’es pas obligée de répondre”, me rassure Nina.

Après un instant de réflexion, le temps de tirer une nouvelle bouffée de ma vapoteuse, je finis par leur avouer :

— “En vérité, je ne me suis jamais sentie aussi vivante qu'avec lui. C’est… phénoménal”, dis-je d'une voix un peu contemplative.

— “Ah, je vois. Donc c’est plus qu’un feu d’artifice, c’est carrément un festival pyrotechnique !” commente Nina en pouffant.

— “Putain, tu fais rêver, sérieux ! Mes derniers plans étaient tellement foireux que ça en devenait presque une rediffusion ratée de télé-réalité”, décrit-elle, dépitée. “Mais sérieusement, si James ne se jette pas sur toi comme un affamé devant un fondant au chocolat, alors c’est qu’il a un problème sévère niveau libido ou qu’il s’est fait retirer les couilles pendant la nuit !” renchérit-elle avec un sourire mi-amusé, mi-moqueur.

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