CHAPITRE 21.5 * JAMES
ATTENTION PASSAG EROTIQUE
J.L.C
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A mon retour chez Isla, je suis monté directement dans ma chambre. Fallait pas croiser le regard de ma sœur. Elle me juge. Parce que je suis un connard. Et probablement, parce que j’ai pété sa voiture il y a dix ans. Ou, je sais pas, à cause de cette manie que j’avais de lui tirer les cheveux quand on était gosses. Bref. J'avais pas envie de répondre à ses questions. Pas envie de lui expliquer. De toute façon, c'est toujours la même rengaine. Je voulais… couper le contact avec le monde. Avec elle. Avec Vi.
J'ai attrapé la boîte d'antidépresseurs, j'ai hésité un moment, avant de prendre une pilule et de l'avaler d'un coup sec. Une seule, mais c'est déjà ça. J'aurais préféré que ce soit de la coke, au moins ça me donnait un peu d'air, une sensation de contrôle, comme si j'étais quelqu'un d'autre, mieux, plus fort. Là, c'est juste un goût de rien, un semblant de calme qui cache la tempête.
Je me suis effondré sur le matelas, j'ai glissé dans un sommeil de pacotille, sans relief, un état de semi-conscience. Endormir la frustration, étouffer la tristesse qui pesait sur moi, c'était là mes objectifs. Mais, même dans mes rêves, Victoria... elle... Bon sang, son image refusait de me laisser en paix. Ses cris. Ses soupirs. Ses reins qui se creusent vers moi. Ses cuisses qui m’enserrent. Son parfum, son nectar… ses larmes. Son sourire... Elle me mordait, me frappait. Violente, lente. Putain, j’aime ça. Ça doit être un truc de maso, non ? Je suis prêt à tout. À me soumettre. Je suis pathétique. Et, à l'heure qu'il est, une vrai éponge — une lavette aussi.
Quelle blague ! Allez, soyons sérieux. Victoria, c’est un poison et je suis en train de le savourer comme si c’était de l’eau fraîche. Encore un peu plus et je lui vendrai mon âme. Putain de dilemne !
C’est ça le problème : je suis bien trop disposé à sacrifier n’importe quoi pour elle, ou pour cette illusion de ce qu'on pourrait devenir, dans un futur proche ou lointain. La preuve ? J'ai réalisé que je l'aimais, je n'ai pas assumé mes sentiments, je me suis dégonflé, j'ai pris peur, je suis allé me cacher dans la drogue. Toujours la même merde.
Et aujourd'hui ? Je l'aime toujours, j'ai succombé à l'envie de la reconquérir, je n'ai pas su lui résister, ni eu le courage de la garder éloignée, protégée. Je suis toujous mort de trouille, mais déjà prêt à replonger dans notre histoire. Sauf qu'elle m'a repoussé et que je n'ai plus la force de lutter contre mes démons. Je suis à deux doigts de foncer dans la coke que j’ai vue passer tout à l'heure. Un putain de cercle... un serpent qui se mort la queue. Qui est le reptile ? La drogue ? Elle ? Ou moi ?
J’étais là, dépouillé de toute retenue, enfin déterminé à ouvrir mon coeur, prêt à tout pour... pour réparer ce foutu bordel, et voilà comment elle me le rend : un coup de porte en pleine gueule. Elle fait sa vie, tranquille, sans se soucier de mes sentiments. Comme si j’étais juste un épisode à oublier dans son passé. Moi aussi, j’aimerais pouvoir l’oublier, me débarrasser de son souvenir. Mais j’y arrive pas. J’ai beau vouloir la détester, je pense à elle, à chaque putain de seconde. Alors oui, j'ai envie d'aller me défoncer ! M'envoyer de la merde dans le système nerveux ! Dérailler la machine... Ou, à défaut, si je l'avais là, sous la main, je la baiserais, tiens ! Juste pour pouvoir l’avoir, de n'importe quelle manière. Voilà. Je suis un putain de monstre !
Mais ce n'est pas tout. Parce qu'une fois que je l'aurais sous moi, je la ferai plier. Je n'avais pas l'intention de la dominer, pourtant je le ferais, sans qu’elle puisse m’échapper. Elle adorera ça. Je l'emmènerai vers des sommets, un autre monde. Ses poignets attachés à la corde de nos désirs, je la guiderai là où ses limites s’effondrent. Elle n'attend que moi pour se libérer, je l'ai vu dans ses yeux, lu dans son âme. Je m’enfoncerai en elle, la déchirerai, elle hurlera de plaisir. Je serai l’écho dans sa tête, le souffle brûlant de ses souhaits. Elle criera mon nom et ce cri résonnera en moi pour l’éternité.
T'es contente Victoria ? À me regarder tomber ? A me donner l'illusion que j'avais encore une chance, avant de tout balancer d’un texto ? T'as jamais eu l'intention de me laisser revenir, hein ? Tu crois que t’es la seule à souffrir ? Moi aussi je suis là, à te maudire et à t’aimer à la fois...
Putain… je sais pas pourquoi j’espérais qu'elle soit différente. Je ricane, amer, comme le whisky qui coule sur ma langue quand j'arrose mes veines une fois de plus. Je m'enfonce dans mon fauteuil, rejette la tête en arrière et fixe le plafond. Je ferme les yeux un instant et je la vois. Mais… elle pleure. Putain. Pas ça. C’est comme une île qui se noie. Je déteste ça. Mon île. Mon Dieu... Je suis la tempête qui la pousse vers le large. Je suis le rocher et, elle, le ressac. Je vais la briser, la faire sombrer. Non, non, non...
Mais qu’est-ce qu’elle me veut, celle-là ? Bon sang, non, je veux pas danser. Pas envie. La fille surgit de nulle part, insiste, glisse ses griffes sur mes cuisses, puis mon torse. Je décline poliment. Elle est mignonne à pouffer de rire. Elle me sort qu'elle voit bien que je déprime, que je devrais plutôt profiter de la musique, m'amuser un peu. Apparament, je suis top beau pour rester seul dans mon coin ? Sérieux ? Putain, qu'est-ce qu'elle en sait, elle !
Dégage, merde ! Ah non, elle osera pas... Putain, si... La garce ! Les glaçons sont… bah, glacés. Logique. Ils me cognent, dévalent vers le sol, éclaboussent mes pompes. Beurk... du jet 27. Voilà que j'en ai plein la tronche maintenant. Bravo ! Je m'essuie avec ma manche — enfin, avec mon bras. Je dois aller me nettoyer. Elle est complètement tarée ou...
Oh ! Touche pas au whisky ! Putain, c'est pas vrai... Je protège ma bouteille comme si c’était mon trésor sacré, elle attrape mon verre, l'air d'une petite voleuse. Je ricane. Essaie toujours, il est vide. Elle me toise, me fusille du regard. Je fais de même. Elle claque le récipient sur la table et se tire. Le précieux liquide est intact et, au moins, j'ai retrouvé le contenant. Je me rassois, retire ma veste que j'envoie valdinguer sur le dossier du fauteuil. Je remplis ma coupe. Un doigt juste. Ça ne brûle même plus...
Il est où mon téléphone ? À mon réveil, je l’avais saisi machinalement. Victoria m’avait écrit. La panique. J’avais pas répondu à son message précédent. Elle annulait. Qu’est-ce qu’elle voulait que je lui dise ?
« OK, pas de souci, ma vie est un enfer, mais fais comme tu veux ? Ça tombe bien, je venais justement de prévoir de ne rien ressentir aujourd’hui. » Ou peut-être : « Ah super, merci pour l’info. Je vais graver ça dans mon calendrier, entre “respirer” et “ne pas trop espérer” et après, je m’en vais compter les fissures au plafond. » Non, mieux encore : « Pas de problème, prends ton temps, je vais continuer à jouer au pantin désarticulé pendant que tu tires les ficelles et m’autodétruire en attendant que tu te décides. »
Ah voilà, il est dans ma veste. C’est pas comme si j’avais autre chose à faire que l’attendre, hein ? Si j’arrive à le déverrouiller… Voilà. Un appel. Non, deux. Trois. Manqués. Trop fort. Je suis un as de la communication ! Je remets l'appareil dans ma poche. Attends, les appels, c’était maintenant ou tout à l’heure ? En vrai, on s'en fout. Désolé, je ne suis pas disponible ce soir.
Le deuxième texto de Victoria du coup. Oui. Elle m'invite à une fête. Halloween. Comme si déguiser ce bordel pouvait le rendre moins merdique. Et moi, qu’est-ce que j'ai fait ? J'ai dit oui. Parce que je suis désespéré. Parce que, bon sang, c’est elle.
Ça se déroule au… au… Putain, comment il se nomme le club, déjà ? Ah oui ! L’Hexa ! Le thème : Anges et Démons. Je suis prêt à tenter l’effort. Je souris tel un benêt. Victoria en ange blond, avec des ailes de plumes blanches. Nue. Parfaite. Mais non, ce serait trop simple. Victoria n’est pas un ange. Elle incarne le mal. Pas le mauvais, mais le bon. Celui qui attire, qui dévoile. Pas comme mon mal à moi, qui détruit, annihile, pourrit.
Moi, je suis le démon. Est-ce qu’elle aime les démons ? Ça doit être un truc à explorer. Peut-être que je pourrais en faire une arme. Ou une excuse. Je veux qu’elle soit comme moi. Non, je veux qu’elle m’accepte tel je suis, qu’elle m’aime. Même si je suis un démon. Pas son démon. Sa lumière.
Demain soir… Enfin, demain, c’est quand déjà ? Dans 24 h, plus ou moins. L’enfer. C’est long. Trop long. Lilith. Elle est Lilith. Et moi, je suis Lucifer, non, Prométhé sur son rocher. Sauf que c’est elle qui dévore mon cœur chaque nuit.
L’attente est insupportable. Une torture lente. Pendant une seconde, j’étais presque excité. Parce que Vi… Elle veut qu'on se revoit demain. Mais aussitôt, la colère est revenue : pourquoi elle me fait poireauter ? Pourquoi toujours ce foutu délai entre elle et moi ? Une éternité pour chaque rencontre. Et une autre pour chaque séparation. Je vais devoir affronter l’issue. Pas de plan B, pas d’échappatoire. Hors de question de reculer.
Mais merde aussi ! Pourquoi elle a annulé le rendez-vous ? C’est l’autre chien qui lui a dit de le faire ? Ce connard… Il la baise putain ! Il touche à ma Victoria ! A ma femme ! A mon âme soeur ! Si je mets la main sur lui, je le fume. Je le pulvérise en lambeaux. Qu’est-ce qu’il a à voir là-dedans, celui-là ? Rien que d'imaginer que ce soi-disant « patron » ait pu interférer… lui dire quoi faire… ça me rend dingue. Oui, je suis jaloux, et alors ? Je sais qu’elle veut qu’on se retrouve dans ce club. Mais pourquoi là-bas ? Sur son territoire à lui. Super idée, franchement. Pourquoi pas un endroit neutre ? Ou mieux, un lieu privé, où on pourrait vraiment parler. Où elle ne pourrait pas fuir, où je pourrais… la retenir. Non, elle préfère la distance. Elle évite la confrontation. C’est bon, je vais pas déraper. Elle croit quoi ?
C’est une diversion ? Et si pour elle notre histoire, c'est pas du sérieux ? C’est possible. C’est la pers… la pers… comment on dit déjà ? Perstive. Non, per… Putain, ça veut pas sortir ! Faut que je me lève là. Ah non, non plus, ça marche pas non plus. C’est comme si mes pensées s’entrechoquaient. C’est flou, ça pique, et mon crâne va exploser.
Je multiplie la table de huit. Pour quoi faire ? Aucune putain d’idée. Huit fois un, huit. Huit fois deux… Seize. Huit fois trois ? Putain, trente-deux ? Non, vingt-quatre. Ouais, c’est ça. Je me prends pour qui, un génie des maths de comptoir ? Le verre. Il est où ce foutu verre ? J’ai soif. Enfin je bois déjà. Soif de quoi ? D’air ? De whisky ? D’elle ? Vi. Toujours elle. Sa voix résonne, même ici, dans ma tête. Elle murmure mon nom ou alors elle crie. Je sais plus. Pourquoi elle crie ?
Je crois que c’est à cause de moi. Je suis un connard. Je l’ai déçue, comme tout le monde. Comme ma sœur, comme Connor et Malva, comme Séan… Tout le monde, ouais. Même Amy, cette pétasse sans cœur ! Parce que je suis bon qu’à ça. Tout foutre en l'air. C’est mon talent caché. Enfin, pas si caché que ça.
J’ai envie d’un autre verre. Merde, je pensais à quoi déjà ? Ah oui ! Victoria. Mon réveil. Son deuxième texto. Son invitation. Refuser ? Résister ? L'ignorer ? Facile à dire. C'était même pas une option envisageable, en fait. Alors j’ai répondu « Ok ». J'ai ajouté un petit smiley après. Histoire de ne pas paraitre trop… distant. Comme si un petit bonhomme souriant allait tout arranger. C’est ça qu’elle veut ? Que je lui court après ? Oui. Et le pauvre con que je suis, ne cours pas, il galope.
Mais, bordel, je perds le fil. Fuir la tentation de Vi, c’est comme vouloir échapper à une tempête quand tu te retrouves en plein cœur de l’œil. Impossible.
Antoine m'a proposé de venir à l'Hexa. Ah, mais merde ! C’est ici l’Hexa. Du coup, demain, je vais pas à l’Hexa. Le Diamant Rose. Et pourquoi pas le Ruby tant qu’à y être ? C’est le second prénom de Vi. Il aurait pu lui rendre hommage. Qu’il ose et je réduis son putain de club en cendres ! Je fous le feu et je regarde tout cramer ! Je rase tout jusqu’aux fondations !
Il fait chier Antoine. Et Isla aussi ! Pourquoi je me retrouve ici à la fin ? Plan de merde !
Je sors une clope de mon paquet. Qu’est-ce qu’il me cause ce type ? Je lui dis d’aller se faire voir. Oh merde, ouais, pas dedans. Je m’excuse. Je lui souris, enfin, je crois.
Bon, alors la bouteille, ça, c’est permis. J’étais d’humeur maussade. Même Milo, ce balourd, il a compris. C’était leur manière, pas très subtile, de m’encourager à changer d’air. Mais leurs idées à ces deux-là ne sont pas toujours brillantes. La vérité, c’est que je me sens complètement paumé. L’alcool n’aidant pas, me voilà maintenant embourbé dans les regrets et la douleur de l’absence. Elle me manque, Victoria, dans ma vie. Je vais finir au fond du ravin. J’aurais déjà dû crever il y a des années en plus. À sa place… La lumière au bout du tunnel, elle était pour moi. Lui, il ne méritait pas ça. Mon poing s'abat sur l'accoudoir. Ne me donnez pas une bécane ce soir parce que je me fous en l’air avec ! Connor, il… Fait chier putain…
Ça commence à brûler sévère. Vous savez quoi ? Un petit shoot, ça se tente, non ? Ils sont où les mecs de tout à l’heure ? Encore faudrait-il que je me lève. Je crois que l’alcool fait son petit effet. Tant pis, ou tant mieux, je me vautre dans mon canapé moelleux, mon petit royaume. Ma reine n’est pas de la partie. Echec et mat, Jamie ! De toute façon, peu importe combien je bois, je fume, je me came, peu importe combien je tente de la chasser de mon esprit, tout me ramène constamment à elle, à son regard ensorcellant, à ses courbes divines, à sa bouche qui m’apaise et me consume à la fois.
Où est-elle en ce moment ? Peut-être avec ses potes, riant, buvant, sans se soucier de moi. Cette éventualité m’irrite, mais pas autant que l’idée qu’elle soit avec Mati. Quel fumier ! C’est qu’il est loin d’être laid le bâtard ! Rien que d’imaginer ses mains sur elle, ça me rend malade.
Tiens, si j’allais promener mes mains sur la chaudasse là-bas ? Elle me dévore des yeux depuis un moment, il me semble. Je lui fais signe, tout sourire. Elle se déhanche jusqu’à moi, comme une déesse en carton pâte. Wow, elle a des atouts, c’est indéniable ! Les seins de Victoria, eux, sont parfaits ! Deux petites... Non, c’est pas le bon mot, pas petites. Deux majestueuses montagnes dorées, auréolées de rose tendre. Un chef-d’œuvre cosmique enfermé dans un décolleté qui ferait pleurer un saint. La brunette en face de moi, elle, c’est la générosité de la nature ou... du porte-feuille.
Elle s’installe sur mes genoux, et je me laisse faire, appréciant la distraction. C’est un peu comme une fête foraine, sauf que je ne suis pas sûr d’avoir envie de monter sur ce manège. Elle ne me plait même pas. Mais de quoi je me mêle. Elle me plaira si elle me suce, bordel ! Je l’encourage à me chauffer en lui agrippant les hanches. Elle glisse sa langue dans mon cou. En vrai, c’est… désagréable. Putain, elle a des crocs ou quoi ? Je frissonne, mais ce n’est pas du désir. Non, c’est du dégoût, pur et simple. Merde, c’est trop, enfin… c’est pas assez, c’est pas Vi ! Je la repousse. Pas elle, pas une autre, pas maintenant.
Moi, c’est pas la montagne que je cherche, c’est la mer, les vagues indomptables, c’est Victoria. Je la pousse franchement. Désolé ma belle. T’es pas à la hauteur. Merde, j’ai dit ça tout haut ! Si je continue, j’aurai une troupe de banshee à mes trousses. Allez, toi, tu circules, et toi ma jolie, tu reviens dans ma main. Whisky, mon beau whisky.
Et si elle est chez elle, toute seule, qu’est-ce qu’elle fait ? Elle prépare la fête de demain ? Ou elle est étendue sur son canapé, insensible à ce monde qui semble vouloir me torturer ? Elle lit ? Probablement. Elle adore lire. Elle est mon héroïne. Putain, pas ce jeu de mots là !
Moi, je la veux dans mon lit. Chez moi à Édimbourg. Dans mes draps bleus nuits. Elle adore le bleu. Ses cheveux en pagaille sur l’oreiller. Si je me souviens bien, ses draps sont beiges. Bleus ou beiges. Mer ou sable. Il y a vraiment des moments où la mer devrait prendre feu. Une vague de désir monte en moi, incontrôlable. Je la vois, sa silhouette de rêve sculptée par la lumière tamisée de la guirlande au-dessus de son lit.
Ma main se crispe autour de mon verre. Il est revenu celui-là !
Mon esprit bascule. Putain de fantasme. Je suis là, à ses côtés. Je la touche. Je l’embrasse. Je ressens les soubresauts de son corps sous mes doigts. Corps à corps. Ses soupirs résonnent vivement. Son souffle contre ma peau… Ses lèvres qui murmurent mon nom… Elle donne tout, elle crie. J’aime quand elle est bruyante. J’imagine ses mains glissant le long de mes bras, de mon dos, de mes fesses. Ses ongles et ses dents s’enfoncent dans ma chair alors que je l’emmène toujours plus loin, plus fort, jusqu’à l’orgasme… ce cataclysme, cet eldorado. La quiétude. Le cœur à vau-l’eau.
La réalité m’échappe. Depuis un moment déjà. Depuis quoi ? Les trois quarts de la bouteille. Je veux rire, je n’y arrive pas. Je me noie dans cette vision, dans cet instant volé où elle est tout à moi. Où rien d’autre ne compte que la chaleur de nos corps unis, que l’intensité de ce moment qui n’existe que dans mon esprit, à des kilomètres de toute forme de logique. Elle ne veut pas de moi…
Je secoue la tête. Ça tangue à bâbord. Elle m’obsède. Il y a de la fumée autour de moi. Et ça pue aussi. Je vais l’appeler. Une confrontation directe pourrait mettre fin à cette torture mentale. Si je pouvais juste la voir, échanger quelques mots, comprendre si elle est sincère ou si tout ceci n’est qu’une farce grotesque. Sauf qu’elle ne veut pas de moi. Le feu est trop fort. C’est décidé. Je rentre en Écosse. Demain.
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