CHAPITRE 17.2 * VICTORIA

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V.R.S.de.SC

♪♫ ... ♪♫

Je prends un moment pour apprécier ses traits, fascinée par la beauté indéniable de James. Son charme magnétique et son élégance innée m’ont tout de suite sauté aux yeux. La première fois que je l’ai vu, j’en ai eu littéralement le souffle coupé. Devant moi, se tenait l’homme le plus incroyablement séduisant que j’aie jamais rencontré, une incarnation parfaite de mes fantasmes les plus fous et de mes attentes les plus élevées. Chaque détail de son apparence, de ses lignes sculptées à son charisme naturel, surpassait tout ce que j’avais rêvé. La force de cette révélation m’a tellement frappée que j’ai dû lutter pour ne pas trahir l’effet profond qu’il avait sur moi, essayant désespérément de reprendre contenance face à une attraction aussi fulgurante.


Je me souviens encore de ce moment avec précision. Avant même d’avoir posé mes yeux sur lui, j’avais senti sa présence derrière moi. Son parfum musqué, un mélange envoûtant de bois de santal et de caramel, avait flotté dans l’air, enveloppant mes sens et éveillant une conscience aiguë de sa proximité. Quand sa voix grave et suave s’était élevée, le monde autour de moi semblait s’être figé, comme si chaque son et chaque mouvement se concentrait sur cette unique vibration. Il avait dit quelque chose en anglais, mais avec une tonalité particulière et un accent distinct qui m’avaient immédiatement intriguée. Il m’avait fallu quelques secondes pour identifier ses origines. Un sourire furtif avait effleuré mes lèvres. Je me tenais devant un stand de spiritueux – du whisky, bien sûr – et tout indiquait que l’homme derrière moi ne pouvait être qu’écossais.


Plus tard, en m’éloignant du stand, j'avais consulté mon téléphone à la recherche de mes notes sur les exposants. Stand 58 : Antoine de la Clastre et James Liam Cameron, associés. Voilà, son prénom. James. À ce moment-là, ce n'était qu'un nom parmi d'autres sur ma liste, mais il avait déjà commencé à laisser une empreinte indélébile dans mon esprit.


Le stand représentait leur marque, Lochranach – Essences du Temps, un whisky à la dénomination évocatrice malgré sa production 100 % française. Cette particularité m’avait étonné : un whisky alliant la tradition écossaise à un terroir français me paraissait audacieuse et fascinante. J’avais été très tenté de faire demi-tour, non seulement pour en apprendre davantage sur l’aventure passionnante qui cachait certainement derrière cette fusion inattendue, mais surtout pour en savoir plus sur l’homme qui en était l’initiateur...


Mais je n’en avais pas eu le temps. Le salon était un tourbillon d’activités, et je ne pouvais me permettre de me laisser distraire par une curiosité aussi pressante. J’avais d’autres priorités, des rendez-vous importants à honorer et des tâches à accomplir. Le devoir m’appelait et les impératifs professionnels avaient pris le pas sur le désir de m'attarder sur ce stand et d'en découvrir plus sur la marque. Et le créateur.


De plus, je venais d'entamer une liaison avec Nicolas, qui était encore toute récente, à peine quelques semaines. Je souhaitais donner une chance à notre relation, la faire mûrir avant de me laisser emporter par une nouvelle distraction. C’était le moment de me concentrer sur ce que j’avais commencé à construire, plutôt que de me laisser séduire par des possibilités non explorées. Nicolas répondait à tous mes besoins immédiats, tant émotionnels que charnels et je ne suis pas du genre à papillonner. La fidélité est un principe non négociable pour moi. J’avais donc poussé ce bel inconnu — en l’occurrence, James — dans les tréfonds de mon esprit et vaquer à mes occupations. Quelle erreur !


Mais à l’époque, rien ne présager que mon histoire avec Nicolas ne durerait pas. Faute à quoi déjà ? Ah oui : à son manque d’initiative pour faire évoluer notre relation, ce qui a fini par étouffer mon enthousiasme… À sa tendance à être trop évasif sur ses sorties à répétition aussi... Oh et surtout : au fait, qu’apparemment, il pensait que faire la fête toute la nuit était préférable à mes soirées cocooning et que les parties de jambes en l'air entre deux sessions de sport étaient la définition du romantisme… Je ne saurai même pas expliquer comment cette aventure ratée a pu s’étirer pendant près de quatre mois. Sûrement, parce que sexuellement parlant, il tenait le coup. Mais avec James… La comparaison est tout bonnement absurde.


James est de loin le meilleur partenaire que j’aie jamais eu. Son approche est non seulement intense, mais aussi incroyablement attentive et inventive. Avec lui, chaque moment est une découverte, une explosion de sensations que je n’avais jamais expérimentées auparavant. Il surclasse tous les autres, dépasse toutes mes espérances. Sa manière de m’aimer est tout simplement incomparable. Et il ne fait aucun doute que notre connexion va bien au-delà de ce que je pensais possible.


Perdue dans mes réflexions, je me rends compte que mon regard est fatalement attiré vers lui, une adoration muette envahissant mon esprit. Aujourd’hui, comme ce jour-là, il arbore une barbe légère, lui donnant cet air à la fois brut et captivant. J’ai encore en mémoire le frottement de sa barbe sur des zones bien plus sensibles de mon anatomie. À cette seule pensée, des picotements parcourent ma colonne vertébrale, et je sens le désir monter en moi, intense et troublant. Je regrette déjà de nous avoir privés de ce dernier baiser plus tôt !


Sans le vouloir, un léger son étranglé s’échappe de ma gorge, trahissant l’agitation intérieure qui m’habite. James tourne la tête vers moi, ses yeux bleus perçants captant immédiatement les miens. Je déglutis avec difficulté, sentant son regard scruter le moindre de mes mouvements, comme s’il pouvait lire dans ma tête. La gêne me gagne subitement et je détourne les yeux, priant pour que mon excitation ne soit pas trop évidente.


Je suis consciente que nous sommes encore dans une phase délicate de notre relation. Pourtant, son image reste omniprésente dans mon esprit, m’empêchant de maintenir cette distance émotionnelle que j’essaie désespérément de préserver. Comment pourrais-je faire autrement ?


James a le genre de physique qui attire les regards féminins, et il ne m’a pas échappé que la plupart de mes amies ont succombé à son charme dès qu’elles l’ont vu, en vrai ou en photo. Je n’ai donc aucun mal à imaginer la myriade de femmes qu’il a dû séduire et mettre dans son lit. Mais depuis les révélations qu’il m’a fait cette nuit, je réalise que je devrais sans doute revoir mes estimations à la hausse. Si je compare ma vie amoureuse – ou disons seulement sexuelle – à la sienne, je me sens soudainement... insignifiante. Je n’ai jamais eu une liste aussi longue de partenaires et l’idée que je me fais de son passé me perturbe plus que je ne voudrais l’admettre.


Ce n’est pas seulement une question de chiffres ; c’est l’idée même qu’il a pu partager des moments intimes avec tant de femmes qui me parasite. Après tout, il a bien eu du mal à me dire avec combien de femmes il avait couché depuis qu’il avait replongé il y a quelques semaines. J’ai l’impression que le sexe pourrait aussi faire partie de ses dépendances, une autre forme d’échappatoire. Cette idée soulève des questions sur sa capacité à s’investir dans une relation sérieuse.


Je me retrouve donc partagée entre fascination, trouble et jalousie. D’un côté, son expérience et tout ce qu'il a vécu avant que nos chemin se croisent m’envoûte secrètement. Mais de l’autre, je crains de ne jamais être à la hauteur de ses attentes ou de n’être qu’une page de plus dans son histoire.


Voilà où j’en suis lorsque le Uber s’immobilise devant le club, mettant un terme à ce chaos mental. La voix du chauffeur me ramène rapidement à la réalité. Je tourne la tête vers James qui m’observe attentivement. Son expression est indéchiffrable, comme s’il attendait quelque chose de moi. Un ange passe. Instinctivement, je saisis la poignée de la portière. Mais, avant que je ne sorte, que je coupe court à cette tension paplpable, James glisse une main hésitante sur mon genou. Lentement, il se penche vers moi, ses yeux cherchant ma persmission, ou peut-être autre chose... Sa paume effleure ma joue et ses lèvres rencontrent les miennes avec une douceur qui me désarme, un contact éphémère, mais chargé d’émotion.


Puis, tout aussi doucement, il se recule et pose son front contre le mien. Nos souffles se mêlent et je peux entendre sa respiration lente et régulière, en parfait contraste avec les battements désordonnés de mon cœur.


— “À tout à l’heure, Vi”, murmure-t-il.


Son timbre si grave se répercute dans tout mon être. Je ferme les yeux, juste quelques secondes de plus, pour me délecter de cet instant suspendu, mais surtout, pour démêler ce que je ressens au fond de moi. Il y a une chaleur apaisante dans son contact, mais aussi quelque chose d'inattendu qui me trouble. Une promesse non dite, peut-être. Chaque seconde passée ainsi rend la séparation plus difficile. Je finis par m’écarter, hoche la tête en guise d’assentiment, incapable de formuler ne serait-ce qu’une simple phrase d’adieu.

Alors que je me décide enfin à sortir du véhicule, une impulsion me saisit. Ignorant le pourquoi du comment, je fais volte-face et ma bouche s’empare de la sienne dans un élan brûlant. Mes mains agrippent fermement les pans de sa veste. Son corps se fige un instant avant de se tendre contre le mien, sa respiration coupée par la surprise. Ses mains fébriles se posent déjà instinctivement sur mes hanches, comme s’il voulait me retenir instinstivement. Ma langue, audacieuse, rencontre la sienne, avide, avant de ralentir pour nous ramener doucement au présent.


— “Ça te donnera matière à réflechir pour ton whisky​​​​​​​”, dis-je avec un sourire provocateur.

En voyant son air étonné et l’étincelle de désir s’allumer dans son regard, je jubile intérieurement. D’humeur joueuse, je prolonge l’étreinte par une série de petits baisers délicats. Finalement, je me détache à contrecœurt. Je suis en proie à une émotion intense. Je me force à ouvrir la portière et, avec un dernier regard, je sors du véhicule. La lumière du soleil de midi m’éblouit, dissipant les ombres intimes du véhicule, mais le souvenir de ses lèvres persiste.

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