CHAPITRE 20.4 * VICTORIA

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V.R.S.de.SC

♪♫ ... ♪♫


— Bon, revenons à un sujet un peu plus... croustillant, parce que là, ma belle, j'ai l'impression que tu t’enfonces. Alors, ton déguisement, il ressemble à quoi exactement, Vic ?


— Attends, j'ai des photos, précise Nina en attrapant son téléphone. Franchement, je rejoins ce que Les a dit tout à l’heure. Quand ton roméo te découvrira dans ta superbe robe sexy, il n’aura qu’une envie : te déshabiller fissa.


Nina déverrouille l’écran et commence à faire défiler les clichés, d’un geste fluide et assuré, sous les yeux avides de Leslie.


— Oh, wahou, Vic, cette robe… Elle est carrément incendiaire ! Tu es sûre que tu veux vraiment qu’il t’arrache ça ? demande Leslie en élevant un sourcil, un sourire moqueur étirant ses lèvres.


Quand je pense à la tenue que j’ai choisie pour la vidéo promotionnelle et que je porterai demain pour la soirée, je me dis que mes amies sont dans le vrai.


C’est un véritable petit bijou. Noire, prêt du corps, avec un effet bustier lingerie, elle épouse mes courbes avec une sensualité évidente, tout en conservant une certaine élégance. Le tissu principal se compose de broderies florales noires parsemées de sequins qui brillent discrètement, créant des jeux de lumière subtils sur la manche unique, le long de mes cuisses et de ma taille. La doublure couleur chair offre une illusion de transparence, une touche de mystère, un voile de glamour. Le décolleté en cœur se pose en douceur sur ma poitrine, souligné par des fronces de mousseline légère, presque aérienne. La coupe trompette, qui s’élargit délicatement à partir des genoux, allonge mes jambes et flatte ma silhouette. Mais ce que j’aime par-dessus tout, c’est la cape. Du même voilage brodé, elle tombe avec fluidité vers le sol pareille à une traîne féérique. C’est une pièce maîtresse destinée à attirer les regards. Dont celui de James, je l'espère…


Cette tenue, aussi sexy soit-elle, me fait réfléchir à l'impact qu'elle aura sur l’homme qui tient mon cœur entre ses mains. Si j'incarne les ténèbres, James ne devrait-il pas être la lumière ? Pourtant, dans mon imagination, il apparaît tout de noir vêtu, tel un ange vengeur à qui on aurait coupé les ailes. La tentation serait irrésistible...


Nina et moi avons des mensurations similaires et une idée me traverse soudain l’esprit. Et si je troquais ma parure contre la sienne ? Non pas que je me considère plus ange que démon, mais un contraste frappant entre nos costumes, lui en obscurité, moi en clarté… Ce serait… spectaculaire. Sauf qu’il ne faudrait pas que James présume que j'ai coordonné ma tenue avec celle de Mati, qui sera, lui aussi, en blanc… Non, tant pis. Cette robe, je l’adore, et je n’ai aucune envie de la changer. Et, puis, s'il vient, il sera mon Hadès, donc le noir conviendra parfaitement.


Tout en continuant à discuter de manière presque automatique avec Nina et Leslie, mes pensées dérivent sans cesse vers l’homme de mes rêves. Je joue distraitement avec le bracelet à ma cheville, un geste que je répète dès que je songe à lui. Les filles poursuivent leur tête-à-tête en échangeant sur les dernières stories qu’elles ont visualisées dans la journée, mais je n’entends plus rien.


Je me lève lentement pour rassembler les tasses sur le plateau, mais tout autour de moi se transforme en une brume douce et floue. La voix de Nina et de Leslie devient un murmure lointain, comme si je me trouvais soudainement dans une autre dimension. En traversant la cuisine, je me force à m’ancrer dans la réalité, mais une vague d’anticipation me submerge et je me laisse envahir par la vision de James.


Je le vois. Son visage, presque comme une apparition, se confond dans le décor de la fête que j'ai soigneusement orchestrée. Le bruit des réjouissances, les conversations animées, les éclats de rire, tout se dissoudrait autour de lui. Et là, un frisson me parcourt, me réveille. C’est l’énergie pure de l’attente, une force vibrante qui m’électrise jusqu’au plus profond de moi. Je frémis, non pas de peur, mais d’une excitation primitive.


Le club, avec ses éclairages tamisés, prend forme dans mon esprit. Des reflets argentés dansent sur les murs, accentuant chaque contour, chaque ombre. Les drapés ténébreux en velours se fondent dans la pénombre, tandis que les voilages immaculés, légers comme des nuages, flottent, suspendus dans l’air, créant une hétérogénéité hypnotisante. Et les miroirs... ces larges miroirs, qui renvoient les lueurs dans une illusion de grandeur infinie, ajoutent une envergure luxueuse à l’espace. Chaque détail de cette scénographie, je l’ai rêvé, peaufiné, ajusté pour capturer une atmosphère à la fois audacieuse et mystérieuse. J’ai souhaité créer du glamour, du raffinement, mais aussi une séduction palpable, presque sauvage.


L’idée de la dualité me fascine. Le noir et le blanc. Anges et démons. Tout doit se résumer à une lutte silencieuse, un contraste entre l’apparence et la réalité. Et c’est dans ce cadre que je veux que tout se joue. J’ai mis en place un dress code strict : tout le monde doit incarner cette dualité, à sa manière. Et moi, j’aspire à ce que James soit la lumière qui brille dans mon obscurité.


Tout m’amène à réfléchir à l’état d’avancement des préparatifs. Je réalise qu'il ne me reste plus grand-chose à faire pour demain. L'après-midi a été éprouvante, mais tout est en ordre et je m'en félicite. J'ai paré presque toutes les éventualités pour éviter de me retrouver prise au dépourvu le jour J. Bien sûr, comme toujours, des imprévus de dernière minute surviendront, le lot habituel dans ce genre d'événements. Faire face aux petites surprises que la soirée me réserve ne me fait pas peur. C’est ce qui rend l’expérience plus excitante. Si tout était trop parfait, trop lisse, où serait la passion ?


Je souris en posant les tasses dans l’évier et attrape l’éponge qui s’y trouve. Le regard de James rivé sur moi, me fait aussi bien rêver que trembler. Il est là, l’alpha dans l'immense salle bondé, le centre de regards envieux, mais c’est moi qu’il fixe. Et dans ces yeux, je vois tout : désir, défi, promesse."


Il serait vêtu d’une veste de costume sombre et cintré, qui soulignerait à merveille sa silhouette à la fois robuste et atlhétique. L’idée de glisser mes doigts dans ses cheveux, de les ébouriffer pour ajouter un peu de désinvolture à son allure impeccable et sophistiquée me traverse l’esprit. Sous ses manches retroussées, ses tatouages se dévoileraient, intrigants, presque rebelles. Son t-shirt noir, ajusté à son torse, épouserait chaque ligne de ses muscles sculptés. Leur définition admirable, leur force évidente, éveilleraient en moi une envie irrépressible de les toucher, explorer, griffer. Un soupir s'échappe de mes lèvres, tandis que l'eau tiède coule dans l'évier.


Mes mains longeraient ses biceps puissants, ses épaules viriles, le tracé de sa clavicule, jusqu'à sa mâchoire carrée, découvrant contours et creux, alors que mon bassin se rapprocherait du sien. Sa barbe frôlerait ma joue, son souffle réchaufferait mon épiderme, sa bouche dans mon cou me ferait gémir. Sa peau serait chaude sous mes paumes, salée sous ma langue. Nos corps se chercheraient, se mêleraient dans une danse sensuelle, intime, fusionnelle. Mes doigts se crispent instinctivement sur le rebord de la tasse que je lave et je ferme les paupières un instant.


James me guiderait dans un recoin privé, me soulèverait dans ses bras. Mes jambes se vrilleraient autour de ses hanches. Son regard bleu me dévorerait. Tout deviendrait flou, au moment où, emportés par la force de la passion, nos êtres se rejoindraient dans un élan irrésistible et son sexe plongerait en moi encore et encore. Mes râles et mes cris de plaisir se perdraient dans la musique lointaine, dans le goût de ses lèvres, dans l'écho de ses soupirs, tandis que mon dos cognerait contre le mur, brutalement, sauvagement et...


Je sursaute, lorsque, totalement immergée dans mes rêveries lubriques, la voix de Nina m’interpelle. Je me redresse tout à coup. Ah, bravo, c’est vraiment le moment de te faire des films sulfureux. Et je ne parle même pas de ce qu'il s’est passé, là, juste sous mes doigts, sur ce plan de travail…


Allez, souris, Victoria, tu viens d’être prise en flagrant délit de flânerie érotique ! Pornographique même ! Parce que, bon sang, ce que je m’imagine faire avec lui, tiendrait parfois plus de la performance X interdite aux moins de 18 ans que des gentilles petites scènes tendres et attendrissantes que je regardais dans mes séries d'adolescente !


Je me sens démunie, ma chaleur intérieure se transformant en une rougeur éclatante. Je réalise que mes pensées ont dérapé bien au-delà du raisonnable. Je me retourne vers mes copines, et bien entendu, je vois tout : le canapé, le tapis, la chambre,sans oublier... ce fichu mur de cuisine. Merde, James est partout ! Je déglutis péniblement.


Confortablement installées, elles m'observent avec une attention à peine dissimulée.


— Oui, quoi ? soufflè-je, la bouche soudain pâteuse.


J'humecte mes lèvres et adopte une posture plus droite.


— Tout va bien ? On dirait que tu frottes ces tasses pour la troisième fois ? me questionne Nina, un sourire en coin, les yeux brillants de curiosité.


— Mmh Mmh, arrivè-je tant bien que mal à articuler.


— Vu ton regard voilé et cette petite voix cassée, on se demande si t'es pas plutôt en train de fantasmer sur un certain beau-gosse... ajoute malicieusement Leslie.


Bon sang ! Pourquoi peut-on toujours lire en moi comme dans un livre ouvert ! Je coupe l’eau, repose la vaisselle sur l’égouttoir et m’essuie nerveusement les mains sur le torchon accroché au mur. Je les gratifie d'un modeste rictus gêné, une chaleur familière trottinant jusqu'à mes joues, comme d'habitude. L’image de James, vibrante et irrésistible, continue de tourbillonner dans mes méandres psychiques, refusant de disparaître.


— Non, non, c’est juste que je… je réfléchissais à des détails pour demain, je mens en secouant la tête.


Leslie et Nina échangent un coup d’œil de connivence, un brin moqueur.


— Mais bien sûr… à d’autres ! me lance la première.


— Allez, fais pas l'innocente. On te connaît par cœur, approuve la seconde.


Je soupire en fermant les yeux un instant, réalisant que mes efforts pour masquer mes pensées n'ont pas vraiment porté leurs fruits.


— D’accord. Peut-être que oui.. Vous êtes contentes ?


Je reviens m’installer avec elles, mon coeur retrouvant petit à petit un rythme acceptable. La conversation dérive vers nos cours à la fac, nos projets pour la Toussaint, des sujets plus légers, comme un retour à la normalité.


En parlant de projet… Celui de demain me paraît soudain à des années-lumière du moment présent. L’idée de devoir patienter encore des heures avant de revoir James me chagrine profondément. Ce n'est pas tant la distance, mais l'attente elle-même qui me pèse. Je me maudis d’avoir annulé notre déjeuner, d’avoir laissé filer ces moments où je pourrais l’avoir tout contre moi.


En vérité, en sa présence, mes émotions sont décuplées et le désir est souvent celui qui prend le dessus. Malheureusement, ça complique tout… Non pas que je regrette cette intensité, loin s’en faut, mais je me demande si je parviendrai à garder le contrôle de la situation. Être forte, sereine, déterminée, à la fois sûre de moi et sexy, professionnelle et épanouie, voilà la femme que je devrais incarner lors de cette soirée.


Malgré l’ardente passion que j’éprouve en permanence pour cet homme, notre rencontre sera probablement moins enflammée que le rêve éveillé que je viens d’avoir. Même si chaque moment passé avec lui est comme un feu d’artifice, flamboyant et désordonné, j’ai peur de m’y perdre complètement. Ses yeux bleu nuit, son sourire désarmant, ses lèvres expertes et ses mains joueuses tout en lui me pousse à capituler. Mais je dois lutter. La raison devra prévaloir : céder à nos pulsions n’est pas la solution. Nous devons encore aborder certains sujets cruciaux. Je refuse de m’abandonner dans l'extase avant d’avoir confronté la réalité.


Demain, j’aimerais lui dévoiler une autre facette de ma personnalité. Si je parviens à lui transmettre cette image, celle d'une femme maîtresse d'elle-même, qui se réinvente, avance avec assurance, il sera capable de me voir telle que je suis au jour le jour, et non juste l’idéal qu’il semble s’être forgé de moi ou le reflet de la nostalgie qu’il porte en lui. Pour être honnête, je pense qu'il est difficile d’estimer nos sentiments, de croire aimer véritablement, alors qu’au fond, dans de nombreux aspects de nos vies respectives, on se connait si peu…


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